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Voir la version complète : Le château maudit


zaitchick
09/07/2010, 17h13
J'ai failli rencontrer Florenci Clavé.
Il devait participer à l'édition 1998 du festival de BD de Clermont-Ferrand.
Tout le monde se faisait une joie d'accueillir cet artiste talentueux et modeste à la réputation d'homme chaleureux.
Hélas, il devait décéder quelques jours après son admission à l'hôpital, emporté par une maladie foudroyante...

En 1971, il signait dans Pilote n°611 une histoire courte qui me marqua profondément : Le château maudit, dans la rubrique Les dossiers du Fantastique.

L'action se déroule en février 1945. L'armée allemande est en déroute. Une compagnie de la Waffen SS fait halte dans le château abandonné des Hartronqcourt.

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Le lieu jouit d'une sinistre réputation. On le dit hanté. Mais l'officier SS ne se laisse pas impressionner comme il fixe le portrait des ancêtres de la famille des propriétaires.

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Rapidement, les soldats se déploient dans le château afin de le sécuriser. Un premier décès survient...

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Un soldat est écrasé par la chute d'une armure, provoquée par les rats...

Puis, un second subit un sort similaire dans la cave...

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Les survivants se réunissent dans la salle principale du château pour faire le point. Fatale erreur : cette fois-ci, c'est le lustre qui se détache...

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C'en est trop pour l'officier nazi qui vide sa rage - et son luger sur le portrait de l'ancêtre des Hartronqcourt qui semble le narguer. Et là, à son grand effroi, l'impossible se produit !

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De longues trainées rouges suintent du portrait. Terrorisés, les Allemands fuient sans demander leur reste.

Pendant ce temps, en Espagne, le dernier descendant de la famille Hartronqcourt s'apprête à rentrer au pays. Comme son hôte lui demande s'il ne redoute pas de retrouver sa cave pillée, le noble le rassure : il a pris soin de confier la garde de ses meilleurs crus à ses ancêtres... derrière les portraits desquels il les a dissimulés !

Un récit court de six pages qui atteint parfaitement son objectif, nous faire frémir. Le dessin de Clavé joue beaucoup sur les ombres et lumières, usant d'éclairages expressionnistes avec ombres portées, contrastes etc. La mise en couleur privilégie les couleurs primaires et vives, donnant à l'ensemble une tonalité oppressante. Un petit joyau. (Petite remarque, cette histoire est antérieure de quatre ans au Vieux Fusil de Robert Enrico... Une source d'inspiration ?)

J'ai appris ce matin le décès d'un autre grand dessinateur, Antonio Parras (http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Parras), le 2 juin 2010. J'avais eu beaucoup de plaisir à le recevoir à dîner chez moi il y a quelques années. C'était un monsieur délicieux et nous avions passé une excellente soirée. Cette nouvelle me fait beaucoup de peine. Aussi, une fois n'est pas coutume, je dédie ce petit post à Florenci Clavé, que je n'ai pas connu, et à Antonio Parras, que j'aurais aimé revoir.