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Vieux 22/03/2012, 11h35
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Nom : Green Lantern Volume 3 #48-50 : Emerald Twilight.

Auteurs : Ron Marz (scénariste), Bill Willingham (dessinateur #48), Fred Haynes (dessinateur #49), Darryl Banks (dessinateur #50), Romeo Tanghal (encreur #48-50), Robert Campanella (encreur #48), Dennis Cramer (encreur #49), Albert DeGuzman (lettreur), Steve Mattsson (coloriste).

Maison d'édition : DC Comics.

Année de publication : 1994.

Personnages principaux : Hal Jordan, Gardiens de l'Univers, Ganthet, Arisia, Boodikka, Graf Toren, Hanu, Tomar-Tu, Jack T. Chance, Ke'Haan, Kreon, Laira, Sinestro.

Résumé général : Dans Green Lantern V3 #46, le super-vilain extraterrestre Mongul fait alliance avec Cyborg Superman, se faisant passer pour le véritable Kal-El, mort à l'époque. Ils utilisent plusieurs bombes pour détruire Coast City, ville fictive dans laquelle Hal Jordan, Green Lantern, vit depuis toujours. Ils espèrent utiliser la zone pour installer des machines destinées à transformer la Terre en monde automatisé et terrifiant.
Hal Jordan vaincra seul Mongul en combat et assistera au retour du vrai Superman lors de son triomphe contre Cyborg Superman. Emerald Twilight conte comment Hal Jordan, fou de douleur, essayera de recréer avec le pouvoir de son anneau la ville et ses habitants, mais échouera par manque de puissance. Après un refus de ses supérieurs, les Gardiens de l'Univers, de lui donner plus de pouvoir, Hal Jordan filera vers leur base, Oa, pour voler toute leur puissance et massacrera, en chemin, ses plus proches confrères Green Lantern avant d'assassiner Sinestro, l'ultime rempart dressé sur sa route par ses anciens maîtres.
Emerald Twilight est l'histoire qui fit passer Hal Jordan du statut de héros au meurtrier des plus grands membres et du concept du Green Lantern Corps. Emerald Twilight est la naissance de Parallax, la nouvelle identité d'un Hal Jordan fou et despotique.

Mon avis : Les années 2000, chez DC Comics, a été utilisée pour défaire tout ce que les années 1990 avaient changé. Wally West, auparavant Kid Flash, avait remplacé à la fin de la décennie précédente son oncle dans le costume de Flash. Superman était mort en 1992 pour revenir fin 1993. En 1993 également, Batman était vaincu par Bane et avait la colonne vertébrale brisée : il était remplacé d'abord par un justicier violent et instable, Azrael, avant de confier temporairement le manteau à Dick Grayson, le premier Robin. En 1994, déjà, Connor Hawke, fils de Green Arrow, remplaçait son père récemment décédé en héros après quelques années d'errance. Et Hal Jordan devenait, la même année, fou de douleur en incarnant Parallax après avoir détruit le Green Lantern Corps, ne laissant vivant qu'un seul Gardien de l'Univers : Ganthet, qui donnerait le dernier anneau au nouveau Green Lantern, Kyle Rayner.



En 2000, Kevin Smith ramenait le premier Green Arrow à la vie. En 2008, Final Crisis et Flash Rebirth redonnaient le costume de Flash à Barry Allen, l'oncle de Wally West. Et en 2004, Geoff Johns relançait Hal Jordan dans Green Lantern Rebirth en le dédouanant des crimes de Emerald Twilight en accusant Sinestro et une entité maléfique présente dans son corps et l'ayant poussé à agir ainsi.

Après avoir lu depuis huit ans les nouvelles aventures de Hal Jordan, j'étais curieux de découvrir l'origine des sagas imaginées depuis par le scénariste Geoff Johns. Emerald Twilight, donc, qui incarne la "fracture" entre la franchise Green Lantern d'avant, faite du Green Lantern Corps, de multiples Lanterns, de Hal Jordan, et la franchise d'après, centrée uniquement sur Kyle Rayner, avec un ton plus moderne et un héros beaucoup plus jeune et inexpérimenté - bien différent de Hal Jordan.



Globalement, Emerald Twilight est une réussite : récit nerveux, rapide, violent, justifié et crédible, il montre clairement la chute d'un héros, d'un homme après un choc trop violent pour lui. Si la décision de s'en prendre à Oa est rapide, elle est plausible du fait des besoins de Jordan à ce moment-là.
En réalité, Emerald Twilight est une bonne histoire en trois parties qui débutait parfaitement et finit de façon juste moyenne. Dommage que la qualité du premier épisode ne soit pas égalée par la suite.

En effet, le numéro #48 est de loin le plus fin, le plus intelligent et le mieux dessiné. En réalisant un épisode centré sur un Hal Jordan devenu fou de douleur, utilisant son anneau pour recréer Coast City et ses habitants, Ron Marz saisit parfaitement l'idée même que je me fais du personnage et utilise très bien le drame pour justifier sa descente aux enfers. En opposant Jordan à son père, à sa mère, à sa première petite-amie et à nouveau à son père, le scénariste joue idéalement avec le lecteur, les émotions et le personnage.



Là où Ron Marz est intelligent, c'est qu'il fait adopter un discours différent aux multiples "apparitions", toutes issues de l'esprit désormais dérangé d'Hal Jordan. Si le premier dialogue avec son père est rude, âpre et rappelle à Hal son échec récent vis-à-vis de Coast City, et créé une barrière entre les deux êtres, les interventions de sa mère et de sa première petite-amie sont plus positives.
Elles lui font ainsi découvrir qu'il pourrait vivre avec ce chagrin, qu'il est meilleur que ce que son père pouvait penser de lui et que, finalement, il pourrait dépasser cet échec et ce drame avec de la patience. L'ultime dialogue avec son père, troublant encore, confirme d'ailleurs cette impression. Le modèle, le héros de Hal est d'ailleurs sur le point de lui dire qu'il est fier de lui, ce que Jordan a toujours attendu, quand son anneau se décharge et que tout disparaît - révélant alors une projection des Gardiens qui l'informe qu'il n'aura pas ce surplus de puissance dont il a besoin pour rendre les illusions permanentes. D'où sa colère.

Marz montre un Jordan schizophrène, qui se parle à lui-même en s'accusant d'abord, puis en s'offrant des voies pour vivre, pour continuer, pour se pardonner et faire la paix avec son passé et son idole. S'il avait eu à peine plus de puissance, l'illusion de son père aurait pu lui dire qu'il était fier de lui et Hal aurait pu encaisser, accepter et faire son travail de deuil.
Malheureusement, l'anneau craque et les Gardiens interviennent au pire moment pour briser encore plus Hal Jordan. Schizophrène, rongé par la culpabilité, la douleur et la honte, le héros craque et décide de prendre ce qu'il pense lui revenir de droit.



Numéro dense tant émotionnellement que narrativement, cet épisode est la clef de voûte de tout Emerald Twilight et est sublime. Magnifiquement illustré par Bill Willingham (futur scénariste de Fables !), il offre un point de vue magnifique sur cette chute d'un héros qui, finalement, n'était qu'un homme demandant juste à être aimé et apprécié par son idole. Classique, mais terriblement efficace.

Malheureusement, la suite ne sera pas du même niveau : même si Marz livre des numéros intéressants, ceux-ci restent des affrontements violents entre Hal Jordan et les membres du Green Lantern Corps (qui seront retrouvés vivants bien plus tard). Le #49 est ainsi un épisode de pure action, qui fait monter une bonne tension mais demeure assez limité dans sa mission de prouver que Jordan est définitivement tombé du mauvais côté.
Le #50, plus long, est plus poussé avec l'apparition ultime de Sinestro, les vagues débats entre lui et Hal et son assassinat final par le "héros", en pleine connaissance de cause. Hal Jordan apparaît clairement comme un homme usé, détruit, vieilli (ses tempes grises, apparues dans le #1 de ce volume 3, étaient déjà un indice), vaincu même par la vie et les Gardiens. Ses ultimes gestes sont accomplis par dépît et lassitude, sachant bien qu'il a tout perdu mais ne pouvant plus reculer. L'assassinat de Kilowog est la claire illustration de ce principe : Hal comprend et sait ce qu'il fait et les conséquences, mais il ne peut plus et ne veut plus retourner en arrière. C'est terminé, tout simplement.



Evidemment, la suite arrive déjà avec l'apparition en fin de numéro de Kyle Rayner, le futur nouveau Green Lantern, maintenant que Hal Jordan est Parallax. Numéro important par la fin d'une époque et le début d'une nouvelle, le #50 est bien réalisé et comprend les moments épiques nécessaires, même s'il n'a pas la puissance du #48.
Les deux derniers épisodes sont illustrés par des artistes que je ne connais pas mais qui maintiennent un bon niveau et une unité graphique. Ce n'est pas la maëstria de Willingham, mais ça rend bien et les combats sont lisibles (un peu moins sur le #49).

Finalement, Emerald Twilight, dont quasiment rien n'est "resté" suite aux changements dans la continuité et aux aménagements pour dédouaner Hal Jordan, est au moins une bonne histoire, bien fichue et qui contient un des plus beaux numéros d'analyse que je connaisse. Marz a réalisé une pépite avec cet épisode, dont les passages les plus marquants me restent encore en mémoire. En une vingtaine de pages, il justifie totalement le basculement d'un héros sans reproche - qu'on peut comprendre.



Emerald Twilight, récit court mais intense, vaut donc pour la pièce d'Histoire qu'il est mais surtout pour son histoire bien fichue et quelques instants magnifiques. Et ça vaut donc déjà la lecture pour les curieux et amateurs de Green Lantern.
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