Personellement, j'avais découvert la série sur la VF Artima, en ayant longtemps eu les 2 premiers numéros puis le dernier (les méchants récurrent - Mordred, Morgane et l'ex de Tristan avaient déjà été introduits), et avais d'excellents souvenirs, notamment des scènes magnifiques illustrées par Bolland.
A la relecture, je trouve que la série est très en avance sur son temps, avec un cast très diversifié en terme d'ethnie ou de genre. En revanche, en tant que première mini-série, je pense qu'elle a essuyé les plâtres en terme de gestion du rythme et est complètement aux fraises une fois qu'Arthur s'est déclaré à la TV : en dehors de l'annonce de son mariage royal, le personnage principal ne fait que réagir malgré une invasion en cours, anticipant donc également bien la narration décompressée qui fait fureur actuellement
Beaucoup de personnages donc, mais ne comptent parmis les héros que le trio Arthur / Guenievre / Lancelot d'un côté et Tristan de l'autre. Les drames personnels de Galahad et Gauvin sont largement mis de côté jusqu'à la conclusion de la série et Perceval ne prend du volume que lors de la quête du Graal (extrêmement courte d'ailleurs).
J'ai trouvé intéressante la lettre d'intention dans le premier numéro. Mike Barr parle d'un projet qu'il a tenté de lancé dès les années 70. C'est uniquement lorsque les éditeurs lui ont demandé d'ajouter un élément différenciant cette série de Prince Valliant et autres héros médiévaux que le projet a été accepté, et je me demande si, en terme d'écriture, cela ne l'a pas également torpillé.
L'élément récurrent dans l'écriture de Mike Barr est la problématique de l'esprit dans un corps qui ne lui correspond pas. Tristan sera basiquement repris dans la série Mantra comme guerrier réincarné dans un corps de femme, ce qu'il méprise, Perceval - l'âme pure du groupe - se voit transformé dès son éveil en géant muet. C'est intéressant de voir une thématique forte aujourd'hui traitée 30 ans plus tôt (le problème de sexualité émane surtout de la perception dudit personnage, Iseult quand à elle ne voit pas d'obstacle à leur relation).
Si l'on se fie au flashback de Mordred, sa réincarnation dans le corps d'une femme pourrait être perçu comme une punition pour le viol qu'il commet sur la gardienne de Mordred (pendant qu'Arthur tente de noyer ce dernier). Par contre, j'ai trouvé assez satisfaisant que Guenievre (après avoir supporté ses jérémiades pendant plusieurs numéros) lui ordonne de la fermer lorsque Tristan se plaint d'être mené en palanquin à la reine des Aliens ^^
Petite déception probablement dûe à ma fierté locale : j'ai été déçu que, dans les recommandations de lecture, Mike Barr ne cite pas un seul instant Chrétien de Troyes, pourtant essentiel dans l'histoire de Lancelot.
Brian Bolland rend clairement la série mémorable. Le premier numéro notamment est constitué de morceau de bravoure (réveil d'Arthur, puis de Merlin, Excalibur jaillissant de l'eau portée par la Dame du Lac). Son graphisme compose avec la mode des années 80 encore plus exagérée (Iseult en fait notamment les frais) mais je le trouve magistral