Afficher un message
  #69  
Vieux 12/12/2012, 18h06
Avatar de wildcard
wildcard wildcard est déconnecté
Hawkguy
 
Date d'inscription: février 2009
Localisation: Chez moi
Messages: 11 674
wildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Stark
#278



#278 : The Deadly Seven
(Mars 1990)


Gorgone et Karnak prennent congé pour continuer à chercher le fils de Médusa et Flêche Noire, n°9 décide les suivre. Mais peu après leur départ, Brandy et Daredevil décident de les suivre pour les aider.
En chemin, les deux Inhumains prennent à bord de leur véhicule un auto-stoppeur, dont les allusions sournoises sur la romance entre n°9 et Gorgone agace Karnak. Daredevil et Brandy les retrouvent en train de se battre puis le justicier se lance à la poursuite de l'auto-stoppeur...
En vérité, derrière ces actions puériles mais destructrices se cachent les manoeuvres de Blackheart et plus encore de son père, Méphisto, qui apprend à son rejeton que pour être efficace le Mal doit se déguiser et pour s'accomplir il doit éprouver les braves et leur orgueil, leur cupidité...
Daredevil et ses compagnons ne le savent pas encore complètement mais une inéxorable chute les attend - et tout le monde n'en sortira pas indemne...

Ann Nocenti et John Romita Jr débutent à partir de cet épisode la dernière ligne droite de leur collaboration. Cet arc en cinq chapitres va progressivement entraîner la série dans une direction à la fois spectaculaire, étrange, inattendue, dérangeante.

Depuis le #266, Méphisto rôde autour de Daredevil qu'il veut tourmenter comme pour prouver sa supériorité maléfique et philosophique : quoi ? Un héros déguisé en diable rouge, prétendant ne pas connaître la peur, imposant sa morale ? Voilà un cobaye à tester (on remarquera que Méphisto agit comme Skip Ash avec n°9 : il s'est choisi un sujet d'expériences, qu'il s'agit moins de vaincre physiquement que de dominer psychologiquement - même si le démon ne désire pas faire de DD son esclave mais, comme le Caïd, lui prouver qu'il se trompe).

La scénariste avait visiblement choisi la direction dans laquelle elle souhaitait aller depuis longtemps, et on mesure mieux à présent ce que l'éloignement géographique de Daredevil signifie : hors de son quartier, de sa ville mais aussi face à des forces occultes, DD est désorienté, donc affaibli, "prenable".

Les décors choisis reflètent aussi ce choix : on s'enfonce dans des espaces de plus en plus isolés, hostiles (la météo tourne à l'hiver), les paysages se font sauvages, désolés même. Même s'il est indiqué à un moment qu'on se trouve au Nord de l'Etat de New York, il apparaît qu'on est comme au bout du bout du monde.

L'épisode est découpé en deux parties :

- d'abord, une suite de scènes narre la séparation des Inhumains et n°9 d'avec Daredevil et Brandy tout en étant ponctuée par le dialogue entre Méphisto et Blackheart enx enfers - dialogue où le père enseigne au fils comment corrompre les hommes, choisir ses cibles, porter ses coups.
Il est question de faire le mal non pour le mal mais pour se nourrir de la détresse qu'il cause chez les hommes, faire le mal nourrit les malfaisants, souligne leur domination.

- Ensuite, Blackheart ayant pris les traits d'un autostoppeur dépanné par les Inhumains et n°9 commence son oeuvre et sème le trouble. Gorgone et Karnak se déchirent, se battent, n°9 assiste impuissante, sans comprendre, au conflit ; puis Daredevil intervient, non pas en tentant de séparer les deux amis abusés, mais en traquant Blackheart. Un bref mais brutal combat les oppose, déchaînant le héros, qui comprend à la fois que son ennemi (et son père) le harcèle(nt) à nouveau et réussisse à le pousser à bout - une issue dont il devine vite qu'elle signera sa défaite.

A la fin de cet épisode, une mère effrayé par son fils se réfugie dans une église pour demander conseil à un prêtre : moment fugace mais piste importante puisqu'elle nous ramène au fils banni de Médusa et Flêche Noire, dont il devient évident qu'il sera une pièce importante, décisive, pour la suite.

Nocenti dispose ses pions avec adresse, méthodiquement, alors qu'on pouvait auparavant encore avoir l'impression que ce "subplot" du fils maudit ne menait nulle part ou ne serait pas résolue dans la série.

C'est une indication en tout cas sur le fait que tous les acteurs du drame sont en place et vont jouer un rôle, ce sont eux qui forment le Mortel Septuor (traduction choisie pour la vf) de l'épisode : DD, Gorgone et Karnak, Brandy, n°9, Blackheart et Méphisto.

Visuellement, le résultat est très abouti tout en restant prometteur (ce qui augure de très bonnes choses, vu le niveau) : les premières pages sont particulièrement impressionnantes, avec la représentation des enfers, royaume de feu, de fumée, avec des colonnes difformes, des parois, un sol composés d'âmes damnées.

La colorisation ajoute à l'ambiance avec des contrastes violents de jaune, rouge, rose, mauve.

John Romita Jr découpe ses pages de manière remarquable, notamment en employant toute la largeur de doubles-pages selon trois panneaux : à gauche et à droite, il aligne des bandes d'une case avec les Inhumains, Brandy, n°9, Daredevil ; au centre, il dresse un image sans cadre verticale où Méphisto fait la leçon à Backheart.
Par ailleurs, il se contente de planches sagement composées pour que le lecteur se concentre mieux sur l'atmosphère délétère que va créer Blackheart.
Puis, à la fin de l'épisode, lorsque la situation dégénère, il enchaîne des bandes d'une case horizontale, ponctuées par d'autres de deux cases, puis retour à une case, avant de casser le rythme par des pages de deux vignettes horizontales. En déstructurant ainsi le découpage, il lui donne beaucoup d'énergie, en écho à celle que dépense (notamment) Daredevil contre Blackheart, et à l'intérieur de ses images, il joue sur l'espace négatif, supprimant le décor pour souligner la blancheur de la neige environnante (qui aveugle comme l'est DD, au propre comme au figuré).

Al Williamson adapte intelligemment son encrage en insistant sur les hâchures, les striures, qui donnent un aspect élimé aux vêtements, aux arbres, au ciel (toujours traversé de traits, ce qui donne l'impression stressante qu'il va se craqueler, se déchirer), des effets de texture aux matières, et appuie l'énergie des mouvements (c'est comme si Joe Kubert encrait Jack Kirby).
C'est vraiment magnifique, un mélange de fin et de brut surprenant mais réussi.

Le ciel est à l'orage, mais c'est la terre sous le pieds des personnages qui va littéralement s'ouvrir...
Réponse avec citation