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Vieux 02/04/2018, 15h29
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Hawkguy
 
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Suite au crossover Milk Wars, dans lequel les personnages du label "Young Animals" de Gerald Way rencontraient ceux de la JLA et des versions détournées de Superman, Batman et Wonder Woman, toutes les séries de cette collection sont relancées au #1. Leurs intitulés subissent aussi quelques changements pour souligner leur évolution au terme de la saga (même s'il n'est pas indispensable de l'avoir lue pour raccrocher les wagons) : Shade the Changing Girl devient donc Shade the Changing Woman. Mais, heureusement, avec la même équipe artistique.


La folie douce de ce nouveau Volume de la série perpétue parfaitement celle qui régnait dans les douze épisodes précédents, tout en y ajoutant un piment supplémentaire. Le cadre de l'action se déplace en même temps que l'état de l'héroïne a sensiblement évolué, et d'ailleurs, d'entrée de jeu, nous sommes avertis que cinq ans ont passé depuis les événements narrés dans Shade the changing girl.

Il n'est donc plus question d'explorer, de manière métaphorique, les affres de l'adolescence avec une histoire d'esprit extraterrestre ayant investi le corps d'une jeune fille américaine à la conduite répréhensible. Le récit initiatique s'est mué en une aventure plus complexe sur le fait de devoir composer avec une situation sans issue puisque le corps de Loma n'est plus et que son esprit est condamné à rester sur Terre dans le corps de Megan Boyer.

Cecil Castellucci consacre plusieurs pages, quasiment les deux tiers de l'épisode, à montrer le désarroi de Loma aujourd'hui. Dans un corps de jeune femme qui donne son nouveau titre à la série, Shade the Changing Woman, elle fait l'expérience du bonheur, de la sexualité, mais aussi du malheur, du deuil, de la différence. Son hypersensibilité, accrue par le manteau de folie, lui communique les tourments non seulement de son hôte mais de la Terre entière en proie à diverses tensions.

Comme le suggérait les douze premiers épisodes, la folie du manteau de Rac Shade menace d'engloutir celui/celle qui l'enfile et on craint d'abord que ce soit ce qui attend Loma. Pourtant, en essayant d'avoir quelques conseils avisés du poète, elle ne reçoit que de vagues suggestions comme de ne pas résister, de se laisser porter par les choses, de ressentir pleinement le monde, de se laisser submerger - elle devrait alors, naturellement, faire ses propres choix, s'engager sur son propre chemin : en un mot, s'adapter.

Après avoir failli s'égarer donc, Loma constate qu'elle a "merdé" (selon sa propre expression) et se reprend en mains. Mais ce ressaisissement est fragile et elle suit donc, à sa manière, bien singulière, avec les pouvoirs que lui confère son manteau, River, qui intègre l'université et une cité non-mixte. La présence de Loma se transforme à la fois en compagnie pour le jeune homme et en problème (puisqu'une présence féminine n'est pas tolérée dans ces murs). Au passage, la scénariste glisse une allusion discrète à l'homosexualité éventuelle de River, troublée par Kelvin, responsable des étudiants.

Marley Zarcone, qui a soufflé le temps du crossover Milk Wars, revient visiblement gonflée à bloc et illustre cet épisode majoritairement introspectif avec une inventivité visuelle magistrale. On devine des influences comme celle de Dali, mais aussi des affichistes de propagande, dans des pleines et des doubles pages somptueuses, où tout le délire qu'autorise le manteau de folie est traduit.

Mais l'artiste fait aussi montre d'une malice réjouissante quand elle joue avec un découpage plus classique dans lequel Loma utilise ses pouvoirs (voir le moment où elle passe littéralement à travers l'écran de l'ordinateur de River et aboutit dans la chambre de Teacup). La colorisation acidulée de Kelly Fitzpatrick n'adoucit pas forcément les tourments traversés par l'héroïne mais les souligne en introduisant un décalage entre les extravagances graphiques que le manteau de folie produit et la panique éprouvée par le personnage.

Il y a bien des choses encore à picorer dans cet épisode (la présence d'un anneau de Green Lantern devant Lepuck ?), comme autant de promesses à exploiter pour la série. On a l'assurance que Cecil Castellucci et Marley Zarcone ont encore beaucoup à dire et à montrer avec leur personnage excentrique et terriblement attachant. La folie douce de cette Changing Woman est aussi captivante que savoureuse.
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