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Vieux 23/01/2016, 14h16
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cosmos cosmos est déconnecté
Great Cakes Avenger
 
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cosmos change la caisse du Fauve
[QUOTE=Eddy Vanleffe;1635093]Je lis des mangas depuis des années et honnêtement , je me suis jamais posé une seule fois ce genre de question... Les personnages gays sont là, souvent positifs et très marrants, parfois sombres et torturés (dans X de Clamp). Il n'y a clairement pas de dimension "militante" mais voilà. Ils ont là, ont des rôles importants ou pas... le focus est d'ailleurs beaucoup mis sur leurs sentiments que leurs sexualité en général[/QUOTE]
Je n'ai pas tout à fait le même ressenti sur la représentation des LGBT dans les mangas et les comics. Il y a beaucoup plus de diversité dans les seconds, alors que dans les premiers à peu près tout le monde est japonais et hétéro (en même temps les Etats-Unis se sont construits avec de l'immigration et exportent massivement leur culture, tandis que le Japon est un archipel qui s'est complètement fermé à l'extérieur pendant des siècles, avec des mangakas qui sont souvent surpris que leur série plaise à l'étranger alors qu'ils la trouvait très "japonaise", donc voilà).

Cependant, les mangas se questionnent beaucoup plus sur l'identité : qui suis-je ? qui est-ce que j'aime ? est-ce que je me sens plutôt homme ou femme ? notamment dans les titres qui ciblent un public féminin. Je pense par exemple à [B]Basara[/B], où l'héroïne se fait passer pour son frère jumeau et mène la révolution, en ayant l'impression de jouer à l'homme lorsqu'elle est un leader, et de redevenir femme lorsqu'elle se laisse dorloter par son copain, avant de réaliser sur la fin qu'elle a été elle-même tout du long. Je vois mal un personnage de comics adhérer pendant aussi longtemps à des représentations aussi traditionnelles de la virilité et de la féminité, [I]puis [/I]se rendre compte de son erreur. L'omniprésence des super-héros explique sans doute qu'on n'autorise pas trop les personnages à se tromper à ce point, ou à ne pas être au taquet sur ce genre de thèmes : les personnages [I]doivent [/I]incarner un certain idéal.

Mais pour tous ces questionnements, il n'y a pas vraiment de personnages LGBT dans les titres mainstream au Japon qui ne soient pas tragiques ou torturés (ou bien comiques). Je ne connais pas la perception de l'homosexualité au Japon cependant.

Alors certes, il y a tout le manga [I]Boy's Love[/I], qui ne produit que des histoires avec des personnages gays, mais :[LIST][*]Il s'agit en grande majorité de titres écrits par des femmes pour un public féminin, le but n'est pas le réalisme (et franchement, ça se voit). J'en ai lu un peu et n'ai pas du tout aimé donc mon avis est forcément biaisé, mais sérieux le [I]nombre[/I] d'histoires qui tournent autour de "je suis hétéro, mais son visage / son petit cul est si mignon, qu'est-ce qui m'arrive, quels sont ces sentiments ???" au-se-cours. Peut-être qu'un jour quelqu'un aura l'idée totalement improbable d'écrire une histoire sur fond de "salut, je suis gay, t'es gay, ça te dit on prend un verre et plus si affinités et on voit ce que ça donne ?" (j'exagère, [B]What did you eat yesterday?[/B] de Fumi Yoshinaga évite cet écueil avec son couple de quadras pépère, mais j'attends encore de trouver un [I]deuxième [/I]titre dans ce style).[*]Quand je vois les fans se focaliser à ce point sur les principes de [I]uke [/I]et [I]seme [/I](passif/dominé et actif/dominant, respectivement), ça m'agace, mais ça m'agace, car c'est affreusement [I]hétéronormé[/I] : dans un couple qui n'est pas homme/femme, il n'y a pas nécessairement quelqu'un qui "fait l'homme" et quelqu'un qui "fait la femme". Je veux dire, on peut avoir des couples gays où l'un se définit comme uniquement actif et l'autre uniquement passif au lit, mais ça ne dit rien sur le reste de leur personnalité : on peut être actif [I]et[/I] efféminé, passif [I]et[/I] dominant... Or pas mal d'histoires semblent faire l'amalgame actif/dominant/viril et passif/dominé/féminin.[*]Le [I]bara [/I]est écrit par des hommes pour des hommes, avec ces personnages très virils voire poilus, mais c'est souvent du porno, ce qui s'accompagne de fétichismes... auxquels on n'accroche pas forcément (une intrigue façon "il m'a violé, potentiellement en public, potentiellement plusieurs fois mais il est tellement beau je pense que je suis amoureux... ET ILS FINISSENT ENSEMBLE" c'est pas trop mon truc).[*]De manière générale on est beaucoup dans le fantasme avec ce genre de titres, et pas dans le cas d'un auteur qui raconte ce que ça fait d'être gay (comme Ralf König dans... un peu toutes ses oeuvres ou Steve Orlando qui est bi mais dont le [B]Midnighter [/B]est beaucoup plus ancré dans le réel [SIZE="1"]je suis en train de lire [B]The Authority[/B] par Millar et Quitely et mon dieeeeeeeeeu... toute cette obsession pour la sodomie[/SIZE]). Pour moi c'est le même principe que le porno lesbien : ça ne vise pas les lesbiennes, ça vise les mecs hétéros qui veulent voir des femmes à poil, et là il y a le double de d'habitude. Autrement, une lectrice disait une fois que les persos féminins étaient souvent nazes, dans le Boy's Love il n'y avait pas ce problème car il n'y avait pas de perso féminin. Alex de Campi a [URL="http://alexdecampi.tumblr.com/post/137591275984/why-wait-for-prince-charming-when-you-can-become"]une théorie plus fine[/URL] sur les raisons pour lesquelles un lectorat féminin accroche autant au [I]slash[/I] : "we are so unaccustomed to seeing our gender / sexuality in roles of power that the most comfortable way we can express a romantic relationship of equals using the pre-existing figures of mainstream fiction is via the interactions of two straight males."[/LIST]
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"It's not about adding diversity for the sake of diversity, it's about subtracting homogeneity for the sake of realism."
une cacahuète dans la nuit.