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Vieux 06/04/2018, 15h41
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Hawkguy
 
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Dark Horse En avril, les critiques partent en vrille !

Penchons-nous donc sur les nouvelles sorties en single issues de ce mois d'Avril. Et commençons par un des titres le plus chauds du moment, le deuxième épisode de Doctor Star & the Kingdom of the Last Tomorrows (from the pages of Black Hammer) par Jeff Lemire et Max Fiumara. Et inutile de tergiverser : toutes les promesses du premier chapitre son tenues.


Quelle densité narrative dans ces vingt pages ! Jeff Lemire est décidément un auteur surprenant : non content de livrer quantité de scripts à droite et à gauche (il travaille simultanément pour Image Comics, Marvel et DC), il développe donc son "Black Hammer-verse" dont la série-mère va revenir bientôt (avec le sous-titre Age of Doom), le titre Sherlock Frankenstein and the Legion of Evil, et bientôt un nouveau spin-off futuriste Quantum of Age ! A quand cet homme dort-il ?

La question pourrait s'appliquer à son héros de Doctor Star car Jim Robinson erre entre présent passé comme un somnambule que le sommeil fuirait à cause des regrets causés par une existence gâchée. C'était suggéré dans le premier épisode, c'est désormais confirmé : la série traite bien du sacrifice et du prix à payer pour une vie d'exploits héroïco-scientifiques au détriment de sa famille.

Et le résultat est poignant, même si le lecteur juge avec sévérité l'attitude de cet homme trop grisé par ses découvertes pour penser aux siens, à l'amour d'une épouse dévouée comme à la présence d'un fils délaissé. Ce même fils qu'il retrouve désormais agonisant dans une sombre et sinistre chambre d'hôpital, constatant avec déchirement que la situation est contre-nature : un père ne devrait jamais enterrer son fils, le cours normal des choses est l'inverse.

Jim Robinson est-il responsable, comme le pense sa belle-fille, de la mort de sa femme, Joan, elle aussi décédée d'un cancer, et de l'état terminal de Charlie, à cause des instruments alimentés par de l'énergie cosmique radioactive du Dr. Star ? Lemire reprend là un soupçon qui était pointé sur le Dr. Manhattan dans Watchmen et dont se servait, en coulisses, Ozymandias, pour l'obliger à quitter la Terre. Mais là où le demi-dieu d'Alan Moore était un être détaché des simples mortels par sa condition, le héros de Lemire est juste un vieillard accablé qui, dans un sursaut fou, décide de reprendre son activité héroïque avec pour ultime mission la plus impensable des tâches : guérir son fils, vaincre la mort !

En passant, il glisse un réflexion sur les héros brutaux de la nouvelle génération, là aussi comme Moore réagit contre la tendance qu'il avait involontairement lancée, par rapport à la bravoure plus chevaleresque des super justiciers d'antan, dans une scène avec Wingman, admirable de justesse sur la vieillesse, le temps qui passe, les codes moraux selon l'époque. Le temps est aussi au coeur de cet épisode, avec un dramatique rebondissement, qui souligne encore davantage à quel point Dr. Star était à la fois un homme de science dépassé par son propre enthousiasme (une illustration tragique du célèbre "science sans conscience n'est que ruine de l'âme"...).

Max Fiumara illustre toute cette matière, abondante et fluidement racontée, avec un brio égal à l'excellence de l'écriture. Sa collaboration de longue date avec le coloriste Dave Stewart (qui l'accompagne, comme beaucoup d'autres artistes, sur les titres liés à Hellboy) traduit à la perfection toutes les nuances d'ambiance entre les époques, les lieux, les émotions qui traversent les personnages.

Le défi graphique majeur de Doctor Star est de rendre compte d'une variété fulgurante de scènes : on démarre ici dans la pénombre d'une chambre d'hôpital-mouroir, puis on enchaîne par un flash-back en 1951 dans l'observatoire de Jim Robinson, un au-revoir dans le salon d'un pavillon de banlieue des 50's, un voyage galactique et un combat spectaculaire et éclair contre un dragon, ponctués par des retours de nos jours à l'hosto et dans un bar à la décoration volontairement expédiée car l'important est plus ce qui s'y échange que la précision du cadre.

Fiumara et Lemire pourraient tirer sur la corde, dans le pathos ou l'action : ils préfèrent miser sur la sobriété et l'écoulement à la fois imperceptible et vertigineux de leur histoire, ce qui rend la lecture à la fois rapide et mémorable, brassant les sentiments sans omettre le divertissement et la réflexion. Lorsqu'on parvient à ce niveau de maîtrise narrative et graphique, il n'y a plus qu'à s'incliner. Vivement le mois prochain pour la suite !
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