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Vieux 07/07/2012, 14h31
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Bonjour à tous.

Après plusieurs semaines d'absence dues à des soucis personnels et professionnels, je reviens en proposant une critique toute chaude d'un très récent et très attendu comics : Batman Earth One (publiée en avant-première sur mon blog)..
En 2009/2010, l'éditeur DC Comics a lancé une nouvelle collection : DC Earth One. Basé sur le principe de l'univers Ultimate Marvel (une modernisation des origines et des aventures mythiques des personnages Marvel par des auteurs connus et reconnus avec une très grande liberté), DC Earth One doit permettre d'attirer de nouveaux lecteurs et de plaire à ceux qui ont abandonné les comics en proposant des récits auto-contenus, dans des Graphic Novels (de gros tomes complets d'environ 150 pages) et donc avec des artistes d'exception.

En 2010 est sorti Superman Earth One par J.M. Straczynski (auteur de la série TV Babylon V et de nombreux épisodes de la série comics Amazing Spider-Man) et Shane Davies, une reprise "modernisée" des origines de Superman avec une vision qui ne m'a, personnellement, pas du tout convaincu.
Depuis lors, la sortie de Batman Earth One était annoncée et grandement attendue par les fans : scénarisé par Geoff Johns (ponte de DC Comics, auteur de la majorité des plus grandes sagas et séries de l'éditeur dans la décennie 2000) et dessiné par Gary Frank (énorme dessinateur apprécié par les lecteurs), le titre intriguait par le fait que les deux auteurs n'avaient quasiment jamais travaillé sur le personnage pourtant phare de DC Comics. L'attente fut longue et difficile, mais en 2012 sort enfin le Graphic Novel... pour être finalement une semi-déception.



Titre : Batman Earth One.

Année de publication : 2012.

Editeur : DC Comics.

Auteurs : Geoff Johns (scénariste), Gary Frank (dessinateur), Jonathan Sibal (encreur), Brad Anderson (coloriste), Rob Leigh (lettreur).

Résumé : Enfant, Bruce Wayne voit ses parents être brutalement assassinés lors d'une séance de cinéma avortée. Convaincu que l'adversaire à l'élection municipale de son père, qu'il était en train de remporter, a monté le coup, Oswald Cobblepott, Bruce s'entraîne auprès de son tuteur, l'ancien soldat et ami de Thomas Wayne, Alfred Pennyworth. Devenu adulte, Bruce adopte un costume pour enquêter sur son drame tandis que Harvey Bullock, jeune policier star d'une émission de télé-réalité policière récemment annulée, débarque à Gotham City et devient le coéquipier d'un James Gordon rongé par l'angoisse et la passivité.

Mon avis : Comme indiqué précédemment, Batman Earth One était attendu au tournant par des fans enthousiastes mais lassés par trop d'attente. Après lecture de ce pavé d'environ 150 pages, le bilan est donc à une semi-déception, avec une première partie assez mal gérée, sauvée cependant par un final intense mais qui, lui aussi, manque certains moments.


Alfred Pennyworth, ex-soldat recyclé dans les agences de sécurité, LA bonne idée et LE bon design du titre.

Tout travail de modernisation et de modification d'un mythe amène, obligatoirement, son lot de remarques en provenance de fans conservateurs ; je peux d'autant plus en parler que j'en fais partie. Intrinséquement fan du personnage Batman, je laisse rarement passer des changements qui n'apportent, selon moi, rien à la légende et au concept aussi fort. Force est de constater que les premières modifications opérées par Geoff Johns dans sa première partie suivent le même chemin.


Un design trop timide et trop classique pour le personnage principal (d'autant plus que le logo change durant l'histoire sans justification...).

Sans spoiler volontairement et trop en avant, je trouve que les changements apportés aux Wayne (Thomas candidat à la mairie, Martha Arkham-Wayne) complexifient le début et rendent la narration peu fluide. L'arrivée d'Alfred aurait pu, dû servir à avoir un point d'entrée dans le Manoir Arkham, mais cela ne fonctionne pas aussi bien ; la faute au drame initial du mythe qui intervient trop tôt, sans que les réactions puissent paraître crédibles et sans que les thèmes lancés pour justifier la suite (la paranoïa de Bruce et sa certitude d'un coup monté) puissent paraître fluides. Avec cette célérité, tout semble téléphoné et les informations sont raccrochées à des bouts de dialogue, ce qui est finalement décevant pour une entrée en matière.
De plus, c'est bien tout l'entraînement et l'évolution du jeune Bruce qui sont joyeusement zappés par Johns, qui s'amuse à trouver une nouvelle justification au costume et à son thème sans que ça n'apporte quelque chose ; pire encore, la nouvelle raison perd en puissance et en brio. Les cinquante premières pages sont lourdes, empruntées, mêlant des scènes du passé et du présent sans réelle cohérence et, à nouveau, sans grande fluidité. Les personnages apparaissent peu à peu, évoluant comme des zombies sans réel but et sans réelle justification à leurs comportements (notamment Batman à la soirée et sa rencontre avec Gordon) ; l'entrée en matière est faible.

Le récit, cependant, gagne peu à peu en puissance et en intérêt, jusqu'à finalement devenir clairement agréable et intéressant dans sa seconde partie. En réunissant enfin les différents éléments placés dans les pages précédentes, en montrant un Bruce enfin dans son rôle et enfin clairement rongé par la colère, la douleur et la paranoïa, je retrouve enfin ce qui peut me plaire.
Les personnages semblent eux-mêmes de plus en plus passionnants, de plus en plus profonds. Les raccords avec la mythologie Batman sont plus agréables et moins téléphonés (Cobblepott et son surnom), et la lente progression de l'intrigue et des héros est plus correcte. Dans sa deuxième partie, Johns renoue avec la vista de ses meilleurs travaux avec une grande tension, quelques phrases-qui-tuent bien placées ("Bad cop/bad cop !"), un dynamisme plus présent et une tension plus exacerbée.


Première rencontre entre Batman et Gordon. Malgré l'intensité du coup, toute la scène tape à côté.

Peu à peu, les personnages évoluent avec plaisir et prennent du coffre, alors qu'ils étaient terriblement creux auparavant. Si tout n'est pas encore parfait, le chemin d'un Bullock est finalement passionnant et brillant, comme celui de Gordon, d'Alfred et Bruce. Au fond, d'ailleurs, c'est bien Wayne qui demeure le moins pertinent et le moins intéressant, engoncé dans une posture classique (trop), rongé par une douleur et un refus de la réalité qui n'ont pas de réel écho à la fin.
Si Bullock et Gordon découvrent et embrassent leurs destins, si Pennyworth fait de même, Bruce est encore monolithique et est, finalement, le seul personnage à ne pas évoluer dans toute l'intrigue. Une grande déception, surtout que Johns loupe complètement les deux passages les plus marquants du personnage (sa réaction au drame, son choix de continuer après avoir découvert la vérité).

A croire, finalement, que Johns n'est pas à l'aise avec le personnage et n'a pas réussi à le cerner complètement, à se l'approprier, comme il l'a fait avec brio avec Superman, Green Lantern, Flash, Hawkman et tant d'autres. Dommage, même si l'auteur a l'intelligence d'éviter l'insulte de lancer immédiatement l'ennemi principal du héros, quitte même à ne pas le faire apparaître dans le tome 2.


Oswald Cobblepott, excellent dans son rôle de manipulateur vorace et dégoûtant. On dit Monsieur le Maire Cobblepott, d'ailleurs.

En parallèle de l'intrigue, les attentes étaient également fortes sur les planches de Gary Frank. Le dessinateur, excellent sur ses derniers travaux, a mis longtemps à finaliser Batman Earth One et le résultat n'est pas aussi brillant qu'espéré. Certes, le trait est beau, les planches sont solides, mais les colorisations et les planches n'ont pas la force et la puissance de Superman & the Legion of Superheroes ou de la saga sur Brainiac.
Le design du Bat-costume est assez pauvre (il manque surtout des explications scénaristiques sur sa création et le changement de logo...), comme les autres looks de personnages. Hormis l'excellente trouvaille Alfred, le reste est assez limité et classique ; certes, DC Earth One semble adopter une vision plus "réaliste", mais cela n'empêchait pas un peu d'exhubérance et d'originalité. Frank livre des designs classiques, trop, qui ne marquent pas et qui ne rendent pas aussi biens qu'espéré.
Si on rajoute à ça une ambiance urbaine qui ne lui correspond pas vraiment et quelques planches limitées, plus un Batman rarement impressionnant et une scène finale loupée (tant scénaristiquement qu'artistiquement, sans aucune force narrative), le résultat est aussi une semi-déception. C'est joli, c'est solide, mais ça aurait pu être beaucoup mieux.

***

Finalement, Batman Earth One est dans la continuité de Superman Earth One : une modernisation fade, même si cet opus est bien loin du très mauvais récit de Straczynski et Davies. Si la suite est certainement déjà prévue, j'espère que Johns et Frank se permettront plus d'originalité (au-delà des effets de manche et d'apparence comme de rajouter une soeur jumelle à Harvey Dent...) et maîtriseront mieux un personnage pourtant passionnant. Pour le moment, l'essai est marqué mais pas transformé ; à voir la suite !

A bientôt !
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