Le multiverse DC pour les nuls
 

Je ne sais pas pourquoi mais le multiverse DC a mauvaise réputation. Trop compliqué il parait. Alors que Final crisis arrive dans sur les étals il est temps de clarifier la situation. En fait pour s’y retrouver il suffit simplement de connaître l’histoire du medium comic book.


Avec le succès de Superman dès son apparition en 1938 le genre super-heros a commencé à faire des émules. L’age d’or des comics a vu apparaître des myriades d’héros, de Shazam à Green lantern les personnages hauts en couleurs se multipliaient. Cependant cet age a été stoppé dans son élan lors des années noires du Maccarthisme. Durant cette période de chasse aux sorcières, tous les medias étaient montrés du doigt, les droits civiques en danger et la bande dessinée, tout juste reconnue comme une industrie a fait les frais de l’obscurantisme. Chef de file du mouvement anti-comics, Fredric Wertham a frappé fort en défendant les thèses de son Seduction of the innocent devant le sénat américain. Les éditeurs ont été forcés au pire de mettre la clef sous la porte, au mieux de réduire leur catalogue. Ainsi pendant cette époque seuls la trinité (Superman, Batman & Wonder woman) et quelques rescapés comme Aquaman et Green arrow ont pu continuer à vivre leurs aventures. A la trappe Flash (Jay Garrick) ou Green lantern (Alan Scott).


En dépit de cette période incertaine, les éditeurs n’ont pas perdu toute confiance dans le genre super héros. L’un des plus prolifiques d’entre eux, Julius Schwartz a eu l’idée pour le numéro 4 du magazine Showcase de faire apparaître un personnage homonyme et aux mêmes pouvoirs que le Flash du golden age, Barry Allen était né et avec lui le silver age. Le succès fut de suite au rendez-vous, ainsi 3 ans plus tard la même recette a été appliquée à Green lantern et dans Showcase #22 Hal Jordan prenait son envol. Ce que Schwartz n’avait pas prévu c’est que c’est à cette époque que les fans hardcore ont commencé à faire entendre leur voix, des lecteurs qui se souvenaient des premières incarnations de Flash ou Green lantern et qui ne comprenaient pas comment les premiers porteurs du nom n’étaient pas connu de leurs homonymes modernes. Surtout que les deux générations de héros ont côtoyés Superman ou Aquaman, les rescapés de la purge qui a mené à la création du Comics code authority.
C’est ainsi que les lecteurs ont eu une partie des réponses à leurs interrogations en septembre 1961 avec la publication de Flash #123 dans une histoire intitulé « Flash of two worlds ». Cette histoire écrite par Gardner Fox sous l’impulsion de Julius Schwartz et illustré par Carmine Infantino et Joe Giella raconte la rencontre entre Jay Garrick et Barry Allen. Ce dernier utilise ses pouvoirs pour vibrer et se retrouve propulsé dans une terre parallèle où vit le premier Flash du nom. Il est expliqué que les deux héros vivent sur deux mondes distincts mais qui occupent la même place dans l’espace à la seule différence que les mondes « vibrent » à des fréquences différentes. Dans le monde de Jay Garrick, Superman a commencé sa carrière avant la seconde guerre mondiale, tandis que sur celui de Barry Allen il l’a commencé un peu avant que Barry Allen obtienne ses pouvoirs. Même si le monde de Garrick est plus ancien que celui de Allen il fut baptisé Terre-2, Terre-1 sera le monde des héros du silver age.


Avec le succès de Flash #123, le multiverse ne demandait qu’à s’étoffer. Ce fut chose faite avec les numéro #21 et 22 de la série Justice League of America avec Crisis on earth one et Crisis on earth two publiés en 1963. Dans ces deux épisodes la plus grande équipe de héros de Terre 1 s’associa aux vétérans de Terre 2, la Justice Society. Cette alliance fut la première d’une longue tradition de rencontres annuelles entre les deux équipes.
C’est dans leur deuxième team-up (Justice League of America #29 & 30) qu’une troisième Terre est nommée. Terre 3 est un monde où vit le Crime Syndicate, une version maléfique de la League.


Le multiverse s’est avéré pratique pour expliquer les incohérences entre les héros du Golden et du Silver age, un autre usage va lui être trouvé lorsque DC va commencer à publier des histoires de personnages rachetés à d’autres éditeurs. Le premier exemple est celui des Freedom fighters originaires de chez Quality comics, leur première apparition chez DC avant le lancement de leur titre en 1976 fut dans Justice League of America #107 & 108 dans l’histoire Crisis on Earth X. A noter que de nombreux fans lisaient le X comme le chiffre romain, c’est ainsi que dans le multiverse post-52, on voit une Terre 10 qui abrite une version des Freedom fighters.
Même traitement pour Shazam et ses supporting characters, ils furent intégrés au DC multiverse en 1976 dans Justice League of America #135, 136 & 137.
D’autres héros DC, vivant à d’autres époques ou dans des pockets universe eurent droit aussi à leurs crises, parmi eux on retrouve la Legion of super heroes, les new gods, Jonah Hex ou Enemy Ace.


A vouloir bien faire, DC ne proposait plus à ses lecteurs un monde mais un riche éventail. Trop riche d’après certains. C’est pourquoi il fut décidé que la maxi série Crisis on infinite earths de 1985 ferait table rase de ce multiverse et que les principaux protagonistes de chaque monde vivraient à l’issue de l’histoire sur une seule et même Terre. Noble intention mais les puristes considèrent que c’est là que les vrais problèmes de continuité sont apparus. En effet de nombreuses questions ont émergées à la conclusion de l’event qui a fait table rase et retconné les origines de certains héros. Ainsi si Superman n’a jamais été Superboy à Smallville comment se situe l’histoire de ses compagnons d’adolescence la Legion des super-heroes ? Si Wonder woman vient de faire son apparition alors qui est Donna Troy ? Si Jay Garrick et la JSA ont combattu pendant la seconde guerre mondiale ne devraient-ils pas paraître plus vieux qu’ils ne le sont ?


Ces paradoxes ont chacun été traités dans différentes story lines au fur et à mesure des vingt années du nouveau DC universe qui a cessé d’être multi. Pendant cette période d’autres crisis comme Zero hour ont tenté de répondre à ces questions, les réponses ont généralement soulevés d’autres paradoxes comme la création d’une nouvelle Legion.
Même si pendant le modern age le multiverse n’avait plus d’existence officielle des versions parallèles des héros de DC continuaient à faire leur apparition dans la ligne Elseworlds, équivalent des What if de chez Marvel, Gotham by gaslight, Red son ou Kingdom come sont parmi les histoires qui ont le plus marqué les esprits.


En 2005, DC a fait ce que beaucoup considèrent comme un retour en arrière avec la publication de Infinite Crisis et 52 qui ont ramenés le multiverse. Pas le même multiverse que celui qui a précédé la crise de 1985 mais un multiverse. Conscient de son héritage, l’éditeur à préféré revenir à des bases qui ont fait sa gloire pendant le silver age jusqu’au début du modern age. Même si Dan Didio n’est pas Julius Schwartz, les concepts restent les mêmes. Le crossover Lighting saga entre la JLA et la JSA s’inscrit dans la tradition des rencontres annuelles entre les deux équipes. La série Booster gold explore les grands moments de l’histoire de DC et leurs influences sur la ligne temporelle.

Le multiverse existe donc de nouveau, il faut désormais le repeupler. Final crisis va peut-être apporter la matière pour que cela se fasse. Toujours est-il que le l’héritage des nombreuses crises peut sembler lourd mais il est un reflet de l’histoire du comic book de ses origines à nos jours. DC semble vouloir faire référence à ce passé en ramenant ses héros vers des versions qui ressemblent plus à ce qu’ils étaient pendant le silver age et surtout le premier tie-in officiel à cette crise finale est dans les pages de Justice League of America Vol 2 #21, si vous avez tout suivit la première crise était publiée dans les pages de Justice League of America Vol 1 #21. A mon avis c’est loin d’être un hasard…

Trés bonne idée, trés bon article !

:flex: SJ
Je me sens moins ignare en DC mais toujours peu motivé pour m'y interesser en profondeur

SJ tu es :luv: dans ton intention

Merci les gars, meme si il a encore tant à dire sur le sujet j'ai essayé de faire un article sur les grandes lignes du sujet, "pour les nuls". Par exemple le JSA annual qui va sortir est à surveiller de tres pres aussi.

Il est très bien ce thread, il m'apprend des trucs sur le DC Universe que j'avais jamais compris ! :D :clap:

Une question quand même : quand Flash et Green Lantern ont été réintroduits, OK c'étaient ceux de Terre-1. Mais pour la Trinité dont la publication n'avait pas été interrompue, comment s'est fait la transition Terre-2 / Terre-1 ? Tout d'un coup un mois les lecteurs se sont retrouvés avec le Superman de Terre-1 à la place de celui de Terre-2 ?

Je dirais sans me trop de me tromper qu'a l'epoque la trinité était "continuité-free", leurs histoires étaient assez legeres et ne reprenaient que le sujet de la cover du genre "dans cette histoire batman devient gros!". C'est justement le silver age qui a créé le concept de continuité avec ses paradoxes.
C'est juste l'evolution des moeurs et l'epoque qui avancait qui a créé la difference entre le sup' des debuts (terre 2) et celui qui continuait ses aventures (terre 1)

Oui, il n'y a jamais eu de passage de témoin. a un moment, tu vois juste terre II et le BATMAN de là bas et tu comprends qu'il y ont placé beauocup de truc du golden age.

Il n'y a donc pas de première apparition officielle de la Trinité Terre-1 ?! 8( Que sur le moment ça se soit fait naturellement je veux bien, mais ça n'a jamais été retconné ?

Retconné? Bin si bien sur. Dans la mini Trinity (la bien nommée) de Matt Wagner entre autres.

A ma connaissance non.
D'après ce que j'ai compris, à l'issue du Crisis de 85, Batman et Superman sont des super-héros en place. Ils ont un passé, ils sont expérimentés, mais le lecteur de l'année 86 ne sait pas exactement quels éléments et aventures des 30 dernières années appartiennent à ce passé nouveau et lesquels sont abandonnés. Ce n'est qu'au fur et à mesure que les différents auteurs ont rempli le vide et ont raconté par exemple les origines.
Pour WW c'est encore plus simple puisque dans le post-Crisis, elle n'existe pas. Elle fait sa première apparition in-universe dans Legends où un truc comme ça.

Très bon sujet Spider-Jerusalem; lorsque je pondrai la conclusion de mon dossier sur Crisis, j'y mettrai un lien, car tu as vraiment super bien expliqué la situation.

(si ça continue, Michel va lire du DC)

C'est clair, faut faire la jonction entre vos deux (excellents) sujets.

Merci, en fait ça fait longtemps que j'avais l'idée de ce papier en tete. C'est tes chroniques et les debats sur la preview de Final crisis qui 'mont decidés.

jolie boulot SJ