Millar a des défauts (même si je suis plutôt bon client) mais il a une qualité vanté par tous ses desssinateurs : le projet qu'il leur propose est du sur-mesure. Il connaît bien les forces et faiblesses de ses artistes, et je crois qu'il leur laisse de la marge aussi (y compris dans les délais, alors qu'il pourrait faire appel à des fill-in - il ne l'a fait qu'une fois, pour "Jupiter's circle", mais les circonstances étaient très spéciales).
Surtout, cette série officialise la mue de Coipel : il se passe complètement d'encreur, assumant cette tache désormais, et le résultat modifie son dessin. Mine de rien, quand on examine ses planches, il ne cède jamais au copié-collé, il change de valeur à chaque plan, d'angle, il soigne les expressions, ses compositions sont dynamiques, son découpage s'est épuré (sasn perdre en patate quand ça cogne). C'est moins clean, moins détaillé aussi parfois, mais plus nerveux aussi.
On sent que vraiment il prend du plaisir, alors que, sur ces derniers projets Marvel, le type dérivait complètement, n'arrivait plus à boucler quoi que ce soit. Là, il a le temps, et même si la série a pris du retard, rien de scandaleux non plus (si on compare avec Aja sur "The Seeds" ou même John Paul Leon sur "Batman: creature of the night").
Et puis, c'est agréable à lire. On peut reprocher à Millar d'écrire des histoires trop rapides, mais c'est efficace, c'est bien construit, c'est ludique, à chaque fois ça se passe dans un cadre différent. Il fait du Millar certes, mais justement c'est encore lui qui le fait le mieux. C'est un style, on n'est pas obligé d'être fan, mais c'est difficile de ne pas passer un bon moment à chaque fois.
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