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Vieux 06/12/2012, 17h49
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Hawkguy
 
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#271-274


#271 : Genetrix
(Octobre 1989)


#272 : Liberation
(Novembre 1989)


#273 : The Billion Dollar Ashtray
(Mi-Novembre 1989)


#274 : Bombs and Lemonade
(Décembre 1989)


Skip Ash, l'aviateur trafiquant de drogue (rencontré à la fin du #267 : Cremains), dirige une ferme expérimentale, dont les activités génétiques sont couvertes par l'armée : l'élevage en batterie, la transformation de volaille et de bétail, ne sont que la partie la plus ordinaire de cette orgnaisation. L'homme emploie aussi plusieurs scientifiques pour travailler à l'élaboration de la femme parfaite, avec reprogrammation mentale, manipulation cellulaire : le spécimen n°9, une très jolie blonde au pouvoir régénérateur mais devenue totalement amnésique et ne désirant plus que satisfaire le premier homme qu'elle suivra, est celle qu'il a élue, même si les chercheurs le mettent en garde contre certaines défaillances.
Brandy Ash est la fille de Skip : elle est entretenue par son père mais, comme activiste pour la libération animale, est écoeurée par ses méthodes d'élevage. Elle a par ailleurs accumulé des preuves accablantes sur la collaboration de son père avec les autorités gouvernementales. Excédée par cette dépendance et ces manoeuvres, elle décide de frapper un grand coup en commettant un attentat filmé par des complices, qui révèleront au grand public ce que l'Etat et son père trafiquent.
Daredevil (à qui Skip avait remis, en rencontrant Matt Murdock lors du crash de son avion, la carte de visite de Brandy) la surprend et s'en mêle : il adhère à la révolte de la jeune femme et veut également stopper les activités de la ferme, tout en comprenant que, judiciairement, c'est une affaire complexe car impliquant le gouvernement, sans compter qu'il désapprouve le recours à un attentat (même s'il sait qu'il n'y aura pas de victimes, DD souligne que le sort des animaux ne sera pas réglé en leur rendant la liberté).
L'opération aboutit à deux conséquences :

- d'une part, n°9 s'évade et est prise en charge par Brandy (agacée par sa servilité, même si elle n'est pas volontaire) et Daredevil (compatissant mais embarrassé aussi par l'attention qu'elle lui porte et la colère de Brandy) ;
- et d'autre part, Shotgun, un mercenaire surarmé, est recruté pour à la fois récupérer n°9 et se débarrasser de DD.

Mais Skip Ash a un autre secret : il a fait affaire avec les Inhumains, dont deux membres - Gorgone et Karnak - entreprennent au même moment de descendre sur Terre pour récupérer l'enfant de leur reine Médusa, banni par les autorités car jugé dangereux...

En trois mois, la parution de la série va connaître une accélération puisque paraissent d'Octobre à Décembre 1989 cinq numéros (un en Octobre, deux en Novembre et deux en Décembre). Cet effet se propage aux intrigues en cours puisqu'Ann Nocenti précipite, après plusieurs "done-in-one stories", Daredevil dans un arc narratif plus vaste.
A partir du #271 (Genetrix), en fait, la scénariste va disposer des éléments qu'elle va faire interagir et exploiter jusqu'au #282 (même si le #277, dessiné par Rick Leonardi, n'a rien à voir).

L'opération passe par une injection importante de seconds rôles : n°9, Brandy et Skip Ash, Shotgun, les Inhumains Gorgone et Karnak. La scénariste fait feu de tout bois et le rythme des péripéties est effréné, renouant avec la veine feuilletonnesque de la saga Typhoïd Mary, peut-être de manière encore plus intense, en tout cas encore plus originale quand on examine les ingrédients dont elle agrémente son récit.

Dans un premier temps (du #271 au #273), l'histoire se concentre sur Brandy Ash : fille à papa mais militante radicale, c'est un personnage féminin comme Nocenti sait les écrire, un caractère fort, ambigü, qui déclenche une réaction en chaîne d'évènements palpitants, où le lecteur est pris à parti sur un sujet social (la traîte des animaux d'élevage), la position adopté par les personnages impliqués (dépassant les cadres simplistes des bons et des méchants - héros opérant clandestinement contre une organisation légale malgré ses procédés indignes) et un rattachement à des éléments apparemment incongrus (mais qui vont s'intégrer de façon étroite - les Inhumains).

Nocenti mixe tout ça avec une habileté épatante : on part sur cette idée de ferme aux méthodes louches, où humains, bétail, volaille sont les jouets d'apprentis-sorciers ; puis on enchaîne avec l'irruption d'un mercenaire (Shotgun) qui part à la chasse aux alter-mondialistes et héros costumés comme un pseudo-Rambo ; et on "termine" sur une réflexion impertinente à la fois sur le féminisme (n°9 et sa docilité) et le complexe d'Oedipe (Brandy s'interposant entre DD et son père, mais aussi les Inhumains à la recherche d'un enfant répudié par une société extra-terrestre pratiquant l'eugénisme).

La partie concernant les Inhumains est celle qui détone le plus car s'il est bien des personnages qu'on ne s'attendait pas à voir dans une série comme Daredevil, ce sont bien eux. Mais pourtant, tout s'explique assez naturellement : éditorialement d'abord, Ann Nocenti a écrit auparavant le Graphic Novel Inhumans, illustré par Bret Blevins, dont l'intrigue est justement axé sur l'enfant de Flêche Noire et Médusa et son bannissement par le conseil génétique d'Attilan (la cité royale, basée sur la face bleue de la Lune - cf. Fantastic Four #240, Mars 1982, par John Byrne), et historiquement ensuite car les Inhumains sont eux-mêmes de créatures dont la race Kree s'est servis comme de cobayes avant de les abandonner (personnages éminemment "Kirby-esques" par leur nature de peuple caché du reste du monde, d'une grande puissance, et que leur différence écarte des humains) - ce qui en fait des "cousins" de n°9 et autres sujets d'expérimentation de la ferme de Skip Ash.

Pendant un moment, Nocenti brouille les pistes et on est tenté de penser que n°9 est peut-être l'enfant de Flêche Noire et Médusa (et non pas seulement une jeune femme sur laquelle Skip a fait travailler ses scientifiques) : ses pouvoirs auto-cicatrisants, sa psychologie, tout prête à croire qu'elle n'est pas humaine, et comme Gorgone et Karnak surgissent alors qu'elle est au centre du conflit entre Daredevil, Brandy et son père, tout semble aligné pour cette conclusion.
Mais la scénariste nous corrige pour mieux préparer la suite, avec cette attelage étrange, atypique, que vont former n°9, les Inhumains, Brandy, et Daredevil.

Le méchant de service, Shotgun, une création originale de Nocenti, souffre d'un certain manque de charisme : si ses actions ne manquent pas d'alimenter les épisodes en séquences spectaculaires, il ne fait jamais de doute que Daredevil en viendra à bout, et que le coeur du problème est ailleurs. Ce n'est pas un adversaire comme Bullet, juste un guignol, un obstacle mineur dans une tapisserie plus vaste, plus ambitieuse, et cela porte finalement la marque de Nocenti, qui ne s'intéresse pas tant à des bagarres entre un héros et un vilain, mais davantage à des cas de conscience, à des suites d'actions qui interrogent les personnages sur leurs relations, leur place dans le monde.

Ces épisodes sont formidablement mis en images par John Romita Jr et Al Williamson : comme galvanisés par la frénésie qui s'empare de la série, ils produisent des planches qui sont un modèle d'efficacité, de lisibilité, d'élégance.
Comme Nocenti se lâche, ils l'imitent et Romita Jr nous gratifie de splash et doubles pages, parfois un peu faciles (comme celle avec Shotgun extatique, ses armes à la main), mais regorgeant de pêche.

Le découpage peut aussi bien rester sommaire (les fameuses planches à trois-quatre vignettes maximum) que plus élaboré, avec des alternances de bandes avec une seule case ou jusqu'à quatre alignées verticalement, ce qui donne du swing aux scènes de dialogues. Les scènes d'action sont de véritables leçons dans leur genre, leur fluidité, leur explosivité sont exemplaires.
Parfois, encore, Romita Jr dispose ses plans en se référant à l'art séquentiel "Eisner-ien", un seul cadre entoure trois actions, l'angle de vue ne varie pas mais justement donne un liant incroyable à l'ensemble (comme lorsque DD corrige Skip).
Et puis il y a le traitement réservé aux pages avec les Inhumains sur Attilan : la gestuelle, les expressions sont subtilement captées (le caractère tempétueux de Gorgone, celui plus mesuré de Karnak, la noblesse de Flêche Noire, le chagrin poignante de Médusa), plus les designs fabuleux de Kirby (bien avant que Jae Lee ne les défigure...) - tout ça est merveilleusement beau... Et laisse un regret : que le combo Nocenti-Romita Jr-Williamson ne se soit pas réuni pour réaliser une (mini ou ongoing) série avec ces personnages qu'ils ont su si parfaitement saisir.

Toute la bande va maintenant poursuivre ses aventures, en passant d'abord par un nouveau crochet en relation avec le crossover Acts of Vengeance, et une guest-star de poids : Ultron !

Dernière modification par wildcard ; 06/12/2012 à 17h56.
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