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Vieux 09/02/2018, 15h18
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Hawkguy
 
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L'art du pas de côté, savoir se démarquer pour briller et faire vivre une histoire : c'est ainsi qu'on pourrait présenter la manière Kelly Thompson. C'est d'autant plus remarquable ici que, contrairement à son run sur Hawkeye, elle ne peut s'appuyer sur un dessinateur aussi talentueux que Leonardo Romero : Pere Perez n'est pas le plus mauvais des artistes mais le manque criant de personnalité de son style empêche Rogue & Gambit de s'élever au-dessus d'une simple production courante.

Visuellement, en effet, on devine facilement que les meilleures idées sont directement issues du script et non du graphiste qui doit les traduire. L'ensemble est désespérément moyen, rien ne vient faire pétiller le regard du lecteur dans ces pages au découpage bien trop standardisé et aux personnages représentés sans une once de singularité. A l'heure où on voit des robots diriger des orchestres, ce que fait Pere Perez pourrait tout aussi bien avoir été programmé pour une machine.

Pour trouver de quoi se réjouir dans cet épisode, c'est donc bien dans la façon dont elle est écrite qu'il faut se tourner. Et Kelly Thompson excelle à transformer ce qui serait du plomb en or : la scénariste garde au chaud le coeur de son intrigue, on n'est guère plus avancé sur le mystère de l'île Paraiso dans ce chapitre - et à vrai dire on se fiche un peu de ce que cache tout ça. La mission des deux X-Men apparaît clairement comme un prétexte pour autre chose. Mais quoi ?

En étant forcé de collaborer Rogue et Gambit doivent jouer cartes sur table : parfois ils y sont poussés, comme lorsque le Dr. Grand leur demande de dialoguer et que l'idée dégénère en une pluie de récriminations. Au lieu de passer par un échange verbal, Thompson remplace le contenu des phylactères par des images issues des précédentes aventures communes du couple, mélange de bonheurs et de drames, qui font office de résumé de la vie de ce couple malgré lui. Parfois aussi ils se livrent l'un à l'autre dans l'exiguïté d'un conduit d'aération où l'intimité devient un jeu mais aussi un lieu de confession plus apaisée.

Quand on examine comment Thompson dispose ses scènes et construit son épisode, où les flash-backs prennent plus de place que la progression de l'enquête (c'est là qu'on voit que cette dernière est un prétexte : la véritable mission pour Rogue et Gambit est de savoir pourquoi ça ne fonctionne plus entre eux, et même si ça a jamais marché), on assiste à une suite de prises de bec, d'excuses, de différences de points de vue, de manoeuvres de séduction, d'esquives : on est dans une pure screwball comedy, ces comédies de l'âge d'or du cinéma américain où un homme et une femme se chamaillaient pour éviter de s'avouer leur amour.

Ainsi redistribué en romance comique, le récit mutant gagne en fraîcheur : pas de discours redondant sur la persécution d'une communauté, pas de métaphore lourdingue sur la différence, mais l'examen de deux individus dont leur spécificité épice la liaison et souligne, chez Rogue, le fatalisme et la méfiance, et chez Gambit, la malice et l'envie d'y goûter encore.

Soudain, la série retrouve ses couleurs : celle d'un bon vieux soap avec des amants dotés de super-pouvoirs. Morale : pour bien parler des super-héros, il faut d'abord bien parler des hommes et des femmes qui se cachent derrière leurs costumes et se distinguent par leurs pouvoirs.
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