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Vieux 19/01/2018, 15h31
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Hawkguy
 
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Into The Badlands est la nouvelle série créée par le duo Alfred Gough-Miles Millar. Pour tous ceux qui ont passé des Samedi soirs entiers devant M6 à une époque, ces deux noms sont associés à Smallville, feuilleton sur la jeunesse de Superman et show très frustrant, souvent kitsch. Rien de bien engageant donc... D'où la surprise énorme devant la qualité de ce nouveau projet, à mi-chemin entre le chambara, la dystopie et le western, dont la première saison de (seulement) six épisodes se révèle d'une densité narrative peu commune.


Le premier atout de Into the Badlands est de raconter ces intrigues sur un rythme soutenu et avec un souci de lisibilité constant. Dès le premier épisode, tous les principaux personnages sont présentés, les enjeux situés, et les tensions exposées. Cela a valu à la série d'être flatteusement comparée à Games of thrones, mais avec beaucoup moins de sexe et d'éléments fantastiques, ce qui n'est pas plus mal (en tout cas moins lassant car moins systématique).

L'histoire démarre très fort avec une extraordinaire scène de combat qui, elle, renvoie à la comparaison que firent ses fans avec celles d'Iron Fist sur Netflix : Daniel Wu, la vedette ici, est un véritable acrobate, expert en arts martiaux, acteur et scénographe américano-chinois, qui a longtemps collaboré avec Jackie Chan. Bien qu'il ait recours à des câbles (effacés en post-production), son agilité prodigieuse porte ces morceaux de bravoure qui sont effectivement d'un tout autre niveau spectaculaire que le kung-fu timide pratiqué par Finn Jones. Du coup, la même exigence est demandée à ses partenaires et en particulier Emily Beecham, magnifique dans le rôle de la Veuve, aussi séduisante que redoutable. Le charisme des deux interprètes assure à Into the Badlands une dimension épique mais aussi une élégance rare, le budget costumes-accessoires-décors (tous naturels) étant à la hauteur de l'univers dans lequel se situe le récit.


De manière habile, Gough et Millar ont choisi d'articuler ledit récit autour d'une cité légendaire située hors des Badlands : elle n'est évoquée qu'avec parcimonie durant les six épisodes mais devient un véritable fantasme entêtant pour les héros pour qui Azra est un refuge potentiel (pour le couple Sunny-Veil), un foyer abandonné jadis (pour la Veuve), un lieu abritant un culte mystérieux (pour M.K. et les prêtres), un site à conquérir (pour les Barons)... Le téléspectateur a lui aussi tout le loisir d'imaginer cette ville tout en craignant sa corruption par les moins recommandables des personnages.

Car la série fonctionne aussi sur une citation, qu'on croirait tout droit sorti du Parrain : "Le pouvoir ne se reçoit pas, il se prend", et qui anime Ryder, fils mal-aimé du Baron Quinn, dont le complexe d'Oedipe atteint son paroxysme progressivement, et Zypher, sbire du Baron Jacobee dont l'ambition dévorante en fait une alliée en qui il n'est guère prudent de fait confiance.

La mythologie du show fonctionne pleinement, si efficacement qu'on n'a pas besoin de savoir s'il s'agit de notre monde, ou si c'est le cas, comment il a abouti à ces baronnies mafieuses, chacune dépendant des autres grâce aux ressources qu'elles cultivent et exploitent, et qui constituent le sommet d'une pyramide sociale avec ces seigneurs, ses guerriers, ses nomades, ses prostituées, ses gueux, etc. Les fans de comics trouveront un air de famille évident avec la série de Greg Rucka et Michael Lark, Lazarus (publiée chez Image Comics).

Le casting se distingue aussi par la puissance de ses rôles féminins, avec d'excellentes prestations de Sarah Bolger, Orla Brady, Madeleine Montauck, Ally Ioannides. Elles ne sont pas de simples faire-valoir à côté d'hommes dont les gueules et leurs incarnations sont mémorables, avec Marton Czokas, Stephen Lang, Oliver Stark, Lance E. Nichols et Lance Henriksen. Au milieu de cette troupe, le jeune Aramis Knight alias M.K. a un peu du mal à exister, d'autant que son personnage est ingrat (une vraie tête à claques, "ténébreux" incontrôlable) mais gageons qu'avec ce qui lui arrive finalement, la saison 2 lui permettra de produire une meilleure prestation, plus nuancée.

Superbement réalisé, écrite avec une maîtrise impressionnante, cette production (renouvelée pour deux saisons, chaque fois plus fournies en épisodes, ce qui est bon signe) est un divertissement jubilatoire et ébouriffant.
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