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Trois jours.Cela faisait trois jours que l'insecte la narguait,trouait ses feuilles en les dévorant l'une aprés l'autre.Il savait qu'elle ne pouvait rien y faire,seulement agoniser lentement,et il en profitait.
C'était injuste.Elle était gigantesque par rapport à lui,un mouvement de feuilles aurait suffi à l'aplatir mais voilà,même avec toute la volonté du monde,elle ne pouvait esquisser le moindre geste.
Sa seule chance de survie résidait en la personne qui la nourissait réguliérement,qui lui apportait l'eau dont elle avait besoin,parfois avec excés d'ailleurs.Celle-ci ne s'était pas aperçue de la présence du parasite et ne pouvait,par conséquent,pas agir.
Comment la plante pouvait-elle signaler le danger qui la menacer?
Il lui vînt soudain une idée et ses feuilles en rougirent de plaisir.Elle serait bientôt déparasser du nuisible...
Elle s'atela immédiatement à la tâche et suspendit l'apport en minéraux des feuilles attaquées.A terme,elles pourirraient et Stan,c'était le nom de celui qui la nourrissait,serait obligé de s'apercevoir que quelquechose n'allait pas et pourrait exterminer le moucheron.
Le soir venu,ses feuilles commençaient déjà à noircir et,lorsque son sauveur arriva,elle lut de l'étonnement dans son regard.
"Alors,on commence à fâner.Oh!Mais on t'a grignoté.Qui est le vilain qui t'a fait ça?",lui demanda-t-il.
Il lui sembla que tout espoir s'envolait.Ce débile donnait l'impression d'attendre une réponse.
Qui veux-tu que se soit,abruti?Va chercher de l'insecticide et asphixie le!!!
A ce moment,le moucheron se posa sur le nez de Stan qui marqua quelques secondes et fit,enfin,le lien entre les feuilles quasi mortes et l'insecte.
Il ferma son poing et le lança de toutes ses forces pour écraser la bestiole.Celle-ci eût évidemment le temps de s'envoler avant l'impact et le bruit désagréable du cartilage réduit en morceaux.
Des jurons jaillirent de la bouche du jeune homme qui sortit de la piéce en trombe,laissant une fine trace rouge derrière lui.
Le végétal aurait pleuré si elle le avait pu.Elle plaignait ce garçon,pas pour le nez brisé,mais pour le peu de neurones qui avaient survécu au lavage de cerveau télévisuel et,notamment, aux divers commentaires sportifs de Messieurs Leboeuf et Rolland.
Un instant s'écoula et un brouhaha s'éleva derrière la porte.Cette dernière s'ouvrit précipitamment et eût du mal à rester sur ses gonds.
Stan apparut armé d'une tapette à mouche et jeta un regard nerveux autour de lui.Il allait traquer la bête et n'arrêterait que quand elle serait en mille morceaux.
La plante pressentait une nouvelle catastrophe,sentiment qui s'accentua au moment où l'insecte voleta devant Stan.Ce dernier,dans un état second,fendit l'air de son arme rose,en forme de ballon,et manqua la cible de cinquante bon centimètres.Plusieurs tentatives suivirent,toutes aussi infructueuses.
Aprés plusieurs minutes de gesticulations vaines et quelques bleus,le jeune homme prit un air résolu et sortit,à nouveau,de la piéce en promettant qu'il finirait par triompher.
Le végétal sentit une légère déprime l'envahir.Elle se demandait s'il fallait mieux se laisser grignoter ou assister à ce spectacle ridicule.
Un pas lourd fit alors trembler le sol et la porte ne résista pas à une nouvelle charge.Le cheveu hirsute,le visage rouge vif et les veines apparentes,le pauvre garçon tenait un énorme lance-flamme dans les bras et portait un bidon sur le dos.
Il esquissa un rictus et alluma son arme.Toute la piéce s'éclaira soudainement et une chaleur extrême l'envahit.Une trainée de flammes se répandit dans l'air,à mesure que le jeune homme agitait le bout du canon.Dans un mouvement malencontrueux,il carbonisa le végétal qui n'avait,désormais,plus aucun problème de survie.
Le moucheron,quant à lui,s'était échappé par la fenêtre restée ouverte.Il se sentait coupable d'avoir provoqué se désastre et déplora le triste dessein de la plante.Il souhaitait juste,lui aussi,se nourrir et se demanda pourquoi les hommes se targuaient d'être les seuls doués de sentiments,alors qu'il traversait le ciel,couleur d'encre et parsemé d'étoiles.
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