Pourquoi avoir peur d'une histoire ?
Une BD, ça se fait (généralement) à deux : si elle est réussie, c'est grâce à la combinaison de deux compétences (celle du scénariste et celle de l'artiste). Si elle est ratée, on fait porter le chapeau à celui pour lequel on a le moins de sympathie avant (et Millar est stigmaisé parce qu'on ne retient de lui que son côté bateleur au détriment de son efficacité de conteur).
Millar ne prétend pas réinventer la roue. Son "Millarworld", c'est des séries majoritairement conçues pour explorer des genres qu'il adore, en donner son interprétation. "Chrononauts", c'est le voyage dans le temps par deux gredins. "Starlight", c'est Flash Gordon à la retraite. "Jupiter's children", c'est le crépuscule des super-héros. "Superior", c'est Shazam. "Nemesis", c'est Batman. Etc. Il s'amuse avec les jouets qu'il aimait quand il était ado et n'a pas d'autre prétention.
Comme le relève NRV, ça aboutit à des histoires divertissantes, et en plus magnifiquement dessinées. Ce qui est déjà très bien. Est-ce qu'il pourrait faire mieux, viser plus haut ? Certainement. Mais soit il n'en a pas envie, soit il ne s'en sent pas capable : cette humilité contredit son côté bruyant mais en même temps mérite le respect. Faut arrêter de se la jouer fan élitiste qui attend un chef d'oeuvre sinon rien.
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