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Vieux 14/01/2014, 09h51
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Zen arcade Zen arcade est déconnecté
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Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
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Posté par Crisax
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Du coup dans mes visionnages récents un des plus marquant a été le premier film de Nagisa Oshima (principal représentant de la Nouvelle Vague Japonais aux côtés de Masahiro Shinoda et Yoshishige Yoshida) : A Street of Love and Hope / Ai to kibo no machi / Une ville d'amour et d'espoir, sorti en 1959.


C'est un film assez court (62 minutes) mais qui expose déjà toute la dimension politique du cinéma de Oshima.

Ce qui suit contient des spoilers, notamment sur la fin. Même si l'intérêt du film ne réside pas en son dénouement (assez attendu si on connais un peu Oshima) je préfère prévenir.

Le personnage principal, Masao, dont le père est mort, tente tant bien que mal de s'occuper de sa mère malade et de sa petite soeur handicapée. Pour cela, lorsqu'il ne remplace pas sa mère en cirant des chaussures il vend des pigeons. Ceux ci sont voyageurs et finissent donc toujours pas lui revenir.
Le film débute avec l'achat d'un des pigeons par Kyoko une jeune fille d'une riche famille. Touchée par le jeune homme et sa condition, des liens vont peu à peuse tisser, malgré une certaine retenue de la part de Masao.
Parallèlement l'institutrice de Masao, Mlle Akiyama, tente d'aider le jeune homme qu'elle trouve brillant. Mais Masao veut avant tout travailler pour subvenir aux besoin de sa famille quitte à continuer les études le soir. Mlle Akiyama, par l'intermédiaire de Kyoko dont la famille possède une usine, va essayer de persuader le frère de Kyoko d'embaucher certains de ses élèves. La politique de l'entreprise étant jusque là de refuser les jeunes des villes. Le frère accepte alors de faire passer un test aux élèves de Mlle Akiyama. Un flirt s'installe ainsi entre l'institutrice et le frère de Kyoko.
Tout va basculer lorsque succésivement le frère, l'institutrice et Kyoko vont apprendre que Masao à revendu plusieurs fois le même pigeon et escroque donc les gens.
Le frère refuse alors d'embaucher Masao. Même si Mlle Akiyama réprouve l'arnaque elle comprend la situation de Masao et ce qui l'a poussé à faire cela. Cela exacerbe donc les contradictions sociales entre elle et le frère de Kyoko qui mettent alors un terme à leur relation.
L'histoire entre Masao et Kyoko prend elle brutalement. Kyoko rachète le pigeon qu'elle a acheté au début du film et le fait tuer par son frère.

Un drame sociale réaliste vraiment poignant, mais qui n'a pas vraiment été au goût de son studio la Shochiku qui ne le sort que dans un nombre restreint de salle.

On sent en tout cas que dès son premier film Oshima a voulu exposé assez clairement sa vision marxiste de la société avec d'un côté des bourgeois qui ne peuvent comprendre le prolétariat et une petite bourgeoisie entre les deux qui doit choisir son camp. Ici Mlle Akiyama reste fidèle avant tout à ses valeurs.

Si le film préfigure au cinéma de Oshima et de la Nouvelle Vague Japonaise par son contenu radicalement engagé, la forme aussi est intéressante, avec un rythme assez rapide, des plans (dont certains magnifiques) coupés assez tôt (rompant ainsi avec un certain classicisme au rythme assez lent, même si ce n'est pas le premier à le faire) donnant un sentiment d'urgence et créant une forte tension dramatique.
Je viens tout juste de voir le film et je trouve ta critique très pertinente.
Ce film est une bonne porte d'entrée dans l'univers d'Oshima.
La dimension politique y est, mais sans le côté expérimental de films ultérieurs qui peut rebuter et dérouter le novice.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
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