Ultimate Spider-Man #1
Je ne suis pas emballé, pour des raisons que je vais développer, mais... c'est la lecture comics qui m'a le plus interrogé, interpellé, et a provoqué le plus de discussions avec des copains. C'est en outre agréable et fluide, et ça confirme ainsi que c'est une réussite.
Pas pleine et entière, pour mon approche, mais c'est une réussite. Bravo.
Jonathan Hickman relance donc Ultimate Spider-Man, ici, après une étonnante mini-série et un one-shot "rebootant" l'univers Ultimate. Je ne suis pas pleinement convaincu par son approche sur l'univers lui-même, mais ici il en tire des conséquences surprenantes, où chaque scène est une surprise. Cool.
Bref, quelle est la situation ? Peter Parker est un adulte de 35 ans ; marié avec MJ, deux enfants : Richard et May. Il n'a jamais été mordu par une araignée radioactive, car The Maker a empêché cela à la fin d'Ultimate Invasion #1. Quelle est sa vie, alors ?
Peter travaille au Daily Bugle... avec Ben Parker, partenaire professionnel et binôme de J. Jonah Jameson. Peter vient chercher Ben pour une cérémonie en hommage aux victimes de l'attaque terroriste de New York, que le conseil secret du Maker met sur le compte de Tony Stark, ici ado' de 17 ans qui s'oppose à eux. May y est morte, et Peter s'inquiète auprès de Jonah de la réaction de Ben, qui conseille à Peter de demander lui-même à Ben, et de mettre une cravate.
Les Parker assistent à la cérémonie, avec le Père Murdock qui évoque la situation, et Harry Osborn qui témoigne de sa vie "amputée" par la mort de ses parents, et de ce père qui lui a été arraché ; il file un mauvais coton. Peter repart ensuite, Ben rentre au Bugle où il voit Jonah démissionner suite aux changements exigés par leur patron et financier... Wilson Fisk. Ben démissionne aussi, et tous deux décident de monter un nouveau journal, en faisant mieux ; et sans mentir.
Un Bouffon Vert mystérieux attaque (tue ?) Wilson Fisk dans sa voiture, et Peter vient voir Ben et Jonah, envisageant de rejoindre leur structure. En rentrant, il parle à MJ, dit se sentir "creux", qu'il lui manque quelque chose. Elle est prête à le suivre en cas de changement, et... flashback la veille où, dans la nuit, Peter a eu un message enregistré de Tony Stark. Ce dernier est six mois dans le futur, explique s'y cacher en attendant que des héros arrivent dans leur époque. Il explique surtout l'araignée manquante, et la lui donne ainsi qu'un costume ; si Peter veut changer de vie. Et, le lendemain, Peter... accepte, et lance tout.
C'est bien, oui. Objectivement, c'est bien. Jonathan Hickman surprend, tient le buzz autour, multiplie les surprises, et adopte vraiment une autre approche. On est presque plus ici dans la réalité de la promesse initiale d'Ultimate, le tout-différent, qu'à l'époque du lancement.
C'est en outre bien fait. Bien écrit, avec de l'humour (les "PARKER!" de Jonah avec Peter, c'est drôle), un peu d'émotion, beaucoup de surprises. Bien cadré, avec des liens avec Ultimate Invasion et du sens. Bien prenant, bien fluide, bien intéressant et bien joli, avec un Marco Checchetto très en forme, qui livre des planches magnifiques.
C'est bien, oui. Mais je ne suis pas emballé.
En fait, je ne suis pas emballé car je ne "sens" pas Peter, ici. Je vais spoiler, mais
Ben lui dit, quand Peter lui demande comment il "vit" la mort de May, que c'est comme Peter qui est venu chez eux à 15 ans à la mort de ses parents. Peter confirme qu'il pense toujours à eux, chaque jour, et que ça ne guérit jamais vraiment ; Ben confirme que c'est pareil pour lui.
Ok, d'accord. Ca ne me gêne pas de changer les choses, et j'accueille ces changements avec plaisir ; hé, c'est Ultimate, c'est le principe de changer. Ce qui me gêne, c'est que les personnages disent tous que Peter semble toujours en "manque" de quelque chose, décalé donc, en pilote automatique, mais... je ne le sens pas.
Je vais être personnel, pour expliquer mon avis ; c'est donc plus mon retour sur moi et ma lecture, et ça peut vous intéresser peu. Navré, donc. Bref,
j'ai moi aussi perdu mes parents, et il s'avère que cela s'est passé ces dernières années. Je peux très bien ainsi "comprendre" Peter, et ce manque affectif qu'il ressent, et je me projette complètement dans ce que les autres lui disent : vivre en pilote automatique, vivoter plutôt que vivre, aimer et être aimé sans jamais réussir à dépasser la perte, montrer qu'on est en manque de quelque chose... je m'y retrouve pleinement.
Mais je ne retrouve pas du tout ça EN Peter ; par la façon dont il est écrit. Jonathan Hickman l'écrit en le laissant passif, dans l'ombre de Ben... mais bien. Il s'occupe de ses gamins, il bosse, il oublie sa cravate mais ne réplique pas. J'attendais, sûrement en projetant trop, des pensées - des réactions. Des "oh pardon, j'aurais dû mettre une cravate, oui" ; une culpabilité. La culpabilité du survivant. Avec aussi des pensées, "je dois faire ça", "j'aurais dû", etc. En pilote automatique, on fait, on veut bien faire, mais on tape à côté ; parce qu'on est en automatique, on n'est pas dedans, quoi.
Jonathan Hickman le montre un peu, l'écrit un peu... mais ce Peter est très passif ; trop passif. Ca m'interpelle, et à mon sens, ça va exiger un drame fondateur pour un électrochoc qui manque, ici.
J'ai un peu peur que Ben y passe encore, ce qui aurait du sens mais serait dommage. Pour le schéma classique, mais aussi parce que Ben est définitivement le coeur de cet épisode.
Bref, un épisode qui interpelle et pose des questions. C'est déjà énorme chez les Big Two.