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Vieux 13/06/2019, 09h21
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The Mighty Charentais
 
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Thoor change la caisse du Fauve
R.I.F.T: Le médaillon chapitre I

Citation:

Septembre 1938: RITA et EUGENE
Le soleil couchant dessinait d'immenses ombres improbables dans les rangs de vignes. Les vendangeurs s'interpelaient joyeusement, heureux de finir leur journée de travail. Justin, le cheval, sentant déjà l'écurie et le repos bien mérité, se joignait au chant des hommes. La parcelle qu'ils avaient vendangée ce jour était particulièrement difficile, toute en pentes et couverte de cailloux vicieux. Nombreux étaient ceux, les années précédentes qui s’y étaient foulés une cheville ou avaient renversés leurs paniers.
Au sommet de la colline, l’ombre d’un grand chêne cachait les amoureux. Un peu plus tôt, Eugène s'était éclipsé pour attendre Rita sous le vénérable feuillu. Sa baste abandonnée contre le tronc, il avait posé son veston au sol afin de protéger les jupons colorés de sa belle. Arrivant derrière lui, elle l’avait surpris en l'enlaçant et en lui volant un baiser. Il s’était retourné et entrepris de répondre fougueusement à ses avances. Elle l'avait arrêté d'un geste en soufflant un laconique " Nos pères peuvent nous voir, tu sais." Alors ils s'étaient sagement installés l'un à côté de l'autre et regardaient le soleil finir sa course diurne. Eugène ne pouvait s'empêcher de regarder sa promise. Bien qu'ils se connaissent depuis toujours, il était toujours autant fasciné par sa longue chevelure noire qu'elle peinait à maintenir en ordre à l'aide de son fichu rouge. Plus d'une fois il s'était retrouvé bredouillant et rougissant devant ses yeux noisette et sa petite bouche carmin. Aujourd'hui encore il ne savait comment aborder avec elle ses projets d'avenir.
La veille au soir, son propre père et celui de Rita étaient venus le voir au chai. Sentant venir LA discussion, son oncle Francis avait interpellé les autres ouvriers qui tournaient autour du pressoir. « Les gars, venez boire un coup ». Ils s’étaient donc joyeusement éclipsés dans une autre pièce.
Les deux hommes avaient la mine grave et Eugène avait senti son ventre se nouer. Jean et Joseph, deux hommes bourrus que tout aurai dû opposer et qui pourtant étaient amis de toujours. Jean était propriétaire de dix hectares de vignes, de deux vaches et d’un corps de bâtiment que d’aucun pouvait appeler grosse ferme.
Joseph était l’homme de la route, avec pour toute possession une roulotte et la liberté. Jean tournait et retournait son béret sur sa tête ce qui était signe d’une certaine agitation ce qui ne manqua pas d’inquiéter Eugène.
_ Viens par là Fils, il faut que nous parlions.
Ils s'installèrent autour d'un tonneau servant de table et Jean sortit trois verres. Il tira du mou de la presse et, tout en regardant son fils, gouta le vin futur.
Deux simples lampes à pétrole éclairaient sommairement les trois hommes et Eugène frissonna, prit par un sombre pressentiment.
_ Nous avons parlés Joseph et moi, dit-il en désignant le père de Rita. Nous connaissons vos sentiments l'un envers l'autre et nous ne nous opposons pas à ce que vous vous voyez.
Joseph marqua d'un hochement de tête son approbation. Il n'était pas du genre bavard. Avec son épaisse moustache à la gauloise et ses traits burinés il était un homme monolithique qui parlait peu, de celui qui effraie les enfants. Eugène sentit un lourd fardeau quitter ses épaules, et un sourire béat commença à pointer sur ses lèvres. Jean doucha l'enthousiasme du jeune homme en sortant de son gilet une lettre frappée d'un tampon du ministère des armées. Nul besoin d'ouvrir le courrier pour en connaitre le contenu, Eugène était appelé sous les drapeaux.
_ Quand ? Demanda-t-il simplement.
_ Fin novembre. Tu te rendras à Limoges pour y faire tes classes. Comprends-tu ce que nous attendons de toi désormais ? Tu connais les coutumes du clan de Joseph, sois fort, patient et ne t'engage pas auprès de Rita avant ton retour.
Joseph parla alors pour la première fois.
_ Tu es un gentil garçon. Je te connais depuis toujours, mais si tu touches à Rita, je te tuerai de mes propres mains !

Ainsi en était-il dans le clan tsigane de Rita, pensait le jeune homme alors qu'il ne savait comment lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Elle du lire dans ses pensées ou peut-être déchiffra son malaise car elle le devança.
_ Tu es bien sombre. Parlera tu ou restera tu bouche close jusqu'à ce que je devine la cause de ton trouble ?
_ Bon sang, je déteste quand tu parles comme ça.
Elle tourna vers lui un regard fixe, vaguement inquiétant.
_ Je sais que tu vas partir. J'ai rêvé cette nuit que nos malheurs commençaient ce jour. L'aigle vert a plongé sur moi, et m'a transpercé le cœur avant de repartir.
_ Allons tu sais bien que je ne crois pas à ces histoires de prémonitions...
_ Tu as tort, mais je ne veux pas me disputer avec toi, alors, tu vas prendre ce médaillon et répéter après moi : "Quand la chaine brisera, Artémis la mort chassera"
Eugène s’exécuta de bonne grâce et tendit même le cou pour recevoir le médaillon. Il prit un instant pour observer le bijou.
Lourd, en argent, patiné par le temps, le médaillon semblait surgir du fond des âges. Des entrelacs fins encerclaient l’ovale du boitier. En y regardant de plus prés, il crut y déceler de fines gravures. Ne lui laissant pas le temps d’en voir plus, Rita appuya sur le mécanisme et l’ouvrit.
L’intérieur du boitier était tapissé des mêmes entrelacs mais cette fois les gravures y étaient parfaitement visibles. Eugène reconnu des caractères Grecs mais ne put en déchiffrer le sens. Deux portraits peints se faisaient faces. Dans la partie de gauche, un jeune homme l’air sérieux, la moustache bien taillée, aux yeux partiellement caché par de petites lunettes rondes, semblait regarder le portrait de droite. Le jeune homme ne put retenir une exclamation en se reconnaissant. L’autre portrait représentait Rita elle-même, de face tels qu’il la voyait en ce jour. Les visages peints avaient étés réalisés avec beaucoup de finesse. Eugène fit jouer le médaillon dans le creux de sa main dans le quasi-espoir que le mouvement inciterait les effigies à s’animer.
_ Je ne te savais si douée en peinture.
_ Il y a beaucoup de choses que tu ignores de moi, mon cher.
_ C’est un cadeau de bien trop de valeur, de plus je suppose qu’il est dans ta famille depuis longtemps. Je ne peux l’accepter.
_ Tu as raison, nous possédons ce médaillon depuis toujours. Nos racines plongent loin dans le passé et ce bijou nous a été offert par la reine de Patara elle-même. Mais je te le donne de bon cœur s’il peut de porter autant de chance qu’a mon clan. Et puis a ton retour tu feras un peu parti du clan alors disons que c’est une avance sur ma dot.

N’y tenant plus, Eugène se pencha vers la belle gitane et l’embrassa
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

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