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Vieux 03/12/2012, 18h16
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Hawkguy
 
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#268

ACTE II :

Voici la seconde partie de cette rétrospective du run de la scénariste Ann Nocenti avec le dessinateur John Romita Jr et l'encreur Al Williamson sur la série Daredevil, couvrant les épisodes #268-276 (Juillet 1989-Janvier 1990) et #278-282 (Mars 1990-Juillet 1990). L'épisode #277 a été dessiné par Rick Leonardi, mais ne présente aucun lien avec les précédents et les suivants.

*

Les épisodes dont je vais parler se situent tout de suite après la saga Typhoïd Mary, les tie-in au crossover Inferno, et le départ de Matt Murdock/Daredevil de New York.
Il vient de rencontrer Méphisto lors d'une soirée mémorable dans un bar puis s'est "réconcilié" avec le mercenaire Bullet, mais son couple avec Karen Page a sombré.
Il prend donc un aller-simple pour Albany, mais en route saute du train pour secourir le pilote d'un avion qui s'est crashé : l'homme est sauf et lui promet du travail dans sa ferme, mais notre héros a découvert que l'aviateur transportait de la drogue.

Loin de la ville, de son quartier, de ses repéres, où le hasard va-t-il le mener ?

*



#268 : Golden Rut
(Juillet 89)


Matt Murdock a quitté New York et pris un aller-simple pour Albany. Mais son voyage en train est rapidement interrompu lorsque des passagers sont témoins du crash d'un petit avion. Matt quitte son wagon en marche et porte secours au pilote mais découvre qu'il transporte avec lui de la drogue. Néanmoins, il décide de ne pas s'en mêler et reçoit même de l'homme une carte de visite s'il cherche du travail dans le coin.
On retrouve le héros dans une bourgade où il s'arrête et s'installe dans un "bed & breakfast". Rapidement, il détecte une affaire louche à laquelle est mêlé le mari de son hôtesse, Raymo, qui assiste son frère aîné, Hank, un usurier. Mais Raymo cherche à s'en sortir et Daredevil va l'y aider à son insu...


Ann Nocenti démarre le second acte de son run avec John Romita Jr et Al Williamson avec cette histoire qui confirme que Daredevil a quitté New York.

Le personnage est encore miné par les évènements qui l'ont conduit à s'éloigner (ses affrontements avec le Caïd, Typhoïd Mary, la déchéance de son couple avec Karen Page) et il semble résolu à ne plus s'impliquer dans les affaires des autres, même si ses super-sens l'empêchent de ne pas remarquer quand quelque chose cloche autour de lui. C'est ainsi qu'il intervient en faveur de Raymo et sa femme, sans toutefois qu'ils s'en doutent.

Le personnage de Raymo n'est pas un méchant mais un homme ordinaire tiraillé entre la fidélité à son frère aîné, Hank, et la promesse qu'il fait à sa femme, Sally, de changer de vie. Il est hanté par le souvenir de son chien, Winnie, blessée et à qui on a dû couper une patte. Lui-même s'identifie à cet animal pour qui se couper de son frère est une amputation, mais un mal nécessaire.

Ann Nocenti résume le dilemme de cet homme avec des scènes oniriques saisissantes et poignantes, mais aussi des moments intimes du couple, fugaces, où le malaise de Raymo et le souci que se fait Sally sont palpables.

L'art du dialogue dont fait preuve l'auteure est admirable d'efficacité :


- quand Matt Murdock arrive au "bed & breakfast", il dit à Sally qu'il la suit à l'étage en suivant sa voix - et c'est l'ouïe hyper-developpée du héros qui lui indique la fatigue de cette femme, les problèmes de son couple, puis ensuite, en écoutant un échange entre les deux frères, la nature toxique (la toxicité des rapports humains, on l'a vue, est au coeur des récits de Nocenti) de leur relation ;

- puis, avant que Daredevil ne s'en prenne (d'une manière sinistre, inquiètante) à Hank, on peut lire une pensée éloquente de Sally déplorant que les gens soient "dans le noir" (allusion à la cécité mais aussi aux ténébres du mal), "torturés, seuls et paralysés".


La simplicité du vocabulaire rend impeccablement compte de la souffrance des individus mis en scène : de façon similaire, donc, quand DD intimide Hank, il fait plusieurs allusions renvoyant au sort du chien de Raymo. Il apprend incidemment que Hank est un lointain intermédiaire pour le Caïd, signe que Daredevil ne s'est pas encore assez éloigné de ses bases.

Sur un argument banal, Nocenti prouve qu'elle peut encore produire un épisode à la fois sobre et intense - le début de l'odyssée de Daredevil sur les routes.


John Romita Jr et Al Williamson forment désormais un tandem parfaitement rodé et leur travail est magnifique.
Les scènes oniriques sont aussi très fortes pour cela, avec une colorisation vive, agressive, des compositions cousines de ce qu'ont fait aussi bien Will Eisner (magnifique page où le petit Raymo comprend ce qui va arriver à Winnie, dans le plus pur style de l'art séquentiel) que Bill Sienkewiecz (les trois premières planches, glaçantes).

Le découpage est sage, mais c'est aussi parce qu'il n'est nul besoin de compliquer, d'en rajouter. Les deux artistes ont choisi de coller au script, privilégiant les ambiances. Il y a une espèce d'aridité, dans ces plans où chaque image est bien pesée, vise un effet précis et l'atteint.


Un "petit" épisode drôlement efficace donc.
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