Nemuri Kyoshiro - 2 : The sword of adventure réalisé en 1964 par
Kenji Misumi.
Ce deuxième épisode des aventures du ronin cynique Nemuri Kyoshiro parvient à approfondir l'ancrage social et politique de la série par le biais d'une intrigue très dense, tout en parvenant dans le même temps à ménager des intermèdes plus légers qui tranchent avec l'atmosphère uniformément sombre du premier volet.
Situées lors du règne du shogun Ienari Tokugawa, réputé pour sa propension à vivre de manière très luxueuse, le récit insiste sur l'écart de richesse grandissant entre les riches et les pauvres qui croulent sous les impôts.
Pour ce faire, le film va mettre en avant un vieux Commissaire des finances qui tente de mettre sur pied un système de répartition des richesses plus équitable.
Evidemment, cela déplait à certains. Et particulièrement à la princesse locale, une fille illégitime du shogun qui refuse de voir ses revenus diminuer.
Nemuri Kyoshiro va se prendre d'une sympathie malicieuse pour le vieux commissaire et se retrouver lié malgré lui à divers complots destinés à les mettre, le commissaire et lui, hors d'état de nuire.
Deux femmes vont aussi se tailler une place importante dans la narration.
Tout d'abord, une simple vendeuse de nouilles qui va parfois percer la carapace de cynisme de Kyoshiro et apporter au film un peu de légèreté bienvenue. On peut même voir Kyoshiro rire franchement dans une scène qui aurait été inconcevable dans le premier film.
Et enfin, une femme dont le destin tragique va permettre de lever le voile sur une nouvelle part du passé mystérieux de Kyoshiro.
Le film permet également d'apprécier à de nombreuses reprises la technique de sabre de la pleine lune que Kyoshiro utilise. Il déplace sa lame de manière à former un arc de cercle qui pousse l'adversaire à attaquer et à se faire trucider par une contre-attaque meurtrière.
Tout ceci est déjà suffisant pour rendre le film passionnant.
Mais ce qui le fait entrer dans la catégorie des films vraiment marquants, c'est la mise en scène de Kenji Misumi.
Les cadrages, les compositions de plan, les mouvements de caméras sont d'une somptuosité qui n'ont absolument rien à voir avec la mise en scène simplement illustrative de Tokuzo Tanaka dans le film précédent.
L'élégance de la direction de Misumi permet à une intrigue plutôt verbeuse de n'être jamais ennuyeuse et donne une très grande clarté à une narration pourtant très dense.
Très beau film, donc.