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Vieux 31/03/2018, 15h34
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Hawkguy
 
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e ne m'étais jamais soucié du nombre exact d'épisodes de ce titre et me suis donc aperçu avec la parution de celui-ci que c'était (déjà) le dernier. Mais l'un dans l'autre, avec des numéros de cinquante pages chaque mois, Mystik U donne autant à lire qu'un arc narratif traditionnel de six chapitres. C'est donc l'heure du dénouement pour l'histoire concoctée par Alisa Kwitney et Mike Norton et le moment de savoir qui représente la Malveillance menaçant la fameuse université de magie (et si cette entité triomphera comme c'est prévu)...


Le format "prestige" de cette parution rend évidemment la lecture plus dense qu'un comic-book traditionnel de vingt pages et la somme des péripéties narrée ici aboutit à un examen critique différent, plus proche de l'expérience d'une bande dessinée franco-belge bien fournie en vérité. Mais c'est ce qui fait le sel de l'entreprise.

Alisa Kwitney a réalisé un excellent travail depuis le début et la qualité première de son écriture est de savoir parfaitement doser les ingrédients de chacun de ses trois Livres. Depuis le début, l'intrigue principale mettait en scène l'apprentissage d'un groupe de jeunes adultes dans une université où ils apprenaient à maîtriser leurs pouvoirs magiques. Tout cela avait un délicieux air de déjà-vu, on pensait bien sûr à Harry Potter, sans pourtant plagier l'oeuvre de J.K. Rowling.

Puis, un subplot, assez puissant pour être mémorable, dressait la menace : il s'agissait d'une prophétie dévastatrice annonçant la destruction de l'institution par une entité appelée la Malveillance. Ce danger était incarné par un des nouveaux élèves, et Zatanna, l'héroïne principale, conduite là par la directrice Rose Psychic, après la mort apparente sur scène de Giovanni, le père de la jeune fille, était une des suspectes possibles pour une partie des professeurs (dont les influents Mr. E et Dr. Occult).

Tout l'intérêt de l'intrigue reposait à la fois sur la possibilité que la prophétie se réalise en même temps que la formation des jeunes magiciens permettrait de déterminer lequel était le plus puissant et donc potentiellement le plus dangereux, le plus susceptible d'être la Malveillance incarnée. Pour ponctuer ce whodunnit, le script de Kwitney développait les relations entre six élèves, bien caractérisés, sur lesquels, chacun à leur tour, le lecteur pouvait projeter ses soupçons (tout en maintenant un doute concernant Zatanna elle-même).

La scénariste brouillait les pistes aussi en décrivant, de manière décalée, les us et coutumes des universités américaines traditionnelles, avec notamment les sororités, le corps enseignants, la sélection à l'entrée des établissements prestigieux, etc. On obtenait, à partir de tout cela, un cadre très fourni, à la fois divertissant, malin et captivant.

Dans le précédent Livre, on assistait à une chute dramatique : après avoir embrassé le ténébreux Sebastian Faust, cédant enfin à son attirance pour elle, Zatanna perdait connaissance, visiblement morte. Le troisième et dernier Livre démarre où le lecteur en était resté et tout de suite, les événements s'enchaînent. Le rythme ne baissera plus durant cette aventure au terme de laquelle de nombreux rebondissements vont se succéder crescendo.

D'un côté, Kwitney souligne les dissensions entre les professeurs : deux camps se sont formés, avec Mme Xanadu contre le Dr. Occult et Mr. E. Un "détail" s'y ajoute : l'absence inexpliquée de Rose Psychic. Au centre des débats : Zatanna, soupçonnée d'être l'incarnation de la Malveillance. Mais au-delà de ce problème, c'est la prise de contrôle de l'université qui est en jeu : celui qui la sauvera héritera de sa direction.

De l'autre côté, la vie du groupe d'étudiants continue d'alimenter la série. Zatanna ressuscite vite, mais dans des circonstances qui éveillent la méfiance de Sebastian Faust et conduisent à la révélation du secret de Pia Morales. Cette dernière devient alors l'objet d'une curiosité accrue et le lecteur voit son intérêt déplacé de Zatanna à Pia à mesure que le dénouement approche. La scénariste suggère subtilement au public que l'incarnation de la Malveillance n'est pas celle qu'on croit - et que les professeurs suspectent. Quand cela se vérifie, le coup de théâtre demeure efficace car il prend une forme inattendue et démasque un traître parmi les professeurs. La progression dramatique est très accrocheuse et l'affrontement final, dont le lecteur connaît l'importance de l'issue, est palpitant car vraiment incertain.

Le plus fort dans tout cela est sans doute que Alisa Kwitney et Mike Norton ménagent jusqu'au bout leurs effets, ne cédant pas au grand spectacle, l'action restant circonscrite au périmètre de l'université. Mais c'est néanmoins intense.

Norton a prouvé depuis le début de la série son implication et son application à animer cette histoire. Le soin avec lequel il a représenté l'université, campé les étudiants, souligné les temps forts en laissant le lecteur respirer par un découpage tour à tour spectaculaire et sage, se retrouve encore ici, et il faut saluer la qualité de la prestation.

Mystik U, grâce au style classique, jamais tape-à-l'oeil, de Norton a gagné en consistance, en cohérence, en régularité, là où beaucoup d'artistes se seraient vite épuisés en donnant tout dès le début pour finir sur les rotules, expédiant les affaires courantes, cédant à la facilité. Ici, c'est tout le contraire : chaque Livre a su conserver un haut degré d'exigence sous des apparences de simplicité, voire de modestie, mais en vérité, en préférant servir le récit Norton a su lui injecter une classe folle.

Son trait n'est peut-être pas flamboyant, ses cadrages pas délirants, mais ses personnages sont expressifs, ses designs étudiés. C'est un dessin qui a le mérite de donner à lire, autant que le scénario, pas plus mais pas moins. Beaucoup de dessinateurs de comics, partant bille en tête pour terminer en sacrifiant les arrières-fonds ou en étant aidés par des brigades d'encreurs, feraient bien d'en prendre de la graine car Norton prouve qu'en disposant bien ses efforts, on obtient un rendu bien plus complet.

La dernière page voit la bande se séparer, retrouvant leurs parents, à l'exception de Sebastian Faust et Zatanna, partant ensemble pour retrouver le père de cette dernière. Comme une invitation, Alisa Kwitney rappelle ensuite que "chaque fin est aussi le début d'autre chose". On interprétera cela à sa convenance mais il n'est pas interdit d'y deviner une suite, d'autant que Zatanna (adulte) sera l'une des vedettes de la relance de Justice League Dark (par James Tynion IV et Alvaro Martinez), donc un personnage sur lequel DC Comics semble vouloir miser...
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