D'un autre côté Moébius est devenu progressivement bien plus un illustrateur qu'un dessinateur de BD (ça n'est absolument pas un défaut pour moi, juste un constat). Et dans l'illustration c'est beaucoup plus évident d'expérimenter, car moins contraint à une attente narrative du lecteur qui veut surtout qu'on lui raconte quelque chose, bien plus que d'être surpris continuellement par les expérimentations du dessin. S'il est rassuré il est content. C'est pour ça que les "expérimentations d'Immonen sont restées tout de même assez réservées (sauf quand il bosse dans l'illustration ou sur des projets plus perso, évidemment !) car le gros de son boulot s'adresse à des lecteurs qui attendent de lui surtout qu'il dessine bien une histoire, le reste basta...
Quand tu dois travailler vite, tu as tendance à t'appuyer sur tes bases et ce sont ces bases qui s'affinent au fur et à mesure, surtout ! Le dessin se libère de ses tics au fur et à mesure, le rythme que tu adoptes pousse le dessin à aller vers ce qu'il connait le mieux.
Toutefois, je trouve que certains artistes ont su très habilement se servir de cette évolution "forcée" pour explorer certaines voies. Je pense à des gens comme Rossi (qui n'entre pas dans le propos de l'artiste rapide, je sais
)) ), à Guibert qui a poussé son dessin à s'épurer de plus en plus, à Hermann qui même lorsqu'il a adopté la couleur directe a su rester exigent tout en étant très productif (bon son évolution graphique n'avance plus, c'est vrai, mais bon...), à De Crecy qui a épuré tout en rendant son travail plus riche aussi etc.
Le truc avec des gens comme Vives c'est qu'il donne aussi le sentiment d'appauvrir son dessin, c'est assez étrange, faudrait que j'en relise un peu plus en fait, moi aussi. En plus on a le sentiment qu'il le fait surtout pour optimiser son temps, pour aller plus vite.
Alors c'est un style, je ne le dénigre pas, c'est juste qu'en tant que lecteur, c'est vrai, parfois ça me gène d'avoir l'impression que l'on me propose un album en story board...