Zigeunerweisen réalisé en 1980 par
Seijun Suzuki
Seijun Suzuki, c'est le roi du cinéma pop japonais des 60's.
Cette période est d'ailleurs très bien couverte par les trois indispensables coffrets sortis chez HK Vidéo.
Mais après les audaces intolérables de
La marque du tueur en 1967, Suzuki est viré de la Nikkatsu. Il mettra 10 ans avant de pouvoir à nouveau tourner.
En 1980, il réalise le premier volet d'une trilogie thématique située à l'ère
Taisho (1912 - 1926).
Son cinéma a profondément changé. Libéré des contraintes des studios (films formatés autour des 90', genres imposés pour un public cible,...), il peut réaliser des films plus originaux.
Zigeunerweisen, dont le titre est issu d'un morceau de musique de Sarasate qui joue un rôle important dans le film, est un film étrange qui met en scène deux amis intellectuels, l'un plutôt conventionnel et l'autre pratiquement vagabond, leurs femmes respectives et une geisha qui ressemble à s'y méprendre à la femme du vagabond (les deux rôles sont d'ailleurs joués par l'excellente
Naoko Otani - que l'on a retrouvé récemment dans le rôle principal du Land of hope de Sono Sion).
Peu à peu, leurs relations se font troubles et le film dévie vers un surréalisme qui brouille les pistes. Zigeunerweisen est traversé de fulgurances sublimes, énigmatiques. Les lignes qui séparent le réel du rêve, les vivants des morts se font poreuses.
L'intrigue est structurée selon un montage, très peu conventionnel, qui fait la part belle à la succession d'associations d'idées.
Au final, Zigeunerweisen se vit comme une expérience de cinéma éloignée des canons habituels, assurément brillante même si parfois un tantinet irritante.
Suzuki poussera sa démarche encore plus loin l'année suivante avec le film
Kagero za, dont je parlerai plus tard.