Une nouvelle phase pour la série commence avec ce numéro qui voit l’arrivée aux dessins de
Scott McDaniel.
Cet ex-ingénieur en électricité a commencé sa carrière chez Marvel comme encreur après que
Glenn Herdling l’ait soutenu. Après quelques petits travaux comme dessinateur (notamment Spider-man #19 et 20), il arrive comme artiste régulier sur Daredevil fortement soutenu par l’assistant de Glenn Herdling,
Pat Garrahy. L’éditor du titre
Ralph Macchio est réticent mais donne à McDaniel un essai de 5 mois sur le titre.
Le # 305 a été le premier Daredevil que j’ai acheté en VO à sa sortie. A l’époque le style de McDaniel m’avait laissé perplexe. C’était bien le dernier genre de dessinateur que je pensais voir sur le personnage. Depuis ses débuts, McDaniel lorgne sur un trait
à la Larsen qui convient parfaitement à Spider-man qu’il avait pas mal dessiné jusqu’à présent. Il est même étonnant qu'il n'ait pas encore travailler sur une spider-série de manière régulière.
Le DD de Mc Daniel est taillé sur Spider-man, un perso musculeux presque trapu présenté dans des poses acrobatiques repoussant les limites de la souplesse du corps humain.
Mais on doit reconnaître que son trait dynamique fonctionne dans les scènes d’action, que son découpage parfois un peu confus est assez original et efficace et que son sens du détail dans les décors et les persos secondaires est à mettre à son crédit.
Malheureusement il se cherche encore et ses qualités émergentes peinent à compenser ses défauts notamment lorsqu’il s’agit de croquer les scènes du quotidien, les personnages en civil et tout bêtement leurs visages et expressions. Le mariage avec l’encreur Bud Larosa n’arrangera pas les choses.
Scott lui même définit son style comme "awful" (
http://www.comicbookresources.com/?page=article&id=123)
Matt et ses magnifiques lunettes à joues
Le problème qui se posera désormais avec la série sera l’inéquation entre un style limite cartoony mal maitrisé et le ton sérieux et sombre que Chichester veut donner à la série. Les cadres de narration omniprésents, sensés apporter une atmosphère noire et réaliste, se heurtent souvent de plein fouet avec les représentations de McDaniel. Ainsi le « pas mal »côtoiera souvent le risible dans les numéros suivants.
Heureusement ces deux épisodes avec Spider-man permettent à l’humour du tisseur de rester en phase avec le style de Mc Daniel.
L’histoire reprend en partie la recette des épisodes avec le hibou : toujours l’idée d’une
jungle urbaine avec ces légendes, un peu de violence tendant vers le gore et un Daredevil qui finit par prendre soin de son ennemi. Chichester amorce un changement de caractère du héros qui se radicalisera peu à peu devant la noirceur des situations qu’il a à combattre.
La légende urbaine sur les vols d'organes reste toujours aussi peu crédible même dans l'univers Marvel. Le pitch de la couverture du #306 aurait été un bien meilleur développement : le trafic d'organes de super-héros ou de mutants (idée qui sera repris plus tard dans New X-men)
Du coté de l’intrigue, l’univers de Matt reste toujours aussi étroit et le seul subplot concerne le futur cross-over « Dead Man’s Hand » qui est présenté comme le big event dans les page du courrier depuis plusieurs mois.