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Le problème majeur, à mon sens, c'est la perception que nous avons aujourd'hui du marché du kiosque tel qu'il était avant. Cette fameuse "génération Strange". Etait-elle si développée? J'ai un doute. Si quelqu'un possède des chiffres fiables à ce niveau-là, ça m'intéresse grandement. Pour vérifier la réalité de cette "génération".
Si cette génération était si développée, elle n'a pas permis de cultiver une base d'acheteurs conséquents. Côté franco-belge, la même tranche d'âge, parlons des quadra/ quinqua, a grandi avec un même rapport au kiosque que les comics, à travers les journaux BD : Spirou, Tintin, Pilote, etc... Pour le coup, phénomènes culturels de masse indéniables. Cette génération a connu elle aussi, une hausse des coûts d'achats à travers le développement de l'album, produit plus difficile d'accès et plus cher.
Pourtant, cette génération continue d'acheter ses insipides Tuniques Bleues et autres Astérix. Pourquoi?
Pourquoi les franco-belge ont-ils absorbé cette hausse des prix et se retrouvent toujours dans les achats? Pourquoi la génération Strange a-t-elle, elle, cessé ses achats?
Il y a, pour finir, un point que vous mettez en avant et que je pense qu'il faut critiquer. Le fameux "on devra faire des choix". Façon de dire "à ce prix là, on ne pourra pas tout acheter".
Mais en quoi est-ce nécessaire, de tout acheter? Quel consommateur de biens culturels peut prétendre vouloir tout acheter dans son secteur? Imagine-t-on un fan de rap vouloir acheter tous les CDs de Rap? Un passionné de cinéma de SF, vouloir posséder tous les films qui sortent chaque année?
Cette boulimie de lecture est-elle saine ou au contraire, déraisonnable? En quoi devoir faire des choix de lecture, privilégier telle ou telle série, est gênant, en fait? Combien d'entre nous ici, lisent mécaniquement des titres dont ils se fichent juste pour complétisme (de moins en moins, sans doute, on est d'accord, le prix vient jouer)? Il est où le rapport vertueux à la culture là dedans?
Consommer plus, moins cher et de moindre qualité, c'est la philosophie des enseignes low-cost. Une philosophie qui a été développée ces dernières années pour que les pauvres, justement, se satisfassent de leur sort et ne cherchent pas à contester un système qui, tout en les bourrant de produits frelatés, veille bien à ce qu'il n'ait pas les moyens de s'offrir la bonne qualité.
Maintenant que les prix et la qualité montent, le vrai problème, c'est pourquoi les gens sont pauvres. Pour les comics comme pour le reste.
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