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Vieux 10/09/2009, 14h57
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Dieu de l'Olympe
 
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SuperAlecBaldwin change la caisse du Fauve
Alex de la Iglesia (un director muy simpático)



Né le 4 décembre 1965 à Bilbao, en Espagne, Alex de la Iglesia est un réalisateur culte inconnu du grand public.
Il a beaucoup oeuvré dans le cinéma de genre, mais aussi dans la comédie noire, qui sous-tend son oeuvre. Sur ses films plane également un soupçon de misanthropie, le bonhomme n'ayant qu'une confiance limitée en l'espèce humaine.

Diplômé de philosophie, il travaille un peu dans la BD et à la télé, avant de rencontrer Jorge Guerricaechevarria, qui devient son ami et plus fidèle collaborateur. Ensemble ils font le court-métrage Mirindas Asesinas en 1991, avec l'acteur Alex Angulo.

Sa vraie carrière cinéma commence grâce à Pedro Almodovar, qui produit son 1er long métrage.


Accion Mutante / Action Mutante (1993)



Ecrit par De la Iglesia et J.Guerricaechevarria
Avec Alex Angulo, Antonio Resines, Santagio Segura, Féodor Atkine et un caméo de Rossy de Palma.

De la Iglesia nous emmène dans le futur et nous raconte les méfaits d'Action Mutante, un groupe terroriste de mutants et handicapés, qui lutte contre les "beautiful people" qui dirigent le monde. Dernier action en date, avoir kidnappé Patricia Orujo, héritière d'un empire industriel basé sur des pains au lait, en échange d'une grosse rançon.
Le groupe part alors en direction d'une lointaine planète minière, lieu de l'échange.
2 problèmes :
- le père de la jeune fille n'a pas l'intention de laisser le groupe s'en sortir impunément
- Ramon, leader d'Action Mutante, n'a pas l'intention de partager la rançon avec ses camarades.

Pour son 1er film, l'ibère cool (voilà ça c'est fait) ne choisit pas la facilité, et nous offre une comédie de SF aux relents Mad Max post-apocalyptique (surtout une fois arrivé sur la planète minière), peuplée de personnages plus idiots, sales et méchants les uns que les autres. Que ce soit le leader du groupe, tellement appâté par l'argent qu'il va gentiment entreprendre d'assassiner ses camarades, les deux frères siamois aussi cons l'un que l'autre, la fille Orujo (sorte de Paris Hilton avant l'heure) qui tombe amoureuse de son ravisseur, le père Orujo fringué comme un nazi, ou bien encore les mineurs space rednecks en rut, aucun personnage n'a la pitié ni la sympathie du réalisateur.

Avec peu d'argent le réalisateur arrive à rendre son monde assez crédible, en optant pour de la SF crasseuse où tous les équipements sont rouillés et défectueux.
Si le scénario est un peu léger, notamment la fin gentiment bordélique et bâclée, il y a quand même pas mal d'humour (l'un des terroriste est "bossu, marxiste, juif, franc-maçon et probablement homo") et d'idées folles (genre le siamois qui se trimballe son frère mort), ainsi que de bonnes idées de mise en scène.
Le film gagne quelques goyas (prix espagnol pour le cinéma), la carrière d'Alex est lancée.

En 94 il réalise un jeu vidéo, le dénommé Marbella antivicio (?), auquel participent Alex Angulo et Santiago Segura.
Puis il réalise son 2nd film.


El Dia de la Bestia / Le Jour de la Bête (1995)


Ecrit par De la Iglesia et J.Guerricaechevarria.
Avec Alex Angulo, Santiago Segura, Armando De Razza et l'italienne Maria Grazia Cucinotta.

Un prêtre découvre que l'antéchrist va naitre à Madrid le jour de Noël (dans quelques jours). Aidé par un gros fan de heavy metal à moitié junkie et un charlatan animateur télé ésotérique, il va chercher à invoquer le Diable, pour connaitre l'endroit exact de la naissance et tuer l'enfant...

On verse ici dans le surnaturel, dans une ambiance au début plutôt légère, mais qui va progressivement virer pesante et sombre à la Malédiction.
Donc au début on s'amuse de voir le prêtre essayer de sombrer du côté obscur, en multipliant les mauvaises actions (chourrer la thune d'un mendiant, dire à un mourant d'aller brûler en enfer) et en écoutant du heavy metal, conseillé par un fan rigolard. Y aussi une mémé pas commode avec un riotgun
Ensuite on rigole un peu moins en voyant se multiplier les évènements tragiques et violents autour des 3 hommes, jusqu'à l'apparition finale d'un chouette diable cornu.
Malgré les touches d'humour, le film est mené au 1er degré et est très réussi, même si le final me laisse perplexe:


De la Iglesia tente ensuite l'aventure américaine, avec un spin-off d'un film de David Lynch (si si )


Perdita Durango (1997)


Ecrit par De la Iglesia, J.Guerricaechevarria, David Trueba et Barry Gifford, d'après son roman 59 Degrees and Raining: The Story of Perdita Durango

Avec Rosie Perez, Javier Bardem, James Gandolfini, Santiago Segura et le chanteur Screamin' Jay Hawkins

La marginale Perdita Durango rencontre au Mexique Romeo Dolorosa, prêtre santeria (genre de vaudou sud américain). Tandis que le mafieux Marcello Santos donne pour mission à Romeo de conduire un camion rempli de fétus jusqu'à Vegas, le couple kidnappe un couple de lycéens américains, dans le but de les sacrifier lors d'un des rituels de Romeo...

Les fans de Sailor & Lula s'en souviennent sûrement, Isabelle Rosselini interprétait dans le film de Lynch le rôle de la chica, tandis que JE Freeman interprétait l'inquiétant Santos (pas le catcheur).
Même si les 2 films sont inspirés de roman de Gifford, le ton des histoires est suffisamment différent pour expliquer que les films (et les personnages) eux-mêmes ne soient pas traités de la même manière.
Perdita chez Lynch était un personnage trouble, à la torpeur menaçante, tandis qu'ici c'est bien une petite puta énergique (Rosie Perez très fun), prête à faire parler la poudre et botter des culs. D'ailleurs à un moment elle défonce bien la gueule à Javier Bardem (qui lui s'éclate comme un fou en alpha-gringo limite charlatan et fan de westerns).
Plein de seconds rôles truculents (Segura et ses gros sourcils, Gandolfini et sa mauvaise humeur), le film enquille les fusillades, les scènes de sexe un peu troubles, et est parfois un peu gore.
Le film est aussi traversé par l'idée que la vie n'est finalement qu'une suite de petits accidents imprévisibles, parfois drôles, souvent tragiques (voir certaines morts absurdes).
Un film bizarre mais plutôt rigolo, avec plein de trucs folkloriques autour du Mexique.


Je ne sais pas vraiment si cette expérience c'est bien passée ou s'il s'est fait violer le cul par Hollywood (la distribution du film a été un peu bordélique par contre), toujours est-il que notre ami Alex revient dans son pays de bonne humeur, pour un film jovial et léger. Pas vraiment en fait


Muertos de Risa / Morts de Rire (1999)


A nouveau écrit par De la Iglesia et Guerricaechevarría.
Avec El Gran Wyoming (de son vrai nom José Miguel Monzón Navarro), Santiago Segura et Alex Angulo.

1993, deux comiques télés ringards, Nino et Bruno, s'entretuent devant les caméras. Retour 20 ans plus tôt, quand les deux se rencontrent par hasard et créent le numéro comique qui fera leur gloire : Bruno le maigre met une claque au gros Nino...

Pour son retour en Espagne, De la Iglesia nous pond une comédie noire et absurde sur les dangers de la gloire et sur la façon dont le ressentiment peut ronger un homme. En fait, non
Juste une bonne comédie noire.
Le film va suivre nos 2 zigotos au cours des années, mettant en parallèle leur petite histoire avec elle de l'Espagne. Sont ainsi évoqués pour les 70's les manifs étudiantes anti-Franco, et pour les 80's le putsch militaire avorté. Quelque soit l'époque on a une très belle reconstitution d'ailleurs, les fringues et les looks sont fantastiques )
Tout le génie du film repose sur l'animosité grandissante entre les deux compères : Nino en a marre de se prendre des mandales, et Bruno en a marre que son pote soit le plus populaire. Avec au centre leur pauvre manager qui voit leur état se dégrader, et pourtant continuer à travailler ensemble. Cet animosité va être entretenue par des vacheries et des mesquineries de plus en plus importantes, plongeant les deux comiques dans la folie, jusqu'à un final hommage à Une Balle dans la Tête de John Woo
De la Iglesia affirme ici de manière un peu plus frontale un courant jusqu'ici plus discret dans sa filmographie : sa misanthropie, à travers un portrait corrosif d'un public abruti qui rit comme une baleine en voyant encore et encore un gros se prendre une claque


Toujours convaincu que les gens d'apparence gentille peuvent être les plus maléfiques, il enchaine l'année suivante avec un autre film.


La Comunidad / Mes Chers Voisins (2000)


Toujours écrit par le réalisateur et son comparse.
Avec Carmen Maura.

Julia, une agent immobilière, découvre dans l'appartement d'un défunt une très grosse somme d'argent en billets. Elle se fait passer pour la locatrice d'un appartement vide, afin de faire sortir l'argent discrètement. Sauf que les autres habitants du petit immeuble connaissent depuis longtemps l'existence du magot, et ont bien l'intention de le garder pour eux...

Un peu déçu par celui-là, je pensais avoir affaire à à une comédie noire, où les habitants tenteraient tour à tour d'éliminer Julia, par exemple en tendant des pièges, et mourraient les uns après les autres, de manière forcément amusante.
En fait y a un peu de ça, mais dans l'ensemble ça prend surtout une orientation de thriller, d'inspiration De Palma ou Hitchcock (probable qu'il y ait aussi du Polanski, mais j'ai pas vu ses films qui se passent dans des immeubles ).
Enfin même si on est plutôt dans du thriller, y a quand même de sympathiques pointes d'humour, ne serait-ce qu'avec tout le voisinage cinglé (surtout le vieux garçon qui est presque tout le temps déguisé en Dark Vador).
Et vers la fin, y a un chouette clin d'oeil à Matrix, avec une mamie qui saute d'un immeuble à un autre


De la Iglesia met un peu son mordant de côté pour son film suivant.


800 Balas / 800 Balles (2002)


Ecrit toujours par les mêmes.
Avec Sancho Gracia et Carmen Maura.

Carlos, un gamin qui vit seul avec sa mère, fugue pour aller rencontrer son grand-père Julian dont il ignore tout. Celui-ci, ancien cascadeur dans des Western Spaghetti, vit dans un parc d'attraction miteux d'inspiration Western à Almeria (mythique lieu de tournage des dits-films). Furieuse, la mère du gamin, businesswoman, va tout faire pour que le parc ferme. Julian et ses potes cowboys d'opérette vont pas se laisser faire...

De la Iglesia laisse de côté sa misanthropie pour nous pondre une comédie touchante, véritable déclaration d'amour au western, et surtout à ceux qui décident de vivre leur passion envers et contre tous.
Sancho Gracia, déjà repéré rapidement dans les précédents films du réalisateur, joue ici un sympathique cascadeur un peu has been, un peu mytho sur les bords, qui ne cesse devant son petit-fils d'exagérer et d'enjoliver sa vie.
Le film nous montre aussi les cowboys du dimanche comme une belle bande de déconneurs, qui n'hésitent pas à aller au patelin d'à côté pour braquer un magasin d'alcool, et se faire ensuite une grosse java bordélique au saloon
Une comédie très sympathique, et il n'est pas interdit de verser une petite larmiche lors de l'apparition finale d'une légende.


Mais bon c'est pas un thread de fillette ici, on n'est pas là pour pleurer, on est là pour rire et trembler devant la médiocrité de l'espèce humaine


Crimen Ferpecto
/ Le Crime Farpait (2004)


Ecrit devinez par qui ?
Avec Guillermo Toledo et Monica Cervera.

Rafael Gonzalez, prétendant au "trône" de chef des ventes d'un grand magasin, tue accidentellement son rival. Seul témoin de la scène, la vendeuse moche Lourdes, qui est amoureuse de Rafael et va donc l'obliger à sortir avec elle en échange de son silence...

Le film démarre très fort, nous présentant Rafael, playboy du dimanche, prétentieux et suffisant, méprisant les individus moyens. Et il a trop la classe
Le monde du responsable du rayon femme va sombrer dans l'horreur : lui qui se tapait toutes les vendeuses mega-bonnes du magasin (De la Iglesia aime bien montrer des nanas à poil) et se destinait à un avenir grandiose, se retrouve à se coltiner une nana moche, beauf, limite conne. Il doit en plus supporter les nombreuses visites à sa "belle-famille", avec la petite soeur de Lourdes, gamine complètement mytho, et le père, qui passe son temps à dormir (pour échapper à la médiocrité de sa vie, suppose Rafael).
De la Iglesia évite le manichéisme et la comédie romantique, en montrant que Lourdes est complètement maléfique et cinglée, et va pousser Rafael à envisager un plan de sortie.
Une fois de plus tous les persos du film sont lâches, faibles ou abrutis (et je ne vous parle même pas de l'image qui est donnée des clients ou des enfants dans le film), et on finit donc par s'identifier à Rafael. En même temps Lourdes est vraiment moche, donc ça aide
Un film au mauvais esprit vraiment réjouissant. Et Toledo a vraiment la classe.


Le réal espagnol fait ensuite un crochet par la télé, à l'occasion de l'anthologie Películas para no dormir, également fréquentée par Jaume Balagueró, Paco Plaza, ou Mateo Gil.


La Habitación del Niño / La Chambre du Fils (2006)


Ecrit par les joyeux comparses.
Avec le sympathique Javier Gutiérrez et la boombastic Leonor Watling.

Un couple emménage avec leur bébé dans une vieille maison. Ils installent dans la chambre de l'enfant un haut-parleur pour bébé, et la nuit tombée le père croit entendre quelqu'un dans la pièce avec son fils. Incapable de trouver la preuve d'une présence, il va sombrer dans la paranoïa surprotectrice...

Le réalisateur s'essaye ici au thriller surnaturel 1er degré. Du coup, vraiment pas de vannes ni de persos secondaires rigolos. Bon heureusement y a des boobs.
Il se débrouille très bien avec le cadre imposé (le segment dure 1h10) et pond une histoire carrée et maîtrisée, qui flirte avec la SF. On peut trouver que ça manque d'originalité, mais c'est bien foutu, et même bien flippant parfois.


Le barbu espagnol retente ensuite l'aventure étrangère, avec une co-production Espagne/France/Angleterre.


The Oxford Murders / Crimes à Oxford (2008)


Ecrit par de la Iglesia et Guerricaechevarría, d'après le roman de Guillermo Martinez.
Avec Elijah Wood, John Hurt, Leonor Watling, Burn Gorman et Dominique Pinon.

L'étudiant américain Martin et le professeur Seldom découvrent ensemble le cadavre de Mrs Eagleton, logeuse du 1er et amie du 2nd. Bientôt un autre meurtre est commis, marqué une fois encore d'un indice que seul un mathématicien expert pourrait percer. Ca tombe bien, Martin et Seldom se défendent dans ce domaine...

Le réal espagnol s'essayent ici au polar britannique, et offre donc une mise en scène froide et carrée qui convient bien au sujet. Le problème c'est que l'histoire est super pas intéressante, et les persos pas très bien écrit.
Wood fait un peu branleur en mathématicien rebelle qui est (peut-être) amoureux de son idole le Pr Seldom, personnage qui parait carrément prétentieux et antipathique (mais ça doit être fait exprès). En tout cas John Hurt a toujours la patate et ça fait plaisir.
On pourra s'amuser de voir que tous les personnages féminins croisés par Martin ont instantanément envie de faire des trucs sexuels avec lui, l'honneur revenant à l'infirmière jouée par la signorita Watling, qui est souvent habillée "hot", quand elle n'est tout simplement pas nue
Ce sera d'ailleurs le seul aspect "iglesien" du film, qui n'est pas très fun : les grands débats rhétoriques entre Wood et Hurt sont particulièrement chiants, et l'enquête et sa résolution ne sont pas du tout ludiques.
Le twist final est tout pourrave.
Bref le réalisateur était vraiment en petite forme.




L'avenir pour nos 2 joyeux compères c'est 2 projets : Think About Disney, l'histoire d'un homme atteint de folie trouve le moyen de fuir sa maladie en pensant à des personnages de dessin animé, et surtout une adaptation de l'aventure de Blake & Mortimer La Marque Jaune. Film où il n'y aura probablement pas de nichons

En tout cas de la Iglesia est un réalisateur qui m'est bien sympathique, et si ces films sont parfois pas vraiment parfaits, ils sont toujours originaux et on y sent l'amour de l'espagnol pour le cinéma.
Réponse avec citation