Discussion: Le Bouffe-Univers
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Vieux 15/12/2011, 10h19
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Super Héros maitre du monde
 
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13.
La nuit est aussi noire que l'humour de Lina. Les lumières de Genève n'existent plus, mortes avec l'explosion de la centrale nucléaire d'Annemasse. Seul le Léman irradié dispense une légère clarté. C'est presque beau. Lina et Mario, joliment empaquetés dans des combinaisons niveau 6, observent l'obscurité à travers les vitres du tramway traversant la zone radioactive sur 80 Km. Le trajet est long et Mario a tout le temps de penser aux pauvres types qui ont dû poser les rails au milieu de ce merdier cancérigène. Des employés obéissants, des prisonniers condamnés à vie ou des chinois apeurés comme au temps du Far-West ? On fait faire de belles saloperies au nom du bien commun. Ainsi va le monde : une minorité nique la gueule de la majorité, pour son bien.
Mario chasse ces pensées à la con. Le monde doit être sauvé, en bloc. Aussi mal foutu qu'il soit. Il regarde Lina, songeur. Elle est belle comme une équation au 4ème degré. Du moins Mario le devine - sous son costume de bibendum, il ne voit que ses yeux. Elle a changé, Lina. Elle est plus douce, moins agressive. Enfin. Disons que ses brimades ressemblent maintenant plus à de l'humour qu'à des marques de haine. Mario n'arrive pas à se faire à l'idée qu'elle est sa sœur. Il a déjà du mal à savoir qui il est, lui. Il repense aux images d'épouvante que Kader a mises dans son esprit, pour que Jacques lui cède la place. Mario peut envisager que Kader ait eu accès à Lina, après tout, elle est à moitié bionique. Mais comment a-t-il pu entrer dans l'esprit de Jacques ? Est-ce par la machine qui lui a reconstruit le bras, ou bien grâce à un moyen plus flippant, comme un lien télépathique ?
Au milieu du rien, Lina tire le système d'alarme. La suspension électromagnétique du tramway disparaît, provoquant sur la peau une sorte de chair de poule électrostatique. L'engin s'immobilise doucement, comme un surf en fin de vague. C'est un peu gerbant. Dehors, il n'y a rien. Comment Lina a-t-elle su où s'arrêter ? Le sol n'est qu'une immense nappe de boue radioactive. Mario remarque tout de suite les vers, énormes. Il y en a des milliers qui grouillent dans ce cloaque mutagène. Mario est heureux de ne pas avoir à respirer ça. Lina est déjà en marche. Les combinaisons niveau 6 pèsent au moins soixante kilos. Après cent mètres, Mario est à genoux, épuisé et hoquetant. Lina modifie son mélange d'oxygène. C'est un peu comme de prendre un taze. Le coup de fouet permet au biophysicien psychopathe de se remettre en marche. Bientôt apparaît un immense cube de béton. Le cocon de la centrale en miette se dresse aussi majestueusement que son inutilité lui permet, la ruine apocalyptique du paysage alentour anéantissant tous ses efforts pour paraître efficace. Tout en se dirigeant vers le Léviathan écologique, Lina raconte :
— C'est pas le nucléaire qui a tout tué ici. Il n'y a jamais eu de centrale dans le coin. Juste une base militaire renfermant les précieuses reliques extra-terrestres échouées sur le sol de notre beau pays depuis des dizaines d'années. Notre Zone 51 à nous, quoi…
— Qu'est-ce qui a provoqué ce merdier, alors ? Les martiens ?
— Presque. Les scientifiques chargés de les étudier. Ils ont dû tomber sur un truc pas net. En tout cas, ça a tout fait sauter et ça a pourri tout le quartier pour encore des milliers d'années.
— Cela te ressemble pas de faire de l'anti-scientisme.
— Ici ils pratiquaient plutôt le genre Mengele, avec cobayes humains et toutes ces conneries. Remarque, si c'est pour trouver un vaccin au cancer, peuvent bien buter un ou deux chômeurs en fin de droit, je m'en branle, mais si c'est pour tout faire sauter…
T'as un cœur, finalement… On pourrait peut-être enlever les combinaisons alors, s'il n'y a pas de radioactivité ?
C'est pas les atomes qui m'inquiètent. Ta gueule.
Lina, à l'affût, écoute l'obscurité.
— Putain, Lina ! C'est mort ici ! Y'a personne… Pourquoi tu paniques ?
Et là, une fois de plus, Mario découvre un des visages de l'horreur. Des nuées de mouches grosses comme le poing d'un bébé surgissent de nulle part et envahissent l'atmosphère. Le bruit est insupportable et Mario, à genoux, remercie le ciel d'avoir sa combinaison niveau 6. Il entend à peine la voix de Lina dans ses écouteurs. Elle lui dit de se relever, de courir avec elle. Mario ne veut pas. La peur le pétrifie. Il sent des milliers de caresses sur tout son corps à travers la triple épaisseur de Kevlar. Alors Lina lui dit les mots qui le font bouger :
— Elles sont en train d'entrer dans ta combi…
Mario court aussi vite qu'il le peut, qu'il n'a jamais couru, avec ou sans soixante kilos sur le dos.
Une sorte de sas à la Star Trek, rempli de mouches. Lina est déjà à genoux contre la porte en face. Le sas se referme derrière Mario. Kader déclenche les fumigènes. Bientôt, ce n'est plus qu'un tapis d'ailes et de petits corps de chitine noire qui vibrent sur le sol. Une fois la dernière mouche morte, Kader ouvre la porte du fond. Mario et Lina se précipitent. L'un et l'autre s'aident à enlever leur équipement. Mario, après avoir vu le nombre de cadavres de mouches à moitié enfouies dans les replis de sa combinaison, se palpe frénétiquement tout le corps. Ce n'est qu'une fois rassuré sur l'état de sa peau qu'il prend le temps de vomir.
— Bordel !!! C'était quoi, ces horreurs ?
— Des mouches carnivores transgéniques, conçues spécialement pour bouffer tout ce qui s'approche ou qui sort de cet endroit.
— Attends… Tu veux dire qu'elles ont été crées exprès ? Par des gens ?
— Plus efficace qu'un berger allemand, non ?
— Et quand tu dis "ce qui sort de cet endroit", tu penses à quoi exactement ?
— Ouais… ça, on va bientôt l'apprendre, j'imagine…
Kader sourit. Il n'a rien dit aux deux humains. Il leur réserve cette surprise. Cela ne leur fera sans doute pas plaisir sur le coup. Mais bientôt, ils comprendront.
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