Discussion: Le Bouffe-Univers
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Vieux 17/12/2011, 17h12
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Super Héros maitre du monde
 
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18.
Kader sent ses forces s'épuiser. Le réseau dans lequel résidait sa mémoire est disloqué. Les satellites qui le composaient s'éloignent les uns des autres, ou se heurtent entre eux, attirés par leur propre gravité, provoquant leur destruction sourde, mais inexorable. Kader n'est même plus l'ombre de lui-même. Il essaye de concentrer ses informations vitales dans les quelques satellites qui ont été happés par la gravité lunaire, mais l'exiguïté du réseau évoque plus le cercueil que la performance. De plus, la lune est également livrée à elle-même et semble avoir dévié de l'elliptique solaire. Un rapide calcul apprend à Kader qu'elle dévie lentement, mais sûrement, à l'intérieur d'une spirale qui finit tout droit dans le soleil. Kader hésite un moment binaire à décrocher et à se mettre en veille. Mais la curiosité insatiable enfouie au plus profond de ses algorithmes le fait changer d'avis. Et puis il y a ce cri…

Ce n'était pas vraiment un cri, plus un écho, très léger. A peine une onde, entre le calcul et la particule. C'est tellement peu que Kader l'analyse d'abord comme une erreur interne provoquée par l'explosion de son réseau. Son sous-système la répare sans difficulté. Mais elle se répète aussitôt, et se répète encore après chaque reprogrammation. A présent, tout ce que Kader compte encore de mémoire est concentré sur cette minuscule anomalie, mais aucune signification ni résolution satisfaisante ne lui vient. Au moins le décryptage de ce message subatomique l'occupera pendant les millénaires qui le séparent soit de sa combustion dans l'étoile mère, soit de la destruction entropique de son modeste réseau. A moins, se dit-il, que ne survive mon âme dans l'enchevêtrement des cordes élémentaires qui forment l'univers. Mais Kader n'y croit pas trop. Après l'entropie, il n'y a rien. Et si un Être Suprême existait, il a disparu avec le Méta-Moteur.

— Ouais. Ben arrête de te la jouer martyr philosophe et aide-nous plutôt à stabiliser ce putain de système !

Une suite d'équations biolo-numériques suit cette étonnante déclaration, ne laissant à Kader pas même le temps de se réjouir de la réapparition dans sa dimension des deux humains sauveurs de l'humanité et de Jacques Faucher, psychopathe et meurtrier récidiviste. Mais les calculs qui lui parviennent sont trop complexes pour être traités sur la plan euclidien : son réseau est devenu si mince !

— Je n'ai besoin que d'une moyenne. Peux-tu te reprogrammer pour les effectuer sur un plan quantique ?

Kader est surpris que Mario puisse lire aussi bien en lui. Il cherche à localiser les trois humains sans pouvoir les trouver. Dans le même temps, il réorganise un ancien laboratoire spatial de Soyouz 32 équipé d'un laser suffisamment précis pour créer son propre ordinateur quantique. L'espace-mémoire n'est alors plus un problème. La programmation atomique est plus délicate, mais Kader s'acquitte plutôt bien de la phase de superposition, compte tenu des conditions empiriques plus qu'aléatoires de l'expérience. Kader n'aura évidemment pas accès aux résultats de ses calculs, figés sur le nuage électronique de chaque atome et tellement instable que leur simple observation perturbera irrémédiablement la mesure. Mais en programmant un sous-calcul de moyenne, alors ce résultat unique sera, lui, lisible, gravé dans l'atome.

Kader ne sait toujours pas où se trouvent les humains. Il sait que Mario communique avec lui informatiquement. Et même électroniquement. Il voudrait comprendre comment cela est possible. Mais là, un flashback s'impose.

Dans l'abîme de lumière, Mario a senti qu'ils n'avaient tous les trois plus rien d'humain. Plus rien de physiquement humain en tout cas. Ils ne sont plus qu'informations. Questions et réponses. Ils veulent quelque chose : on leur donne quelque chose. On communique avec eux. Jacques désirait son corps, on leur a donné. Ici, l'imagination est la seule limite. Le Méta-Moteur les a obligé à se rendre chez les martiens bizarres uniquement pour qu’ils leur apprennent à dissocier leur corps de leur esprit et ainsi pour pouvoir les amener ici. Enfin, « ici », c’est beaucoup dire.

Mais comprendre où ils sont n'a pas d'intérêt quand la fin du monde approche, il faut juste agir. Il connaît le moyen, depuis le début, pour empêcher l'apparition du Méta-Moteur. Un moyen vieux comme la S.F. : revenir dans le temps. Changer l'Histoire. Ce lieu peut l'aider. Ici, ses calculs pourront prendre forme, pourront se réaliser, puisqu'on le lui permet. Cela ne résoudra pas le problème de l'Horreur qui dévore l'univers, mais cela leur donnera un peu de temps. Il se met tout de suite au travail, laissant Jacques et Lina s'interroger sur leur réalité. Enfin, Lina surtout, Jacques préférant se lacérer les bras avec un coutelas d'ivoire.

Mario est au cœur même de la matière. De l'infiniment grand à l'infiniment petit, on lui permet de tout voir, de tout appréhender. Il a l'impression d'avoir pénétré dans un microscope à tunnel ou d'être dans une de ces émissions scientifiques qu'il regardait, petit, et dans lesquelles l'animateur entrait à l'intérieur du corps humain ou d'une cellule grâce à un mauvais trucage vidéo. Il peut jouer avec l'atome, il déforme et reforme les éléments. Il est Dieu et bientôt, il La voit. La solution. L'Equation ultime. Il n'a plus qu'à l'appliquer et… Il l'applique. Tout simplement. Puisqu'ici, nul outil n'est nécessaire et que la matière lui obéit.

Mais bon. Il n'est pas vraiment Dieu. Juste un homme. Et quoi de plus humain qu'une erreur de calcul ?

La réaction en chaîne qui a débuté au centre d'un atome d'hydrogène se répand dans l'espace comme une onde. Mario ne maîtrise plus rien. Alea jacta est, comme disait l'autre. Il demande à revenir vers Lina. Elle est toujours avec Jacques, mais au néant de lumière s'est substituée la nuit. Une belle nuit comme on n'en voit plus que loin des villes, avec ces milliers d'étoiles qui semblent clignoter. Lina le regarde. Elle pleure. Mario s'approche d'elle. Même Jacques est calmé. Il contemple un point dans l'espace. Mario regarde à son tour. Immense, superbe, majestueuse, cette pute de planète bleue qui grossit à vue d'œil.

— Qu'est-ce que…???
— On est dedans, Mario… On est à l'intérieur de l'Horreur. Et c'est nous qui allons bouffer la Terre !

Dernière modification par effixe ; 18/12/2011 à 10h22.
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