Allez je me remet au taff moi!
Hellblazer #207 - 215 parus dans le TPB The Gift par Mike Carey & Leonardo Manco, Frazer Irving
Demon plot : John part pour l'Enfer tenté de sauver l'âme de sa soeur... mais c'est une véritable histoire de famille qui l'attends!
Après un arc moyen voici la suite des aventures de John, Rosacarnis et leurs charmants bambins. L’histoire s’enchaine directement pour un opus bien meilleur que le précédent.
Une virée en Enfer donc, ça vous dit ? C’est parti donc, les ¾ du TPB narrant le passage de John et de son « allié » pour l’occasion au sein du monde de Satan & Co bien connu de Carey. L’exercice n’était pas évident, dépeindre quelque chose d’aussi abstrait que l’Enfer, la terreur, la souffrance, sans tomber dans le sempiternel piège du soufre, du rouge, des diables avec des fourches tout ça… mais Carey s’en sort plutôt bien.
Il y a des explications, des repères, des points de compréhension dans ce voyage qui sont suffisants pour donner un cadre sans être trop précis ou trop concret pour le transformer en simple balade au parc du coin. Entendez par là que le cadre ésotérique est bien en place, on sent que c’est puissant, que c’est risqué, que cela dépasse l’entendement humain. Sur ce point là, l’ambiance y est, c’est bien amené et tout du long, on sent cette oppression, cette horreur, cette obscénité,… on est pas chez nous mec, et les mecs d’ici sont pas des rigolos !
Voilà pour la forme, pour le fond, c’est du bon Carey, riche, très riche mais bien équilibré, bien encadré. Il y a ce voyage, mais aussi une histoire de famille démoniaque, la nièce et l’amante de John en surface… les personnages, les faits jusqu’aux arcs précédents, depuis l’apparition de Rosacarnis, prennent une dimension et une profondeur nouvelle avec ce volume. Carey va même beaucoup plus loin puisque l’affaire entre Constantine et Nergal remonte aux premiers numéros de la série je crois !
Le tout est donc bien équilibré, maître mot de cet arc. Le voyage avance lentement, un moyen sans doute de mettre en valeur le danger, la pression, la peur mais avant que le lecteur ne se lasse, Carey alterne avec ces histoires du passés, plus intéressantes et plus vivantes, puis avec Angie et Gemma,… toujours cette ambiance glauque et sombre tout du long qui plonge le lecteur dans un malaise constant assez délicieux !
La fin, sans être peut être au niveau, reste honnête, avec un Satan intéressant et surtout un drame qui vient clôturer puissamment l’arc, nous permettant de rester dans du bon.
Quelques points moins bons certes notamment en ce qui concerne la « progéniture » de Constantine qui se trouve au final bien mal utilisé, un chouette concept, une vraie bonne idée qui était déjà mal mise en image à l’opus précédent et qui continue ici. Du coup, quand même un petit sentiment de manque devant ses personnages trop passifs, dans le décor et la sensation d’être passé a coté d’un arc réellement excellent si tous les protagonistes avaient joué leur rôle. Curieux car Carey en général gère pas trop mal sa galerie de personnages et là, on a l’impression qu’il ne savait pas trop quoi en faire. La fille a certes un petit rôle mais en plus a contre courant de l’ambiance générale, bref curieux…
A mon sens aussi un petit manque de subtilité ça et là, exercice certes difficile de rendre à l’image le coté pervers et manipulateur des démons. Si l’aspect glauque, violent et sombre et moins difficile, ce fameux coté pervers est quand même plus jouissif et si Satan s’en taille une belle part, pour le reste cela manque un peu alors que l’histoire s’y prêtait. On reste un peu sur sa faim si on aime le machiavélisme de l’Enfer que pourtant Carey connaît bien après Lucifer.
Pour finir, deux numéros interessants sur les conséquences de l’arc précédent. Bien foutu, assez fort en émotion sans en faire trop, du simple et efficace, la vie de John change (ou du moins semble), une page se tourne, perso je n’avais pas lu de tel changement dans la vie de John, de tels moments depuis sa séparation avec Kit. Même si cette dernière était clairement un ton au dessus, cela reste appréciable de voir le perso évoluer.. enfin (même si on est pas dupe, ça devrait assez vite rentrer dans l’ordre)
Leonardo Manco est un réel plus ici encore ! son style colle parfaitement au ton, glauque, sombre, sale, dark, ça pue, ça écorche, ça pique, c’est rugueux et ça pue encore plus ! Lee Loughridge se défonce à la colo pour nous livrer une leçon de palette noire et rouge, passant pas tous les tons qui existent entre. Un vrai régal ! Frazer Irving pour la fin de l’arc avec un style assez semblable, moins détaille, moins puissant quand même dans ses cases mais tout à fait honnête.