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Vieux 21/04/2018, 16h12
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Hawkguy
 
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Voici un titre auquel je n'aurais pas prêté attention si un collègue critique (Slobo) n'avait écrit une critique louangeuse à son sujet. Mais, comme ma consommation de comics Marvel se réduit, je deviens à nouveau curieux de ce que produisent des éditeurs comme Dark Horse (avec Black Hammer et ses dérivés) ou, en l'occurrence, Image. Et le n° 1 de Skyward est vraiment accrocheur, avec son argument simple et original.


Ne cherchez pas ce qu'a pu écrire Joe Henderson auparavant : Skyward est sa première production et elle le savoir-faire avec laquelle il la mène donne un aperçu très prometteur de ce dont il est capable. On comprend sans mal pourquoi Image Comics a accepté son projet, qui ne s'inscrit pas dans le registre des super-héros, mais mixe du fantastique et de l'étude de caractère.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que là où beaucoup d'auteurs, jeunes ou moins jeunes, démarrent doucement et ne dévoile leur jeu que très progressivement, histoire de faire mousser leur intrigue, Henderson, lui, part pied au plancher, il n'a pas de temps à perdre et refuse que le lecteur se pose des questions qui risqueraient de l'égarer.

On ignore bien sûr pourquoi la gravité a été si subitement altérée mais au bout de vingt pages, le père de l'héroïne affirme déjà avoir trouvé un moyen de la rétablir ! Entre temps, Willa, la protagoniste, est présentée avec tonus dans une succession de scènes dont le rythme colle à son tempérament à la fois enthousiaste, hardie et rebelle. Elle rigole de la bizarrerie d'un panneau de signalisation trouvée par son amie Joan, devenu obsolète désormais ; puis surgit chez Edison (beau garçon handicapé pour qui elle en pince mais avec qui elle communique en commettant impair sur impair) et le remplace pour livrer un colis. Celui-ci est rapidement convoité par deux voyous dont elle se débarrasse avec audace et adresse. Et, enfin, donc elle débarque chez son père.

Mais, en vérité, quoi de plus naturel que cette narration aérienne pour une histoire où désormais tout le monde se déplace dans les nuages, en devant manoeuvrer avec délicatesse pour ne pas s'envoler ? Le brio du scénariste, ici, c'est de coller sa manière de raconter à la condition du monde qu'il décrit, avec légèreté mais sans insouciance excessive. Il se dégage de ces pages quelque chose de grisant et de dangereux qui fait tout le sel de l'épisode.

En filigrane, se dessine aussi l'histoire d'une famille décimée : on assiste avec Billy Fowler à la disparition insensée de sa femme pour le retrouver, vingt ans après, hanté par cette scène et voulant à tout prix protéger sa fille pour ne pas la perdre. L'absence de gravité physique compensée par la gravité du passé. Habile.

Lee Garbett a un C.V. plus fourni que son scénariste mais, jusqu'à présent, j'étais sévère avec lui. Très influencé par Olivier Coipel, son style n'en avait ni la puissance ni l'intensité. Il y avait quelque chose de lisse chez lui, d'inabouti, qui semblait le condamner à n'être qu'un de ces seconds couteaux de plus, appelé pour remplacer ponctuellement un artiste plus doué mais fâché avec les cadences mensuelles, ou désignés pour dessiner une série dont on ne donnait pas cher du futur (comme en témoigna sa prestation sur une version de Ghost Rider).

Et puis Garbett a relancé avec la scénariste Holly Black le titre de Mike Carey, Lucifer, chez Vertigo en 2016, et a entamé sa mue. Son coup de crayon s'est comme libéré, s'affranchissant des influences, s'éloignant d'un réalisme classique, s'adaptant au sujet. Il a enchaîné une vingtaine d'épisodes avant l'arrêt de la série, prouvant sa régularité.

Et cette métamorphose trouve son accomplissement avec Skyward où son enthousiasme est visible et communicatif. Tout est bon, à sa place, dosé idéalement avec un découpage nerveux, une lisibilité impeccable, une inventivité vivifiante. Lui aussi semble planer sur ses planches avec des personnages dont il n'hésite pas à pousser l'expressivité ou des compositions qui font ressentir l'anormalité grisante de l'environnement.

Indéniablement, c'est une réussite, qui ne demande qu'à être confirmée. Mais tout porte à croire que Joe Henderson et Lee Garbett en ont gardé sous le pied...
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