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Vieux 17/08/2007, 23h17
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Secret Identity of HB-Man
 
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FredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black BoltFredGri crie plus fort que Black Bolt
Super "homme", le retour

Depuis le temps qu'il est dans le tiroir d'Anna langue, il ne se rend plus trop compte du temps qui passe, des secondes qui s'écoulent, à peine lui reste t-il quelques envies (et encore !).
Dick n'est plus trop sur de vouloir continuer à vivre comme ça, enfermé les trois quart du temps, à jouer ce jeu de l'apparence, avec son petit cœur qui vibre à la commande, il s'élance la tête la première guidé par la belle quand elle le souhaite, lui obéissant au doigt et à l'œil. C'est le plaisir qu'il insuffle, cette admiration qu'il suscite qui l'aident à tenir bon mais le temps se fait long, fatiguant.
Tout ça finit par le lasser, la commode est de plus en plus étroite, son latex se décolore et le rouge à lèvre de plus en plus difficile à effacer. Diantre.
Une vie de plaisir, qu'ils disaient.
Comment a-t-il pu s'imaginer que cela cacherait une vie aussi monotone, loin des galipettes de sa jeunesse, de ses exploits anonymes, du temps ou il batifolait avec ses amis entre les cassettes en promo, entre les tubes de vaseline. C'était la bonne époque, les gens entraient timidement, le prenaient doucement, commençaient à saliver mais le reposaient sans se poser de question, en se retournant l'air de rien. Dick avait adoré cette période, ses moments où il demeurait un fantasme, un idéal qui les faisait tous rêver, il était ce super « homme » qui n'existait que dans un monde caché entre les paupières mi-closes et ce petit râle qui s'éternisait à chaque fois !
Et il y avait ces nuits, ces aventures, ces batailles en corps à corps… Mais chuuuuuuuuuut !

Une nuit, entre les doigts d'Anna, lorsqu'elle le pressa, le retourna et le reposa en tremblant dans son tiroir, Dick essuya une larme qui perlait, il se dit qu'il devait revenir vers cette vie qu'il avait laissée derrière lui, il devait ranimer ce rêve, retrouver cette force qu'il inspirait, et échapper à ce quotidien morose.
Ses exploits reviendraient en force dans les annales, il se sentit frétiller.
Il laissa donc tomber son petit coin, ses amis en caoutchouc, ses camarades boules en acier. Sur le moment il ne put s'empêcher d'admettre que tout ça était bien confortable, que ce qui le liait avec Anna, ces moments ensemble, unie dans une étrange étreinte, ce contact lui manquerait mais il lui fallait prendre son envol maintenant, enfin !
Certes il était le capitaine de l'équipe de « Base » Ball de l'appart' mais il fallait être volontaire, pour une fois, et lâcher tout ça !

Il se glissa, lentement et disparut dans la nuit, tout à sa nouvelle vie, là-bas dans la grande ville, de nouveaux espoirs.

Que laissait-il derrière lui ?

Un sourire extatique.
Une boite rectangulaire avec marqué « Mammouth Dick » dessus.
Une collection en perte de vitesse.
Encore un vague écho, BRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR
Mais surtout…
… surtout, des rêves, des petites bulles oniriques qui s'élèvent doucement…

Dick, dès son arrivée en ville, dut rapidement se résoudre à trouver un boulot, c'est bien beau d'avoir des projets, encore faut-il aussi gagner sa vie, se trouver un coin ou se poser et essayer d'établir un plan d'action. Il avait tellement à donner, tant de vibrations à communiquer, dès que les foules apprendraient son retour, elles accourraient, jambes aux cou.
Grâce à certaines « connaissances », il se trouva très vite un emploi au magazine « Adult treasure » sous le pseudo de Dark Pen et confié à la journaliste Louise Laine sous un quelconque prétexte fallacieux (« un cadeau d'anniversaire de la part du patron, Pierre Blanc », « Un test à faire »).
Louise avait l'habitude des sempiternelles tentatives de son redac' chef, elle ouvrit son tiroir, repoussa les emballages allu' et fourra le « cadeau » bien au fond, en gloussant, le jugeant déjà trop petit et insignifiant.
Ah les femmes !

Mais c'était parfait pour Dick, une très bonne couverture. Une totale liberté et la possibilité d'entrer de front au creux de son projet…

Le lendemain, quelque part sur l'Holmes avenue, une jeune fille lève le doigt vers le ciel et crie, en écarquillant les yeux:
« - N'est-ce pas un avion ?
- Non, c'est un oiseau !
- Je pense plutôt qu'il s'agit de Super « Homme !
- Vous voulez dire LE Super « Homme » ? Celui qui a disparut il y a des années ? »

Car il est là le secret de Dick.
Sous une façade inoffensive se cache une puissance incroyable, alimentée par deux piles de 1,5 v et la possibilité de régler les vitesses. Dick ne se borne donc plus à n'être qu'un vulgaire presse papier, un rouleau à pâtissier ou je ne sais quel autre postiche coincée dans un jeans ! Il est ce super être qui fascine les foules, le monolithique Super « Homme », pourfendeur de « petits bateaux », celui qui a fait découvrir les parfums fraise et réglisse, qui a envoûté ses fans avec sa version remixée de « Annie aime les sucettes ».
Elles se sont battues pour venir l'admirer à travers la vitre blindée de sa « citadelle de la solitude », dans la galerie marchande de l'Alban House. Quelle formidable idée que cette citadelle ! Quel symbole aussi ! Ca avait été son refuge dès le début, ou il se précipitait chaque fois que la boutique fermait (et elle fermait souvent), il s'y changeait, revêtait son collier de cuir crénelé, se dessinait un petit S sur le torse et s'envolait entre les gratte-ciels.
Il avait traversé nombre d'obstacles, acculé nombre d'adversaires qui finissaient forcément par courber l'échine et s'abandonner, recroquevillés par terre.

Dès le retour de Dick, Louise n'eut d'autres objectifs que d'avoir le privilège d'avoir un entretien privé avec Super « Homme », elle serait ainsi la première à pouvoir connaître les raisons de cette longue absence et d'étreindre ce corps vigoureusement revenu à « la vie ».
Toute à ses espoirs elle ne fit plus vraiment attention à Dick, à peine se confiait-elle à lui dans la pénombre d'un cagibi en lui murmurant doucement « Oh, Supeeeeeeeeeeeer » ! Bien que se plaisant bien dans cette situation ou personne ne faisait vraiment attention à lui, Dick finit par se demander ce qu'il pourrait faire pour contenter davantage Louise, pourquoi se prenait-elle tellement à fantasmer sur cette image de catalogue, sur ces veines et cette extrémité ?
Elle voulait voir Super, alors elle le verrait, en latex et en pile.
Le soir même elle trouva un petit mot.
« Ce soir, je serais là, tout à vous »
Elle garda le morceau de papier dans son corsage toute la journée sans rien dire et vers 20h commença à réfléchir à l'ambiance de son appartement.
Couleurs ouatées.
Barry White en fond sonore.
Un rideau qui voltige.
« Hello ! »
« Oh »
« Vous vouliez savoir ? »
Elle demanda
Testa
Fit Oh
Ah…
… quand même
Ouah
Effleura sa joue gauche avec son genou en fixant ce talon haut délicatement recouvert de velour vert foncé.
Vitesse 1, puis 2 et finalement… 3

A 4h du matin, elle s'endormit et Super s'envola, redevint Dick et retrouva le rouleau de scotch et les trombones dans un tiroir, dixième étage.
Un sourire aux lèvres.

Le dernier numéro de « Adult treasure » se vit agrémenté d'une superbe couverture représentant le super héros en plein ciel, et d'un dossier complet avec interview, évaluation et capacité de Super « Homme », nouvelle monture.
Ca y est, c'était sérieux. Dick, bien tardivement, en vint à se demander ce qu'il adviendrait dorénavant !
Les jours qui suivirent furent des jours particulièrement chargés, il lui fallut intervenir dans nombre de couples, dans nombre de foyer de veuves ou de célibataires endurcies.
Qu'avait le monde actuel ?
Rêvait-on encore à dimension humaine ?
De plus en plus les limites qu'il repoussait s'étiraient, les axes de prospection variaient et malgré sa taille et son diamètre il se vit ouvrir de nouveaux horizons qu'il n'avait jamais exploré jusque là !
Loin de vraiment résoudre le problème, Dick se rendit compte qu'il venait, au contraire, de créer un véritable phénomène, que les gens devenaient de plus en plus exigeants, que son statut de héros se transformait progressivement en celui de véritable « Dieu ».
Que se passait-il ?
Etait-ce une manœuvre de son ennemi juré Latex Lutteur ?
Qu'avait-il encore goupillé ?
Non qu'il ait envie de se plaindre complètement de la situation, ce qu'elle signifiait plus profondément commençait à le travailler. S'agissait-il d'une vraie crise ? Les héros musclés, le corps huilé, avaient-ils mutés, se réduisant à leur fonction minimale ?
L'alibi idéal !
L'amant privé !

Alors Oui il avait retrouvé dans cette nouvelle renaissance une nouvelle vigueur, un nouveau pouvoir mais il se sentit quelque peu dépassé par l'enthousiasme hystérique qu'il provoquait. Partout on le saisissait, on l'actionnait et on gloussait.
Il finit par aller retrouver Latex dans ses bureaux, au sommet de la Lutteur's tower. Ce dernier regarda, ricanant, son adversaire de toujours, et tandis que Dick se rapprochait il tendit deux piles Alcaline.
Argh, le traître !
La seule faiblesse de Dick.
Déjà il se sent faiblir.
Le noir qui s'épaissit.
Et une voix familière.
Louise ! Que fait-elle ici ?
Quand il revient progressivement à lui, il voit Latex recouvrant négligemment une borne d'incendie en bas, dans la rue. Louise à ses côtés, racontant à la police comment elle avait réussi à maîtriser la crapule.
Qu'elle était belle.
Dick se releva, gonfla son torse et du haut de sa grande taille rejoignit la belle journaliste et, la regardant, lui chuchota…

« La prochaine tournée est pour moi, bien sur »

Il lui arrive encore de regarder Louise du coin de l'œil, au bureau, elle ne sait toujours pas son secret. Lui qui rêvait d'une vie moins monotone, que pouvait-il espérer d'autres ?
Le jour, il demeurait le fade Dick qui occupait quelques pauses sandwich le midi, puis, le soir et le week-end, il redevenait Super « Homme », il allait secourir la veuve et l'orpheline, l'ami des cœurs solitaires, des acrobates et des amatrices de lubrifiant vert pomme.

Plus rapide qu'une balle.
Il ne manque aucune « cible »
Le voilà de retour dans les annales.
Le grand, le monumental, le fier…


Et maintenant le rouge à lèvres n'était plus indélébile !
Quelle aventure !
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