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Vieux 20/02/2018, 16h11
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-Généalogiste Sénile--Gardien du Temple-
 
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Fletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermindFletcher Arrowsmith bat Charles Xavier au mastermind
Franco Belge

DU SANG SUR LES MAINS (First Second pour la VO Monsieur Toussaint Louverture pour la VF)

Matt Kindt


Un excellent ouvrage pour les amateurs de polar.

La force de ce récit est le crescendo subtil qui joue avec le lecteur. On découvre des petites histoires, style tranche de vie, sans forcément de prétention qui interpelle le lecteur sur leur quasi banalité, limite on a l’impression de lire du nouveau roman (ce qui n’est guère passionnant). On a même du mal à parler de losers magnifiques tant Kindt ne cherche pas à forcément jouer sur empathie des personnages. Le policier semble être le fil conducteur mais comment l’apprécier tant Kindt semble nous mettre sur une fausse piste dans la façon dont il arrive à résoudre ses affaires. Surtout que l’auteur souligne dans les coupures de presses en forme de collage que même si Gould possède un insolant taux de réussite, la criminalité continue d’augmenter. Kindt fait donc de son personnage central, à défaut de principal, vu que l’on suit des tranches de vie « criminelle », quelqu’un auquel on ne s’attache pas vraiment.

La banalité des histoires est en trompe l’œil, marque de fabrique de Kindt qui ne cesse de bousculer les certitudes de ses lecteurs dans une narration à l’apparence simpliste mais qui finit par se distinguer par un grain de folie ou un élément perturbateur inattendu. C’est le cas d’une enquête sur des panneaux de signalisation qui disparaissent ou bien une employée qui vole des sièges de bar. Même quand c’est du vol de haut niveau, comme un tableau de maitre dérobé à Monaco (rare excursion en dehors de LA VILLE), les motivations finales du voleur et de la victime sortiront le récit d’une narration évidente.
Et puis vient la récompense pour le lecteur attentif et assidu. On découvre ici et là quelques éléments récurrent, un personnage qui revient sans pour autant qu’on lui accorde de l’importance mais quand même. Un puzzle géant, dont les contours de la ville du crime semble dessiner des bords improbables et les rue et avenues les emplacements des pièces à assembler. On va chercher des pièces manquantes à l’extérieur pour mieux revenir à la froideur de la ville.

Matt Kindt, comme son collègue canadien Jeff Lemire aime jouer avec les codes de la bande dessinée. Je l’ai évoqué dans la narration mais la structure même Du sang sur les mains est intégrée dans jeu de piste fascinant. Kindt n’hésite pas à bruler votre livre devant vous, révélant les dessous d’une affaire ou du moins la chair composant une jambe fort élégante en apparence. Les histoires sont séparées par des planches de dialogues bien travaillées, à l’orientation philosophique intéressante entre deux personnages mystères où l'auteur se permet de livrer quelques réflexion sur l'art, le crime ou la justice. Puis Kindt n’hésite pas, comme Paul Auster, à utiliser l’effet miroir en travaillant l’œuvre photographique d’un personnage et les caractères typographiques mélangeant réalité et fiction. Enfin la composition d’une planche à l’autre bouge avec des dessins maitrisés à l’aquarelle parsemés de collage comme les coupures de journaux, des brouillons, des notes mais également des planches en format paysage quand ce n'est pas des influences pulp ou strip de vieux journaux. Les couleurs sont plutôt chaudes tirant sur celle de l’automne pour mieux casser l’idée reçu d’un temps humide et sombre. Les touches de gris ont de ce fait encore plus de puissance dans l’imagination du lecteur.

Influences de Raymond Chandler, Chester Gould (pour son Dick Tracy et le nom du personnage principal) mais également Paul Auster pour Matt Kindt dans ce récit de genre jouant avec les codes de la bande dessinés et du polar. J’y ai clairement vu une parenté avec la Trilogie New Yorkaise de Paul Auster dans l’enchevêtrement des histoires qui ne finissent pas de se superposer dans une ambiance urbaine tentaculaire tout en sachant dépasser les frontières bétonnés (grand nord, tropique, Monaco). Matt Kindt s’attaque au roman d’espionnage et au polar urbain avec succès et propose une œuvre brillante car elle sort des sentiers battus. Du Sang sur les mains est le type d’œuvre dont on a du mal à lâcher une fois commencer et qui vous éblouie par la mécanique mise en place se révélant eu fur et à mesure. Forcément une nouvelle lecture s’imposera pour vous montrer comment le complexe urbain vous broies à l’instar des personnages qui le peuple.
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