doop
14/08/2008, 09h40
L'IDENTITÉ DE JACK L'ÉVENTREUR ENFIN RÉVÉLÉE ?
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A l’occasion de la sortie assez récente de deux livres promettant de révéler l’identité de JACK L’EVENTREUR, j’ai pensé qu’il serait interressant de récapituler ces deux théories et ces deux manières d’enquêter, totalement opposées dans leurs hypothèses et leurs conclusions, tout en faisant un petit crochet par le GRAPHIC NOVEL : FROM HELL , qui reprend une troisième théorie, un peu tombée dans l’oubli depuis quelques années mais qui reste la plus présente à l’esprit des gens par les téléfilms et les films qui l’ont illustré.
1) Les deux livres, les deux auteurs, les deux suspects et leurs motivations.
Respectons l’ordre chronologique.
JACK L’EVENTREUR : AFFAIRE CLASSEE (PORTRAIT D’UN TUEUR) par PATRICIA CORNWELL. (2002)
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L’auteur : PATRICIA CORNWELL est la créatrice de la série de romans publiés dans le monde entier qui mettent en scène le médecin légiste KAY SCARPETTA. L’auteur a participé à la création de l’institut de sciences médico-légales de Virginie, dont elle préside le conseil d’administration.
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Son suspect : WALTER SICKERT
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Walter Richard Sickert, né le 31 mai 1860 à Munich en Allemagne et décédé le 22 janvier 1942 à Bath dans le Somerset en Angleterre, était un peintre post-impressionniste anglais. Sickert fut un artiste excentrique qui privilégia les sujets et les scènes populaires dans ses peintures. Son père était lui même un artiste, après des essais ratés au théatre, il devint l’assistant de JAMES WHISTLER, un artiste renommé. Il a eu trois épouses mais jamais d’enfants légitimes tout du moins.
Ses motivations, son passage à l’acte :
Atteint d’une fistule au pénis qui l’aurait conduit à un organe sexuel atrophié et à, de douloureuses opérations dés l’âge de trois ans et miné par ses différents problèmes de santé (abcès, furoncles), PATRICIA CORNWELL pense que SICKERT et tombé petit à petit dans la folie, mutilant les corps des prostituées avant même la première victime officielle de JACK. SICKERT, égoïste froid et manipulateur qui aurait souffert tout jeune de sa « différence » aurait sombré très tôt dans la schizophrénie et aurait laissé des tonnes d’indices derrière lui, ne s’arrêtant pas après les cinq meurtres, mais continuant de massacrer des gens bien après.
Son intuition se repose sur les peintures morbides de l’artiste et sur l’analyse ADN des lettres de JACK L’EVENTREUR, dont certaines correspondraient à celui de SICKERT.
On le remarque tout de suite, les motivations de SICKERT sont assez floues et dépendraient d’une éventuelle mutilation qui n’a jamais été avérée. Pas d’événement particulier qui auraient conduit à un passage à l’acte. CORNWELL a une révélation lorsqu’elle admire certaines des peintures de SICKERT, qui ne peuvent , selon elles qu’être de la main du tueur.
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Une des peintures de SICKERT
JACK L’EVENTREUR DEMASQUE : SOPHIE HERFORT (2007)
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L’auteur :
SOPHIE HERFORT , 30 ans, est professeur de Français, licenciée de philosophie et formée à la psychopédagogie et à la neuropsychiatrie
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Son suspect :
MELVILLE MACNAGHTEN : Le plus jeune des 15 fils de Elliot Macnaghten, le dernier responsable de la compagnie Britannique des Indes, Macnaghten a été éduqué à ETON. Il est ensuite à la fin de ses études parti en INDE pour reprendre les affaires de son père en 1872. En 1881, il fut sauvagement agressé par des ouvriers Indiens lors d’une révolte et devint ami avec JAMES MONRO, qui était inspecteur général à BOMBAY. Il revient à LONDRES en 1888 afin de devenir un membre de SCOTLAND YARD un peu plus tard en 1889 avec l’appui de son ami MONRO, devenu inspecteur principal de la police.
Il s’est marié en 1878 avec DORA SANDERSON et ont eu deux fils et deux filles.
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Ses motivations, son passage à l’acte :
Le 28 Août 1888, le préfet WARREN, chef de la police refuse à son adjoint MONRO l’admission de son ami planteur de thé à CALCUTTA, qui a tout quitté pour rejoindre la « force ». En effet, WARREN et MONRO ne s’entendent pas du tout, et WARREN ne veut même pas recevoir MACNAGHTEN pour lui dire qu’il ne sera pas pris, humiliant sévèrement ce dernier et le traitant de moins que rien , ajoutant même que c’est « le seul homme en Inde à s’être fait tabasser pas des hindous ! » (à l’époque, la population locale de l’Inde, sous domination Anglaise était considérée comme une race inférieure.) Cet affront va entraîner la démission de MONRO (qui continuera quand même à travailler dans une branche spéciale de la police). Vexé, MACNAGHTEN se serait alors lancé dans une série de crimes plus horribles les uns que les autres simplement pour amener WARREN à démissionner. Le point intéressant de la théorie est que , effectivement, les crimes ont cessé suite à la démission de WARREN et que JACK dans ses lettres ne cessait de dire qu’il voulait sa démission.
SOPHIE HERFORT fait remarquer que le soir même du meurtre de la première victime, deux joursaprès l’ « affront » fait à MACNAGHTEN par WARREN coïncide aussi avec l’incendie d’un entrepôt de la compagnie des Indes, celle là me^me qu’avait dirigé son père (que MACNAGHTEN méprisait). Les grandes thèses de l’enquête de HERFORT se basent surtout sur la biographie de MACNAGHTEN et sur l’identification d’un bout de lettre retrouvé aux pieds de la deuxième victime, ainsi que sur certains rapports de police de l’époque et un lien supposé entre l’Inde et le tueur.
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Charles Warren et James Monro
Ces deux suspect, bien que différents , ont quand même beaucoup de points en commun.
Tout d’abord, ils ont tous les deux tenté une carrière d’acteur raté, et JACK L’EVENTREUR était quand même un grand « metteur en scène », comme on va pouvoir le voir plus bas avec la description de ses crimes ou les lettres qu’il a envoyé à la police et à la presse. De plus, tous les deux avaient une aversion pour les prostituées (HERFORT en trouvera la preuve dans l’autobiographie de MACNAGHTEN, quand ce dernier les traite de déchets de la société humaine et SICKERT ne s’en cachait pas).
Tous deux connaissaient aussi l’acteur IRVING qui jouait à l’époque JEKYLL AND HYDE au théâtre et on retrouve cette dualité dans les crimes de l’éventreur.
Avant de pousser plus loin nôtre comparaison, un bref rappel des faits avec les indices relevés par les auteurs.
2) Les cinq victimes officielles de JACK L’EVENTREUR.
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On peut parler ici de victimes officielles car en fait, PATRICIA CORWELL assure qu’il y en a eu beaucoup d’autres avant celle du 30 Août, comme par exemple MARTHA TABRAM, une prostituée retrouvée mutilée de dizaines de coups de couteau un mois plut tôt. Thèse réfutée par HERFORT qui attribue ce crime à une bande de malfaiteurs qui sévissait à l’époque.
Les temps étaient durs dans le quartier de WHITECHAPEL, un des plus pauvres de LONDRES à l’époque, où la détresse sociale et la misère entraînaient les pires conditions de vie. On n’avait pas beaucoup d’autres choix que de se prostituer ou sombrer dans l’alcool pour survivre, et les conditions de vie étaient terribles. On pourra se référer par exemples aux livres de CHARLES DICKENS pour se faire une meilleure idée.
VENDREDI 31 AOUT 1888 : Mary Ann « polly » NICHOLS
Prostituée de 42 ans, 1m 60 elle était grassouillette avec des yeux marrons et des cheveux châtains grisonnants. Séparée de William son mari, elle perd la garde de ses cinq enfants lorsque ce dernier l’accuse de mener une « mauvaise vie ». Virée de son dernier logement, on l’aperçoit arpenter seule les rues à la recherche d’un éventuel client, pour lui permettre de payer sa place dans son ancien meublé, où elle demande à 1h40 qu’on lui garde un lit pour la nuit et qu’elle va revenir avec de l’argent très bientôt. On la croise à nouveau à 2h30 ivre et titubante dans les rues de WHITECHAPEL.
Elle est découverte dans une allée par deux chauffeurs de tramway vers 3h45. elle avait la gorge tranchée et était éventrée, le bas ventre lacéré de nombreux coups de couteaux.
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Polly Nichols ; lors de son mariage en 1864
Le docteur LLEWYLLIN, qui va pratiquer l’autopsie ne pourra pas en déduire grand chose. Il pense que le tueur est gaucher et qu’il a égorgé sa victime par devant, l’étranglant au préalable. Si SOPHIE HERFORT partage cette analyse, PATRICIA CORNWELL en développe une autre. Elle affirme que selon elle, les prostituées étaient attaquées par derrière, et que deux le meurtrier serait alors droitier. (De toutes façons, cela ne contredit pas sa thèse puisque SICKERT était selon toute vraisemblance ambidextre.).
SAMEDI 8 SEPTEMBRE : ANNIE CHAPMAN
Prostituée de 47 ans, 1m60 grassouillette aux yeux bleus et aux cheveux châtains courts. En mauvaise santé, elle était séparée de son mari et vivait dans la misère, à tel point qu’elle était surnommée « DARK ANNIE ». ce soir là, alors qu’on l’a vu partir plus tôt avec un client, un homme entend un « non » derrière sa clôture, là où a eu lieu le meurtre. Il a entendu aussi un bruit comme si quelque chose de lourd avait heurté sa clôture. Il n’ira évidemment pas voir. On la trouvera quelques minutes plus tard, égorgée et quasiment décapitée (le tueur a essayé de séparer les vertèbres cervicales sans succès) , éventrée et mutilée, ses intestins étaient déposés sur son épaule droite. Aux pieds d’ANNIE un morceau de mousseline, un peigne et un bout d’enveloppe déchiré. Autour du cou, un foulard rouge qu’on ne lui connaissait pas.
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La scène de crime , photo d’époque
La scène de crime va révéler plusieurs indices :
Tout d’abord un tablier de cuir retrouvé non loin du lieu du meurtre (on va alors accuser à tort un bottier juif pendant quelques temps). On apprendra qu’il appartient ensuite à l’un des voisins de la scène de crime qui l’avait juste mis à sécher. Cette accusation va évidemment créer des tensions entres les habitants Juifs de WHITECHAPEL et les autres.
Le fameux foulard rouge, qui sera à l’origine de deux explications bien différentes chez nos deux enquêtrices.
Pour SOPHIE HERFORT, ce foulard rouge est un signe venu des Indes, c’est en effet la marque d’une secte appelée LES ADORATEURS DE KALI (des tueurs fanatiques) qui avaient l ‘habitude d’étrangler leurs victimes avec un foulard rouge avant de les égorger. Fait troublant, C’est Elliott MACNAGHTEN, le père de JAMES qui a mené des actes répressifs contre cette secte alors qu’il était directeur de la compagnie des Indes.
PATRICIA CORNWELL, elle , nous explique que WALTER SICKERT avait toujours un foulard rouge fétiche autour du cou dont il ne voulait jamais se séparer et qu’il mettait à chaque fois qu’il peignait une toile. Personne n’avait le droit de le toucher, même pas sa femme de ménage. Il est vrai que ce fétichisme pour un foulard rouge tombe assez mal.
Et enfin, le morceau d’enveloppe, sur laquelle on ne peut identifier que l’initiale M , ainsi que plus bas les inscriptions 2 et Sq. Son cachet est du 28 Août et l’enveloppe porte le blason du ROYAL SUSSEX REGIMENT.
Si CORNWELL n’explique pas ce bout de lettre, HERFORT quant à elle, a une théorie assez intéressante. Pour elle, c’est MACNAGHTEN qui l’a placé en indice et cette lettre serait sa lettre de non acceptation au sein de la « force » écrite par WARREN !
En effet, c’est bien le 28 Août que WARREN a écrit à MACNAGHTEN (qu’il ne voulait pas recevoir, rappelez-vous) pour lui dire qu’il ne serait pas pris dans la police et en plus de ça, WARREN a mené sa carrière militaire dans le ROYAL SUSSEX REGIMENT, comme tout gradé il avait des enveloppes portant le sceau de son unité ! De plus, les inscriptions portées sur l’enveloppes pouvaient correspondre à l’adresse du suspect, puisque MELVILLE MACNAGHTEN habitait au 32 WARWICK Square ! Troublant.
DIMANCHE 30 SEPTEMBRE : LE DOUBLE MEURTRE
ELIZABETH STRIDE :
45 ans, plutôt grande pour l’époque ELIZABETH STIZE (« long Liz » )avait le teint pâle, les cheveux châtains et les yeux gris, elle était plutôt élancée et portait une rose rouge à sa boutonnière quand elle a été retrouvée. LIZ STRIDE a « simplement » été égorgée car JACK a été interrompu par deux personnes qui sortaient d’une réunion (« les juifs et le socialisme »). STRIDE était peut être allée à la réunion pour essayer de trouver un client.
CATHERINE EDDOWES : 43 ans, yeux foncés , maigre aux cheveux noirs. Elle vivait avec un homme nommé JOHN KELLY et avait deux enfants d’un premier mariage dont elle perd rapidement la garde.
N’ayant pas d’argent pour payer son loyer, elle dort la plupart du temps dans des asiles de nuit. Ce dimanche là, elle est enfermée au poste pour état d’ivresse. Elle est relâchée vers 1h00 du matin et a été vue en compagnie d’un homme juste avant d’être assassinée. C’est la plus mutilée jusqu’à présent, comme si le tueur avait reporté toute sa haine sur la jeune femme , peut être était il contrarié d’avoir été interrompu quelques minutes auparavant. Quoiqu’il en soit, EDDOWES a été égorgée et éventrée , ses vêtements déchirés , ses parties génitales massacrées et lacérées. Ses intestins ont été placées au dehors mais c’est surtout son visage qui a été le plus touché. Le tueur a en effet lacéré tout le côté droit de sa victime : il a donné des coups de couteau comme un fou. Entailles en forme de V ont été dessinées sous les paupières. Au dessus du mur où EDDOWES est assassinée, on peut lire cette inscription : « THE JUWES ARE THE MEN THAT WILL NOT BE BLAMED FOR NOTHING » (Les juifs sont les hommes qui ne seront pas accusés pour rien). Avec une faute d’orthographe sur JUWES (JEWS en Anglais).
Le tueur a aussi coupé une oreille de sa victime.
Beaucoup de choses sur ce double meurtre.
Personne n’a réussi a expliquer la présence de cette rose à la boutonnière qu’elle ne portait pas quelques heures avant le meurtre.
En ce qui concerne le meurtre sanglant de EDDOWES ; il faut parler des lettres de JACK L’EVENTREUR. Celui-ci s’amusait en effet à envoyer des tonnes de courrier à la presse ou à la police. La plupart d’entre elles sont considérées comme des canulars (on y reviendra plus tard), mais en attendant, certaines semblent totalement authentiques. En effet ; avant ce meurtre, JACK avait précisé dans l’une de ses lettres qu’il couperait l’oreille de sa prochaine victime…..
On pourra aussi citer la lettre du 17 Septembre adressée à CHARLES WARREN:
Cher Patron,
Donc maintenant ils disent que je suis Juif ? Quand apprendront-ils ? Vous et moi connaissons la vérité. Attrapez moi si vous pouvez !
JACK L’EVENTREUR.
Apparemment, JACK voulait faire monter la pression sur Warren, et cette allusion sur le fait qu’on pense qu’il est juif (en rapport aux accusations sur le bottier du meurtre de CHAPMAN) est totalement niée. Ceci pourrait expliquer l’inscription sur le mur, JACK cherchant à attiser les tensions entre les différentes communautés de WHITECHAPEL. Malheureusement, craignant les émeutes, WARREN fait effacer l’inscription avant même l’arrivée de l’appareil photo, ce qui fait qu’on aura aucune trace de l’écriture de l’assassin.
Selon CORNWELL, un des policiers aurait essayé de recopier l’inscription telle quelle sur son carnet, et celle ci ressemblerait un peu à l’écriture de SICKERT.
Cette inscription renforce évidemment la thèse de HERFORT, JACK cherchant à, pousser WARREN à la démission. (On y reviendra aussi plus tard…)
Les deux entailles en forme de V font aussi l’objet d’extrapolations chez nos deux écrivains.
En effet, lors d’une lettre de l’éventreur adressée à la police en 1889, ce dernier dira « je suis une marque sur le corps des femmes ». Et HERFORT fait remarquer que les deux entailles en forme de V , si on les réunit et qu’on les retourne, cela fait un M, comme Macnaghten.
Malheureusement, les deux entailles en forme de V peuvent aussi faire un W, ce qui explique pourquoi CORNWELL accuse WALTER SICKERT d’avoir signé sur le corps de ses victimes… On reparlera de ces marques dans le prochain meurtre, car elle vont encore apparaître. M ou W ? là est la question.
VENDREDI 9 NOVEMBRE : MARY JANE KELLY
24 ans, brune , jolie au teint frais. Elle vivait avec un dénommé JOSEPH BARNETT mais s’était récemment disputée avec lui . un carreau de sa chambre s’était brisé lors de la dispute et n’avait pas été réparé. Elle passait la main à travers le trou depuis pour débloquer le verrou de sa porte. Beaucoup de rumeurs sur elle (un enfant qu’on ne voit jamais, elle aurait été modèle pour WALTER SICKERT ) , mais rien de bien concluant.
Dans la nuit, sa voisine de chambre, LIZ PRATER entend un son étouffé vers 4 heures du matin. « Au meurtre ». Comme elle est à moitié ivre, elle va juste bloquer sa porte et n’entendra plus rien, distinguant quand même de la lumière sous le mur qui communique avec la chambre de KELLY.
A 11h00 du matin, un percepteur vient chercher le loyer de la jeune femme et découvre une scène absolument macabre. C’est une véritable boucherie dans la chambre de M.J. KELLY ! Le tueur ayant eu le temps, il a complètement mutilé la corps de la jeune fille.
Oreilles tranchées, nez découpé, visage dépecé jusqu’au crâne, vêtements posés en ordre à côté du lit, intestins découpés et placés à l’extérieur sur la table de nuit, seins amputés et disposés à côté du foie au bord du lit en fer, viscères empilés sur la table de chevet etc….. Le cœur a été enlevé et ne fut pas retrouvé, on suppose que le meurtrier l’a enlevé.
Pour avoir vu la photo de la scène de crime lors de mes recherches, je peux vous assurer que c’est assez atroce et totalement épouvantable. C’est très effrayant et JACK a réussi sa mise en scène macabre au delà de toute espérance, car la photo est absolument abominable.
Ce crime est le plus terrible de ceux commis par JACK dans sa férocité et son acharnement à déshumaniser ses proies.
CORNWELL pense que le couteau utilisé était un couteau Indien ( kuki) qu’on a retrouvé dans un buisson quelques jours plus tard non loin de l’endroit où vivait la mère de SICKERT. Ceci peut aussi accréditer la thèse de HERFORT.
HERFORT d’ailleurs, remarque que sur le mur à côté du lit de la victime, on peut distinguer la lettre M , et qu’on peut même trouver un V sur une des jambes de MARY KELLY.
Ce dernier meurtre va entraîner la démission du préfet CHARLES WARREN, qui va partir le 12 Novembre !
Et bizarrement, c’est JAMES MONRO qui revient et qui prend sa place le 3 Décembre. Il rappellera évidemment Macnaghten le 1 Juin de l’année suivante( 1889).
MACNAGHTEN va devenir donc un membre éminent de SCOTLAND YARD et va être affecté la plupart du temps à des crimes de jeunes femmes mutilées, comme les fameux crimes de la tamise (où l’on retrouvera des petits morceaux de corps un peu partout…). A noter que pour CORNWELL, ces crimes de la Tamise sont à mettre au compte de WALTER SICKERT.
Officiellement, les crimes de JACK L’EVENTREUR se sont arrêtés là, juste après la démission de Warren.
Evidemment, cela accrédite la thèse de HERFORT, qui considère qu’une fois la démission de WARREN obtenue, MACNAGHTEN n’a plus besoin de tuer des gens et d’effrayer l’opinion.
C’est en résumé ce que l’on pouvait dire sur ces fameux meurtres et sur les hypothèses principales des deux écrivains. Evidemment, il y a beaucoup plus de détails dans les livres….
Mais HERFORT et CORNWELL ont d’autres faisceaux de preuves, que l’on va détailler maintenant.
3) Lettres de l’enfer !
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Comme on l’a dit un peu plus haut, JACK adorait envoyer des lettres à al presse où à la police. On peut en recenser une bonne centaine qui ont continué dix ans après le dernier meurtre. Evidemment, la plupart des spécialistes des meurtres de JACK considèrent la grande majorité de ces lettres comme des canulars. Pourtant, CORNWELL pense que la grande majorité de ces lettres sont signées SICKERT.
Intéressons nous de plus prés au ton de ces lettres….
Ce qu’on remarque, c’est que JACK fait des fautes d’orthographe sciemment, car son discours est assez structuré et que certains mots plus compliqués sont très bien écrits. Il s’amuse et livre parfois des indices dans ses lettres tout en essayant de se faire passer pour quelqu’un qui n’a pas eu une bonne éducation.
CORNWELL a beaucoup étudié la structure et la composition de ces lettres, elle a trouvé beaucoup d’analogies avec la correspondance de SICKERT.
Premier fait troublant ; les tests ADN. CORNWELL a en effet soumis certaines des lettres à un séquençage ADN, en utilisant des filaments d’ADN mitochondrial sur la colle des enveloppes . Et elle a trouvé une correspondance entre l’ADN de ces lettres et celui de SICKERT ! Pourtant, ce n’est pas en soi une preuve….. L’ADN mitochondrial n’est pas aussi exact que l’ADN normal, et il existe 10 % de chances que deux individus différents donnent le même résultat. Vous me répondrez que cela fait quand même 90% de chances que ce soit le même individu…. Certes, mais si on multiplie par le nombre de personnes qui ont touché ou examiné ces lettres depuis 100 ans et qui ont peut être laissé leur ADN, c’est beaucoup moins convainquant. C’est tout du moins ce qu’affirme HERFORT.
Deuxième fait beaucoup moins sujet à caution, CORNWELL a fait analyser au microscope électronique certaines lettres de JACK, et elle en est arrivée à la conclusion que certaines des feuilles de papier utilisées pour les lettres proviennent de la même ramette de papier que celles utilisées par SICKERT pour sa correspondance personnelle à l’époque. (En regardant la trame du papier, les erreurs de découpe et le filigrane…).Vraisemblablement, il existe une grosse correspondance entre les lettres de SICKERT et de JACK.
Malheureusement, la marque du papier et le filigrane peut aussi correspondre au papier utilisé par SCOTLAND YARD à l’époque. Mais c’est à mon sens, l’un des éléments les moins discutables de l’enquête de CORNWELL.
Troisième fait : L’auteur des lettres était vraisemblablement un artiste. Il a laissé pas mal de dessins sur les lettres, qu’on pensait écrites avec du sang. Un examen au microscope et chimique a révélé qu’il ne s’agissait pas de sang, mais de peinture, ce qui renforce la thèse de CORWELL encore plus.
L’analyse de l’écriture n’a pas donné grand chose non plus, puisque selon toute vraisemblance, JACK modifiait son écriture, se forçant à écrire de sa mauvaise main pour brouiller les pistes.
Un quatrième fait, encore plus troublant. : CORNWELL est un jour tombée sur le livre d’or d’un hôtel de CORNOUAILLES où SICKERT a logé dans les années 1887-1888 ; eh bien ce livre d’or é été griffonné à chacune de ses pages de dessins et de mots bizarres qui correspondent complètement à l’écriture et au ton des lettres de JACK !!!!
De plus, un grand nombre de lettres ont été postées près de lieux proches de théâtres et d’endroits familiers de SICKERT. Mais MACNAGHTEN n’habitait pas loin lui non plus.
HERFORT ne disposant évidemment pas de l’argent de PATRICIA CORNWELL, elle s’intéresse plutôt au contenu des lettres.
On rappelle la lettre du 17 Septembre adressée à WARREN
Cher Patron,
Donc maintenant ils disent que je suis Juif ? Quand apprendront-ils ? Vous et moi connaissons la vérité. Attrapez moi si vous pouvez !
JACK L’EVENTREUR.
Pour HERFORT, un indice important se cache dans cette lettre, en effet, si c’est MACNAGHTEN, ce serait tout à fait ironique de s’adresser à WARREN en utilisant le terme CHER PATRON et totalement dans l’esprit de ces lettres. De plus, JACK connaissait selon toute vraisemblance beaucoup de choses du fonctionnement interne de SCOTLAND YARD, comme le prouve la lettre du 7 Novembre
D.S.S.
Je pense que mon prochain travail sera de te faire renvoyer [Warren] et dés que possible, je deviendrai un membre de la force. Je pourrai bientôt te demander des comptes.
En dehors du message très explicite de JACK, ce sont les lettres D.S.S qui interpellent HERFORT et qui montre que l’auteur de ces lettres connaissait très bien la police, puisque la personne chargée d’ouvrir le courrier à SCOTLAND YARD s’appelait Donald Sutherland Swanson (D.S.S. ).
On pourra rétorquer que MACNAGHTEN n’étant pas dans la police à ce moment là, il ne pouvait pas connaître ces détails….. Pourtant, il connaissait bien CHARLES MONRO, qui lui donnait peut être des informations confidentielles. HERFORT avance l’hypothèse que les deux hommes étaient complices dans ces meurtres horribles.
HERFORT va aussi trouver de nombreuses lettres qui laissent à penser que JACK connaissait et en voulait personnellement à WARREN.
19 Octobre :
Monsieur, les crimes commis à […] Whitechapel furent perpétrés par un ex-agent de la police Métropolitaine qui fut démissionné de la force […] . le mobile est la haine et le dépit contre les hommes du Yard.
En Juillet 1889 arrivent quasiment simultanément trois lettres qui renforcent l’impression que l’auteur connaît intimement Scotland Yard. On notera celle signée G.R.S qui écrit « je connais bien le Yard et les marches de plomb du 77 ». Référence à un bâtiment 77 qui effectivement, comprenait une marche en plomb que seuls les intimes pouvaient connaître.
HERFORT explique que les initiales G.R.S correspondent à celles de GEORGES R. SIMS un journaliste qui est en autres le meilleur ami de MACNAGHTEN. HERFORT explique aussi que certaines les lettres de l’éventreur étaient envoyées directement à une agence de presse à LONDRES qui re dispatchait ensuite les infos aux différents quotidiens, ce qui prouve la grande connaissance du tueur au sujet du fonctionnement de la presse de l’époque.
D’autres lettres renforcent la thèse de HERFORT :
15 novembre 1888
"J’ai 35 ans et je suis toujours en vie"
(MACNAGHTEN avait 35 ans cette année là. )
14 Octobre 1896, adressée au nouveau préfet de SCOTLAND YARD, BRADFORD,qui avait travaillé quelques années auparavant avec MACNAGHTEN.
"Cher Patron,
Il se peut que vous vous souveniez de moi si vous réfléchissez un petit peu."
Une lettre troublante est celle datée du 8 Octobre où ce dernier affirme :
« Je vis à Calcutta »
HERFORT voit ici le lien entre le tueur et les Indes.
Une dernière coïncidence.
JACK va, dans une de ses lettres signer Mr NEMO.
Or, il se trouve que NEMO était le nom de scène de SICKERT quand il était acteur. On se dit que CORNWELL prend de l’avance sur HERFORT, mais non, car cette dernière a aussi une explication. NEMO, la capitaine, issu des récits de JULES VERNES était un Indien, et de plus, HERFORT a retrouvé un rapport de Police de MACNAGHTEN, datant de 1910, où celui-ci utilise le nom NEMO pour désigner le suspect d’une agression à l’arme à feu dont il ne veut pas divulguer l’identité. Bizarre d’utiliser ce nom, alors que MACNAGHTEN avait certainement eu accès au courrier de JACK lorsqu’il était à SCOTLAND YARD.
Bon, évidemment, le fait de prouver que MACNAGHTEN ou SICKERT soient les auteurs des lettres de JACK ne prouve aucunement que ce sont eux les assassins.
Après tout, MACNAGHTEN a très bien pu se servir des meurtres pour mettre la pression sur WARREN , utilisant son ami SIMS pour divulguer des infos confidentielles via MONRO.
De la même manière, l’humour un peu bizarre de SICKERT pourrait en faire l’auteur des lettres, simplement pour s’amuser aux dépends de WARREN.
N’oublions pas non plus de SICKERT et MACNAGHTEN étaient de la haute société et n’habitaient pas très loin. Ils fréquentaient les mêmes clubs et les mêmes lieux…
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4) Une leçon d’anatomie
La légende veut que JACK l’éventreur ait eu des connaissances médicales, cette idée est contestée par les deux auteurs. En effet, ce malentendu repose sur le témoignage d’un docteur lors des assises du deuxième meurtre qui aurait affirmé que le meurtrier posséderait des connaissances basiques en anatomie ! Cette phrase a été reprise dans les journaux et déformée pour faire de JACK un médecin. Or, JACK a plutôt massacré des corps, dépeçant et prélevant des organes sans aucune délicatesse, cela ne suppose donc pas de grandes connaissances médicales.
CORNWELL pense que SICKERT ayant étudié l’anatomie des corps humains lors de ses études de peinture, possédait toutes les connaissances nécessaires pour arracher les organes.
Quant à MELVILLE MACNAGHTEN, c’est beaucoup plus simple, puisqu’il était taxidermiste ! Il avait en effet pourchassé et dépecé puis empaillé beaucoup d’animaux sauvages lorsqu’il se trouvait aux Indes.
5) D’autres faisceaux de présomption.
SICKERT utilisait un tablier pour se protéger des traces de peinture, et on suppose que JACK en faisait de même lors de ses meurtres. Un témoin affirme même avoir vu un homme se passer un tablier sous son manteau juste avant que le premier meurtre ne soit commis no loin de là, par un homme dont l’apparence pourrait correspondre à celle de SICKERT.
Le rapprochement est peut être un peu facile, mais valable.
De plus, il suffit de regarder les toiles de SICKERT avec l’impression que celui-ci est JACK pour être tétanisé d’effroi ! Je vous montre quelques exemples ci-dessous. On se rend bien compte que SICKERT peignait des toiles morbides, en rapport (assumé) avec JACK L’EVENTREUR, dont certaines pourraient faire penser aux victimes.
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Une autre toile de WALTER SICKERT
Pour SOPHIE HERFORT, la culpabilité de MACNAGHTEN ne fait aucun doute lorsqu’on lit son autobiographie. On y retrouve en effet quelques coïncidences troublantes avec les lettres de l’éventreur. Je n’en détaillerai qu’une seule ici, la plus « forte » :
Lorsque MACNAGHTEN décrit ses chasses en Inde, il raconte qu’il chassait souvent le CHACAL (JACKAL) en Anglais et utilise tout le temps le terme JACK pour le désigner.
Elle va même beaucoup plus loin.
Elle affirme que SCOTLAND YARD était au courant de la culpabilité de MACNAGHTEN, citant une assise (pour la nuit du troisième et du quatrième meurtre) où le procureur a interdit à un témoin de donner sa description de l’individu qui accompagnait l’une des victimes sans aucune raison valable. La description, retrouvée plus tard, correspond en tout point à celle de MACNAGHTEN. HERFORT pense que MONRO avait essayé de sauver son ami, mais je trouve cet argument assez bancal et tordu, car même si MONRO faisait encore partie de la force, il n’était plus préfet adjoint.
Elle cite aussi les mémoires du successeur de MONRO et de WARREN qui affirme connaître l’identité du tuer, mais qui ne veut pas la révéler, car cela ennuierait trop la police.
Elle cite aussi un article de presse lorsque MACNAGHTEN prend sa retraite, où celui-ci avoue : « Je possédais la preuve documentaire de l’identité de JACK, mais j’ai brûlé tous les papiers », et effectivement, on retrouve très peu de documents d’époque sur les meurtres, ces derniers ayant disparu lors des bombardements de la seconde guerre mondiale, où tout simplement détruits par MACNAGHTEN pour dissimuler sa culpabilité.
Un dernier détail à charge pour MACNAGHTEN , qui mérite grandement un chapitre à lui tout seul.
6) Le mystérieux MONSIEUR DRUITT !
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Montague John Druitt
En 1894, soit six ans après le dernier meurtre, le journal le SUN fait sa une sur LA VERITABLE IDENTITE DE JACK L’EVENTREUR. Il pense en effet avoir trouvé la solution et accuse un certain CUTBUSH, un déséquilibré échappé de l’asile à l’époque des faits. Malheureusement, ce CUTBUSH est aussi le neveu de l’un des responsables de SCOTLAND YARD, et la force va donc faire un démenti.
Coïncidence, c’est MACNAGHTEN qui va répondre au journal et livrer à la presse trois suspect, alors inconnus jusque là !
- Montague John Druitt, jeune avocat raté, retrouvé noyé dans la Tamise juste après le dernier meurtre ;
- Aaron Kosminski, coiffeur juif polonais, enfermé dans un asile pour cause d'hallucinations qui le poussaient à des comportements extrêmes et à des violences sexuelles ;
- Michael Ostrog, repris de justice russe, dangereux, mais dont Scotland Yard ignorait les faits et gestes lors de cette vague de crime.
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Michael Ostrog
MACNAGHTEN va alors charger DRUITT à bloc, dans l’incompréhension générale.
En effet, DRUITT est un avocat, qui a été renvoyé d’un internat en 1888 pour « attouchement » envers un de ses élèves. Son père est mort en 1886 et sa mère était internée dans un asile psychiatrique pour dépression.
DRUITT va alors sombrer lui aussi, et on retrouve son corps dans la tamise le 31 Déc 1888 avec des pierres dans les poches et de l’argent. En fait, MACNAGHTEN n’a aucune preuve pouvant accuser DRUITT, seule la date de sa mort (qui correspond à la fin des crimes) est avancée comme élément à charge.
MACNAGHTEN, qui avait selon ses proches une excellente mémoire des faits va commettre d’énormes confusions dans son rapport (Il dit que DRUITT était médecin, alors qu’il était DOCTOR en droit ; il lui donne 41 ans au lieu de 31 car cela colle plus près avec les quelques descriptions des témoins lors des meurtres), mélangeant les dates des meurtres et du suicide pour que sa thèse colle mieux.
La plupart des RIPPEROLOGISTS (enquêteurs sur l’affaire de JACK) n’ont jamais compris l’obstination de MACNAGHTEN pour faire accuser DRUITT.
STEPHEN KNIGHT, dans son livre, JACK THE RIPPER, THE FINAL SOLUTION écrira même :
“Mais pourquoi en 1894 le nom de DRUITT venait seulement de traverser la tête de MACNAGHTEN alors que l’homme était décédé depuis 1888 ? Même WALTER SICKERT décrivait DRUITT comme un bouc émissaire. Il accusait MACNAGHTEN d’être un instrument des francs-maçons et d’avoir concocté cette machination ! »
Il faut dire que la thèse de STEVEN KNIGHT est celle du complot franc-maçonnique, celle qui a été reprise par ALAN MOORE dans le comic book FROM HELL dont on parlera juste après.
D’après lui, MACNAGHTEN était un instrument des fracs-maçons pour faire accuser DRUITT.
Détail intéressant, le fait que SICKERT défende DRUITT, peut être ne voulait-il pas que quelqu’un prenne sa place ?
Pour CORNWELL, MACNAGHTEN était juste un incompétent venu des INDES,c’est sa manière d’expliquer ce rapport truffé d’erreurs.
Pour HERFORT, forcément, c’est un moyen de détourner les soupçons de sa propre personne. HERFORT considère même (comme KNIGHT) , que DRUITT n’est peut-être pas mort tout seul.
En attendant, une chose est claire, ce mystérieux monsieur DRUITT a juste eu la mauvaise idée de mourir au mauvais moment.
7) FROM HELL : la thèse du complot.
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La thèse du complot franc-maçonnique a été abordée par STEPHEN KNIGHT dans son livre : JACK THE RIPPER, THE FINAL SOLUTION en 1976. KNIGHT est un jeune journaliste qui tiendrait ses informations d’un éventuel héritier de WALTER SICKERT !
Le duc de Clarence (Albert Victor), petit fils de la reine VICTORIA aurait eu un enfant avec une prostituée de l’EAST END. Il se serait même marié avec, faisant du bébé un des prétendants au trône d’Angleterre. Avertie par SICKERT, VICTORIA commandite alors l’enlèvement de cette dernière et la fait interner puis lobotomiser dans un asile . L’enfant échappe à l’enlèvement et est confié à 5 prostituées (CHAPMAN, KELLY, STRIDE, NICHOLS et EDDOWES) qui, pour obtenir de l’argent, vont faire chanter la reine. VICTORIA demande alors à son médecin personnel, le docteur WILLIAM GULL de résoudre le problème. Or, GULL qui était un franc-maçon à moitié fou, va prendre les mots de la reine au pied de la lettre et se livrer aux massacres de Whitechapel. Il faudra ensuite que les francs-maçons (MONRO, WARREN, MACNAGHTEN) couvrent les agissements de GULL vis à vis de l’inspecteur ABBERLINE, chargé de l’enquête. ON remarquera que si ABBERLINE est une figure principale de FROM HELL, CORNWELL en parle un peu comme un bon détective, mais HERFORT n'y fait aucune allusion
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William Gull
Cette rumeur est celle qui est restée dans l’inconscient collectif car elle a connu à l’époque un très grand succès (il y a même eu des téléfilms de la BBC sur cette thèse) mais quelques années plus tard, tout va s’effondrer.
Le fameux héritier de SICKERT avoue au Sunday TIMES qu’il a inventé toute l’histoire, (excepté le fait qu’il est bien un descendant de SICKERT, évidemment). KNIGHT va mourir d’une tumeur au cerveau en 1985, mais il aura le temps d’écrire un autre livre sur le complot franc-maçonnique.
C’est de cette histoire et de toutes les recherches d’ALAN MOORE qu’est né le roman graphique FROM HELL, élément précieux, qui même s’il est basé sur une fausse théorie et romancé au maximum selon les dires de l’auteur, reste quand même une sacrée référence en ce qui concerne JACK L’EVENTREUR. On retrouve en effet dans ce livre quasiment toutes les recherches de HERFORT (l’antagonisme WARREN/MONRO/MACNAGHTEN ) et une foultitude de détails sur l’époque. Une œuvre dense et d’autant plus passionnante qu’on connaît certain des faits de l’époque et que je conseille à tout le monde.
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FROM HELL, chapitre 11 , page 16 (A.Moore / E.Campbell)
D’autres personnes ont également été suspectées de meurtres de WHITECHAPEL au fil des années , on pourra citer JOSEPH MERRICK, alias ELEPHANT MAN qui se trouvait à LONDRES à l’époque a été suspecté, ainsi qu’une sage femme de WHITECHAPEL , mais il n’y eut pas beaucoup de preuves pour étayer les suspicions.
8) Alors : qui a raison ? Mon opinion personnelle sur les deux thèses.
Les deux livres sont vraiment très différents. CORNWELL est une romancière, qui fait de son bouquin quelque chose d’assez prenant. Elle arrive bien à nous impliquer dans la psyché tourmentée de SICKERT, à tel point qu’on y croit véritablement , alors que ce ne sont que des hypothèses. C’est un point fort de son livre qui repose sur des vérités scientifiques assez fortes. En effet, si la thèse de l’ADN peut être atténuée, celle des lettres issues de la même ramette de papier semble inattaquable. Mais encore une fois, prouver que SICKERT a écrit les lettres de JACK ne font pas de lui un assassin. De même , sa thèse de la fistule au pénis de SICKERT n’est que pure théorie. On a retrouvé alors des documents qui feraient penser que SICKERT a eu une fistule à l’anus, ce qui ne causerait aucun traumatisme au niveau de ses organes génitaux. SQICKERT a quand même eu de nombreuses maîtresses et trois femmes, qui n’ont jamais dévoilé quoique ce soit. Ensuite, les tableaux sont eux aussi impressionnants quand on les regarde sous le prisme de CORNWELL, mais c’est peut être une impression, sachant que SICKERT s’était aussi pris au jeu de découvrir l’identité de JACK, il a peut être vu les fameuses photos de l’enquête ou être influencé par la presse de l’époque.
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L’affaire CAMDEN TOWN , W.Sickert
Lorsque j’ai vu le livre de HERFORT, jeune professeur de Français qui propose une autre hypothèse basée sur ses recherches, j’ai tout de suite eu envie de lui donner du crédit.
On préfèrera toujours la petit chercheuse Française que la grande star Américaine qui paye des analyses génétiques à coups de dollars.
Et pourtant, force est de reconnaître que je n’ai absolument pas été convaincu par les thèses de la Française. Elle n’utilise pas le conditionnel et dit : c’est le tueur, cela ne fait aucun doute et je viens de le prouver, ce qui est toujours gênant car elle a plutôt des faisceaux de présomptions que des preuves réelles et inattaquables. Peut être à t’elle raison sur le fait que MACNAGHTEN ait écrit des lettres de l’éventreur pour nuire à WARREN, mais toute son argumentation est quand même assez sujette à interprétation, même si certains points (la lettre retrouvée pour le deuxième crime, le lien avec les INDES) sont assez judicieux.
Chacune des théories propose son lots d’indices et de coïncidences troublante, mais il y a dans chacun des bouquins beaucoup d’extrapolations et de raccourcis.
Pour conclure, je citerai ALAN MOORE dans FROM HELL
« Truth is, this, has never been about the murders, not the killer nor his victims. It’s about us. About our minds and hox they dance. Jack mirrors our hyterias. Faceless, he is the receptacle for each new social panic. He’s a jew, a doctor, a freemason or a wayward royal”
(La vérité; c’est qu’il ne s’agit ni des meurtres, ni du tueur, ni des victimes. Il s’agit de nous, sur nos esprits et la manière dont ils cheminent. Jack est le reflet de nos propres terreurs. Sans visage, c’est le récipient idéal pour chaque nouveau préjugé social. Jack est un juif, un docteur, un franc-maçon ou un prince capricieux !)
Evidemment, cette petite analyse n’est qu’une étude en surface des théories concernant JACK THE RIPPER.
Je vous conseille ardemment de lire JACK L’EVENTREUR : AFFAIRE CLASSEE de PATRICIA CORWELL (éditions des deux terres –2002) ; JACK L’EVENTREUR DEMASQUE : l’enquête définitive de SOPHIE HERFORT (éditions POINTS –policier-2008) et évidemment FROM HELL de ALAN MOORE et EDDIE CAMPBELL , traduite en Français chez DELCOURT. Vous aurez largement de quoi vous faire votre propre opinion.
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A l’occasion de la sortie assez récente de deux livres promettant de révéler l’identité de JACK L’EVENTREUR, j’ai pensé qu’il serait interressant de récapituler ces deux théories et ces deux manières d’enquêter, totalement opposées dans leurs hypothèses et leurs conclusions, tout en faisant un petit crochet par le GRAPHIC NOVEL : FROM HELL , qui reprend une troisième théorie, un peu tombée dans l’oubli depuis quelques années mais qui reste la plus présente à l’esprit des gens par les téléfilms et les films qui l’ont illustré.
1) Les deux livres, les deux auteurs, les deux suspects et leurs motivations.
Respectons l’ordre chronologique.
JACK L’EVENTREUR : AFFAIRE CLASSEE (PORTRAIT D’UN TUEUR) par PATRICIA CORNWELL. (2002)
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L’auteur : PATRICIA CORNWELL est la créatrice de la série de romans publiés dans le monde entier qui mettent en scène le médecin légiste KAY SCARPETTA. L’auteur a participé à la création de l’institut de sciences médico-légales de Virginie, dont elle préside le conseil d’administration.
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Son suspect : WALTER SICKERT
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Walter Richard Sickert, né le 31 mai 1860 à Munich en Allemagne et décédé le 22 janvier 1942 à Bath dans le Somerset en Angleterre, était un peintre post-impressionniste anglais. Sickert fut un artiste excentrique qui privilégia les sujets et les scènes populaires dans ses peintures. Son père était lui même un artiste, après des essais ratés au théatre, il devint l’assistant de JAMES WHISTLER, un artiste renommé. Il a eu trois épouses mais jamais d’enfants légitimes tout du moins.
Ses motivations, son passage à l’acte :
Atteint d’une fistule au pénis qui l’aurait conduit à un organe sexuel atrophié et à, de douloureuses opérations dés l’âge de trois ans et miné par ses différents problèmes de santé (abcès, furoncles), PATRICIA CORNWELL pense que SICKERT et tombé petit à petit dans la folie, mutilant les corps des prostituées avant même la première victime officielle de JACK. SICKERT, égoïste froid et manipulateur qui aurait souffert tout jeune de sa « différence » aurait sombré très tôt dans la schizophrénie et aurait laissé des tonnes d’indices derrière lui, ne s’arrêtant pas après les cinq meurtres, mais continuant de massacrer des gens bien après.
Son intuition se repose sur les peintures morbides de l’artiste et sur l’analyse ADN des lettres de JACK L’EVENTREUR, dont certaines correspondraient à celui de SICKERT.
On le remarque tout de suite, les motivations de SICKERT sont assez floues et dépendraient d’une éventuelle mutilation qui n’a jamais été avérée. Pas d’événement particulier qui auraient conduit à un passage à l’acte. CORNWELL a une révélation lorsqu’elle admire certaines des peintures de SICKERT, qui ne peuvent , selon elles qu’être de la main du tueur.
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Une des peintures de SICKERT
JACK L’EVENTREUR DEMASQUE : SOPHIE HERFORT (2007)
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L’auteur :
SOPHIE HERFORT , 30 ans, est professeur de Français, licenciée de philosophie et formée à la psychopédagogie et à la neuropsychiatrie
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Son suspect :
MELVILLE MACNAGHTEN : Le plus jeune des 15 fils de Elliot Macnaghten, le dernier responsable de la compagnie Britannique des Indes, Macnaghten a été éduqué à ETON. Il est ensuite à la fin de ses études parti en INDE pour reprendre les affaires de son père en 1872. En 1881, il fut sauvagement agressé par des ouvriers Indiens lors d’une révolte et devint ami avec JAMES MONRO, qui était inspecteur général à BOMBAY. Il revient à LONDRES en 1888 afin de devenir un membre de SCOTLAND YARD un peu plus tard en 1889 avec l’appui de son ami MONRO, devenu inspecteur principal de la police.
Il s’est marié en 1878 avec DORA SANDERSON et ont eu deux fils et deux filles.
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Ses motivations, son passage à l’acte :
Le 28 Août 1888, le préfet WARREN, chef de la police refuse à son adjoint MONRO l’admission de son ami planteur de thé à CALCUTTA, qui a tout quitté pour rejoindre la « force ». En effet, WARREN et MONRO ne s’entendent pas du tout, et WARREN ne veut même pas recevoir MACNAGHTEN pour lui dire qu’il ne sera pas pris, humiliant sévèrement ce dernier et le traitant de moins que rien , ajoutant même que c’est « le seul homme en Inde à s’être fait tabasser pas des hindous ! » (à l’époque, la population locale de l’Inde, sous domination Anglaise était considérée comme une race inférieure.) Cet affront va entraîner la démission de MONRO (qui continuera quand même à travailler dans une branche spéciale de la police). Vexé, MACNAGHTEN se serait alors lancé dans une série de crimes plus horribles les uns que les autres simplement pour amener WARREN à démissionner. Le point intéressant de la théorie est que , effectivement, les crimes ont cessé suite à la démission de WARREN et que JACK dans ses lettres ne cessait de dire qu’il voulait sa démission.
SOPHIE HERFORT fait remarquer que le soir même du meurtre de la première victime, deux joursaprès l’ « affront » fait à MACNAGHTEN par WARREN coïncide aussi avec l’incendie d’un entrepôt de la compagnie des Indes, celle là me^me qu’avait dirigé son père (que MACNAGHTEN méprisait). Les grandes thèses de l’enquête de HERFORT se basent surtout sur la biographie de MACNAGHTEN et sur l’identification d’un bout de lettre retrouvé aux pieds de la deuxième victime, ainsi que sur certains rapports de police de l’époque et un lien supposé entre l’Inde et le tueur.
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Charles Warren et James Monro
Ces deux suspect, bien que différents , ont quand même beaucoup de points en commun.
Tout d’abord, ils ont tous les deux tenté une carrière d’acteur raté, et JACK L’EVENTREUR était quand même un grand « metteur en scène », comme on va pouvoir le voir plus bas avec la description de ses crimes ou les lettres qu’il a envoyé à la police et à la presse. De plus, tous les deux avaient une aversion pour les prostituées (HERFORT en trouvera la preuve dans l’autobiographie de MACNAGHTEN, quand ce dernier les traite de déchets de la société humaine et SICKERT ne s’en cachait pas).
Tous deux connaissaient aussi l’acteur IRVING qui jouait à l’époque JEKYLL AND HYDE au théâtre et on retrouve cette dualité dans les crimes de l’éventreur.
Avant de pousser plus loin nôtre comparaison, un bref rappel des faits avec les indices relevés par les auteurs.
2) Les cinq victimes officielles de JACK L’EVENTREUR.
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On peut parler ici de victimes officielles car en fait, PATRICIA CORWELL assure qu’il y en a eu beaucoup d’autres avant celle du 30 Août, comme par exemple MARTHA TABRAM, une prostituée retrouvée mutilée de dizaines de coups de couteau un mois plut tôt. Thèse réfutée par HERFORT qui attribue ce crime à une bande de malfaiteurs qui sévissait à l’époque.
Les temps étaient durs dans le quartier de WHITECHAPEL, un des plus pauvres de LONDRES à l’époque, où la détresse sociale et la misère entraînaient les pires conditions de vie. On n’avait pas beaucoup d’autres choix que de se prostituer ou sombrer dans l’alcool pour survivre, et les conditions de vie étaient terribles. On pourra se référer par exemples aux livres de CHARLES DICKENS pour se faire une meilleure idée.
VENDREDI 31 AOUT 1888 : Mary Ann « polly » NICHOLS
Prostituée de 42 ans, 1m 60 elle était grassouillette avec des yeux marrons et des cheveux châtains grisonnants. Séparée de William son mari, elle perd la garde de ses cinq enfants lorsque ce dernier l’accuse de mener une « mauvaise vie ». Virée de son dernier logement, on l’aperçoit arpenter seule les rues à la recherche d’un éventuel client, pour lui permettre de payer sa place dans son ancien meublé, où elle demande à 1h40 qu’on lui garde un lit pour la nuit et qu’elle va revenir avec de l’argent très bientôt. On la croise à nouveau à 2h30 ivre et titubante dans les rues de WHITECHAPEL.
Elle est découverte dans une allée par deux chauffeurs de tramway vers 3h45. elle avait la gorge tranchée et était éventrée, le bas ventre lacéré de nombreux coups de couteaux.
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Polly Nichols ; lors de son mariage en 1864
Le docteur LLEWYLLIN, qui va pratiquer l’autopsie ne pourra pas en déduire grand chose. Il pense que le tueur est gaucher et qu’il a égorgé sa victime par devant, l’étranglant au préalable. Si SOPHIE HERFORT partage cette analyse, PATRICIA CORNWELL en développe une autre. Elle affirme que selon elle, les prostituées étaient attaquées par derrière, et que deux le meurtrier serait alors droitier. (De toutes façons, cela ne contredit pas sa thèse puisque SICKERT était selon toute vraisemblance ambidextre.).
SAMEDI 8 SEPTEMBRE : ANNIE CHAPMAN
Prostituée de 47 ans, 1m60 grassouillette aux yeux bleus et aux cheveux châtains courts. En mauvaise santé, elle était séparée de son mari et vivait dans la misère, à tel point qu’elle était surnommée « DARK ANNIE ». ce soir là, alors qu’on l’a vu partir plus tôt avec un client, un homme entend un « non » derrière sa clôture, là où a eu lieu le meurtre. Il a entendu aussi un bruit comme si quelque chose de lourd avait heurté sa clôture. Il n’ira évidemment pas voir. On la trouvera quelques minutes plus tard, égorgée et quasiment décapitée (le tueur a essayé de séparer les vertèbres cervicales sans succès) , éventrée et mutilée, ses intestins étaient déposés sur son épaule droite. Aux pieds d’ANNIE un morceau de mousseline, un peigne et un bout d’enveloppe déchiré. Autour du cou, un foulard rouge qu’on ne lui connaissait pas.
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La scène de crime , photo d’époque
La scène de crime va révéler plusieurs indices :
Tout d’abord un tablier de cuir retrouvé non loin du lieu du meurtre (on va alors accuser à tort un bottier juif pendant quelques temps). On apprendra qu’il appartient ensuite à l’un des voisins de la scène de crime qui l’avait juste mis à sécher. Cette accusation va évidemment créer des tensions entres les habitants Juifs de WHITECHAPEL et les autres.
Le fameux foulard rouge, qui sera à l’origine de deux explications bien différentes chez nos deux enquêtrices.
Pour SOPHIE HERFORT, ce foulard rouge est un signe venu des Indes, c’est en effet la marque d’une secte appelée LES ADORATEURS DE KALI (des tueurs fanatiques) qui avaient l ‘habitude d’étrangler leurs victimes avec un foulard rouge avant de les égorger. Fait troublant, C’est Elliott MACNAGHTEN, le père de JAMES qui a mené des actes répressifs contre cette secte alors qu’il était directeur de la compagnie des Indes.
PATRICIA CORNWELL, elle , nous explique que WALTER SICKERT avait toujours un foulard rouge fétiche autour du cou dont il ne voulait jamais se séparer et qu’il mettait à chaque fois qu’il peignait une toile. Personne n’avait le droit de le toucher, même pas sa femme de ménage. Il est vrai que ce fétichisme pour un foulard rouge tombe assez mal.
Et enfin, le morceau d’enveloppe, sur laquelle on ne peut identifier que l’initiale M , ainsi que plus bas les inscriptions 2 et Sq. Son cachet est du 28 Août et l’enveloppe porte le blason du ROYAL SUSSEX REGIMENT.
Si CORNWELL n’explique pas ce bout de lettre, HERFORT quant à elle, a une théorie assez intéressante. Pour elle, c’est MACNAGHTEN qui l’a placé en indice et cette lettre serait sa lettre de non acceptation au sein de la « force » écrite par WARREN !
En effet, c’est bien le 28 Août que WARREN a écrit à MACNAGHTEN (qu’il ne voulait pas recevoir, rappelez-vous) pour lui dire qu’il ne serait pas pris dans la police et en plus de ça, WARREN a mené sa carrière militaire dans le ROYAL SUSSEX REGIMENT, comme tout gradé il avait des enveloppes portant le sceau de son unité ! De plus, les inscriptions portées sur l’enveloppes pouvaient correspondre à l’adresse du suspect, puisque MELVILLE MACNAGHTEN habitait au 32 WARWICK Square ! Troublant.
DIMANCHE 30 SEPTEMBRE : LE DOUBLE MEURTRE
ELIZABETH STRIDE :
45 ans, plutôt grande pour l’époque ELIZABETH STIZE (« long Liz » )avait le teint pâle, les cheveux châtains et les yeux gris, elle était plutôt élancée et portait une rose rouge à sa boutonnière quand elle a été retrouvée. LIZ STRIDE a « simplement » été égorgée car JACK a été interrompu par deux personnes qui sortaient d’une réunion (« les juifs et le socialisme »). STRIDE était peut être allée à la réunion pour essayer de trouver un client.
CATHERINE EDDOWES : 43 ans, yeux foncés , maigre aux cheveux noirs. Elle vivait avec un homme nommé JOHN KELLY et avait deux enfants d’un premier mariage dont elle perd rapidement la garde.
N’ayant pas d’argent pour payer son loyer, elle dort la plupart du temps dans des asiles de nuit. Ce dimanche là, elle est enfermée au poste pour état d’ivresse. Elle est relâchée vers 1h00 du matin et a été vue en compagnie d’un homme juste avant d’être assassinée. C’est la plus mutilée jusqu’à présent, comme si le tueur avait reporté toute sa haine sur la jeune femme , peut être était il contrarié d’avoir été interrompu quelques minutes auparavant. Quoiqu’il en soit, EDDOWES a été égorgée et éventrée , ses vêtements déchirés , ses parties génitales massacrées et lacérées. Ses intestins ont été placées au dehors mais c’est surtout son visage qui a été le plus touché. Le tueur a en effet lacéré tout le côté droit de sa victime : il a donné des coups de couteau comme un fou. Entailles en forme de V ont été dessinées sous les paupières. Au dessus du mur où EDDOWES est assassinée, on peut lire cette inscription : « THE JUWES ARE THE MEN THAT WILL NOT BE BLAMED FOR NOTHING » (Les juifs sont les hommes qui ne seront pas accusés pour rien). Avec une faute d’orthographe sur JUWES (JEWS en Anglais).
Le tueur a aussi coupé une oreille de sa victime.
Beaucoup de choses sur ce double meurtre.
Personne n’a réussi a expliquer la présence de cette rose à la boutonnière qu’elle ne portait pas quelques heures avant le meurtre.
En ce qui concerne le meurtre sanglant de EDDOWES ; il faut parler des lettres de JACK L’EVENTREUR. Celui-ci s’amusait en effet à envoyer des tonnes de courrier à la presse ou à la police. La plupart d’entre elles sont considérées comme des canulars (on y reviendra plus tard), mais en attendant, certaines semblent totalement authentiques. En effet ; avant ce meurtre, JACK avait précisé dans l’une de ses lettres qu’il couperait l’oreille de sa prochaine victime…..
On pourra aussi citer la lettre du 17 Septembre adressée à CHARLES WARREN:
Cher Patron,
Donc maintenant ils disent que je suis Juif ? Quand apprendront-ils ? Vous et moi connaissons la vérité. Attrapez moi si vous pouvez !
JACK L’EVENTREUR.
Apparemment, JACK voulait faire monter la pression sur Warren, et cette allusion sur le fait qu’on pense qu’il est juif (en rapport aux accusations sur le bottier du meurtre de CHAPMAN) est totalement niée. Ceci pourrait expliquer l’inscription sur le mur, JACK cherchant à attiser les tensions entre les différentes communautés de WHITECHAPEL. Malheureusement, craignant les émeutes, WARREN fait effacer l’inscription avant même l’arrivée de l’appareil photo, ce qui fait qu’on aura aucune trace de l’écriture de l’assassin.
Selon CORNWELL, un des policiers aurait essayé de recopier l’inscription telle quelle sur son carnet, et celle ci ressemblerait un peu à l’écriture de SICKERT.
Cette inscription renforce évidemment la thèse de HERFORT, JACK cherchant à, pousser WARREN à la démission. (On y reviendra aussi plus tard…)
Les deux entailles en forme de V font aussi l’objet d’extrapolations chez nos deux écrivains.
En effet, lors d’une lettre de l’éventreur adressée à la police en 1889, ce dernier dira « je suis une marque sur le corps des femmes ». Et HERFORT fait remarquer que les deux entailles en forme de V , si on les réunit et qu’on les retourne, cela fait un M, comme Macnaghten.
Malheureusement, les deux entailles en forme de V peuvent aussi faire un W, ce qui explique pourquoi CORNWELL accuse WALTER SICKERT d’avoir signé sur le corps de ses victimes… On reparlera de ces marques dans le prochain meurtre, car elle vont encore apparaître. M ou W ? là est la question.
VENDREDI 9 NOVEMBRE : MARY JANE KELLY
24 ans, brune , jolie au teint frais. Elle vivait avec un dénommé JOSEPH BARNETT mais s’était récemment disputée avec lui . un carreau de sa chambre s’était brisé lors de la dispute et n’avait pas été réparé. Elle passait la main à travers le trou depuis pour débloquer le verrou de sa porte. Beaucoup de rumeurs sur elle (un enfant qu’on ne voit jamais, elle aurait été modèle pour WALTER SICKERT ) , mais rien de bien concluant.
Dans la nuit, sa voisine de chambre, LIZ PRATER entend un son étouffé vers 4 heures du matin. « Au meurtre ». Comme elle est à moitié ivre, elle va juste bloquer sa porte et n’entendra plus rien, distinguant quand même de la lumière sous le mur qui communique avec la chambre de KELLY.
A 11h00 du matin, un percepteur vient chercher le loyer de la jeune femme et découvre une scène absolument macabre. C’est une véritable boucherie dans la chambre de M.J. KELLY ! Le tueur ayant eu le temps, il a complètement mutilé la corps de la jeune fille.
Oreilles tranchées, nez découpé, visage dépecé jusqu’au crâne, vêtements posés en ordre à côté du lit, intestins découpés et placés à l’extérieur sur la table de nuit, seins amputés et disposés à côté du foie au bord du lit en fer, viscères empilés sur la table de chevet etc….. Le cœur a été enlevé et ne fut pas retrouvé, on suppose que le meurtrier l’a enlevé.
Pour avoir vu la photo de la scène de crime lors de mes recherches, je peux vous assurer que c’est assez atroce et totalement épouvantable. C’est très effrayant et JACK a réussi sa mise en scène macabre au delà de toute espérance, car la photo est absolument abominable.
Ce crime est le plus terrible de ceux commis par JACK dans sa férocité et son acharnement à déshumaniser ses proies.
CORNWELL pense que le couteau utilisé était un couteau Indien ( kuki) qu’on a retrouvé dans un buisson quelques jours plus tard non loin de l’endroit où vivait la mère de SICKERT. Ceci peut aussi accréditer la thèse de HERFORT.
HERFORT d’ailleurs, remarque que sur le mur à côté du lit de la victime, on peut distinguer la lettre M , et qu’on peut même trouver un V sur une des jambes de MARY KELLY.
Ce dernier meurtre va entraîner la démission du préfet CHARLES WARREN, qui va partir le 12 Novembre !
Et bizarrement, c’est JAMES MONRO qui revient et qui prend sa place le 3 Décembre. Il rappellera évidemment Macnaghten le 1 Juin de l’année suivante( 1889).
MACNAGHTEN va devenir donc un membre éminent de SCOTLAND YARD et va être affecté la plupart du temps à des crimes de jeunes femmes mutilées, comme les fameux crimes de la tamise (où l’on retrouvera des petits morceaux de corps un peu partout…). A noter que pour CORNWELL, ces crimes de la Tamise sont à mettre au compte de WALTER SICKERT.
Officiellement, les crimes de JACK L’EVENTREUR se sont arrêtés là, juste après la démission de Warren.
Evidemment, cela accrédite la thèse de HERFORT, qui considère qu’une fois la démission de WARREN obtenue, MACNAGHTEN n’a plus besoin de tuer des gens et d’effrayer l’opinion.
C’est en résumé ce que l’on pouvait dire sur ces fameux meurtres et sur les hypothèses principales des deux écrivains. Evidemment, il y a beaucoup plus de détails dans les livres….
Mais HERFORT et CORNWELL ont d’autres faisceaux de preuves, que l’on va détailler maintenant.
3) Lettres de l’enfer !
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Comme on l’a dit un peu plus haut, JACK adorait envoyer des lettres à al presse où à la police. On peut en recenser une bonne centaine qui ont continué dix ans après le dernier meurtre. Evidemment, la plupart des spécialistes des meurtres de JACK considèrent la grande majorité de ces lettres comme des canulars. Pourtant, CORNWELL pense que la grande majorité de ces lettres sont signées SICKERT.
Intéressons nous de plus prés au ton de ces lettres….
Ce qu’on remarque, c’est que JACK fait des fautes d’orthographe sciemment, car son discours est assez structuré et que certains mots plus compliqués sont très bien écrits. Il s’amuse et livre parfois des indices dans ses lettres tout en essayant de se faire passer pour quelqu’un qui n’a pas eu une bonne éducation.
CORNWELL a beaucoup étudié la structure et la composition de ces lettres, elle a trouvé beaucoup d’analogies avec la correspondance de SICKERT.
Premier fait troublant ; les tests ADN. CORNWELL a en effet soumis certaines des lettres à un séquençage ADN, en utilisant des filaments d’ADN mitochondrial sur la colle des enveloppes . Et elle a trouvé une correspondance entre l’ADN de ces lettres et celui de SICKERT ! Pourtant, ce n’est pas en soi une preuve….. L’ADN mitochondrial n’est pas aussi exact que l’ADN normal, et il existe 10 % de chances que deux individus différents donnent le même résultat. Vous me répondrez que cela fait quand même 90% de chances que ce soit le même individu…. Certes, mais si on multiplie par le nombre de personnes qui ont touché ou examiné ces lettres depuis 100 ans et qui ont peut être laissé leur ADN, c’est beaucoup moins convainquant. C’est tout du moins ce qu’affirme HERFORT.
Deuxième fait beaucoup moins sujet à caution, CORNWELL a fait analyser au microscope électronique certaines lettres de JACK, et elle en est arrivée à la conclusion que certaines des feuilles de papier utilisées pour les lettres proviennent de la même ramette de papier que celles utilisées par SICKERT pour sa correspondance personnelle à l’époque. (En regardant la trame du papier, les erreurs de découpe et le filigrane…).Vraisemblablement, il existe une grosse correspondance entre les lettres de SICKERT et de JACK.
Malheureusement, la marque du papier et le filigrane peut aussi correspondre au papier utilisé par SCOTLAND YARD à l’époque. Mais c’est à mon sens, l’un des éléments les moins discutables de l’enquête de CORNWELL.
Troisième fait : L’auteur des lettres était vraisemblablement un artiste. Il a laissé pas mal de dessins sur les lettres, qu’on pensait écrites avec du sang. Un examen au microscope et chimique a révélé qu’il ne s’agissait pas de sang, mais de peinture, ce qui renforce la thèse de CORWELL encore plus.
L’analyse de l’écriture n’a pas donné grand chose non plus, puisque selon toute vraisemblance, JACK modifiait son écriture, se forçant à écrire de sa mauvaise main pour brouiller les pistes.
Un quatrième fait, encore plus troublant. : CORNWELL est un jour tombée sur le livre d’or d’un hôtel de CORNOUAILLES où SICKERT a logé dans les années 1887-1888 ; eh bien ce livre d’or é été griffonné à chacune de ses pages de dessins et de mots bizarres qui correspondent complètement à l’écriture et au ton des lettres de JACK !!!!
De plus, un grand nombre de lettres ont été postées près de lieux proches de théâtres et d’endroits familiers de SICKERT. Mais MACNAGHTEN n’habitait pas loin lui non plus.
HERFORT ne disposant évidemment pas de l’argent de PATRICIA CORNWELL, elle s’intéresse plutôt au contenu des lettres.
On rappelle la lettre du 17 Septembre adressée à WARREN
Cher Patron,
Donc maintenant ils disent que je suis Juif ? Quand apprendront-ils ? Vous et moi connaissons la vérité. Attrapez moi si vous pouvez !
JACK L’EVENTREUR.
Pour HERFORT, un indice important se cache dans cette lettre, en effet, si c’est MACNAGHTEN, ce serait tout à fait ironique de s’adresser à WARREN en utilisant le terme CHER PATRON et totalement dans l’esprit de ces lettres. De plus, JACK connaissait selon toute vraisemblance beaucoup de choses du fonctionnement interne de SCOTLAND YARD, comme le prouve la lettre du 7 Novembre
D.S.S.
Je pense que mon prochain travail sera de te faire renvoyer [Warren] et dés que possible, je deviendrai un membre de la force. Je pourrai bientôt te demander des comptes.
En dehors du message très explicite de JACK, ce sont les lettres D.S.S qui interpellent HERFORT et qui montre que l’auteur de ces lettres connaissait très bien la police, puisque la personne chargée d’ouvrir le courrier à SCOTLAND YARD s’appelait Donald Sutherland Swanson (D.S.S. ).
On pourra rétorquer que MACNAGHTEN n’étant pas dans la police à ce moment là, il ne pouvait pas connaître ces détails….. Pourtant, il connaissait bien CHARLES MONRO, qui lui donnait peut être des informations confidentielles. HERFORT avance l’hypothèse que les deux hommes étaient complices dans ces meurtres horribles.
HERFORT va aussi trouver de nombreuses lettres qui laissent à penser que JACK connaissait et en voulait personnellement à WARREN.
19 Octobre :
Monsieur, les crimes commis à […] Whitechapel furent perpétrés par un ex-agent de la police Métropolitaine qui fut démissionné de la force […] . le mobile est la haine et le dépit contre les hommes du Yard.
En Juillet 1889 arrivent quasiment simultanément trois lettres qui renforcent l’impression que l’auteur connaît intimement Scotland Yard. On notera celle signée G.R.S qui écrit « je connais bien le Yard et les marches de plomb du 77 ». Référence à un bâtiment 77 qui effectivement, comprenait une marche en plomb que seuls les intimes pouvaient connaître.
HERFORT explique que les initiales G.R.S correspondent à celles de GEORGES R. SIMS un journaliste qui est en autres le meilleur ami de MACNAGHTEN. HERFORT explique aussi que certaines les lettres de l’éventreur étaient envoyées directement à une agence de presse à LONDRES qui re dispatchait ensuite les infos aux différents quotidiens, ce qui prouve la grande connaissance du tueur au sujet du fonctionnement de la presse de l’époque.
D’autres lettres renforcent la thèse de HERFORT :
15 novembre 1888
"J’ai 35 ans et je suis toujours en vie"
(MACNAGHTEN avait 35 ans cette année là. )
14 Octobre 1896, adressée au nouveau préfet de SCOTLAND YARD, BRADFORD,qui avait travaillé quelques années auparavant avec MACNAGHTEN.
"Cher Patron,
Il se peut que vous vous souveniez de moi si vous réfléchissez un petit peu."
Une lettre troublante est celle datée du 8 Octobre où ce dernier affirme :
« Je vis à Calcutta »
HERFORT voit ici le lien entre le tueur et les Indes.
Une dernière coïncidence.
JACK va, dans une de ses lettres signer Mr NEMO.
Or, il se trouve que NEMO était le nom de scène de SICKERT quand il était acteur. On se dit que CORNWELL prend de l’avance sur HERFORT, mais non, car cette dernière a aussi une explication. NEMO, la capitaine, issu des récits de JULES VERNES était un Indien, et de plus, HERFORT a retrouvé un rapport de Police de MACNAGHTEN, datant de 1910, où celui-ci utilise le nom NEMO pour désigner le suspect d’une agression à l’arme à feu dont il ne veut pas divulguer l’identité. Bizarre d’utiliser ce nom, alors que MACNAGHTEN avait certainement eu accès au courrier de JACK lorsqu’il était à SCOTLAND YARD.
Bon, évidemment, le fait de prouver que MACNAGHTEN ou SICKERT soient les auteurs des lettres de JACK ne prouve aucunement que ce sont eux les assassins.
Après tout, MACNAGHTEN a très bien pu se servir des meurtres pour mettre la pression sur WARREN , utilisant son ami SIMS pour divulguer des infos confidentielles via MONRO.
De la même manière, l’humour un peu bizarre de SICKERT pourrait en faire l’auteur des lettres, simplement pour s’amuser aux dépends de WARREN.
N’oublions pas non plus de SICKERT et MACNAGHTEN étaient de la haute société et n’habitaient pas très loin. Ils fréquentaient les mêmes clubs et les mêmes lieux…
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4) Une leçon d’anatomie
La légende veut que JACK l’éventreur ait eu des connaissances médicales, cette idée est contestée par les deux auteurs. En effet, ce malentendu repose sur le témoignage d’un docteur lors des assises du deuxième meurtre qui aurait affirmé que le meurtrier posséderait des connaissances basiques en anatomie ! Cette phrase a été reprise dans les journaux et déformée pour faire de JACK un médecin. Or, JACK a plutôt massacré des corps, dépeçant et prélevant des organes sans aucune délicatesse, cela ne suppose donc pas de grandes connaissances médicales.
CORNWELL pense que SICKERT ayant étudié l’anatomie des corps humains lors de ses études de peinture, possédait toutes les connaissances nécessaires pour arracher les organes.
Quant à MELVILLE MACNAGHTEN, c’est beaucoup plus simple, puisqu’il était taxidermiste ! Il avait en effet pourchassé et dépecé puis empaillé beaucoup d’animaux sauvages lorsqu’il se trouvait aux Indes.
5) D’autres faisceaux de présomption.
SICKERT utilisait un tablier pour se protéger des traces de peinture, et on suppose que JACK en faisait de même lors de ses meurtres. Un témoin affirme même avoir vu un homme se passer un tablier sous son manteau juste avant que le premier meurtre ne soit commis no loin de là, par un homme dont l’apparence pourrait correspondre à celle de SICKERT.
Le rapprochement est peut être un peu facile, mais valable.
De plus, il suffit de regarder les toiles de SICKERT avec l’impression que celui-ci est JACK pour être tétanisé d’effroi ! Je vous montre quelques exemples ci-dessous. On se rend bien compte que SICKERT peignait des toiles morbides, en rapport (assumé) avec JACK L’EVENTREUR, dont certaines pourraient faire penser aux victimes.
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Une autre toile de WALTER SICKERT
Pour SOPHIE HERFORT, la culpabilité de MACNAGHTEN ne fait aucun doute lorsqu’on lit son autobiographie. On y retrouve en effet quelques coïncidences troublantes avec les lettres de l’éventreur. Je n’en détaillerai qu’une seule ici, la plus « forte » :
Lorsque MACNAGHTEN décrit ses chasses en Inde, il raconte qu’il chassait souvent le CHACAL (JACKAL) en Anglais et utilise tout le temps le terme JACK pour le désigner.
Elle va même beaucoup plus loin.
Elle affirme que SCOTLAND YARD était au courant de la culpabilité de MACNAGHTEN, citant une assise (pour la nuit du troisième et du quatrième meurtre) où le procureur a interdit à un témoin de donner sa description de l’individu qui accompagnait l’une des victimes sans aucune raison valable. La description, retrouvée plus tard, correspond en tout point à celle de MACNAGHTEN. HERFORT pense que MONRO avait essayé de sauver son ami, mais je trouve cet argument assez bancal et tordu, car même si MONRO faisait encore partie de la force, il n’était plus préfet adjoint.
Elle cite aussi les mémoires du successeur de MONRO et de WARREN qui affirme connaître l’identité du tuer, mais qui ne veut pas la révéler, car cela ennuierait trop la police.
Elle cite aussi un article de presse lorsque MACNAGHTEN prend sa retraite, où celui-ci avoue : « Je possédais la preuve documentaire de l’identité de JACK, mais j’ai brûlé tous les papiers », et effectivement, on retrouve très peu de documents d’époque sur les meurtres, ces derniers ayant disparu lors des bombardements de la seconde guerre mondiale, où tout simplement détruits par MACNAGHTEN pour dissimuler sa culpabilité.
Un dernier détail à charge pour MACNAGHTEN , qui mérite grandement un chapitre à lui tout seul.
6) Le mystérieux MONSIEUR DRUITT !
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Montague John Druitt
En 1894, soit six ans après le dernier meurtre, le journal le SUN fait sa une sur LA VERITABLE IDENTITE DE JACK L’EVENTREUR. Il pense en effet avoir trouvé la solution et accuse un certain CUTBUSH, un déséquilibré échappé de l’asile à l’époque des faits. Malheureusement, ce CUTBUSH est aussi le neveu de l’un des responsables de SCOTLAND YARD, et la force va donc faire un démenti.
Coïncidence, c’est MACNAGHTEN qui va répondre au journal et livrer à la presse trois suspect, alors inconnus jusque là !
- Montague John Druitt, jeune avocat raté, retrouvé noyé dans la Tamise juste après le dernier meurtre ;
- Aaron Kosminski, coiffeur juif polonais, enfermé dans un asile pour cause d'hallucinations qui le poussaient à des comportements extrêmes et à des violences sexuelles ;
- Michael Ostrog, repris de justice russe, dangereux, mais dont Scotland Yard ignorait les faits et gestes lors de cette vague de crime.
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Michael Ostrog
MACNAGHTEN va alors charger DRUITT à bloc, dans l’incompréhension générale.
En effet, DRUITT est un avocat, qui a été renvoyé d’un internat en 1888 pour « attouchement » envers un de ses élèves. Son père est mort en 1886 et sa mère était internée dans un asile psychiatrique pour dépression.
DRUITT va alors sombrer lui aussi, et on retrouve son corps dans la tamise le 31 Déc 1888 avec des pierres dans les poches et de l’argent. En fait, MACNAGHTEN n’a aucune preuve pouvant accuser DRUITT, seule la date de sa mort (qui correspond à la fin des crimes) est avancée comme élément à charge.
MACNAGHTEN, qui avait selon ses proches une excellente mémoire des faits va commettre d’énormes confusions dans son rapport (Il dit que DRUITT était médecin, alors qu’il était DOCTOR en droit ; il lui donne 41 ans au lieu de 31 car cela colle plus près avec les quelques descriptions des témoins lors des meurtres), mélangeant les dates des meurtres et du suicide pour que sa thèse colle mieux.
La plupart des RIPPEROLOGISTS (enquêteurs sur l’affaire de JACK) n’ont jamais compris l’obstination de MACNAGHTEN pour faire accuser DRUITT.
STEPHEN KNIGHT, dans son livre, JACK THE RIPPER, THE FINAL SOLUTION écrira même :
“Mais pourquoi en 1894 le nom de DRUITT venait seulement de traverser la tête de MACNAGHTEN alors que l’homme était décédé depuis 1888 ? Même WALTER SICKERT décrivait DRUITT comme un bouc émissaire. Il accusait MACNAGHTEN d’être un instrument des francs-maçons et d’avoir concocté cette machination ! »
Il faut dire que la thèse de STEVEN KNIGHT est celle du complot franc-maçonnique, celle qui a été reprise par ALAN MOORE dans le comic book FROM HELL dont on parlera juste après.
D’après lui, MACNAGHTEN était un instrument des fracs-maçons pour faire accuser DRUITT.
Détail intéressant, le fait que SICKERT défende DRUITT, peut être ne voulait-il pas que quelqu’un prenne sa place ?
Pour CORNWELL, MACNAGHTEN était juste un incompétent venu des INDES,c’est sa manière d’expliquer ce rapport truffé d’erreurs.
Pour HERFORT, forcément, c’est un moyen de détourner les soupçons de sa propre personne. HERFORT considère même (comme KNIGHT) , que DRUITT n’est peut-être pas mort tout seul.
En attendant, une chose est claire, ce mystérieux monsieur DRUITT a juste eu la mauvaise idée de mourir au mauvais moment.
7) FROM HELL : la thèse du complot.
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La thèse du complot franc-maçonnique a été abordée par STEPHEN KNIGHT dans son livre : JACK THE RIPPER, THE FINAL SOLUTION en 1976. KNIGHT est un jeune journaliste qui tiendrait ses informations d’un éventuel héritier de WALTER SICKERT !
Le duc de Clarence (Albert Victor), petit fils de la reine VICTORIA aurait eu un enfant avec une prostituée de l’EAST END. Il se serait même marié avec, faisant du bébé un des prétendants au trône d’Angleterre. Avertie par SICKERT, VICTORIA commandite alors l’enlèvement de cette dernière et la fait interner puis lobotomiser dans un asile . L’enfant échappe à l’enlèvement et est confié à 5 prostituées (CHAPMAN, KELLY, STRIDE, NICHOLS et EDDOWES) qui, pour obtenir de l’argent, vont faire chanter la reine. VICTORIA demande alors à son médecin personnel, le docteur WILLIAM GULL de résoudre le problème. Or, GULL qui était un franc-maçon à moitié fou, va prendre les mots de la reine au pied de la lettre et se livrer aux massacres de Whitechapel. Il faudra ensuite que les francs-maçons (MONRO, WARREN, MACNAGHTEN) couvrent les agissements de GULL vis à vis de l’inspecteur ABBERLINE, chargé de l’enquête. ON remarquera que si ABBERLINE est une figure principale de FROM HELL, CORNWELL en parle un peu comme un bon détective, mais HERFORT n'y fait aucune allusion
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William Gull
Cette rumeur est celle qui est restée dans l’inconscient collectif car elle a connu à l’époque un très grand succès (il y a même eu des téléfilms de la BBC sur cette thèse) mais quelques années plus tard, tout va s’effondrer.
Le fameux héritier de SICKERT avoue au Sunday TIMES qu’il a inventé toute l’histoire, (excepté le fait qu’il est bien un descendant de SICKERT, évidemment). KNIGHT va mourir d’une tumeur au cerveau en 1985, mais il aura le temps d’écrire un autre livre sur le complot franc-maçonnique.
C’est de cette histoire et de toutes les recherches d’ALAN MOORE qu’est né le roman graphique FROM HELL, élément précieux, qui même s’il est basé sur une fausse théorie et romancé au maximum selon les dires de l’auteur, reste quand même une sacrée référence en ce qui concerne JACK L’EVENTREUR. On retrouve en effet dans ce livre quasiment toutes les recherches de HERFORT (l’antagonisme WARREN/MONRO/MACNAGHTEN ) et une foultitude de détails sur l’époque. Une œuvre dense et d’autant plus passionnante qu’on connaît certain des faits de l’époque et que je conseille à tout le monde.
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FROM HELL, chapitre 11 , page 16 (A.Moore / E.Campbell)
D’autres personnes ont également été suspectées de meurtres de WHITECHAPEL au fil des années , on pourra citer JOSEPH MERRICK, alias ELEPHANT MAN qui se trouvait à LONDRES à l’époque a été suspecté, ainsi qu’une sage femme de WHITECHAPEL , mais il n’y eut pas beaucoup de preuves pour étayer les suspicions.
8) Alors : qui a raison ? Mon opinion personnelle sur les deux thèses.
Les deux livres sont vraiment très différents. CORNWELL est une romancière, qui fait de son bouquin quelque chose d’assez prenant. Elle arrive bien à nous impliquer dans la psyché tourmentée de SICKERT, à tel point qu’on y croit véritablement , alors que ce ne sont que des hypothèses. C’est un point fort de son livre qui repose sur des vérités scientifiques assez fortes. En effet, si la thèse de l’ADN peut être atténuée, celle des lettres issues de la même ramette de papier semble inattaquable. Mais encore une fois, prouver que SICKERT a écrit les lettres de JACK ne font pas de lui un assassin. De même , sa thèse de la fistule au pénis de SICKERT n’est que pure théorie. On a retrouvé alors des documents qui feraient penser que SICKERT a eu une fistule à l’anus, ce qui ne causerait aucun traumatisme au niveau de ses organes génitaux. SQICKERT a quand même eu de nombreuses maîtresses et trois femmes, qui n’ont jamais dévoilé quoique ce soit. Ensuite, les tableaux sont eux aussi impressionnants quand on les regarde sous le prisme de CORNWELL, mais c’est peut être une impression, sachant que SICKERT s’était aussi pris au jeu de découvrir l’identité de JACK, il a peut être vu les fameuses photos de l’enquête ou être influencé par la presse de l’époque.
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L’affaire CAMDEN TOWN , W.Sickert
Lorsque j’ai vu le livre de HERFORT, jeune professeur de Français qui propose une autre hypothèse basée sur ses recherches, j’ai tout de suite eu envie de lui donner du crédit.
On préfèrera toujours la petit chercheuse Française que la grande star Américaine qui paye des analyses génétiques à coups de dollars.
Et pourtant, force est de reconnaître que je n’ai absolument pas été convaincu par les thèses de la Française. Elle n’utilise pas le conditionnel et dit : c’est le tueur, cela ne fait aucun doute et je viens de le prouver, ce qui est toujours gênant car elle a plutôt des faisceaux de présomptions que des preuves réelles et inattaquables. Peut être à t’elle raison sur le fait que MACNAGHTEN ait écrit des lettres de l’éventreur pour nuire à WARREN, mais toute son argumentation est quand même assez sujette à interprétation, même si certains points (la lettre retrouvée pour le deuxième crime, le lien avec les INDES) sont assez judicieux.
Chacune des théories propose son lots d’indices et de coïncidences troublante, mais il y a dans chacun des bouquins beaucoup d’extrapolations et de raccourcis.
Pour conclure, je citerai ALAN MOORE dans FROM HELL
« Truth is, this, has never been about the murders, not the killer nor his victims. It’s about us. About our minds and hox they dance. Jack mirrors our hyterias. Faceless, he is the receptacle for each new social panic. He’s a jew, a doctor, a freemason or a wayward royal”
(La vérité; c’est qu’il ne s’agit ni des meurtres, ni du tueur, ni des victimes. Il s’agit de nous, sur nos esprits et la manière dont ils cheminent. Jack est le reflet de nos propres terreurs. Sans visage, c’est le récipient idéal pour chaque nouveau préjugé social. Jack est un juif, un docteur, un franc-maçon ou un prince capricieux !)
Evidemment, cette petite analyse n’est qu’une étude en surface des théories concernant JACK THE RIPPER.
Je vous conseille ardemment de lire JACK L’EVENTREUR : AFFAIRE CLASSEE de PATRICIA CORWELL (éditions des deux terres –2002) ; JACK L’EVENTREUR DEMASQUE : l’enquête définitive de SOPHIE HERFORT (éditions POINTS –policier-2008) et évidemment FROM HELL de ALAN MOORE et EDDIE CAMPBELL , traduite en Français chez DELCOURT. Vous aurez largement de quoi vous faire votre propre opinion.