J'ai été le voir ce Mercredi et j'en suis sorti confus. Un sentiment bizarre que je n'avais pas ressenti jusqu'à présent avec un film Marvel Studios.
Avec un peu de recul, j'essaie de pointer ce qui cloche donc.
Ce qui fonctionne ici fonctionne vraiment bien, en particulier le premier acte (donc du début jusqu'à la rencontre avec Ego et Mantis) : c'est rapide, drôle, ingénieux dans la narration (
la scène d'ouverture avec une bonne partie de la baston hors champ et Baby Broot qui fait l'andouille par exemple, Drax qui est un abruti fini, la menace crédible d'Ayesha, la relation orageuse entre Gamora et Nebula
).
Le deuxième acte (
l'arrivée sur la planète Ego et de facto la séparation de l'équipe en deux, et dans le groupe sur Ego les rapports qui se nouent/dénouent entre Quill et son père, Quill et Gamora, Gamora et Nebula, Mantis et Drax
) montre des signes de flottement. Il y a la volonté de bien présenter la situation d'Ego, l'offre qu'il fait à Peter, mais c'est une faiblesse fréquente chez Marvel Studios, le méchant n'est pas vraiment montré comme un méchant (il est sournois derrière sa façade avenante, stratège, mégalo, et quand sa malfaisance apparaît nettement, le spectateur est partagé entre la sympathie que le personnage lui a d'abord inspiré et l'antipathie qu'il est censé provoquer : on a cette impression qu'il fait le mal pour un motif supérieur à la compréhension humaine ou pour se venger d'une vieille injustice qui n'implique qu'un personnage en vérité - genre Loki avec Thor dans les films dédiés ou le premier
Avengers).
Les scènes d'action ne semblent aussi surtout servir qu'à ponctuer cette exposition des plans d'Ego (
comme l'arrivée de Nebula
), alors que
les pièges de Rocket contre les Ravagers, la mutinerie contre Yondu, la libération de Nebula
s'inscrivent dans une suite plus fluide (causes/conséquences).
Par ailleurs, l'introduction des premiers Gardiens de la Galaxie (et ses apparitions suivantes) est maladroite : c'est comme si Gunn avait surtout voulu se faire plaisir en recrutant Stallone, Ving Rhames (idem, dans un autre registre, avec le caméo de Hasselhoff, même si c'est marrant et inattendu).
Le troisième acte (
de la révélation du véritable objectif d'Ego à la fin en passant donc par la riposte de Quill-Drax-Gamora-Nebula-Mantis et l'alliance Yondu-Rocket-Baby Groot
) sombre dans un déluge de scènes de destruction massive convenues. La seule partie à sauver dans ce bouillon dénuée d'originalité narrative et visuelle, ce sont
les sauts dans l'hyper-espace avec Rocket et compagnie, traités dans un style cartoon délirant, digne des épisodes de Skottie Young, très drôle et audacieux
.
Le dénouement (
avec la mort sacrificielle de Yondu, l'hommage de ses anciens potes, le feu d'artifices
) ne produit aucune émotion et pointe la limite de Marvel Studios (et James Gunn ?) dans ce registre.
On a deviné depuis un moment que ce ne serait pas un personnage de premier ordre qui allait y passer, et ses funérailles sont alourdies par le discours de Quill (et l'interprétation de Chris Pratt, qu'on ne sent pas bouleversé, qui n'arrive pas à communiquer l'émotion de son personnage) et parasitées par des moments périphériques (le départ de Nebula).
Le film me semble aussi trop long. On ne le ressent pas forcément en le regardant mais, après coup, il y a des scènes qui auraient été meilleures en étant raccourcies (souvent des bouts de scènes en fait :
dans la salle de pilotage des disciples d'Ayesha, le dialogue et les vannes avec Taserface, les explications à Baby Groot pour trouver la crête de Yondu puis déclencher la bombe
: quelques coups de ciseaux là-dedans et on gagnait une bonne dizaine de minutes).
Rien à dire sur le jeu des acteurs, même si Pratt n'est pas bon dans la gravité. Pom Klementieff hérite d'un rôle ingrat, vraiment tête à claques, et Dave Bautista fait parfois trop le con lourdaud. En comparaison, Zoe Saldana est très bien comme Karen Gillan et Kurt Russell. Stallone est très sobre, mais trop expédié, comme Elizabeth Debicki.
Les fameuses scènes durant le générique de fin sont amusantes : il n'y en a qu'une de narrativement importante, mais
Stan Lee et les Watchers, c'est irrésistible (même si je pensais que ces personnages, plutôt attachés aux FF, ne figureraient pas dans le MCU)
.
Tout ça ressemble fort à un film de transition pour préparer à
Avengers 3 et
Les Gardiens de la Galaxie 3 (d'autant plus que Gunn a déclaré que Marvel lui confiait les Gardiens pour un 4ème film, il commencerait par complètement changer la composition de l'équipe).
Peut-être aussi, inconsciemment, que, après le formidable
Logan (et hors de tout argument sur la classification des films, censée les rendre meilleurs, plus culottés, etc), la déception était inévitable.