Discussion: Critiques VO 2023
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Vieux 14/09/2023, 00h29
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
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Posté par Mr Honey Bunny
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C'est justement le problème que j'ai avec Tom King : l'impression qu'il va toujours dire un peu la même chose, de la même manière, quelque soit le perso.

La première fois, ça fonctionne. Mais le même traitement de la dépression sur tel personnage, puis sur tel autre, puis sur un troisième etc. C'est redondant. Je retrouve souvent les mêmes choses chez Tom King, au point que je ne suis plus du tout surpris.

Il se répéte, encore et encore.

Après, il arrive qu'il y aient de bonnes surprises quand il n'écrit pas un perso trop super-slip, trop mainstream. J'ai adoré Rorschach. Mais par contre, je peine à terminer son Strange Adventures, malgré les critiques dithyrambiques de certains.
Tom King creuse régulièrement le même sillon, c'est certain.
Est-ce que c'est redondant, chacun sera sans doute libre d'en juger en fonction de ses affinités avec les sujets abordés.
Je connais des gens qui disent quand ils écoutent du jazz que c'est toujours la même chose. Moi qui suis fan de jazz, je perçois au contraire plein de différences.
Tout cela est très variable.
Ceci dit, il y a des auteurs que je qualifierais de versatiles et d'autres que je qualifie plutôt d'obessionnels (l'archétype de l'auteur obsessionnel, ça serait un Philip K. Dick par exemple).
Je pense que l'on peut développer un réel univers d'auteur, une réelle patte singulière que l'on soit plutôt l'un ou plutôt l'autre. Les auteurs "obsessionnels" sont plus aisément cernables mais pas nécessairement plus "auteurs" pour autant.
Une partie de la production de Tom King tend clairement à le classer parmi la catégorie des obsessionnels. Son travail entre autres sur le stress post-traumatique, la dépression, la figure du héros, d'ailleurs souvent liés entre-eux, le montre clairement.
Mais je trouve qu'il est capable aussi de se renouveler. Son travail plus récent sur des genres très codifiés comme le polar hardboiled dans Gotham city ou la romance dans Love everlasting lui permet d'amener d'autres préoccupations sur le devant de la scène. On n'est ni dans le pur exercice de style ni dans la parodie mais dans quelque chose qui semble s'en approcher et dont il se sert en fait pour faire autre chose. Dans l'un, il traite entre autres de la ségrégation raciale et dans l'autre de la condition féminine.
Mais quelque part, on reste dans un travail qui traite de ce qui relève de l'injonction et des tensions et des brisures que cela génère. Comment être un soldat, comment être un héros, comment n'être ni vraiment noir ni vraiment blanc dans la société américaine, comment être une femme dans une société patriarcale,... En fait, comment vivre face à tout ce qui relève du domaine de l'injonction et de la place qui nous est assignée ou que l'on perçoit comme telle. Souvent, King travaille l'écart entre la place que le personnage occupe/voudrait occuper/a occupée et celle que la société lui octroie ou plus simplement attend de lui. Le thème de la dépression, récurrent chez lui, s'intègre très bien dans ce schéma. Dans ce cas, l'écart apparait irréductible. Dans d'autres cas, une certaine adéquation peut être trouvée ou établie. Souvent, c'est en fait plutôt l'ambiguité qui règne. On peut trouver aussi chez King le rejet de l'injonction. C'est le cas du One bad day (ce qui le fait diverger du KillingJoke de Moore où Batman se conforme à l'injonction - by the book). On retrouve souvent des tropes semblables mais appliqués à des personnes différentes et dans des contextes différents. Je trouve qu'il le fait souvent avec beaucoup de finesse, de subtilité et d'intelligence.
King me semble continuer à creuser ce sillon mais en renouvelant régulièrement les thèmes qu'il aborde.
Il y a aussi un versant plus politique qui se dégage plus ouvertement dans certaines oeuvres. On pourrait certainement y faire figurer Rorschach et sans doute Omega men (mais je n'en ai qu'un souvenir assez lointain et il faudrait que je relise).

Bon, ceci dit, j'ai encore Human target à mon programme de lectures.
Je suis curieux de voir ce qu'il va faire de ce personnage que j'ai beaucoup aimé sous la plume de Peter Milligan.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
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