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Nopoman
13/06/2008, 20h05
Je ne me battais plus pour survivre. Je ne me battais toujours que pour des causes justes.

Assis sur le sol, adossé au mur de la fabrique, j’entends les coups de feu. Mes yeux se ferment à chacune des explosions mais je garde les yeux dans le vide, vers ses bateaux qui attendent de partir, vers cette mer que je ne n’ais jamais voulu prendre. Vers ces choix que je n’aurais plus la chance de faire.
Au compte des éclats qui ponctuent ma méditation, je sais que j’ais déjà perdu six d’entre eux. Lucas peut-être. Emile j’espère. Je fais une sacrée ordure de penser ça. Je suis une vraie pourriture d’être là. Il faut. Je ne prendrais pas ma survie comme exemple de réussite. Ca serait bien trop prétentieux. Pas non plus que leurs vies valent plus que la mienne. Ca j’en doute fort. Quand on a fait ce choix, on sait qu’on ne vaux rien. En tout cas bien moins que les gens qu’on voit aux infos le soir. N’importe lesquels. La manière dont on nous nomme signifie tout. Infans. Ceux qui ne parlent pas. Non pas que nous soyons des gens de confiances, du genre « je serais muet comme une tombe monsieur, je ne vous ai jamais vu ». Non. Nous c’est bien pire que ça. On ne dit rien parce que l’on n’a plus rien à dire. Je vous jure qu’à force de ne pas parler on en perd l’habitude. Je sais toujours faire du vélo. Je n’ai plus l’utilité de parler et je ne sais plus le faire. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Comme des animaux on se regroupe machinalement. De temps en temps un nouveau arrive. Il nous trouve comme nous avons trouvé les autres, à l’époque où il y’en avait d’autre. Des plus vieux. Qui sont parties maintenant. De manière plus où moins douce. Avec plus ou moins de bruit. Et je vous assure que le bruit c’est pas rien pour nous.
Je sais pas comment les gens nous contactent. Pas de hiérarchie entre nous. On bouge en meute. Mueutte comme dise les bavards qui nous connaissent. En tout cas ils nous trouvent. Et de toutes façons s’ils ont assez d’argent pour avoir des problèmes de l’envergure que l’on voit, ils en ont aussi assez pour nous retrouver même si on avait trouvé le moyen de s’enterrer à des kilomètres sous la mer. Ce qu’il faut savoir aussi c’est qu’ils nous laissent toujours le choix. Ils ont compris qu’on était pas des mercenaires. On a juste rien à faire. On demande juste de la bouffe et des fringues propres. Alors pour eux c’est tout benef. Le détachement à la vie nous rend plus efficaces il parait. Mais pour cela il faut encore que nous ayons un intérêt dans le boulot, puisque c’est la seul chose qui puisse nous faire lever. C’est sans doute ça qui nous rend si bon dans le boulot. C’est mon avis. L’avis des autres n’intéresse personne ici.
Maintenant faut aussi oublier les clichés. Pas de putes, de grosses voitures ou de musique R’n’B à fond. On est pas non plus des clochards. Vous voyez un type dans la rue, rien ne vous dit que c’est pas un des nôtres. Le seul indice c’est le silence et le regard. On dort dehors, ou dans des hôtels selon les paroles, les contrats quoi. On se retrouve toujours. Comme des personnes fréquentant les mêmes bars. Sauf que pour vous ce sont des lieux qui signifient rien. On bouffe comme on peut. On ne meurt jamais de faim. L’hôtel est souvent buffet compris. Les estomacs ne sont pas difficiles. Ils ont appris à se taire aussi. Le reste c’est du superflu.

Je ne me bats plus pour survivre. Je me suis toujours battu pour des causes justes.

Nopoman
13/06/2008, 20h06
Un truc qui m'est venu sous les doigt un soir où je ne savais pas trop où j'étais. Je sais pas où ça va me mener...