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Vieux 27/11/2012, 18h39
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Hawkguy
 
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#262 : I found me in a gloomy mood, a stray...
(Inferno tie-in)
(Janvier 1989)


Pour la deuxième fois, après le #252, la série est impactée par un crossover, et cela durant trois épisodes consécutifs : il s'agit d'associer Daredevil à la saga Inferno, écrite par Chris Claremont et Louise Simonson. Cette histoire concerne les #33 à 40 et l'Annual #4 de X-Factor, les #239 à 243 de Uncanny X-men, les #71 à 73 de New Mutants, les #1 à 4 de la mini-série X-Terminators.

En voici un rapide résumé :


Citation:
Les démons des Limbes ont décidé de se venger d'Illyana Rasputin/magik (la soeur de Colossus, membre des New Mutants) en envahissant le monde, et plus particulièrement New York (Hell's Kitchen n'est donc pas épargné).
Pour cela, ils se sont alliés avec plusieurs humains, comme Cameron Hodge, traître infiltrée au sein de X-Factor, dont l'affrontement avec Angel va ouvrir les hostilités. Leur autre complice est Madelyne Pryor, épouse de Scott Summers, qui l'a quittée après le retour de Jean Grey.
Les démons sont incapables au début de se manifester physiqyement dans notre dimension, mais peuvent par contre posséder des objets. Des ascenseurs, métros, voitures, etc, s'animent progressivement et sément le chaos, châtiant les pécheurs pour commencer puis attaquant tout le monde ensuite. Le monde devient donc complètement fou...

C'est dans cet environnement hostile que Karen Page, Butch et Darla (les deux ados skateurs), et leur escorte, la Veuve Noire, tentent de se déplacer dans New York. Parallèlement, Mary est sur le point de se suicider en se jetant du pont où Typhoïd a jeté Daredevil - le même Daredevil qui, entre la vie et la mort, est rappelé à l'ordre par la vision de son mentor Stick, lui commandant de se rétablir...

Ann Nocenti accomplit encore et toujours un remarquable travail même quand elle doit composer avec le crossover Inferno : mieux même, ce défi semble la galvaniser et elle se lâche dans des séquences incroyables.

La traversée de Karen, la Veuve Noire et de Butch et Darla, décrit de manière concrète la folie démoniaque qui se déchaîne sur New York, une ville qui se dérègle complètement, où les gargouilles manquent d'écraser les passants comme si elles s'animaient, où des actions aussi banales que prendre le métro ou monter dans un ascenseur devenaient des pièges mortels.
En s'attachant à des faits ordinaires comme ceux-ci, la scénariste évoque avec force la dégénérescence de l'environnement urbain, mais aussi en général - et de fait creuse un thème présent depuis le #250 avec la peur du nucléaire, les préoccupations écologiques. Il est clair que cette apocalypse fantastique est le véhicule de messages politiques que Nocenti traite depuis un bout de temps.

L'autre temps fort de ce #262 est la séquence où Daredevil entre la vie et la mort, gisant depuis des jours dans les herbes folles sous le pont d'où l'a jeté Typhoïd, est sur le point de se laisser mourir avant que la vision de son senseï Stick ne le hante et ne le tance vertement pour qu'il se resaisisse, guérisse... Alors même qu'un aspirateur possédé par les forces démoniaques ne tente de l'étrangler ! L'aspect surréaliste de cette scène, qui s'étire sur plusieurs pages, est elle-aussi un tour de force, testant aussi bien le héros que le lecteur dans une suite d'images hallucinées.

Et pour ce qui est d'images hallucinées, John Romita Jr et Al Williamson se lâchent complètement justement pour être à la hauteur de l'ambiance du script. La séquence précitée permet aux deux artistes de produire des planches flirtant avec l'abstrait, avec une colorisation vive de jaunes éclatants, avec juste quelques traits acérés, agressifs, en traduisant parfaitement l'enjeu. Daredevil est sûr le point de céder, puis est rappelé à l'ordre par Stick, puis se reprend mais doit combattre cet aspirateur fou.

On vibre vraiment pour le héros, on frissonne, et ces sensations sont jubilatoires dans le format corseté des comics super-héroïques où le personnage principal, on en est convaincu, va toujours s'en sortir... Sauf que là, on savoure le doute qu'engendre ces moments. DD a-t-il encore les ressources mentales, physiques pour surmonter cela ? Et la dernière case de la dernière page, où Typhoïd Mary comprend que DD n'est pas mort (pas encore) nous laisse pantelant, encore angoissé.

Quel régal, sadique certes, mais plein de promesses pour la suite ! La fin de l'arc arrive et le suspense est entier.



#263 : In bitterness not far from death
(Inferno tie-in)
(Février 1989)


Mary (ou Typhoïd, toujours en embuscade) a finalement conduit Daredevil à l'hôpital. Karen Page le veille mais découvre alors qu'il l'a trompé. Tout s'écroule pour elle, comme New York qui est envahi par les démons. Le Caïd est aussi confronté à ces créatures des lîmbes, tout aussi désorienté - à cause de Typhoïd qui l'a manipulé, de Daredevil qu'elle a choisi de sauver, de la situation toute entière qui le dépasse.


Pour clore sa saga (même si elle va encore prendre le temps de boucler la boucle en s'attardant sur ses conséquences), Ann Nocenti biaise très habilement, au risque d'ailleurs de frustrer ceux qui pouvaient attendre un dénouement plus classique, avec un énième combat entre le héros et la méchante.

C'est qu'il s'agit moins en vérité de proclamer un vainqueur que de confirmer la brisure du héros, et comme en écho la fin d'un cycle qui impacte son ennemi, acharné à sa perte (celle de Daredevil comme la sienne propre) et ce motif - selon lequel le Caïd et DD ne peuvent gagner l'un contre l'autre sans chuter au même moment - s'inscrit à la fois dans la thématique "Miller-ienne" et se retrouvera chez Bendis puis Brubaker.

Brisé, Daredevil l'est effectivement, sans aucun doute, physiquement cassé, recouvert de bandages pour le signifier, mais aussi mentalement, affectivement (en prononçant le prénom de Mary devant Karen, sans savoir qu'elle l'entend, il détruit leur couple), psychologiquement (son affrontement avec le dragon dans les profondeurs du métro pose la question : est-ce un délire ? Rêve-t-il toute cette séquence depuis son lit d'hôpital ?
Le fait que Butch le retrouve à la fin semble indiquer que non, mais entre le fait qu'il ait quitté l'hôpital et celui qu'il est allongé dans la rue, subsiste un doute sur ce qui s'est produit entre ces deux moments).

Typhoïd comme Mary se volatilisent de manière presqu'aussi irrélle dans cet épisode : la première est vue trinquant avec un démon puis défiant une dernière fois le Caïd, la seconde ne fait qu'apparâitre au début quand elle révèle à Karen que Matt l'a trompée avec elle. Cette créature quitte la scène de manière aussi étrange qu'elle y est montée (souvenez-vous du #254 et de cette splash-page où elle surgissait de nulle part).

Pas de duel final donc entre DD et TM, de réglement de comptes classiques : Ann Nocenti détourne les codes du genre pour proposer une issue plus étrange, trouble, troublante, où le héros ne gagne même pas. Epatant !


Graphiquement, John Romita Jr mais surtout Al Williamson, dont l'encrage est prodigieux ici, sont déchaînés.
Comme dans l'épisode précédent, le coeur de ce chapitre constitue un morceau de bravoure quasi-expérimental, quand il montre DD descendant métaphoriquement dans les entrailles du métro/de l'enfer, et se battre contre le dragon dans une débauche pyrotechnique, où on finit par ne plus savoir où on est, ce qui se passe vraiment, avec un tel déséquilibre entre le justicier éclopé et la créature monstrueuse, gigantesque, informe qui dévore des humains comme des grappes de raisin.

Plus de vingt après, ces images, leur enchaînement, ont conservé toute leur énergie baroque, totalement délirante pour un comic-book mainstream.

Dernière modification par wildcard ; 27/11/2012 à 18h45.
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