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Vieux 16/09/2007, 20h23
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Ben Wawe Ben Wawe est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Bonsoir à tous. Je reviens avec une petite nouvelle issue de cet après-midi. J'ai un peu peur qu'elle soit lourde à lire, mais j'espère que ceux qui me lisent auront du plaisir en parcourant ces quelques lignes. Bonne lecture.

Paradis Perdu.

Ses oreilles entendent la cascade, avec ces millions de gouttes d’eau qui coulent contre la pierre pour tomber dans le petit lac. Son nez attire le parfum des fleurs et de l’herbe autour de lui, ces odeurs si douces et si tendres qui lui montent à la tête. Ses mains touchent le bois ancien et dur de l’arbre contre lequel il est collé, cet arbre centenaire qui a vu passé des générations et qui en verra d’autres encore. Ses yeux se posent sur le spectacle magnifique que cet endroit lui offre, avec ces fleurs, ces arbres superbes, cette cascade tendre et cette ambiance indescriptible. Il est heureux.

Il continue de regarder. Il aime ça. C’est beau. C’est magnifique, même. Jamais il n’a vu quelque chose qui ressemble à ça. Les insectes bourdonnent, mais ne l’attaquent pas. Les papillons volent autour de lui, alors qu’un crapaud passe à ses côtés, comme si rien n’était.
Il sourit. Les animaux sont libres et vivent leurs existences solitaires sans faire de mal à personne. Les insectes sont mangés par le crapaud. Les chenilles mangent les déjections du crapaud. Les chenilles deviennent des papillons. Et parfois, le crapaud peut les manger, même si il préfère les araignées et les insectes. Les animaux sont en symbiose parfaite avec la nature. Ils sont la nature. Et lui aussi.

Il observe. Il les observe. Que ça soit au niveau de la faune ou la flore, cet endroit respire le bonheur et la tranquillité. Nulle attaque. Nulle violence. Nulle destruction. Simplement la beauté d’un endroit perdu et paradisiaque. Une cascade qui enchante l’oreille. Les odeurs qui flattent son nez. Le décor qui illumine les yeux. Il se sent bien. Il se sent enfin heureux.

Lentement, il approche de l’eau. Ses pieds nus, comme le reste de son corps, se posent dans l’herbe tendre, et il aime ça. La sensation sur sa peau le fit frissonner, mais il aime ça. Pas de pollution. Pas de technologie. Rien que la nature. Comme si l’Homme n’avait jamais touché le monde. Comme si il n’avait jamais été plus qu’une forme de vie aquatique.

Il s’accroupit, les pieds dans l’eau. Elle est fraîche, mais il aime ça. Les poissons viennent vers lui et n’ont pas peur, le frôlant pour le faire frissonner. Ils savent qu’il ne va pas leur faire du mal. Ils savent qu’il est un ami. Qu’il est une partie de tout ça.
Il ne sait pas pourquoi, mais il le sent : il est en symbiose avec cet endroit. Le ciel bleu se répercute sur l’eau fraîche et limpide, et il est avec les animaux, les herbes, les fleurs, les arbres. Il fait partie de ce monde. Il est heureux.

Il s’assoit, les pieds toujours dans l’eau, profitant du soleil et du bonheur. Des oiseaux se mettent à chanter en même temps que le crapaud se fait aussi entendre. Il sourit. Les papillons volent toujours dans les airs. Un lézard passe à ses côtés pour monter sur un baobab, à côté d’un vieux chêne. C’est beau.

Il pourrait rester ici des années. Il n’a plus de soucis, dans cet endroit. Plus de chef, plus de responsabilités. Il se nourrirait des animaux, leur permettant aussi de survivre grâce à ses déjections ou bien grâce à ce qu’il pourrait faire pour eux. Il sent qu’il est en symbiose avec ce lieu. Qu’il ne peut plus en partir, maintenant.

Le soleil luit dans le ciel. Pas un nuage, rien. Pas un bruit autre que celui de la nature en mouvement. Il sourit toujours. Il se sent bien. Il va peut-être dormir, pour profiter de cet endroit et goûter encore plus à sa quiétude. Et après, il pourrait peut-être plonger dans le petit lac ou…

« SESSION TERMINEE. VEUILLEZ VOUS PREPARER POUR LE RETOUR. »

Il essaye de ne pas entendre la voix mécanique et stridente, de rester couché dans cet endroit merveilleux, mais il sait que c’est trop tard. La cascade disparaît d’abord, ainsi que les arbres et les animaux. Ses mains ne touchent plus l’herbe. Il ne sent plus le magnifique parfum des fleurs. Et enfin, il n’entend plus l’eau s’écouler dans le petit lac. Tout redevient normal. Tout redevient horrible.

« PARADISE AND ASSOCIATES NE POURRA ETRE TENU RESPONSABLE DES ACCIDENTS POSSIBLES ET PROBABLES. VEUILLEZ RESTER ENTRE LES ANNEAUX LE TEMPS DE LA MISE A JOUR DE L’ENVIRONNEMENT. »

Il soupire, alors que ses sens se réadaptent au monde qui l’entoure. Ses oreilles entendent le bruit des machines qui travaillent tout autour de lui, ainsi que celui des anneaux de réalité qui sont serrés autour de son corps toujours nu. Son nez sent l’odeur caractéristique du métal chauffé et de la machine sous tension, ainsi que celle de sa transpiration. Ses mains touchent la froideur des anneaux qui ont vus passer tant d’autres. Et enfin, ses yeux voient la pièce où il est, à savoir une des salles de réalité de l’agence de Paradise and Associates de New Paris.

« LES ANNEAUX SONT MAINTENANT DECONNECTES. VOUS POUVEZ SORTIR DE LA ZONE DE REALITE ALTEREE. »

Il obéit aux ordres, comme le bon petit humain qu’il est. Les anneaux se referment lourdement derrière lui, prêts à s’ouvrir dès qu’un autre de ses camarades viendra dans la salle. Ce qui veut dire dans cinq minutes, au maximum.

« PARADISE AND ASSOCIATES ESPERE QUE VOUS AVEZ APPRECIE VOTRE SEJOUR EN REALITE ALTEREE TYPE PARADIS SIX. NOUS SERONS RAVIS DE VOUS ACCUEILLIR A NOUVEAU DES QUE VOUS AUREZ A NOUVEAU LA SOMME DE CINQ CENT EUROROUBLES. AU REVOIR. »

Il soupire. Il ne pourra pas réunir une telle somme avant un an. Un an d’attente. Un an d’insomnie. Un an de souffrance. Il est maudit, maintenant. Il a entendu la cascade. Il a sentit les fleurs. Il a touché le bois. Il a vu le paradis, et il n’y reviendra pas avant longtemps. Du moins, jusqu’à la prochaine fois. Jusqu’à ce qu’il puisse avoir autant d’argent. Jusqu’à ce qu’il puisse passer entre les tours de New Earth et son atmosphère polluée à l’extrême.

Il enfile son masque à oxygène, vérifie sa bouteille et appuie sur le bouton pour ouvrir la porte. Il entend le bruit des millions de voitures volantes qui transitent devant lui. Il sent, malgré son casque, leurs gaz d’échappement qui ont déjà réduits leur précédente planète à néant. Il ne touche rien d’autre que le métal froid et dur des portes. Et il n’a que des immeubles tristes et un ciel recouvert de nuages magnétiques et emplis de pollution comme horizon.
Il a été au paradis, oui. Et il en a été chassé. Toujours la même histoire, se dit-il en hélant un taxi et en espérant pouvoir revenir un jour dans cette fabrique de mondes virtuels. Et toujours la même fin.

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Evidemment, on sent ici l'influence de mes lectures SF (du Philip K. Dick), mais j'espère avoir été un peu original quand même. Le titre de cette nouvelle est courant, mais je le trouvais parfait pour ça.
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