- Bonjour les jeunes. Quelques réponses sur des points de détail. Non pas qu'il s'agisse sinon de chercher à vous "reprogrammer" ou de forcer qui que ce soit à aimer ce qu'il n'aime pas. Mais juste pour expliquer ma démarche.
- Je ne sais plus qui a la "nostalgie" d'une période où j'aurai écrit l'intégralité du mag mais... je n'ai jamais écrit l'intégralité du mag et je n'ai donc pas la sensation d'avoir levé le pied. Il n'y a donc pas de raison de pleurer une époque qui n'a jamais existé. En tout cas en matière de quantité ou de présence physique. Après voilà, on aime plus ou moins les sujets ou les approches.
- Pour ce qui est de la BD, elle a été largement conspuée ces dernières années, au point que c'était devenu la rengaine qu'on ne passait que de la merde (malgré Chris Samnee ou d'autres). Et devant la pression du courrier, devant le fait que personne (ou presque) ne se manifestait "pour", le jeu n'en valait plus la chandelle (car cela prend BEAUCOUP de temps de chercher du matériel et valider la dispo de l'épisode, du temps que je préfère que nous passions à écrire). D'ailleurs à vue de nez je crois que depuis la suppression de la BD, on a dû recevoir deux lettres par numéro la regrettant. Et c'est cela qui fait foi, le seul repère équitable c'est le courrier (l'avis de quelqu'un assez motivé pour m'envoyer son avis vaut "plus"). Le fait d'attendre que la BD disparaisse pour la trouver bien, ok, c'est sympathique, mais je ne peux guère y voir qu'un réflexe anti-changement ("c'était mieux avant"). Reprenez votre thread en arrière et vous verrez que vos propres écrits étaient plutôt "la BD sert à rien". Maintenant si vous la voulez vraiment la seule manière possible est de vous manifester via le courrier des lecteurs. C'est clair que si demain il était évident que la majorité était pour le retour de la BD, cela nous donnerait à réfléchir. Mais dans l'état des choses...
- Sur la définition de "généraliste" (ou plutôt le sous-entendu qui voudrait qu'aborder aussi le ciné et les produits dérivés soit trahir les comics en eux-mêmes), je ne pense pas que ce soit le cas. Ou bien alors il faudrait dire que Buzz (ou d'autres choses), qui balance aussi les liens des bandes-annonces, parle aussi des produits dérivés, a abandonné les comics et est devenu un forum "généraliste", "grand public". Je ne pense pas que c'est le cas et cela ne l'est pas pour nous. Que ce soient les sorties ciné, les crossovers ou je ne sais quoi, ce que je cherche c'est ce que l’on pourrait qualifier de "prétexte" ou, de manière un peu moins péjorative "le moment où les gens vont se poser des questions sur ce truc". Je crois que c'est apparent avec un article comme Days of Future Past, qui prend *prétexte* de la sortie du film pour expliquer l'importance du matériel d'origine (le comic-book). De la même manière dans le numéro précédent, sur Winter Soldier, à travers le film, il s'agissait bien de parler des racines du comic-book et de certains épisodes spécifiques. Donc regarder le sommaire annoncer et dire "ah mais ils parlent des films", sous cet angle, c'est une certaine erreur. Au rendez-vous des films, on parle du matériel d'origine et éventuellement des interactions avec les dérivés. Perso (mais je peux me gourrer), je ne pense pas que les films créent tant de nouveaux lecteurs que cela. Et si c'est le cas éventuellement encore faut-il qu'ils aient la présence d'esprit d'aller chercher dans le bon rayon (ce qui dans plein de kiosques tient déjà de l'exploit). Par contre, je pense que les films servent de rendez-vous pour des lecteurs occasionnels ou des "born again" (d'anciens lecteurs de Strange qui s'y remettent). Très franchement quand il n'y a pas de films il y a quand même un CB qui sort, et inversement même quand il y a un film, cela n'empêche pas de parler d'un Flash ou des Micronauts. Quand il y a un film, on voit plein de médias généralistes sortir des HS pas toujours inspirés. Je pense qu'en parlant Comics tout au long de l'année, on peut être au rendez-vous surtout si c'est pour être pédagogique. Maintenant libre à chacun d'aimer ou pas tel ou tel article mais sur "l'intention" de départ que l’on pourrait nous prêter, voilà ce qu'elle est. Les choses sont interdépendantes. Ne parler "que" des Micronauts ou de Brother Voodoo, Woodgod ou Werewolf by Night ou même Superior Foes provoquerait la disparition de la revue en à peine deux numéros. Ne parler QUE de Spider-Man serait d'un opportunisme débridé (je pense que c'est plus à cela que certains d'entre vous veulent faire allusion en parlant de "généraliste"). Mais la sortie d'Amazing 2 m'aide à mettre Superior en avant. Ce que ne fera pas (je pense) un magazine généraliste. Parler à l'occasion des films c'est aussi être là pour dire que, putain, non, le créateur de Spider-Man c'est pas Sam Raimi (j'ai entendu qq chose de cet ordre sur je ne sais plus quelle chaine cette semaine) et qu'il y a des choses à la base : les comics.
- Pour répondre à la question que... Doop je crois... a posé. Les articles les plus abordables sont logiquement posés au début du magazine parce qu'il apparaît logique d'y aller crescendo dans la progression du sommaire. Un lecteur convaincu de comics est plus motivé. Il lira à peu près tout (sauf détestation d'un perso ou d'un auteur, d'un jeu Lego), du début à la fin. Un "pratiquant occasionnel" va jeter un coup d’œil aux premières pages et regarder si ce n’est pas trop pointu pour lui. Si j'ai collé Amazing Spider-Man au fin fond du mag et que je lui refile Ray Cummings ou les Micronauts (une série dont l'heure de gloire remonte plus de 30 ans en arrière) "à sec", en page 4, notre ami va reposer le truc en disant "je n'y comprends rien". Il vaut mieux (à mon sens) procéder via une accélération. Mettre des sujets *abordables* (je ne pense pas pour autant que les sujets sur Superior ou sur Winter Soldier la fois d'avant étaient *vides*, *abordables* ne veut pas dire "bétifiant"). Disons que si aujourd'hui j'avais un sujet Watchmen et un autre sur la continuité de (mettons) Congorilla, il serait plus digeste de garder Congorilla pour une partie plus "hardcore" du magazine. Pour prendre une image, c'est comme faire des échauffements avant le sprint. Si l’on balance le sprint dans les premières pages et l'échauffement vers la fin, y a comme un problème de rythme. Mais cela qu'importe la formule, cela a toujours été vrai. Je ne ferais jamais une couverture Squirrel Girl par Joe Staton (ou alors c'est la fin, on coule, c'est le dernier numéro). Par contre une couverture Avengers avec un dossier Squirrel Girl et un article sur Joe Staton quelque part dedans, c'est plus pédagogique.
Sinon Wildcard, quelques réponses à tes propos, non pas que j'ai quelque chose contre toi mais tu fais référence à des points plus particuliers et cela nécessite que je te cite, pour être plus clair :
wildcard: J'ai été très déçu à la fois par le choix de l'artiste, car pour moi Paul Renaud n'a pas encore une œuvre qui mérite un article
Je comprends que le choix t'ait déplu si l'artiste de base te déplaisait. Logique. Maintenant, loin de moi l'idée de forcer à aimer le travail de Paul Renaud mais si demain tu deviens végétarien, la Terre entière ne deviendra pas pour autant végétarienne. Et en clair je ne produis pas le mag pour une seule personne. La liste des artistes traités par Bernard Dato ne peut se limiter aux seuls goûts de wildcard (tout comme sur un numéro donné tel scénariste ou tel reportage ne te parle pas). Plus précisément dans l'intention, je pense que tu fais une erreur d'interprétation qui est qu'un article-type de Bernard n'est pas une biographie (en un sens, c'est plus le registre des Who is Who que j'écris) mais une analyse de style. Et un style peut s'exprimer sur un échantillon qui n'a rien à voir avec la quantité. Je vois (ou en tout cas je pense voir ce que tu veux dire). Paul Renaud a fait "peu" d'interior art par rapport à un... Byrne ou Romita JR. Mais il n'en reste pas moins qu'il en a produit, sur des années (ce n'est pas un newbie depuis longtemps) et il produit beaucoup de dessins (interior et exterior), cela le rend donc analysable. Je vais te prendre un exemple. Admettons que l’on soit dans les années 80. Art Adams démarre, devient hyper populaire en l'espace de quelques épisodes de Longshot avec un style très particulier. Ben, ce gars justifie une analyse de style, même s'il n'a pas 85 ans et n'a pas dessiné Green Lantern pendant 20 ans. Très franchement Bermejo n'est pas non plus d'une productivité stupéfiante (en matière de quantité, hein) et c'est aussi quelqu'un fait régulièrement du cover art. Maintenant, je ne crois pas que Bernard écrive plus ou moins bien selon que l'artiste te plaise ou pas (par contre ça explique bien sûr que l’article te branches plus ou moins, c’est évident). Et je pense aussi qu'avoir un débat avec quelqu'un qui n'est pas du même avis peut avoir un intérêt si l'autre a des arguments. Donc dans l'absolu lire un article qui argumente sur un artiste que l’on apprécie pas devrait avoir un degré d'intérêt, au pire pour conforter le comment du pourquoi on n'aime pas. Disons que je pense que mieux vaut un article sur un sujet qu'on apprécie pas, écrit par quelqu'un qu'on apprécie, qu'un sujet qu'on apprécie écrit par quelqu'un qu'on apprécie pas. Ce qui m'amène à certains aspects de tes remarques sur Lise.
"j'ai l'impression de lire une fan mais qui ne connaît pas grand-chose aux scripts ou aux planches"
Oui mais non. Là aussi, tu aimes ou pas le travail de quelqu'un, ce n’est pas moi qui vais te le faire rentrer de force dans la gorge. Donc, pas de soucis, tu n'aimes pas le travail de quelqu'un. OK. Cela ne me braque pas. Maintenant, ton "impression" ne tient pas en face des faits. C'est un peu "facile" de dire, quand on apprécie pas l'approche de quelqu'un, qu'il n'y connaît rien. En admettant que Lise ait découvert les comics la semaine avant le lancement de la revue (et ce n'est bien sûr pas le cas), elle aurait à ce jour un minimum de 16 ans de rencontres en live avec des artistes, des auteurs et de leurs pratiques. Donc, je peux tout à fait entendre que tu voudrais plus de "vie pratique" du créateur (je ne pense pas pour autant que le point ne soit jamais abordé, elle en parlait encore avec Isanove dans le dernier numéro). Mais le côté "je n'ai pas le même avis donc la personne en face n'y connaît rien" n'est pas réaliste. Pas plus tard que cette semaine quelqu'un tentait de m'expliquer qu'il avait perçu que je m'étais mis aux comics il y a sept ans (je me demande bien comment j’aurais tenu les 9 premières années de CB, sans parler de mes écrits antérieurs) et cela me fait précisément penser à ça. On peut être d'accord ou pas avec quelqu'un mais projeter par a priori un "manque de connaissances" me paraît une impasse. Sur le fond : Tous les artistes ne sont pas forcément chauds pour parler de leur quotidien (certains préfèrent ne parler plutôt que du projet). Il y a des gens qui produisent sans se poser de questions, sans avoir de recul sur eux-mêmes. C'est un peu comme pour le vélo, si tu leur demandes comment ils font du vélo, une partie des gens tombe en rade. Après est-ce que l’on pose la question à TOUS les gens ? Non, parce qu'on ne peut pas se contenter d'un questionnaire type et d'une trame qui reviendrait d'une itw à une autre. Ce serait prévisible et de toute façon pas possible.
Mais elle a toujours fait de mauvaises interviews ! Je me rappelle d'une fois où elle se faisait charrier par Dan Slott sans avoir l'air de s'en rendre compte.
Hum. Non. Tu te souviens d'une fois où tu as *interprété* cela dans ce sens parce que tu es dans une perception très particulière, un a priori qui te fait anticiper les choses de façon sélective (il y a un exemple plus parlant un peu plus loin). Lise s'entend très bien avec Slott et lui est très porté sur l'humour. Tu vas donc trouver plein de blagues dans ses phrases (dans CB ou ailleurs d'ailleurs) sans que cela dénote d'une volonté de se foutre de la gueule de l'interlocuteur. Slott charrie la plupart du temps, et par "charrier" j'entends une certaine forme d'humour complice, pas "je me fous de mon prochain".
Ou d'une autre où elle avait ajouté dans la légende d'un dessin que Bendis avait bien utilisé le terme Captain Marvel pour Noh-Varr dans Dark Avengers alors qu'il disait ne pas s'en souvenir (c'est même pas parce que c'est Bendis que je dis ça, c'est juste que si elle voulait lui indiquer un oubli, pourquoi ne pas l'avoir fait dans son itw ?).
Non (mais cela tu ne peux pas le savoir). Cette image, c'est moi qui l'ai rajouté (étant rédacteur, je décide d'une bonne partie de l'icono) parce que c'était la preuve par l'image du contraire. De mémoire Bendis s'en tenait à une affirmation contraire. Donc, on peut lui poser 15 fois la même question mais dans ce cas-là Wildcard reviendrait nous dire "non mais elle n’avait pas compris la première fois ?".
Je n'ai quasiment jamais rien appris sur le travail, les méthodes, des scénaristes ou dessinateurs dans ses itw, ou quand cela a été le cas, c'est quand les interviewés prenaient l'initiative de détailler eux-mêmes ces points (comme quand Immonen avait détaillé tout le matos qu'il utilisait pour dessiner).
C'est doublement faux. D'abord parce que l'interview d'Immonen (Comic Box #74) n'est pas de Lise mais de moi (cela faisait des lustres que je lui proposais, quand il a dit oui, je l'ai fait sur-le-champ). Ensuite, justement parce qu'elle est de moi, je me souviens très bien que je lui posais les questions sur cet aspect. D'où ses réponses. D'ailleurs je n'avais pas la référence de mémoire et en la cherchant en amont sur cette thread pour la retrouver je tombe sur ça:
http://www.buzzcomics.net/showpost.p...postcount=1945 "
content parce que c'est une vraie itw (je craignais que ce ne soit que deux pauvres pages avec des questions bateau, mais non", signé...
Wildcard. Je pense donc que tu n'aimes pas les itw de Lise (c'est ton droit, comme pour Paul Renaud) mais que ton empressement te donne une mémoire sélective, en clair te "braque". Comme dans le cas présent ou l’on passe d'un Wildcard qui a aimé cette itw en 2011 pour... ses questions. Et déteste ces mêmes questions en 2014 parce qu'il ne se souvient plus de qui les a posé. Après voilà, l'erreur est humaine et je ne suis pas en train de te dire qu'il faudrait savoir sur le bout des doigts qui a écrit quoi. Mais ta perception d'aujourd'hui, fondée sur un a priori, tend à te faire oublier ton avis premier. Une interview c'est une matière vivante. J'ai l'habitude de dire qu'il faut être trois (et pas forcément dans un ordre particulier): l'interviewé, l'intervieweur et... le lecteur. Et cela m'est arrivé plein de fois d'avoir un retour totalement différent selon les lecteurs pour une interview donnée, avec des gens qui te disent "bravo, il se livre et il est très sympa" et d'autres qui te disent "bravo, vous avez bien montré quel con imbus de sa personne c'est" (typiquement JMS, Millar, Liefeld ou McFarlane polarisent ce genre de réactions extrèmes). Alors que l’on parle d'un texte noir sur blanc. Alors d'une certaine manière une itw ne devrait pas laisser la place au doute et on peut partir du principe que l'intervieweur et l'interviewé n'ont pas été clairs. Mais l'expérience prouve aussi qu'il y a un a priori qui joue. Pour prendre un exemple qui te touche, à phrases égales, je ne pense pas que tu retirerais "forcément" (mais je ne suis pas non plus en train de te dire que tu foncerais dans le panneau) la même chose d'une phrase selon que ce soit Immonen ou Paul Renaud qui la prononce. D’ailleurs l’ironie est que si Bernard Dato a un peu changé de formule sur son article sur Paul Renaud, c’est qu’il a pu le rencontrer quelques fois et qu’il a donc intégré… ses remarques sur son travail, ce qui irait dans le sens de ce que tu voudrais… si ce n’était pas Paul Renaud (no offense, une fois encore, mais l’exemple a l’avantage d’être parlant). Je pense qu’il faut voir tout ça avec un certain recul. Suis pas en train de te dire "putain tu vas les aimer ces interviews" mais je pense qu'il faut relativiser sur les intentions que tu peux être tenté d'y voir.
Cordialement,