MARVEL DELUXE : LES FUGITIFS T01
Runaways (vol.2) 1-12
Brian K. Vaughan, Adrian Alphona, Takeshi Miyazawa, Craig Yeung
J’attendais avec impatience le retour des Runaways, et l’annonce de les retrouver dans un format digne de Vaughan et d’Alphona ne fit qu’accentuer la lenteur des semaines ! Dés que j’ai pu feuilleter les premières pages, la satisfaction était au rendez-vous devant les dessins d’Alphona qui s’épanouissaient enfin sur le papier glacé d’une édition de luxe très loin de la grisaille des 3 Mini Monsters qui avaient accueillis la première saison. Le plaisir de retrouver Nico la jeune sorcière, Molly l’adorable mutante et leurs compagnons, qu’ils soient alien, génie ou mauvais garçon, éclipsait même le nom de la traductrice dont je tairais l’identité de crainte de passer pour un immonde persécuteur monomaniaque.
Evadés des foyers de l’Aide Sociale à l’Enfance locale, les enfants rebelles du Cercle ont neutralisé leurs parents et le traître qui couvait en leur sein. A l’abri dans une des bases abandonnées par leur géniteurs, maîtrisant de mieux en mieux leurs dons respectifs, les Fugitifs se sont mis en tête de sauver des adolescents de la mauvaise influence de leurs parents indignes sans forcément porter haut les couleurs pittoresques des super-héros habituels et tout en se tenant à l’écart de la presse, du grand public et de la communauté super-héroïque. Ils attirent pourtant l’attention d’un groupe d’ex super-ados abstinents baptisé « Excelsior »
qui veut leur éviter Manu Militari les déconvenues traumatisantes de carrières de justiciers aussi ratées qu’ont été les leurs!
Une grande partie du plaisir de Runaways tient dans le défilé de seconds couteaux dont certaines ont bien grandi
et que l’on retrouve avec un plaisir nostalgique dans une histoire qui oscille entre les angoisses de la recherche d’identité de jeunes adultes peinant à s’affirmer et les situations burlesques qu’implique la caricature assez acide du concept fondamental du Sidekick dans l’univers du comics. Ce décalage et des enjeux dramatiques inattendus autour de nouveaux personnages et face à un des vilains les plus dangereux de du Marvel Universe renforcent encore le plaisir de suivre les péripéties de cette bande de gosses qui naviguent de leurs mieux entre drame et humour, trahison et tendres penchants, affres de l’intimité et douleurs des combats sans merci. A l’image de ces jeunes qui n’arrivent pas malgré leurs efforts à reprendre le contrôle de leurs vies et à trouver leur propre chemin loin des influences parentales, le lecteur est pris dans le tourbillon des évènements et des faux semblants dans lesquels l’ennemi n’est jamais celui que l’on croit !
J’ai nettement moins apprécié les péripéties nuptiales en 2 parties des aliens de service, mises en images par Miyazawa qui n’a pas la grâce et l’élégance d’Alphona. Cette histoire promet cependant des rebondissements d’envergure dans les épisodes à venir.
Alphona est de retour pour le récit des « vacances » de nos héros à New York venus prêter main forte à la Cape, fugitif lui aussi face à des accusations très graves qui lui ont mis à dos les Nouveaux Vengeurs. Malgré un rythme un peu lent, la magie des dessins d’Alphona associée à la caractérisation des personnages et des relations interpersonnelles de Vaughan font une fois encore merveille. Le traitement réservé aux super-héros les plus iconiques de Marvel ne manque ni de piquant ni d’humour et marque encore une fois la différence de ton propre à la série. Ces multi-sauveurs du monde sont totalement à côté de la plaque avec leurs certitudes rigides face à des ados blessés grandissant dans la douleur et le doute et aspirant simplement à une vie de liberté loin du spandex, des collants et du monde forcément décevant des adultes. Et dans l’ombre, le complot fleurit…
Il ne reste plus qu’à se ronger les ongles en attendant les épisodes 13 à 26 avec les arcs “Dead Ringers”, “Parental Guidance”, “Dead Means Dead”, “Live Fast”, et “Dead-End Kids”. Nous aurons alors fait le lien avec la mini-série « Civil War : Young Avengers/Runaways" parue il y a quelques mois dans Marvel Icons HS 10 de juin 2007 qui massacrait quand même allégrement le suspens de la saison 2 et dont j’ai parlé ici :
Critiques Marvel VF de Juin 2007…
Bref, Runaways est une série qui mérite amplement les honneurs de la collection Deluxe de Panini mais que j’aurais préféré voir confiée aux bons soins de Jérémy Manesse !