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Voir la version complète : Le défi de février 08 : Une balade en forêt


HiPs!
08/02/2008, 22h04
Bon, désolé, je suis encore parti comme un feu de broussailles...:beu:
Alors,

Le thème: Une ballade en forêt

avec, facultativement :

un meeting politique
un hommage à un cher disparu récent

HiPs!
08/02/2008, 22h12
Raport d’activité N°728 : xx/02/2008
Lieu : forèt de xxxx.
Motif : la destruction active du système judeo-bolchevique corse et limitrofes.


JOUR 1

8h53: Bien arrivé en foret de xxx. Notre meeting activiste secret peut commencé. Deux jours avec les gars de la section xx. Sont présent : George Pompidou, Henri krazuki, yvette roudy et moi Ché Guévara.
On sait bien marrer parce que ça fesait comme dans Réservoir dogs, avec mister white, mister blue, sauf que nous, c’est des vendus de politicard.
Bon, comme dab, yvette roudy était pas content avec son nom, il a voulu changé. Et là, george pompidou, y se démonte pas. Il le regarde droit dans les yeux, et il lui sort la réplique du film direct. Il lui dit « va te faire enculé ».
On était mort de rires.

11h35 : On a mangé les boites qu’Yvette roudi avait apporté dans sa cantine. Des ravioli. On les a pas fait chauffé. Plus d’alumette. La gourde d’yvette roudy s’était renverser sur la boite. Enfin, c’est pas tout à fait ça. En fait, Henri krazuki a sorti la boite d’alumette, et il a essayé d’en craqué une. Et c’est là qu’on s’est rendu compte qu’il avait pas trop d’odora parce que ça puait méchament la vodka quand même ! Ca a fait comme un gros bruit d’aspirateur et un gros flash ! Son bras droit s’est enflammé d’un coup comme un zip-allume-barbecue géant!! Ca fait deux heures et ça fume encore.
Yvette Roudy nous a dit que la vodka, c’était pour l’aidé à tenir. La foret, ça lui fout les jetons à ce con. Un truc en raport avec son père, mais j’écoutai pas, j’étai en train d’éteindre le bras d’henri Krazuki.

14h02 : on a bien progressé. Avec nos couteaux, on a fait le « parcour du guerrier siout », à savoir que l’opération consiste dans le maniement d’une arme blanche mortelle dans des condition semi-réelle de guérila civile sur terrain forestié. Deux équipe. Moi, George pompidou et Henri Krasuki. Et dans l’autre, yvette roudy. C’est plus une sorte de chasse en fait, mais toujours selon les règle de l’art noble de la guérila en milieu champaitre. Esquive, attaque, estoc et saut par dessus les rondins.
A un moment, on a perdu la trace d’yvette roudy. Heureusement qu’henri krasuki lui avait, auparavent, cramé le bra en représaille de la loi du Talion avec le reste de la vodka. On l’a retrouvé à son odeur de merguez trop cuite. Il était pas joli à voir son bras gauche.
Je dois souligné qu’Henri krasuki avait choisi ce bras là d’une manière qu’on pourait qualifié de magnanime. Ca partait d’une bonne intention. Seulement, faut pas lui en vouloir, il est pas observateur. D’ailleur, Yvette roudy lui en a pas voulu de ne jamais avoir remarqué qu’il n’avait que deux doigt à sa main droite. Une malformassion connement génitale. Personne l’avait vu d’ailleurs. C’est dù au fait que chez nous, on se serre pas la main, ça fait sémite.

16h53 : C’est bien possible qu’on ait fait une grosse connerie.
George Pompidou, il est eunologue. Il s’y connait vachement bien en champignon. On étais assis en rond, selon la position classique du conseil de guerre. Au centre, on avait posé nos couteaux et une prise de guerre involontaire, un morceau de doigt de la main moisi d’Yvette roudy. Une estoc un peu vive de ma part, j’admet. Mais c’est juste un petit bout de falange, il a dit que ça le génait pas trop. Bref, George pompidou a sorti de sa poche des champignons en nous disant que s’était super bon. Et on avait un peu faim. La guérila forestière, ça creuse (à cause du bon air frais qu’on ne retrouve pas dans la guérila urbaine par exemple).

21h31 : c’est confirmé, on a fait une grosse connerie. Pendant 5 heures, on s’est pourchassé dans la foret en voulant se tuer. Vraiment. George Pompidou ressemblait vraiment à George Pompidou, costard, lunettes de la sécu et tout. Henri krazuki avait la gueule de votour d’henri krazuki. Yvette roudy, j’en parle même pas avec son tailleur de vieille et son chignon jaune. Largement de quoi fliper.
On a creusé des tranchés dans les feuille et la boue, et on sait bombardé avec tout ce qu’on avait sous la main. Sauf yvette roudy bien sûr. Avec un doigt et demi, tu peus pas jeter grand chose, à part des glands. Ah, et il a aussi perdu un œil dans la bataille. Le gauche. La faute à une pomme de pain lancé un peu fort qui ressemblait à harlem desir.
Après la guerre, on a soufflé un peu et on s’est réuni pour un conseil de crise. En rond, debout. Tout allait bien jusqu’à ce que George Pompidou dise qu’Yvette Roudy, on pouvait l’appelé Jean-Marie Le Pen comme sa maintenant. On n’a pas compris pourquoi. Alors il nous a lancé en riant que c’est parce que le susmentionné il n’avait plus qu’un œil. Putain, le coup de doc coqué que je lui ai mi dans la gueule a ce bolcho, façon streetware!!! lol. Faut pas essayer de lui faire gobé n’importe quoi au Ché Guévara! je lui ai dit.
Après, s’est plus confus. On s’est tous tombé dessu.



JOUR 2

03h06 : réveillé depuis une heure. J’ai l’impression que le jour ne se lèvera plus jamai. Le vent est gelé. Pas d’étoile et pas de lune non plus. Je ne sai pas où sont Georges pompidou et henri Krazuki. Leur sacs sont là mais c’est tout. Plein de petits bruit autour de moi. Tout a l’heure, quelque chose m’a efleuré la jambe. Quand j’ai touché, c’était encore plus froid que le vent et c’était visqueut. Je me suis assis contre un arbre. Je mange mon dernier nuts en machant lentement. Yvette roudy hurle dans la nuit.


Hilarion
08/02/2008, 22h14
:clap: Ah! Les champignons..... :p

AleK
09/02/2008, 07h41
j'en suis :


Suis-je un monstre ? Assurément non, je ne tue ou n'estropie que pour manger, les hivers sont rude en Roumanie. Un monstre serait logiquement seul dans son malheur, moi je suis entouré de tous mes frères, nous ne nous soucions guère de ce qui nous entourent, nous descendons au village et nous nous servons quand le besoin s'en fait sentir.

Et voila que les habitants du village se rebellent, remettent en cause notre légitimité et veulent nous exterminer. Nous les avions vu se regrouper à l'entrée de notre foret, écrasant leurs megots odorants et finissant leurs bouteilles de mauvais alcool.

Non mais ils croyaient quoi, qu'a cinquante même avec des fusils, ils rivaliseraient avec nous, qui étions 2500 au bas mot ? Je ne suis pas un guerrier, mais jamais un fermier ne pourra m'ajuster dans son viseur. Je ressens la foret, les bruits, les odeurs, je suis né ici, j'ai grandit ici.

Mais nous ne nous sommes pas assez méfiés, les villageois ont un instinct de destruction, et très vite ils encerclent un de mes frère, une minute trop distrait par l'exploration d'un terrier de renard.

Ils ne lui laissent aucune chance, les premiers plombs lui arrache l'épaule, mais il n'a pas le temps d'exprimer sa souffrance, les volets de plombs le déchiquetent méthodiquement, et très vite, il ne reste qu'un magma informe de chair sanguinolent...

Une telle cruauté ne peut être justifié, ne n'avons tuer aucun humain, peut être 2 ou 3 cochons, mais nous avons le droit à la vie, et pas simplement sous prétexte qu'une 50ene d'entre nous suffirait à l'équilibre de l'écosystème.

La logique des hommes est bancal, mais je me rassure, cette expédition punitive n'a au plus que tuer les plus faible d'entre nous, la meute survivra et grandira, un jour peut être, nous devrons en chatier un ou deux pour l'exemple... Qu'ils aient des raisons que crier "AU LOUP".




http://www.loup.org/spip/Les-chasseurs-bulgares-en-guerre,432.html

gorlab
09/02/2008, 10h38
Alors Hips, Je croix que tu as pris comme thème principal le meeting politique et comme option, la ballade en foret. Bon comme je l'ai dit, j'étais pas fan de l'option politique. Mais le principal est que tu t'éclates. Un texte décalé, qui sera je pense l'ovni du thème de ce mois :beu:

Alex, j'aime bien franchement ! mais tellement trop court !:'(

AleK
09/02/2008, 11h34
c'est ce que j'appelle du "speedwritting", pas de relecture, 15 minutes de moyenne pour sortir l'idée finale.

j'ai des trucs concret a potasser, et faire durer la sauce en ce cas précis relève de la gageüre, je suis souvent rebuté par la longueur de ces trait d'esprit.

gorlab
09/02/2008, 11h49
c'est ce que j'appelle du "speedwritting", pas de relecture, 15 minutes de moyenne pour sortir l'idée finale.

j'ai des trucs concret a potasser, et faire durer la sauce en ce cas précis relève de la gageüre, je suis souvent rebuté par la longueur de ces trait d'esprit.

Alors du coup c'est aussi du "Speedreading"...:beu:

nounours1005
09/02/2008, 12h35
Une courte tentative de ma part :

Les arbres majestueux dont les cimes clairsemées laissent passer quelques rayons de soleil me font dire que le week-end sera plus positif que la semaine que nous venons de passer. Certes pour moi, mais aussi pour ma compagne qui n’a pu se joindre à moi qu’à cause de l’annulation du meeting politique qu’elle s’était démenée à préparer sur ordre de son responsable embouché qui n’a pas vu venir le chamboulement médiatique de ces derniers jours.

Ah le grand air ! Une brise légère nous accompagne le long du sentier que nous arpentons afin de nous rendre dans la vallée. Nous dérangeons sans aucun doute la faune locale dont l’environnement sonore se trouve perturbé par nos discussions et nos pas relativement peu discrets. Il est rare de parcourir des lieux aussi peu dénaturés cela dit : en effet, l’écorce des arbres ne porte pas les cicatrices laissés par de jeunes citadins en mal d’expression, les oiseaux continuent de chanter en ce lieu et ne se contentent pas de simples miettes en guise de repas, et par-dessus tout la couleur grise et morose du béton des villes et du ciment des routes laisse place ici à un joyeux mélange de teintes chaudes.

Evidemment, cela ne me fait pas oublier à jamais les récents malheurs qui ont pu m’atteindre mais cela contribue à me faire sortir la tête de l’eau un court moment. Le chemin devient de plus en plus sinueux et la descente est désormais plus ardue. J’attrape la main de Florence et nous devenons plus prudents dans notre balade. Nous continuons néanmoins à nous émerveiller du cadre que nous offre cette forêt et à plaisanter sur notre condition de tristes urbains. Le temps passe et la nuit commence à tomber. J’esquive désormais les questions plus fâcheuses au même titre que les racines d’arbres saillantes. Nous approchons de notre point d’arrivée pendant que la fatigue joue son œuvre de trouble-fête et transforme les interrogations douteuses en discussions orageuses.

En mon for intérieur, je m’interroge sur le bien fondé des remarques qui viennent de m’être faites et je me rappelle ma semaine de folie au boulot, ce que le docteur m’a appris lors de sa dernière consultation, de la crotte de chien sur laquelle ma semelle est allée atterrir lourdement jeudi… Nous sommes presque arrivés et le goudron a repris ses droits. Nous nous dirigeons vers notre voiture garée sur le parking public en cherchant lequel de nous deux a gardé les clés. Je sors finalement mon trousseau et me met au volant du véhicule. Le moteur vrombit sur le parking de cette petite ville de montagne, station de sport d’hiver durant les saisons froides. Seuls nos phares éclairent notre route et le seul bruit qui accompagne celui du moteur s’avère être la respiration de ma femme qui excédée par notre dispute a décidé de se taire. Je décide d’allumer l’auto-radio et comme une plaisanterie résonne : « Big Bisous ! Big Bisous ! »…

Making of Défi (1st issue) :

- Ecrit entre 11h42 et 12h34 au boulot.
- Pas de relecture.
- "Florence" est le 1e prénom féminin sur le calendrier de mon bureau qui commence par décembre 2007.
- Les lieux plus ou moins décrits proviennent de vacances passées gamin en Haute-Savoie.
- "La nuit commence à tomber. J'esquive..." fait évidemment référence à une vanne de rôliste.
- Pourquoi Carlos en "cher disparu récent" ? Bah, j'ai cherché depuis 1 mois, quel décès a pu m'attrister dans l'actualité (vu que je n'ai heureusement perdu personne de proche récemment) et ce sont la vision d'émission jeunesse avec Carlos qui sont venues automatiquement, donc acte. Et puis c'est la chute ironique que je souhaitais.

HiPs!
09/02/2008, 13h08
Alors Hips, Je croix que tu as pris comme thème principal le meeting politique et comme option, la ballade en foret. Bon comme je l'ai dit, j'étais pas fan de l'option politique. Mais le principal est que tu t'éclates. Un texte décalé, qui sera je pense l'ovni du thème de ce mois :beu:(

C'est vrai que je me suis bien marré à écrire cette réunion forestière de petits fachos.
En revanche, histoire de faire mon making-off à moi, le plus pénible a été de rajouter toutes les fautes d'orthographe!! Mine de rien, ça conduit à se poser tout un tas de questions: où s'arrêter pour que cela reste lisible?, Quel dosage? Quelle "logique" mettre en place dans les erreurs d'accords et de syntaxe?...

Et bravo à mes deux colistiers!

Ben Wawe
09/02/2008, 13h38
J'ai aussi eu du mal, quand j'essayais d'écrire des personnages qui faisaient des fautes ou s'exprimaient mal, à trouver le bon ajustement pour faire déjà comprendre aux lecteurs que je me trompe exprès, et pour que ça fasse bien, aussi. C'est pas facile, mais tu t'en sors très bien : ton texte est très, très bon, j'ai adoré. Bravo.
Félicitations aussi à AleK et Nounours, qui ont fait deux jolis petits textes bien faits. Ca aurait peut-être mérité un peu plus pour le premier, mais c'est du tout bon. Y a du niveau, va falloir s'accrocher.

doop
09/02/2008, 14h26
Pour voir ce truc là, je vous conseille de lire LA VOIX DU FEU, d'ALAN MOORE sorti il y a deux ou trois semaines; c'est son prmier roman et les 60 premières pages sont racontées par un homme préhisotrique sans qu'il n'y ait ni vocabulaire, ni grammaire, ni rien. C'est chaud mais on comprend.
Les 60 pages qui suivent sont elles réalisées sans conjuguaison (pas de temps, tout est au présent).
C'est interressant

Sinon, BRAVO à tous les trois..........
Je vais essayer de vous pondre un petit quelque chose cette semaine...

HiPs!
09/02/2008, 14h40
Autre méthode: "Des fleurs pour Algernon" + "Quand j'avais cinq ans je m'ai tué" + traîner sur les forums :D

AleK
09/02/2008, 15h54
surtout les forums :p

Brother Ray
09/02/2008, 21h28
Quelle imagination, j'en bave.

:bave:

Bravo à tous.

Ben Wawe
12/02/2008, 23h17
Je m'essaye à un autre style, qui j'espère saura plaire. Je ne suis pas vraiment sûr d'avoir fait mouche, mais en tout cas, j'ai fait ce que j'ai pu. Bonne lecture.

Lui.

« Dis monsieur, qu’est-ce que tu fais ? »

Il est surpris : il ne s’attendait pas à être dérangé pendant son petit moment de détente. Ses doigts glissent, ne trouvent plus prise, il bouge par réflexe alors qu’il sait qu’il devrait rester calme. Peine perdue, il sent ses doits se recouvrir d’une substance liquide, qui est déjà en train de s’incruster dans son beau pantalon noir. Il aurait dû aller aux toilettes.

Rageant, maugréant contre le sort et l’inopportun, il se retourne après avoir remonté sa braguette, mais se sent de suite comme nu en la voyant. Une petite fille, souriante, avec des nattes, une jolie robe blanche et un nounours dans les bras. Il retouche deux fois la fermeture éclair pour bien vérifier qu’elle est fermée, autant fois pour ne pas la choquer que pour éviter un scandale. Il ne manquerait plus que ça, pense-t-il en sortant un bout de tissu de sa poche : ça serait la goutte d’eau, si on peut dire. Evidemment, le mouchoir est sale, et il n’en a pas d’autre. Il n’aime pas la campagne ; son nez non plus, d’ailleurs, il le lui a bien fait comprendre auparavant. Maudit rhume des foins. Maudite nature.

« Hum…euh…qui es-tu, toi ? Tes parents ne te cherchent pas ? Tu devrais aller les rejoindre, non ? »

Il sourit, en essayant de ne pas croiser le beau regard bleu de la petite. Il aime bien les enfants, en temps normal : ils font très bien sur les photos. Seulement, il n’a pas vraiment l’habitude d’en croiser alors qu’il se soulage contre un arbre. Il avait voulu faire comme durant son enfance, pour se détendre. Pas la plus petite de ses erreurs, finalement.

« T’as pas répondu à ma question, monsieur !
- Euh oui…mais tes parents…
- Papa et maman y disent toujours qu’y faut répondre quand on pose une question. C’est pas poli sinon. »

Que faire ? A quelques mètres de là, la « fête » bat son plein, avec son cortège de vieux débris déjà saouls qui tentent de l’être encore plus, pour « profiter » à la fois de sa venue et pour oublier leurs vies misérables. Normalement, il devrait les rejoindre pour discuter, blaguer, se faire aimer et gagner un peu de voix. Seulement, il déteste ça, mais il sait qu’il ne peut pas rester là plus longtemps : lui, seul, avec une petite fille…dieu sait ce que les médias pourraient imaginer.

« Bien sûr, bien sûr…il faut toujours répondre aux questions des gens… »

Il sort son plus beau sourire, et essaye de se trouver quelque chose pour s’essuyer les mains ; peine perdue. Son mouchoir est empli de morve, et il n’a pas foncièrement envie d’échanger ça avec de l’urine sur ses mains. Certes, les deux viennent de son corps, mais quand même…ça ne fait pas très sérieux et c’est franchement dégoûtant.

« Pourquoi que tu réponds pas, alors ? »

La gamine est toujours là, à attendre. Sûrement une fille amenée par ses parents pour le meeting, pense-t-il. Ils doivent déjà être à sa recherche, et ils vont arriver d’une seconde à l’autre. Il va tranquillement se faire passer pour le gentil monsieur qui l’aura retrouvée, et il pourra être dans le journal local avec une photo, peut-être même couleur. Oui, tout va bien se passer : il suffit qu’il attende, qu’il lui sourisse et ses parents vont arriver. Ensuite, tout pourra reprendre son cours. C’est tout ce qu’il a à faire ; c’est facile.

Trente secondes passent. Puis soixante. Puis cent vingt. Puis cent quatre vingt. Et rien ne se passe : la petite fille est toujours là, à sourire et à serrer contre elle son nounours. Lui est encore sur ses deux pattes, les mains en l’air vu qu’il ne sait pas quoi en faire. Il lui sourit, aussi, mais c’est certainement le sourire le plus crispé de sa vie. Même celui après l’entartrage au salon de l’agriculture faisait plus naturel. C’est terrible.

« Pourquoi que tu dis plus rien ? »

Il est prêt à tout donner pour la faire partir, ou au moins avoir une serviette, quelque chose, n’importe quoi. Il veut fuir, il veut partir, il veut être loin de cet endroit monstrueux où les bruits sont légions et où il y a beaucoup trop de vert. Il veut du béton, il veut du gris, il veut des toilettes blanches avec chasse d’eau silencieuse…et il accepterait même un sèche-mains automatique, même si ces horreurs ne fonctionnent jamais. Mais surtout, il veut être loin d’ici, même si il ne comprend pas bien pourquoi.

Après tout, il n’a rien à craindre d’une gamine comme ça : elle n’a pas cinq ans, elle est juste mignonne et rien ne pourra lui être reproché, par ici. Elle pourra dire qu’elle l’a vu uriner contre un arbre et qu’il s’est fait dessus ? La belle affaire ! Il le prendra à la rigolade et en ressortira grandi. Oui, normalement, il n’a aucun souci. Pourquoi se sent-il aussi mal, alors ? Pourquoi veut-il à tout prix partir ?
Parce qu’il est usé, fatigué et qu’il n’en peut plus. Ca fait six jours qu’il passe sa vie dans des hôtels différents, et qu’il en a plus qu’assez. La campagne n’en finit pas, et tout va mal : son chef de comm’ l’a lâché pour faire clone officiel de Carlos, sa femme le trompe, sa fille ne veut plus lui parler et il n’arrive même pas à rire de la photo du petit Martin qui a bien changé, avec ses chemises à fleur et son faux ventre. Il pense encore que ça va fonctionner, qu’il va avoir du succès : c’est triste. Pourtant, tout les autres ont ri en le voyant chanter « Big Bisous » ; seulement, eux n’étaient pas autant concernés que lui…eux ne risquent pas tout sur cette élection et ne savent pas que tout est fini sans le petit Martin.

Il est perdu, dans cette campagne, sans son assistant préféré, et est au bord de la crise de nerfs. Son parti l’a lâché, il a de l’urine sur les mains et il n’aime pas cette forêt. Bien sûr, il a passé son enfance dans un endroit qui y ressemble, mais et alors ? Ca n’est pas parce qu’on a déjà vécu quelque chose qu’on a forcément envie d’y regoûter. Il a travaillé toute sa vie pour se sortir de son visage natal, où on compte moins d’habitants que de vaches, même si on confond souvent ces dernières avec certaines femmes. Après tout ses sacrifices, il devrait être heureux de revenir dans un trou paumé comme celui duquel il s’est extirpé ? Non !

Il rêve de béton, d’immeubles, de musique plus évoluée que Léon et son Orchestre à l’accordéon et au triangle ! Il veut retrouver Paris, Paris la belle, Paris la grande, Paris et sa luxure ! Il veut revoir Pigalle, il veut lécher le champagne sur les ventres et les seins refaits des filles qu’il commande comme des pizzas ! Il veut à nouveau sentir son cerveau hurler quand il prendra les cocktails spéciaux amenés par des types aux narines déjà ravagées ! Il ne veut pas d’une forêt beaucoup trop verte et avec surtout une sale gamine qui n’arrête pas de le regarder !

« J’vais être triste si tu réponds pas, monsieur… »

Après deux bonnes minutes de silence et d’immobilisme, elle parle alors que l’enfer se déchaîne dans son cerveau ; et, immédiatement, tout s’arrête alors qu’il se rend compte de ce qu’il se passe. Il est seul, avec une gamine dont il ne sait rien mais qui commence déjà à avoir les yeux humides. Pour une des rares fois de sa vie, il laisse au loin les impératifs politiques, et donne la parole à son cœur. Il s’approche, sourit et pose un genou à terre. Au diable l’état du pantalon…de toutes façons, il est déjà mouillé.

« Je suis désolé, petite, j’étais ailleurs.
- J’suis pas p’tite ! J’ai six ans ! Na !
- Mais non, tu n’es pas petite. Tu es très grande, et très jolie. »

Alors qu’elle allait pleurer quelques secondes plus tôt, son visage irradie désormais d’un sourire merveilleux. Il est encore surpris de la façon qu’ont les enfants de changer d’attitude aussi vite. C’est beau.

« Merchi !
- Mais de rien. Tu es venue avec tes parents ?
- Voui. Ils sont là-bas, mais j’crois qu’y sont pas contents.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Y a un monsieur qu’a dit des choses que mon papa a pas aimé.
- Quel genre de choses ?
- J’sais pas trop, mais j’sais que papa, il a dit d’autres choses après. Des choses pas jolies.
- Comment ça ?
- J’ai pas le droit d’le dire ! Maman dit toujours qu’y faut pas que j’dise ça. Sinon, ma bouche elle va être toute sale.
- Sale ?
- Voui ! Parce que c’est pas beau de dire des ‘rots mots, alors ma bouche elle va être aussi pas belle et ça j’veux pas ! Alors j’redirais pas ce qu’a dit papa sur le monsieur ! »

Il sourit. Elle est si mignonne : il avait oublié à quel point l’innocence de l’enfance pouvait le faire fondre. Jadis, à ses débuts, il adorait parler avec les enfants : pas pour gagner des voix, juste parce que ça le détendait de ne pas être entouré de chacals n’attendant qu’une faiblesse de sa part pour prendre sa place. Mais, peu à peu, il était devenu comme eux, et il avait oublié le charme des enfants. Il les avait oublié eux.

« D’accord, d’accord. Je vais te ramener à eux, alors.
- Voui ! Mais d’abord, y faut regarder toute la forêt, fermer les yeux et faire un vœu !
- Quoi ? »

Il se relève mais s’arrête dès qu’elle dit ça. Il s’essuie les mains sur son pantalon dont une partie est pleine de terre, mais il s’en fiche. Ce qui l’intéresse, c’est de comprendre pourquoi elle veut faire ça.

« Voui ! Faut l’faire !
- On n’a pas le temps, petite, tes…
- J’suis pas p’tite !
- D’accord, d’accord. Mais ça n’empêche que…
- J’veux le faire ! J’veux l’faire ! J’veux l’faire ! J’veux l’faire ! »

Elle crie de plus en plus fort, et il sait qu’elle ne s’arrêtera pas. Même si les autres sont déjà saouls, ils pourraient quand même entendre, et là, ça serait plus dur pour eux d’accepter qu’il ne s’est vraiment rien passé. Il soupire : après tout, ça ne peut pas être pire que de parler du dernier concours régional de la plus belle poule pondeuse…

« Très bien, je le fais avec toi.
- Vouais ! »

Elle saute presque de joie, et tous deux se tournent vers le plus gros bout de la forêt, sur leur droite. Il s’oblige à la regarder, même si il ne s’y sent pas à l’aise. Il n’aime pas tout ce vert, il n’aime pas ces bruits étranges qui semblent si peu humains. Il a toujours l’impression d’être un étranger, d’être un banni en puissance dans la nature. En ville, là, ça va mieux, mais ici…ici, il se sent presque mal. Une boule apparaît dans sa gorge, et il doit se rappeler de l’œil sévère de la petite pour rester là et ne pas partir au loin.
Il le fait pour elle ; comme ça, elle le laissera tranquille. Mais bon, ça ne veut pas dire qu’il restera là tout le temps non plus : encore deux minutes, et il s’en va, qu’elle le veuille ou non. Il fermera les yeux, fera semblant de faire un vœu, et ça sera fini. Il n’aime pas ces enfantillages, même si c’est toujours beau de voir le sourire d’un enfant.

Il soupire encore. Non, définitivement, il n’aime pas la forêt. Bon, bien sûr, le mélange des couleurs n’est pas forcément laid…ça a quand même son charme. Toutes les nuances de vert et de brun, les apparitions étranges de certains mélanges par-ci, par-là : oui, ça, c’est vrai, c’est pas mal. Comme cette bonne odeur : ça ne vaut pas celle d’un bon dîner au restaurant, mais ça rappelle des choses anciennes, et c’est bien mieux que l’odeur des voitures. C’est vraiment terrible, ça : ce bruit, cette pollution, ce sentiment d’être oppressé. Bien sûr, dans la forêt, il a l’impression d’être un étranger et d’être minuscule, mais est-ce que c’est mieux que de sentir ses poumons se serrer et son cerveau s’embrumer ? Auparavant, il avait une réponse toute trouvée. Maintenant…il ne sait plus.

Au fil des secondes qui passent, il voit de plus en plus la beauté, et se laisse prendre au piège. Partout, que ça soit dans les feuilles, dans les branches, dans le vent qui se lève ou bien encore les animaux qui font bruisser la forêt : tout lui plaît. Il se souvient, alors. Il se souvient de ces étés passés dans la nature, avec son grand-père, à chasser, pêcher, courir partout, rire…surtout rire. Il était heureux, il était insouciant et pensait qu’il passerait sa vie entre son papy et ses copains, qui vivaient les mêmes choses que lui. Ils étaient les Robins des Bois, les Robinsons Crusoés, les chevaliers et tout ce qu’un enfant pouvait imaginer. Ils étaient les maîtres d’un petit bois comme celui-ci. Mais ils ont tout perdu. Il a tout perdu.

Sans s’en rendre compte, les larmes commencent à couler sur ses joues, tandis qu’il voit devant lui les spectres de son passé revenir le hanter. Il pensait avoir tout oublié, avoir tout enfoui au plus profond que lui, mais c’était évidemment faux : rien ne disparaît véritablement. Son enfance a été rayée le jour où son grand-père est mort, où il a perdu cette part d’innocence. Depuis, il s’est cantonné à la ville : rien que l’idée de revoir la nature lui était insupportable. Trop de souvenirs s’y cachaient, tapis dans l’herbe sous les derniers rayons de soleil de la journée, comme pour la dernière bagarre. Et même si, en faisant ça, en abandonnant tout, il trahissait le vieil homme qui avait été plus proche des arbres que des hommes, il avait su que ça le ferait moins souffrir. Ou, du moins, ferait taire la douleur pendant un temps.

Mais c’est terminé, maintenant, et il s’en rend compte. En voyant cette forêt, en voyant ce monde magnifique et pur devant lui, il sait que tout est revenu et qu’il ne veut plus oublier. Il a passé sa vie à fuir son passé pour essayer d’être aimé et de retrouver ce qu’il avait abandonné dans un petit coin de verdure, un soir d’été après une journée de pêche et de courses dans les bois. Désormais, il fait la paix avec l’enfant qu’il a été et qu’il ne voulait plus revoir.

« A y est ! »

Il est presque surpris d’entendre la voix de la petite fille : il avait presque oublié son existence. Lentement, il tourne son regard vers elle et sourit. Elle est belle, peut-être encore plus qu’avant. Il a l’impression que ça fait des heures qu’il est là, alors que ça n’a duré que quelques secondes, tout au plus. C’est incompréhensible, mais il s’en fiche : il ne cherche plus à avoir des réponses pour tout, à toujours gagner. Il a gagné quelque, et même si ça semble fou d’avoir ça juste en regardant un peu de verdure, ça n’a pas d’importance. Lui sait que c’est ainsi, et que c’est grâce à cette enfant. Elle ne saura jamais ce qu’elle a fait pour lui, et ce n’est pas plus mal. Il y a certaines victoires qui doivent rester solitaires, surtout quand elles nous concernent autant.

« Qu’est-ce qu’il y a ?
- J’ai fait mon vœu ! »

Elle serre toujours contre elle son nounours, et lui se rappelle qu’il devait fermer les yeux et souhaiter quelque chose. Manie de gosse, mais qui lui avait permis, en regardant juste la nature sans vouloir se voiler la face, de se rappeler un peu qui il était vraiment. Les jeux d’enfant n’étaient peut-être pas les plus bêtes, finalement. Faire un vœu après avoir regardé la nature est-il plus stupide que de promettre monts et merveilles à des gens qui n’en ont strictement rien à faire et qui savent pertinemment que vous ne ferez rien pour eux ?

« Très bien.
- Et toi ? Tu l’as fait ? »

Il sourit légèrement, et lui prend la main, se fichant complètement de ce que penseront les autres, et même si ce n’est pas très propre. Il ferme les yeux, songe quelques instants puis les rouvre pour la regarder avec des yeux presque nouveaux. Il est différent.

« Oui. C’est fait.
- Qu’eske t’as demandé ?
- On ne doit pas répéter les vœux, sinon ça ne fonctionne pas, non ? »

La petite fille se fige et le regarde comme si il venait de lui annoncer que sa peluche était vivante. Elle reste quelques secondes immobile, avant de prendre son pouce dans la bouche et de réfléchir. Il peut presque entendre son cerveau remuer pour tenter de trouver une réponse acceptable à ce qu’il vient de dire : elle ne veut pas perdre la face et assouvir sa curiosité. C’est mignon.

« Voui…mais c’est pas grave ! Paske même si ça marche pas, au moins ça aura été fait et p’têt que ça march’ra quand même ! »

Il sourit, ému par tant d’innocence. Elle n’a pas tort, finalement : ça n’est pas si grave de suivre d’autres règles, parfois.

« Oui, peut-être. C’est quoi, le tien ?
- C’est moi qu’ai d’abord demandée !
- Oui, mais c’est toi qui l’as fait en premier. »

Elle fronce les sourcils, mais sourit quelques secondes plus tard : la colère n’aura pas lieu, apparemment. Elle semble trop s’amuser.

« D’accord ! J’ai demandé à c’que mon papa y perde pas son travail.
- Pourquoi ? Il a des soucis ?
- Voui. Y a le méchant monsieur qui veut tout nous prendre.
- Qui est-ce, ce méchant monsieur ?
- C’ui qu’on est v’nu voir !
- L’homme qui a parlé avant ?
- Voui ! Y veut raser la forêt, et mon papa, il s’occupe de l’ent’t’nir et tout ! Alors si y rase la forêt, mon papa pourra plus rien faire ! Y dit même qu’y aura qu’un super marché pas beau à la place, avec plein de capitalistes ! Mais ça, j’ai pas très bien compris… »

Il la regarde de longues secondes. Elle n’est pas consciente de ce qu’elle vient de dire, et lui n’a même pas besoin de jeter un œil autour de lui pour voir toute la beauté de la forêt ; elle est toujours en lui. Il a parlé auparavant, sur l’estrade, et il a proposé de raser cette portion de nature pour relancer l’économie locale par la création d’un super marché censé redonner envie aux gens de venir par ici. Il est responsable des tracas de la famille de la petite fille. Il est le méchant monsieur. Et il regrette.
Evidemment, il sait qu’il n’y a pas d’autre choix normalement, il sait que c’est vital pour le village, mais il n’a juste plus envie de tout raser. Il n’a plus envie non plus d’être ce qu’il est, finalement : ce monstre urbain et citadin qui ne vit que pour les plaisirs artificiels. Que dirait l’enfant qui gambadait dans les bois et qui rêvait d’être Robin des Bois, plus tard ? Que dirait l’adolescent qui se construisait des abris secrets avec ses amis en planifiant la conquête de la ville ? Que dirait son grand-père ?

« Alors ? C’est quoi le tien ?
- Le mien ? »

Il sourit et s’avance vers la fête, tenant toujours la main de petite fille.

« De toujours me souvenir de toi.
- De moi ? Pourquoi ?
- Parce que tu me rappelles un petit garçon qui s’est perdu il y a bien longtemps, et que je viens enfin de retrouver.
- Ah bon ? Il était où ? Son papa et sa maman l’ont pas cherchés ?
- Si, mais il n’a pas écouté. Il était un peu bête.
- Il l’est pu maintenant ?
- Moins. Ca va mieux. Il est de retour chez lui, il ne peut pas demander grand-chose de plus. »

Il l’emmène alors vers la forêt, pour une petite ballade : il a des choses à lui raconter, sur les plantes, sur les arbres, sur les animaux. Il a un savoir, il se doit d’en faire profiter les autres. Elle rit, alors qu’elle serre ses doigts contre les siens. De sa main libre, il caresse les feuilles et sourit. Il est bien.

Brother Ray
13/02/2008, 08h30
Un très beau texte, une ambiance et un rythme parfaitement rendu. Touchante cette nouvelle. Bravo Ben...

:clap::clap::clap:

Hilarion
13/02/2008, 11h35
Un portrait très émouvant de l'enfance, plein de nostalgie et d'émotion. Bravo Ben... :clap:

...peut être juste quelques petites lignes de moins par ci par là, mais c'est un détail...

Ben Wawe
13/02/2008, 21h43
J'ai malheureusement la manie de trop en faire : HiPs! m'en a déjà parlé et me l'a redis en réputation pour ce petit texte. Ca m'énerve, un peu, parce que j'essaye de lutter contre ça, mais ça ne fonctionne pas. Je crois que je devrais en venir à plus de simplicité, à moins détailler : même si j'ai peur, toujours, de perdre le lecteur, je pense que ça serait pour le mieux.
Merci en tout cas de m'avoir lu, ça me fait très plaisir !

Hilarion
13/02/2008, 21h46
J'ai malheureusement la manie de trop en faire : HiPs! m'en a déjà parlé et me l'a redis en réputation pour ce petit texte. Ca m'énerve, un peu, parce que j'essaye de lutter contre ça, mais ça ne fonctionne pas. Je crois que je devrais en venir à plus de simplicité, à moins détailler : même si j'ai peur, toujours, de perdre le lecteur, je pense que ça serait pour le mieux.
Merci en tout cas de m'avoir lu, ça me fait très plaisir !
Relativisons : il ne s'agit que d'une poignée de mots en trop, rien de plus! Le reste, 99.99 % est très bon, Ben!;)

Ben Wawe
13/02/2008, 21h50
Je suis trop perfectionniste ! Je ne serais content que quand un de mes textes me plaira vraiment, et ça n'est pas encore arrivé.

Thoor
14/02/2008, 11h59
Vous êtes très très fort les gars

:clap:clap:clap:clap:clap:clap:clap:clap:clap:clap :clap:

@Hips: Bonne rigolade et bien des mystères, bon rythme bonne idée

@ Alek : Bonne idée, dommage que se soit si court

@ nounours1005: Bon thème, bonne réalisation, mais si court, si court

@ Ben Vawe: Perfect:flex:

gorlab
14/02/2008, 21h15
Je suis trop perfectionniste ! Je ne serais content que quand un de mes textes me plaira vraiment, et ça n'est pas encore arrivé.

Le texte est touchant..(oui, j'ai pas l'air la, mais je suis touché, j'te jure). Un récit qui sent bon la nostalgie, mais un poil trop long, j'avoue avoir décroché 1 fois, mais juste une hein ! pas la peine d'en venir aux mains !:beu:

AleK
14/02/2008, 21h28
voila pourquoi je prefere le trop court au trop long
:p

gorlab
14/02/2008, 21h33
En ce jour de Saint Valentin, ta copine ne serait surment pas du même avis..

ok je :bye:

Hilarion
15/02/2008, 17h54
C'est parti pour une ballade en forêt! Ca s'appelle :

BLING BLING...

La moiteur de la forêt Guyanaise avait déjà embrumé le cadran de sa Rolex. Enjambant à grand peine les racines des fromagers qui affleuraient sur le sol mousu, il marmonnait depuis des heures son irritation sur le temps perdu à arpenter ces contrées hostiles. S’il atteignait l'Oyapock, la frontière entre la Guyane et le Brésil, il trouverait un refuge amical dans la grande tradition de l’exil brésilien en vogue en Europe depuis les années 40.

Lutte contre la pollution, classement en parc naturel protégé, modification du code de procédure pénale contre l'orpaillage clandestin… « mon cul ! », pensait-il… il allait « leur envoyer les commandos et le GIGN dans la gueule, à ces bouseux défoncés aux rhum ! ». Le peu de contrôle qu’il exerçait sur ses nerfs était tout entier tourné vers la chaleur supplémentaire que produisait son irritation et, nonobstant les attaques répétées des moustiques, il se serait bien débarrassé du veston et de la cravate que sa jeune épouse avait choisi avec soin. Comment pouvait-il se retrouver seul et perdu dans ce paradis de la malaria quand il ne devait que superviser pour TF1 le déploiement de l’opération « Harpie » contre les voleurs d'or? Les orpailleurs lui faisaient de l’ombre. S’attaquer à l’or local, c’était s’attaquer au pays, et le pays, c’était lui ! Le pillage n’était pas dans ses habitudes, du moins pas à la place du pigeon…

Le Super-Frelon s’était écrasé peu de temps après son décollage de la piste de Camopi, un village amérindien frontalier du Brésil. Nicolas commençait tout juste à respirer au fur et à mesure qu’il s’envolait loin des plumes qui couronnaient les autorités locales. Ils avait survécu à la traversée en pirogue de la rivière, Camopi elle aussi, à la promiscuité pittoresque d’individus sommairement vêtus de pagnes rouges et chaussés de baskets bon marché qui n’avait pas joggé depuis des lustres. Le poulet boucané n’avait que faiblement perturbé son intestin aguerri aux sushi et œufs de poissons les plus divers et la chaleur étouffante alliée à l'humidité ambiante n’avait fait que lui rappeler les hammams et saunas des villas californiennes, les relents de moisi et de fumier en moins. Il lui tardait déjà de retrouver le confort et la sécurité familière du yacht amicalement prêté qui mouillait au large de la côte guyanaise. « Ca, c’est palace ! » se réjouissait-il… c’était sans compter les caprices du petit personnel ! Il se crut d’abord pris dans un trou d’air lorsqu’il entendit dans son casque le pilote hurler entre deux sanglots « Carla !!!!! Pourquoi tu m’as quitté ?!!! », avant de plonger l’appareil vers l’enfer vert !

En s’extrayant de la carcasse de l’hélicoptère, il savourait déjà la tête du Directeur des Renseignements Généraux qui pouvait d’ors et déjà numéroter ses abatis ! Confier les commandes de l’hélicoptère présidentiel à un ex quelconque de la première Dame n’étais certes pas un signe de compétence, même si en tenir la liste à jour pouvait relever de la gageure quelque soit le zèle que pouvait y mettre le service en charge du dossier. « Ah, ces fonctionnaires ! Ca n’arrivait pas avec le S.A.C de Charles… le privé, il n’y a que ça de bien ! ».

La mélodie saccadée de Famas le tira de sa rêverie réconfortante. Des Uzis reprenaient le refrain. Les chœurs se rapprochaient pour des variations en rapport à l’hallali. Les commandos furtifs ne l’étaient plus et les orpailleurs étaient sur les dents jusqu’auxquelles ils étaient armés. Avec l’arc et les flèches amérindiennes offertes par le chef du village, Nicolas se sentit soudain plus nu qu’avec un pagne baillant au vent. Déshydraté, cuit par le soleil et paralysé par la peur, il cherchait à qui faire payer l’outrage de se retrouver tout nu et tout bronzé par 40° C alors qu’il avait cassé ses Ray-Ban ! Aucun ami dictateur de l’Est ou du Sud pour lui porter assistance, pas l’ombre d’un héros hollywoodo-scientologue pour mener à bien cette impossible mission : la Cité des 4.000 commençait à lui manquer. Il allait devoir défendre chèrement sa peau, peut être même au prix de sa Rolex, de sa chevalière et de sa chaînette en or.

Une rafale coupa en brosse la haie de lianes au dessus de sa tête. Il n’eut pas le temps de se jeter au sol de son plein gré, trop vite plaqué sur la mousse par 2 individus de type peu blanc sentant fort la sueur ancienne. Son accoutrement étonna suffisamment longtemps le troisième larron qui le mettait en joue pour que Nicolas eut la présence d’esprit de lui proposer : « Gagner plus, ça vous dirait ? ».

gorlab
15/02/2008, 18h09
Un texte bien ancré dans l'actualité actuel. J'ai bien aimé les descriptions de la foret tropicale.;)

HiPs!
15/02/2008, 18h51
:clap: Ecoute, si tu nous faisais une suite à la "Délivrance" interdite aux mineurs, mon bonheur serait complet...

Hilarion
15/02/2008, 22h06
Merci à tous pour les encouragements!:huhu:

Rendons à César... : l'idée du voyage de Nicolas en Guyane est de ma chère et tendre... dès qu'elle m'en a parlé, ça a été le déclic!

Merci ma belle!:luv:

Ben Wawe
15/02/2008, 22h47
Ah oui, très bon ! J'ai beaucoup aimé. ;)

HiPs!
16/02/2008, 18h02
Une grande balade

Ça fait quoi ? Une demi heure qu’il marche, et déjà commence-t-il à sentir les premières marques de la fatigue. Faudrait pas vieillir. La frondaison est d’une générosité rare. Verte, touffue. Il progresse à grands pas dans la forêt, en respirant bien pour ouvrir largement ses poumons à cette débauche d’odeurs et de sensations.
Mon Dieu, quel bonheur! Du bout de ses doigts, il frôle en passant l’écorce rugueuse des arbres, lève le bras comme à la fête foraine pour toucher le pompon de feuilles au-dessus de lui. La vie est un manège, pense-t-il. Il ralentit son allure. Tout cet oxygène, la faim aussi peut-être…la tête lui tourne un peu. Il ralentit encore. Pas de raison de se presser. Il est largement dans les temps. Un insecte a entamé une ronde obstinée autour de lui. Une sorte de gros bourdon très velu dont la pugnacité et l’ennui qu’il génère lui rappellent l’un de ses adjoints.
Son léger vertige s’est dissipé. Il reprend un bon rythme, hésite à s’engager dans un sentier qui part sur la droite, décide finalement de continuer sur celui de gauche. A gauche, toujours à gauche. Tout est parti du meeting. Il n’a pas envie de se souvenir des ordures qu’on lui avait jeté à la figure, ces immondices indignes d’êtres humains. Il avait tout donné à cette ville, tout. Il regarde ses mains, s’étonne de ne pas y ressentir le froid de l’acier chromé, cette lourdeur de mort aux relents de cordite. L’espace d’un instant, il les trouve si vides ces mains. Si dénuées de sens.
Tiens, un petit bolet. Il aurait dû emporter un sac plastique. Il y aurait glissé toutes ses trouvailles. Un peu plus tôt, une fourmi très étrange sur un arbre avait attiré son attention. Il l’avait mangé. Elle avait le même goût acide que celles qu’il grignotait quand il était petit.
La mousse sur les arbres le renseigne sur la direction à prendre. Il n’était jamais passé par ce coin de la forêt. Néanmoins, il ne se sent pas du tout perdu. L’avantage d’être né à la campagne, ces grandes échappées, en solitaire ou à plusieurs, le dimanche et aussitôt l’école finie. Cette multiplicité de formes, toute cette vie qui vibrionne et frémit autour de lui, rien ne lui a jamais paru plus beau.
L’idée de faire une pause lui traverse l’esprit, mais il préfère ne pas s’arrêter. Il veut en prendre plein la vue, être surpris une fois de plus par le bruissement de papier froissé qui annonce la volée de passereaux derrière la dentelle des arbres, éprouver la fierté de se rappeler que le nom de ces petites fleurs jaunes est Medicago orbicularis, s’approcher à pas de loup de ce fourré pour identifier l’animal qui y fouit. Gaffe à la racine croche-pattes!
Du coin de son œil droit, il lui semble soudain percevoir quelque chose dont la familiarité lui est désagréable. Douloureuse presque. Il ne s’arrête pas. Il accélère même son pas. À peine le temps de souffler de soulagement qu’elle est de nouveau là ! La même forme, exactement, blanche et longiligne comme le souffle vaporeux et pétrifié d’une sortie de rêves. Il accélère. Mais peine perdue ! Elle ne cesse d’apparaître et de s’évanouir à son regard. Impossible de lui échapper !
Il lui semble qu’elle lui dit quelque chose comme «…andreau…traper…froid». Il préfère ne pas réagir. L’apparition attend un peu, se campe fermement sur ses deux appendices et lui dit encore, beaucoup plus fort cette fois, d’une voix aiguë rouge cerise, et cette fois il entend tout : «Et puis, arrêtez de tourner autour de cet arbre, bon sang ! Vous allez faire une tranchée à force !»
A contrecoeur, Christian Landreau s’éloigne de l’hêtre bicentenaire qui trône au milieu de la cour nue. Il a la tête baissée et les bras ballants des enfants fautifs. Il s’arrête au bord du large parterre de petits graviers brillants baigné de soleil qui le sépare de la porte de la bâtisse où se tient Mademoiselle Ragonesse - il la reconnaît tout à fait maintenant, oui c’est bien elle. Avec, derrière elle, un long couloir bordé de portes cadenassées, du papier à fleurs sur les murs, les odeurs tenaces d’arnica et de potée aux choux, et de l’électricité dans la tête. Il se souvient maintenant.
Le soleil qui tape derrière le grand hêtre lui offre une ombre majestueuse qui le maintient, pour quelques instants encore, sous la protection de sa forêt mentale. Il regarde Mademoiselle Ragonesse, évalue la distance à franchir pour la rejoindre.
Comment allait-il faire pour traverser ce charnier de larves translucides et grouillantes?


Hilarion
17/02/2008, 16h25
Comme dit le Joker :

"On dit qu'un aliéné, c'est un fou à lier, mais en ce qui me concerne, crois-moi, mon ami, c'est la folie qui est une alliée!".

Oui, on est geek ou on ne l'est pas...;)

gorlab
17/02/2008, 23h25
Hop, à moi donc.
Une courte nouvelle, qui ne dure que le battement d'un cil.
Bonne lecture ! ;)

__________________________________________________ ____________


Au bord d’un étang, assis sur un épais tapis de mousse, adossé confortablement contre le tronc rugueux du plus grands des saules pleureurs, rêvassait Jérémiah. D’une vingtaine de printemps, les cheveux de la couleur des blés qu’agitait doucement une légère brise, ces yeux d’un gris orageux avaient peine à discerner le ciel à travers les longues branches de l’arbre trois fois centenaire. Il ne se rappelait que très vaguement comment être arrivé la…
Ah si !, ça lui revenait un peu. Il se promenait avec Sophia dans la foret de leur enfance, ils se sont violemment disputés, mais il n’arrivait pas à se rappeler la raison de leur querelle…

Sur l’étang couvert de nénuphars, un couple de rainettes proche du bord observaient ce curieux mammifère à l’apparence si tranquille. Emettant en chœur des croassements interrogatifs, ils se turent soudainement. Même les branches du saule majestueux cessèrent de s’agiter malgré la brise. Comme si la réalité venait de retenir son souffle à l’arrivé de quelque chose ou de quelqu’un impossible à ignorer.
Un étranger s’avança sans bruit vers Jérémiah, il l’observa un moment en silence, attendant que le jeune homme remarque sa présence. Ce qui ne tarda pas. Jérémiah tourna la tête sur la côté et haussa un sourcil interrogateur à la vue de l’homme.
-Bonjour Jérémiah. L’étranger se força à sourire, on pouvait voir que c’était quelque chose d’absolument pas naturel chez lui, tout comme son accoutrement. Un costume foncé, d’une coupe classique, aussi noir que ces cheveux. Ces boutons de manchettes en argent, ressemblant à de petits crânes, scintillaient dans la lumière doré de la forêt. Une barbichette taillé en trident entourait une bouche au dessin figé. Ces yeux d’une immobilité magnétique étaient fixé sur le jeune homme assis, à l’image d’un horloger observant un mécanisme fragile.
Jérémiah essaya de se redresser un peu, il n’y arriva pas.
-Qu..qui êtes vous ?
L’étranger s’humecta les lèvres.
-Je suis le point commun à l’humanité.
-Quoi ? je ne comprends pas…
-Cela ne fait rien. Non, n’essaye pas de te lever, ça ne servira à rien.
L’homme se tourna face à l’étang, les mains dans les poches, regardant comme fasciné les ridules de la surface de l’eau.
-Il va nous falloir bientôt partir Jérémiah.
-J..je vous connais n’est ce pas ?
-Peut être m’as tu aperçu quand tu as assassiné le père de Sophia.
Tout revint brusquement au jeune homme, comme une lame de fond ! Cette promenade en forêt, la dispute qu’il avait eu avec Sophia et le fait qu’il lui avait avoué avoir tué son père. Ils en étaient venus aux mains, et elle l’avait tué…

Même un observateur extérieur aurait eu du mal à discerner le manche du poignard figé dans la poitrine du jeune homme.
-Je ne te juge pas Jérémiah, ce n’est pas mon rôle. Je me contente d’accompagner les « clients » vers leur destination finale. Mais tu peux me demander une dernière chose. Tu peux me demander de te renvoyer une dernière fois vers le lieux que tu souhaites, mais en esprit seulement, évidemment. Mon dernier client par exemple était un chanteur populaire, il m’a demandé de revoir une dernière fois Syracuse, qui est très agréable en cette saison ceci dit en passant…
Le jeune garçon ressentit une sensation de chute en lui même, mais avant de perdre définitivement la vie, il articula dans un souffle rauque : « Je veux retourner dans le jardin de mes parents avec Sophia »
La Mort opina du chef.
-Entendu Jérémiah.
Brusquement, le jeune garçon se retrouva au côté de l’homme, il voyait un corps, le sien, affaissé contre le saule, comme si il avait tenté désespérément de se fondre dans l’écorce noueuse de l’arbre.

Dans un flash qui ne dura que le battement d’un cil, Jérémiah fut transporté dans le jardin de ces parents. C’était un après midi d’été, il se revit avec Sophia. Ils jouaient dans le petit lac qui bordait la maison, juste au bord, la ou ils avaient pieds. Il se vit éclabousser Sophia, elle pleura, il essaya de la consoler, lui faisant une bise sur la joue. Lui disant qu’il serait son amoureux pour la vie…
Il aimerait revivre ce moment encore, et encore…
Un autre flash de lumière le ramena auprès de son hôte.
Jérémiah cligna des yeux et demanda timidement :
-Dites, il y’a quoi après ?
La Mort s’attendait à cette question, tout le monde demandait invariablement ce qui arrivait après.
-Les choses habituels mon garçon, tunnel, lumière brillante..bla, bla, bla…
Plus sérieusement, tu iras la ou tu mérites d’aller, et nul par ailleurs. Allez accroche toi, c’est parti.
Et dans un flash qui ne dura que le battement d’un cil, tout fut fini pour Jérémiah.

Hilarion
18/02/2008, 08h20
Rondement mené, un rythme maitrisé, belles descriptions de la nature. Trés agréable à lire! Bravo. :clap:

Cochonnerie de V bulletin!:meurmf:

gorlab
18/02/2008, 09h51
Merci :merci:
Pas pour moi ;)

Brother Ray
18/02/2008, 14h22
Très chouette ton récit Gorlab, belle performance sur un texte relativement court.

:woot::woot::woot:

gorlab
18/02/2008, 14h39
Merci Bro' !:merci:
Damned ! V bulletin ma laché...:meurmf:

Thoor
18/02/2008, 16h45
Houlala le niveau ne cesse de monter, j'ai la pression là.

@Halnawulf: j'aime bien l'idée et le style, Le prénom est peu être lâché un peu tôt.....

@Hips: Bon texte, quel prolifération d'idée, je préfère celui au premier pou le coup

@gorlab: j'ai marché a fond, ne change rien ;)

:clap: à tous

Ben Wawe
18/02/2008, 20h35
Oui, bravo à tous les deux : deux très bonnes atmosphères, des récits bien menés, des contraintes très bien utilisées...superbes ! :clap:

Thoor
21/02/2008, 08h34
Une nuit en forêt

La pleine lune se lève. Bien caché sous mon buis je vérifie encore une fois mon matériel. Tout me semble parfaitement opérationnel. Mon appareil photo et son ensemble de filtres spécial nuit, mon thermos de café, et la clairière devant moi, tout est donc prêt. Cette nuit je vais l’avoir cette maudite chouette Hulotte que j’ai repérée depuis si longtemps. C’est la troisième fois que je me prépare à passer la nuit dans ce sous bois des monts du Jura. Les bruissements des petits animaux nocturnes et le léger vent dans les feuillages me berce doucement. Je résiste. Je me récite mentalement des tables de multiplications, une ou deux ritournelles à la mode en essayant de ne pas chantonner « Une chanson douce…. ». Les heures passent.
Minuit, toujours pas la moindre trace du rapace, je désespère. Je commence même à regretter mon lit douillet. C’est alors qu’un bruit de moteur vient perturber la douce quiétude de ces bois. Un véhicule remonte poussivement le sentier. Je tend l’oreille et reconnais la fourgonnette du père Mathieu. Qu’est ce que ce fermier, bourru que craint tout le monde vient faire là à cette heure. Je reste caché dans mon buis. Il s’arrête juste en face de moi, sort de son engin et balaye les lieux du faisceau de sa lampe. Il se dirige alors à l’arrière du véhicule. Une cacophonie d’outils entrechoqués me parvient. L’éclat d’une bêche et d’une pelle, le voilà en train de creuser dans ma clairière. Quelques coups de bêche rapides, suivit d’autant de pelletés, un trou d’une trentaine de centimètre apparaît. Le père Mathieu, retourne à sa camionnette. Il en ressort un instant plus tard avec quelque chose de lourd dans les bras. De ma place je ne devine pas ce que c’est. J’aperçois juste que cela est gros comme un sac à patates, et que cela est suffisamment lourd pour qu’il le porte à deux bras. La forêt autour de nous retient son souffle. Je repense à toutes ces histoires colportées sur le père Mathieu. On dit qu’il a tué sa femme, qu’il est responsable des maladies des troupeaux, que c’est un bon rebouteux, que son chien n’est pas un animal très naturel. Autant de contes qui me faisaient doucement sourire, mais qui me semblent bien réel sous la pleine lune de cette sombre nuit. Le fermier dépose son fardeau au fond du trou. Il se saisit d’un grand couteau dont je perçois parfaitement la brillance de la lame. Deux coups secs. D’horribles bruits liquides et visqueux me parviennent. Comme je suis dans son dos, je prends quelques clichés. Cette activité nocturne ne me dit vraiment rien qui vaille. Je préfère en garder une trace. Un silence pesant s’installe alors que le rebouteux s’affaire.
Une minute ou une heure passe. Le fermier rebouche consciencieusement le trou. Il jette ses outils dans le coffre. Enfin, après un dernier coup d’œil autour de lui, il repart vers la vallée.

Je n’ose pas bouger. J’ai peur. J’ai un peu froid. Je suis de toute façon complètement ankylosé. De petits mouvements rapides viennent à bout des deux derniers soucis. Un repli rapide vers ma maison résolvant le premier.

La police m’a vertement tancé. Mais c’est rien comparé à la raclé que j’ai reçu de la part de mes parents. Ils m’ont même obligé à présenter des excuses aux Père Mathieu.

Comment aurai je put deviner, qu’il voulait juste se débarrasser de ses verrues en utilisant une recette de Grand-mère, où il est question de citrouilles, d’horaires à respecter et de bain de mains de la pulpe du cucurbitacé ?

Bonne lecture

Hilarion
21/02/2008, 09h22
:clap: J'aime bien la façon dont tu pose le décor et l'ambiance générale, et la chute est très amusante!

Tu avais matière à développer encore plus, je pense!;)

Juste quelques virgules en errance à signaler... :oups:

gorlab
21/02/2008, 13h50
Conte et légende du Jura ! nom di diou ! :beu:
Tu sais quoi, j'aurai bien vu une bande de potes plutot qu'un seul perso. un peu à la "stand by me"..
mais très cool ! ;)

Thoor
21/02/2008, 13h59
:merci: de vos idées et remarques je me sens progresser...

doop
21/02/2008, 14h09
Je suis un peu d'accord avec HALNA, tu aurai pu fair eun peu plus développé, surtout sur les dernières lignes....

Mais trés bonne idée :clap::clap::clap:

Thoor
21/02/2008, 14h17
Mea Culpa sur la fin.

:merci: de ta lecture

Brother Ray
22/02/2008, 09h05
Même remarque que mes prédécesseurs concernant le final. Mais pour le reste c'est vachement bien.

;)

gorlab
24/02/2008, 15h52
Une 'tite question, d'autres personnes comptent poster d'autres textes sur c thème ? si c'est non, peut être peut on commencer à plancher sur le théme de mars ?

Hilarion
25/02/2008, 11h00
Une 'tite question, d'autres personnes comptent poster d'autres textes sur c thème ? si c'est non, peut être peut on commencer à plancher sur le théme de mars ?

Katina Choovansky (à ne pas confondre avec la nouvelle Katchoo -elle s'est présentée quelque part, cette miss?- c'est quoi, toutes ces filles sur Buzz?) était partante, me semble t'il...

HiPs!
25/02/2008, 11h14
Quoi qu'il en soit, que cela ne nous empêche pas de lancer des idées pour le prochain. Allez, hop! rv dans le trid géneral des défis.

Deroxat (Expert en Potins)
26/02/2008, 03h15
allez, une petite contribution n'importe quoi n'importe comment. Comme d'habitude quoi. et désolé pour le style.
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Que l’on marche, que l’on court, que l’on roule ou que l’on vole, une question revient tout le temps. On peut choisir de s’accompagner d’un artiste, d’un boulanger, un pilote de formule 1 ou tout simplement d’un ninja, la question arrivera toujours... Et de préférence quand on s’y attend le moins. Elle est là, tapie dans un coin de la tête, prête à surgir à la moindre contrariété, la plus petite impatience, ou au moment du plus grand désarroi. Cette question est l’alpha et l’oméga du voyage, celle grâce à qui le plus petit déplacement peut se transformer en périple plein de fougue et d’énervement. La règle tacite, aussi vieille que l’invention du voyage, veut qu’on ne la pose jamais. Jamais. Et pourtant…

Momo s’était bien promise de ne pas en passer par là. On a beau avoir 9 ans, on vit déjà avec quelques principes. 9 ans, c’est à l’intérieur car d’aspect extérieur, elle avait toujours l’air d’une jolie jeune fille de 19 ans. Blonde, la taille fine, de la fraîcheur plein l’attitude et le sourire jusqu’aux oreilles.

Et pourtant donc.

Pourtant, cela faisait déjà bien 25 minutes que Momo avait écrasé le mégot de sa dernière Seven Stars et tant pis pour la pollution dans la forêt… C’est bien connu, quand on ne sait plus quoi faire de ses mains, le temps parait infiniment long. Au moins pour les fumeurs. Les ronces, la gadoue, les toiles d'araignée, Momo en avait assez de tout cela. C’est le moment que choisit LA Question pour surgir de ses lèvres :

« Quand est ce qu’on arrive ? »

Damned ! Momo s’était jurée de garder un peu de contenance et celle-ci venait d’un coup de voler en éclat. Mais la télévision refusa de répondre, se contentant de lui montrer la clairière qui se découvrait devant leurs yeux. L’endroit était loin d’être désert. Pour tout dire, il y avait même une sacrée foule dont le brouhaha tranchait avec le calme de la forêt. Ce n’est qu’au bout de dix minutes que Momo s’aperçut que ce bruit avait un sens. Mieux que ça, ce bruit était une chanson scandée par toute une foule avec la conviction d’une célébration Hare Krishna.

Tirelipimpon sur le Chihuahua/Tirelipimpon avec la tête avec les bras/Tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas/Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas !

Le spectacle était à peu près aussi fascinant que terrifiant. De là à se demander ce qu’elle foutait là, il n’y eu qu’un pas que Momo franchit allègrement (de toute façon, elle n’était plus à ça près après avoir prononcé LA Question) :

« Mais qu’est ce que je fous là ? »

Le dieu MTV une nouvelle fois, resta mutique. Encore un de ces silences inspirés qui ont le don d’exaspérer la volubile Momo. Il faut dire que la dernière fois qu’il a prononcé plus de trois phrases à la suite, c’était au chapitre précédent. C’est dire si c’était important. Toujours est-il que Momo allait partir dans l’une de ces saillies qui ont fait sa renommée à l’école, une de celles dont on ne se relève pas tellement elles font pleurer, quand ils furent interrompus par un petit bonhomme vêtu d’un costard noir étriqué, qui avait l’air de marcher à la queue leu leu même s’il était tout seul. Bézu n’avait vraiment pas changé d’un poil de béret.

« Douchka ! » s’écria-t-il. « Je suis bien content de te voir. Avec les collègues de l’ACMCA, on se demandait si tu allais venir ».

L’Amicale des Chanteurs Marrants qui Chantent pour les Amis s’était réunie dans cette forêt au milieu de nulle part pour célébrer la mémoire du fils Dolto. Ses membres ne s’étaient pas revus depuis la disparition de Félicien-du-Loft-2. Mais avec la mort de Carlos, on entrait dans une toute autre dimension. L’interprète de Rosalie Rosalie Oh/Rosalie Rosalie Ah n’était donc pas aussi inmourrable que les statuts de l’ACMCA l’avait prévu. L’association, à peu près aussi vieille que l’invention des blagues de Toto vivait une grave crise institutionnelle. Il fallait agir pour la sauvegarder, car à ce rythme là, chaque membre pourtant déclaré immortels de la mémoire collective risquait de disparaître. Mais nul n’osait le dire à voix haute. Dans un accès de bravade mal calculée, Patrick Topaloff avait même pensé que le bon Carlos n’était pas mort. « Et pourquoi pas Henri Salvador pendant qu’on y est ? » avait-il cru bon d’ajouter… En même temps ça se tient.

Et Momo comprit. Elle n’était plus Britney, mais Douchka, l’incarnation du versant jeune et aseptisé du mouvement. Non, l’ACMCA ne trépasserait pas. Elle préférerait vivre à genoux plutôt que de mourir debout. Sa mission ‘était pas de fumer des clopes, ni de se raser la tête et encore moins de chanter. Elle devait insuffler force et vigueur dans ce mouvement à l’horizon crépusculaire. Les yeux rougis par le chagrin, la prise de stupéfiants ou peut être un mélange des deux, de tous les membres de l'assemblée ne pouvaient la laisser indifférente. Parce que sous ses airs de fille qui hait le monde, Momo est quelqu'un de bien. Avec la mort de son président emblématique, l'ACMCA ressemblait à un poulet à qui on venait de couper la tête... Elle s'agitait dans tous les sens avant de crever. Momo devait donc se faire élire pour prendre la tête du mouvement et l'envoyer vers de nouveaux sommets. Mais comment faire ? Elle se dit que poser à poil devant tout le monde était un bon début.

Thoor
26/02/2008, 07h33
Bravo, Bonne idée :clap:

HiPs!
26/02/2008, 09h39
http://farm4.static.flickr.com/3090/2293623386_9113dc8a02.jpg?v=0

Good, good, good

gorlab
26/02/2008, 10h49
Ah bah oui, quand même !:beu::clap:

Brother Ray
26/02/2008, 11h00
Bravo, Bonne idée :clap:


Une excellente idée tu veux dire.

:clap::clap:

Hilarion
26/02/2008, 16h07
Une écriture décomplexée, dis donc! Poilant!:huhu:

Deroxat (Expert en Potins)
26/02/2008, 18h36
je ne sais pas exactement ce que tu as voulu dire par écriture décomplexée alors je vais le prendre comme un compliment. :oups:

HiPs!
26/02/2008, 18h44
Il veut dire que t'y vas franco, avec agilité et sans ambages, que c'est bien quoi...

Hilarion
26/02/2008, 19h52
Il veut dire que t'y vas franco, avec agilité et sans ambages, que c'est bien quoi...
C'est tout à fait ça!

HiPs!, tu sera mon prochain ministre de la Culture avec Anna Mouglalis et une Logan de fonction en prime!

wallyvega
27/02/2008, 17h07
Un grand bravo à tous, c'est encore une très bonne session:woot: