Afficher un message
  #15  
Vieux 27/02/2007, 23h32
Avatar de Mr Gumby
Mr Gumby Mr Gumby est déconnecté
est un garçon zenzible.
 
Date d'inscription: avril 2005
Localisation: Danny the street
Messages: 1 316
Mr Gumby change la caisse du Fauve
Malgré le bide galactique de breathtaker je m'entête.


« - L'autre jour je lisais le camarade Paulie Walnuts qui tançait vertement la récente reprise du Spirit par Darwin Cooke.
- Ho non, pas Paulie, il fait trop peur celui là !
- Il paraît que si tu lis trop de mauvais comics, il s'introduit chez toi la nuit et t'oblige à lire du Alan Moore jusqu'à ce que tes yeux explosent de honte.
- Bon les mioches, vous la bouclez ou je vous fait recopier les dernières chroniques de Wave et Scarlett avec les voyelles en rouge et les consonnes en vert... Je disais donc que n'étant pas non plus très convaincu par l'écriture de Cooke, je me suis repenché vers mon coffre fort pour en sortir des trésors. »


En 1997-98, Kitchen Sink tenta juste avant de s'éteindre de se lancer dans une anthologie mensuelle de nouvelles aventures du Spirit écrites par une très belle brochette d'artistes. Ça s'appelait Will Eisner's the Spirit : the new adventures et ça n'a hélas duré que huit numéros. Je vous propose une petite ballade commentée dans les six premiers numéros parce que je n'ai que ceux là. Même si ces récits sont forcément inégaux ils prouvent au moins qu'il est encore possible d'écrire des histoires de Denny Colt avec classe, inventivité et un juste équilibre entre respect et irrévérence.



Issue 1 :


Pour le premier numéro, on sort forcément l'artillerie lourde pour appâter le chaland. C'est donc le duo de stars Alan Moore/Dave Gibbons qui s'attellent à pas moins de trois histoires tournant autour des origines du héros à l'imper bleu. C'est une brillante réussite. La construction en histoires imbriquées les unes dans les autres est tout simplement délicieuse. Un des trucs qui 'épate chez Moore c'est sa capacité à se ré-approprier des vieilles ficelles sans que cela fasse cliché ou gros-malin-qui-se-la-joue. De son côté Gibbons se régale avec une composition tout à fait épatante et en bourrant ses dessins de références au maître. Un numéro flirtant donc avec la perfection.
De plus l'éditeur a eu l'excellente idée d'inclure dans chaque numéro des petits articles (ici sur les multiples origines du Spirit) et surtout la reproduction de somptueuses splash pages par Eisner himself qui sont de purs régals pour les yeux.



Issue 2 :


Il est forcément un peu difficile d'enchaîner avec une telle merveille. Cette tâche ingrate incombe à une équipe pourtant fort présentable. L'ensemble est évidemment un cran au dessous du précédent mais ça reste très bon.
Neil Gaiman et Eddie Campbell nous racontent les mésaventures d'un scénariste hollywoodien ayant pour voisin de motel le Spirit. Même si le personnage du scribouillard fait un poil trop stéréotypé, le dessin inspiré de Campbell apporte un charme indéniable à l'aventure.
Jim vance et Dan Burr offre à notre héros une virevoltante et burlesque virée au parc. C'est largement l'histoire que je préfère.
Enfin John Wagner (scénario) et Carlos Esquerra (dessin) s'essayent au conte moral. Ça n'arrive pas à la cheville de son modèle mais ça reste très honorable.
Le petit article bonus est un excellent petit florilège des femmes ayant croisé notre bleu détective.



Issue 3 :


Chic, Moore est de retour pour ce troisième opus avec au dessin un surprenant invité : Daniel Torres; oui, ami vieux, celui de Roco Vargas ! Mon barbu favori (après Karl Marx) imagine un Spirit du futur (n'oublions pas qu'il est sensé être immortel) revenant sur les traces de son passé dans une ballade nostalgique. Le ton très mélancolique est renforcé par le dessin maniéré mais élégant de Torres. La petite trouvaille qui rend le truc vraiment parfait est amené par les commentaires de la guide qui apporte un regard décalé et ironique sur notre société. Dix pages de pur bonheur.
Bo hampton illustre ensuite avec bonheur une très amusante fantaisie de Mark Kneece exposant les conséquences du port du fameux imperméable bleu.
Pour faire bonne figure, on ajoute à ça une couverture de Bolland et un bel hommage de Moebius et là ça devient carrément émouvant



Issue 4 :


Nous retrouvons toujours autant de beau monde dans un numéro variant les plaisirs à la façon du second numéro. Kurt Busiek et Brent Anderson ouvrent le bal avec une petite mais amusante histoire exploitant le personnage de Sand Saref la criminelle rivale d'Helen. Ce n'est pas époustouflant mais c'est très bien exécuté.
Michael Allred est ses amis (Matt Bundage et Michael Avon Oeming) mijotent à six mains une histoire de robots nazis étonnamment banal graphiquement et narrativement pour un tel casting. Sur six numéros c'est ma seule vraie déception.
Enfin David Lloyd illustre avec classe et malice une histoire très amusante d'insectes géants aux sécrétions ravageuses imaginées par Mark Schultz. Lloyd s'amuse visiblement beaucoup à en faire des caisses sur les postures et les tronches de ces personnages et sa joie est tout à fait communicative.
Le courrier des lecteurs remplace les petits articles mais nous avons toujours droit à une somptueuse splash page d'Eisner.



Issue 5 :


Fini la rigolade, ce numéro se compose d'une seule longue histoire écrite et crayonnée par Paul Chadwick et encrée par John Nyberg. The case of cursed beauty est une très belle réussite au ton beaucoup plus tragique que la moyenne. Qui est donc cette mystérieuse jeune femme s'enfuyant nue sous un imper de la scène d'un crime ? Chadwick s'amuse à bousculer le Spirit avec finesse en le transposant dans une aventure sombre et mélancolique. Le transfert fonctionne très bien et l'originalité du ton n'en rend que le plaisir plus grand.



Issue 6 :


Pour finir, nous trouvons caché derrière une couverture hideuse d'un Bradstreet qui a tout de même bien progressé depuis, deux belles réussites. La première est due à John Ostrander (scénario) et Tom Mandrake (l'autre truc nécessaire à la BD). « Swami Vashtibubu » est une excellente histoire d'arnaque à la voyance tour à tour cartoonesque et dramatique. Un récit plein de bagarres et de punchline qui réussit en plus à vous tirer une petite larme à la fin mérite largement le respect.
Second grand bonheur, l'efficace mais plutôt classique histoire de babynapping de Mark Kneece et Scott Hampton est relevée par le sublime travail graphique d'Hampton. Dessins classieux, composition fluide et gracieuse et couleurs splendides, qu'est ce que vous voulez de plus ?


Pour les numéros 7 et 8 si une bonne âme veut bien compléter mes dires, il aura droit à une photo de mon coude nu.
__________________
L'opportuniste reboot de la revue de pile : février Dark Horse, Menu des chroniques
Les aventures spacialo-copocléphiliques du Captain Zenzible : Ep 7

Dernière modification par Mr Gumby ; 27/02/2007 à 23h41.
Réponse avec citation