doop
24/01/2008, 18h43
A l’occasion de la sortie des six premiers volumes de la collection MINX , faisons un petit bilan.
A l’origine, la ligne MINX découle d’une problématique récurrente dans les grandes maisons d’édition de comics depuis maintenant une bonne dizaine d’années, à savoir comment attirer le plus de lecteurs possible, si possible d ‘horizons différents et féminins de préférence.
Au fil du temps, la plupart des nouveaux lecteurs (dont une grosse partie composée de filles) s’est orientée vers les MANGA (dont le marché explose aux USA et devient aussi important que celui des comics, voire plus) tandis que les ventes de comics chutaient de manière vertigineuse. Les BIG TWO (DC et MARVEL) , toujours à la recherche d’une nouvelle source de revenus, se sont donc jetés dans la bataille en espérant attirer cette frange du lectorat, peu habituée aux héros en collant , dans leurs filets.
Force est de reconnaître que les deux éditeurs ont tenté nombre de formules pour appâter le chaland !
Ainsi, après avoir crée des X-MEN et SPIDER MAN MANGA ( un gros échec )
on a pu assister à l’éclosion de séries vendues comme pouvant potentiellement attirer des lecteurs de manga, comme par exemple la fameuse ligne TSUNAMI chez MARVEL , avec une réussite plus que confidentielle. En effet, parmi toutes les séries lancées à cette époque (SUB MARINER, SENTINEL, MYSTIQUE, RUNAWAYS, etc…) seule cette dernière perdure, et encore, après un relaunch au bout de 18 épisodes.
Et cela semble tout à fait logique, le gros problème de la ligne TSUNAMI étant; soit de livrer du comics « mangaïsé » et mal exécuté qui n’a absolument pas attiré le lecteur de manga et qui a rebuté le lectorat habituel (NAMOR, SENTINEL ) , soit de produire des comics tout à fait décents (MYSTIQUE, RUNAWAYS) mais plombés et par leur intégration à la continuité de l’univers MARVEL (les VENGEURS apparaissent dans RUNAWAYS, MYSTIQUE liée aux X-men ). De plus, la recrudescence de nouvelles séries à l’époque n’a pas facilité l’exposition de la ligne, les lecteurs étant obligés de faire un choix parmi l’offre abondante proposée. La ligne TSUNAMI a donc très vite pris l’eau, si j’ose dire, MARVEL ayant trop essayé de ménager la chèvre et le chou en n’osant pas de séparer du genre super-héroïque (garantissant malgré tout la fidélité des fanboys de base).
MARVEL s’était aussi essayé à introduire dans sa série phare (UNCANNY X MEN) un dessinateur de manga (KIO ASAMIYA) en créant un énorme buzz, mais là aussi, l’effet produit a été de déboussoler complètement le lectorat habituel.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M14.jpg
Précisons aussi que les épisodes sont de piètre qualité niveau scénario(UNCANNY X MEN par AUSTEN/ASAMIYA) et on peut effectivement constater que c’est à partir de ce moment là que le titre phare de l’éditeur va péricliter dans les ventes, n’arrivant jamais plus à, retrouver sa position de leader ; les rédacteurs en chef continuant de proposer un style hybride pendant une longue période (PHILIP TAN ). Dans le même genre, on pourra aussi citer le fameux AGENT X, tentative très vite avortée d’un DEADPOOL version MANGA ! 5Simone / UDON studios)
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M7.jpg
Les heures les plus sombres des séries X-MEN ont bien commencé ici….
Quelques temps plus tard, MARVEL a cru trouver une parade : compiler certaines histoires déjà publiées en single et pouvant attirer un public plus jeune dans de petits recueils au prix très raisonnable qui prolifèrent sur les étalages depuis quelques temps. On retrouve en vrac RUNAWAYS, IREDEEMABLE ANT MAN et SPIDER MAN LOVES MARY JANE, JUBILEE mais encore une fois, seuls les lecteurs de comics s’y sont intéressés et la plupart de ces récits n’ont pas franchi la douzaine d’épisodes.
DC, pour sa part, à depuis longtemps tenté d’attirer ce lectorat par le biais de sa ligne VERTIGO, en demandant à des auteurs célèbres de livrer des récits format MANGA en NOIR et BLANC, je pense notamment à DEATH de JILL THOMPSON, qui a récidivé ensuite avec THE BOYS DETECTIVE ou plus récemment, MY FAITH IN FRANKIE par le trio CAREY/LIEW/HEMPEL et que l’on va retrouver (ce n’est donc pas un hasard) aux commandes de la première publication MINX.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M15.jpghttp://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M13.jpg
Afin de créer le maximum de BUZZ ; DC choisit les grands moyens : une toute nouvelle ligne , petit format , chaque volume en noir et blanc, mais vendue à grand renfort de publicité comme renfermant des histoires adaptées à un lectorat féminin. Pas de super-héros, et donc pas de continuité, les histoires étant totalement indépendantes de l’univers DC, ce qui n’était pas le cas chez MARVEL, par exemple.
LA ligne MINX est née et DC tente de jouer la sécurité en confiant RE-GIFTERS, le premier titre de la collection, à un scénariste reconnu , MIKE CAREY (tout auréolé de son succès sur certains titres VERTIGO et de sa reprise de la série X-MEN avec CHRIS BACHALO) et en basant la publicité sur son nom. Autre avantage, il est déjà habitué au format ( cf MY FAITH IN FRANKIE )
Avec ce titre, il livre une comédie adolescente, débordant de bons sentiments, avec une héroïne tombe amoureuse d’un garçon absolument pas intéressé et un brin manipulateur et profiteur. Comme elle pratique comme ce dernier l’HAPKIDO (un sport de combat se rapprochant du JUDO), elle va essayer de gagner un tournoi pour l’épater mais se trouve confrontée à toute une série de péripéties avec ses parents, ses amis, ses frères….
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M8.jpg
Ce volume est « GIRLY » à souhait, avec des dessins de SONNY LIEW (encrés par MARK HEMPEL) très mignons et ne lorgnant pas franchement du côté du manga si ce n’est les origines Coréennes de la protagoniste principale.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M6.jpg
RE-GIFTERS est une grande réussite, avec des dialogues percutants et une histoire très bien conçue, dans un format adapté . (Chaque livre MINX tourne autour de 150 pages, ce qui permet de pouvoir développer son histoire sans être trop long). Cela reste à ce jour l’un des meilleurs à mon goût, très proche de ce qu’on peut lire dans un SPIDER MAN LOVES MARY JANE, mais en plus piquant et surtout en beaucoup plus réfléchi. C’est l’album censé lancer la ligne et donner le ton.
C’est donc pour cela que e deuxième volume, confié aux auteurs indépendants ANDI WATSON et JOSH HOWARD (mort@17) reprend à peu prés les mêmes bases que RE-GIFTERS, à l’exception prés que son héroïne est cette fois ci une LONDONIENNE pur jus : propulsée dans la campagne Anglaise! L’histoire en quelques mots :CHARLOTTE BROOK a falsifié sa carte d’identité afin d’ entrer dans un night club et ses parents, pour la punir, décident de lui faire passer ses vacances chez ses grands parents, qui tiennent un golf pour vieux au fin fond de l’Angleterre.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M9.jpg
Dépaysement total pour la jeune fille (pseudo GOTH assumée) qui se retrouve à marcher dans la forêt et à faire des visites guidées dans la boue avec de grandes chaussures à talons compensés ; bien évidemment, impossible de se mêler à al population locale ; les jeunes du villages étant trop « rustiques » à son goût.
Ce qui commence comme une comédie de mœurs générationnelle (très bien réussie) va ensuite débouler sur un meurtre mystérieux pour finir en aventure fantastique avec démons, que ne renierait pas un JOSS WHEDON dans BUFFY. En dépit d’une dernière partie un peu décevante et trop rapidement expédiée ; la confrontation entre les deux mondes vaut son pesant d’or, les dialogues et les situations étant particulièrement drôles et bien amenés.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M5.jpg
Le dessin, même s’il lorgne parfois vers un style plus « indé », reste simple et cartoony, avec les grands yeux de l ‘ héroïne et certaines postures des personnages.
Cette influence va disparaître complètement dans les volumes suivants.
Dans la troisième publication : THE PLAIN JANES, c’est la romancière pour ados CECIL CASTELLUCCI , accompagnée du dessinateur JIM RUGG qui prennent les commandes pour le titre le plus « arty » et indépendant de la collection.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M10.jpg
Du dessin qui fait penser à du CHARLES BURNS, un scénario construit autour de la notion d’art, et c’est une nouvelle direction qui est imposée à la ligne. Au ton très New Yorkais, c’est un joli récit qui nous est raconté ici, avec une adolescente obligée de déménager en banlieue et de quitter sa ville suite à un drame personnel ! (Pas de SPOILERS, il faudra lire l’histoire).
Complètement différent, ce volume est plus profond, plus intimiste et beaucoup plus sombre que les autres. C’est d’ailleurs très étonnant de constater que le marketing fait autour de cette BD ne parle absolument pas du drame en question, mettant plus en avant le côté jeunes filles rebelles qui vont essayer de faire découvrir l’art aux gens du quartier , qui n’est pourtant qu’une conséquence de la tragédie originale et finalement un moyen de se sortir de la dépression.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M4.jpg
DC n’a pas pris de risques non plus avec GOOD AS LILY, confiée à l’auteur indépendant multi-récompensé DEREK KIRK KIM (trois prix différents pour sa première œuvre : SAME DIFFERENCE AND OTHER STORIES , à savoir l’EISNER, le HARVEY et l’IGNATZ) et au cartoonist JESSE HAMM. En effet, la jeune adolescente Coréenne GRACE KWON va voir apparaître le jour de son 18ème anniversaire on ne sait pas pourquoi , trois versions d’elle même à trois âges différents (la petite fille, la jeune femme et la grand mère) qui ont toutes des problèmes à régler dans le passé et le futur et qui vont par la même occasion permettre à l’adolescente de réfléchir sur sa vie en général et un événement sombre et marquant de son existence en particulier.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M11.jpg
En dépit d’un humour plus présent que dans le précédent volume (et qui pourrait faire penser à RE-GIFTERS ) ; l’histoire est en fait beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît , (son titre ,GOOD AS LILY le laisse d’ailleurs présager car à priori on ne recense aucune LILY dans la première moitié de l’œuvre et l’on se doute bien au fil de la lecture que cela risque d’être une des clés de l’histoire). Très jolie étude sur les difficultés de grandir et de s ‘assumer pleinement tout au long de sa vie, c’est certainement l’un des volumes les plus touchants et les plus réfléchis, et une fois de plus, on constate que ce n’est pas ce thème que DC a mis en avant dans ses previews. Cela aurait mérité d’aller encore un peu plus loin : on sent que le scénariste s’est un peu retenu, le principe de la collection n’étant pas, à priori d’offrir des récits glauques aux lecteurs.
Le dessin, très cartoony, est détaillé et regorge de petits détails.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M3.jpg
Même construction encore dans CONFESSIONS OF A BLABBERMOUTH, de MIKE et LOUISE CAREY au scénario et AARON ALEXOVICH aux dessins, où l’intrigue elle aussi est moins légère que prévu. On pourra néanmoins ajouter que l’auteur n’a pas été jusqu’au bout de son idée. Le thème général abordé est pourtant différent de celui de GOOD AS LILY. , mais le problème des conflits inter-générationnels reste toujours une constante. L’histoire : la famille mono parentale de TASHA, une experte bloggeuse menace prend un très vilain tour lorsque sa mère ramène à la maison l’écrivain JED HAZELL, la voilà obligée de faire de la fille de ce dernier une amie en plus. Heureusement, INTERNET est une arme redoutable !
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M12.jpg
Encore une fois , c’est une excellente publication, dont le scénario est mis en valeur par le style très distinct et très détaillé de AARON ALEXOVICH. Tous les problèmes induits par la relation parent-enfant nous sont livrés ici au travers de la jeune héroïne TASHA et de son blog. Comme d’habitude, la jaquette est trompeuse, ce n’est en aucun cas l’histoire d’une jeune fille qui a des soucis et qui écrit un blog, c’est beaucoup plus profond que ça et INTERNET n’intervient quasiment jamais dans l’histoire ; DC essaye véritablement de réduire l’influence un peu plus sérieuse des histoires proposées, craignant d’eefrayer les lecteurs. Aidée par sa fille de 15 ans, CAREY utilise à fond la mécanique de la ligne afin de détourner le plus possible l’histoire, qui peut à un moment virer vers l’horreur absolue, mais il n’osera pas lui non plus aller jusqu’au bout !.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M1.jpg
Le dernier numéro en date, KIMMIE66 avec le même AARON ALEXOVICH au scénario et aux dessins est quant à lui un véritable OVNI ! Il nous narre les aventures d’une jeune fille du 23ème siècle et du fantôme de sa meilleure amie décédée qui hante la réalité digitale et les mondes virtuels qui ont remplacé INTERNET.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/CD443.jpg
Très différent de ce qu’on a pu voir jusqu’alors (même si les principes de base ne changent pas) ; KIMMIE66 parle des problèmes rencontrés par la jeune fille qui vont forcément lui permettre de franchir le cap de l’adolescence. Loin d’être une histoire à l’eau de rose, on flirte complètement avec la dépression ado , le livre commençant par un suicide ! C’est certainement l’œuvre la plus personnelle et la plus démarquée de la ligne, de par son style graphique et les idées contenues.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M2.jpg
En dépit de ce que le marketing réducteur de DC veut bien laisser paraître avec ses previews et ses jaquettes la ligne MINX renvoie à une gamme très étendue, beaucoup plus sensible et profonde que de simples bluettes adolescentes.
A mille lieues des SHOJO (MANGA pour filles), cette ligne dont la rédactrice en chef est KAREN BERGER , signalons le, se démarque donc par son côté indépendant pas véritablement assumé par le staff éditorial de DC (alors qu’un seul coup d’œil aux dessins suffit à s’en rendre compte) qui a peur d’effrayer le public pas vraiment habitué à ce genre de récits.
La bonne nouvelle, c’est qu’au delà d’intrigues à l’eau de rose « mangaïsées » pour plaire à un plus grand nombre (et finalement à personne ), cette ligne offre parfois de véritables petits bijoux de profondeur et de sensibilité. On est vraiment très loin du cliché et je ne saurais vous conseiller de jeter un coup d’œil à ces revues qui donnent en tout cas beaucoup plus que ce qu’elles promettent, fait assez rare pour être signalé.
Argument de poids : le prix est loin d’être prohibitif lui aussi.
Reste à espérer que le lectorat suivra, et qu’on pourra avoir de nouvelles histoires au sein de cette nouvelle ligne, huit nouveaux volumes étant prévus pour 2008 , avec des scénaristes comme ALISA KWITNEY, ANDI WATSON et même BRIAN WOOD (DMZ)
On attend donc avec impatience les volumes suivants, qui je l’espère seront aussi réussis.
A l’origine, la ligne MINX découle d’une problématique récurrente dans les grandes maisons d’édition de comics depuis maintenant une bonne dizaine d’années, à savoir comment attirer le plus de lecteurs possible, si possible d ‘horizons différents et féminins de préférence.
Au fil du temps, la plupart des nouveaux lecteurs (dont une grosse partie composée de filles) s’est orientée vers les MANGA (dont le marché explose aux USA et devient aussi important que celui des comics, voire plus) tandis que les ventes de comics chutaient de manière vertigineuse. Les BIG TWO (DC et MARVEL) , toujours à la recherche d’une nouvelle source de revenus, se sont donc jetés dans la bataille en espérant attirer cette frange du lectorat, peu habituée aux héros en collant , dans leurs filets.
Force est de reconnaître que les deux éditeurs ont tenté nombre de formules pour appâter le chaland !
Ainsi, après avoir crée des X-MEN et SPIDER MAN MANGA ( un gros échec )
on a pu assister à l’éclosion de séries vendues comme pouvant potentiellement attirer des lecteurs de manga, comme par exemple la fameuse ligne TSUNAMI chez MARVEL , avec une réussite plus que confidentielle. En effet, parmi toutes les séries lancées à cette époque (SUB MARINER, SENTINEL, MYSTIQUE, RUNAWAYS, etc…) seule cette dernière perdure, et encore, après un relaunch au bout de 18 épisodes.
Et cela semble tout à fait logique, le gros problème de la ligne TSUNAMI étant; soit de livrer du comics « mangaïsé » et mal exécuté qui n’a absolument pas attiré le lecteur de manga et qui a rebuté le lectorat habituel (NAMOR, SENTINEL ) , soit de produire des comics tout à fait décents (MYSTIQUE, RUNAWAYS) mais plombés et par leur intégration à la continuité de l’univers MARVEL (les VENGEURS apparaissent dans RUNAWAYS, MYSTIQUE liée aux X-men ). De plus, la recrudescence de nouvelles séries à l’époque n’a pas facilité l’exposition de la ligne, les lecteurs étant obligés de faire un choix parmi l’offre abondante proposée. La ligne TSUNAMI a donc très vite pris l’eau, si j’ose dire, MARVEL ayant trop essayé de ménager la chèvre et le chou en n’osant pas de séparer du genre super-héroïque (garantissant malgré tout la fidélité des fanboys de base).
MARVEL s’était aussi essayé à introduire dans sa série phare (UNCANNY X MEN) un dessinateur de manga (KIO ASAMIYA) en créant un énorme buzz, mais là aussi, l’effet produit a été de déboussoler complètement le lectorat habituel.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M14.jpg
Précisons aussi que les épisodes sont de piètre qualité niveau scénario(UNCANNY X MEN par AUSTEN/ASAMIYA) et on peut effectivement constater que c’est à partir de ce moment là que le titre phare de l’éditeur va péricliter dans les ventes, n’arrivant jamais plus à, retrouver sa position de leader ; les rédacteurs en chef continuant de proposer un style hybride pendant une longue période (PHILIP TAN ). Dans le même genre, on pourra aussi citer le fameux AGENT X, tentative très vite avortée d’un DEADPOOL version MANGA ! 5Simone / UDON studios)
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M7.jpg
Les heures les plus sombres des séries X-MEN ont bien commencé ici….
Quelques temps plus tard, MARVEL a cru trouver une parade : compiler certaines histoires déjà publiées en single et pouvant attirer un public plus jeune dans de petits recueils au prix très raisonnable qui prolifèrent sur les étalages depuis quelques temps. On retrouve en vrac RUNAWAYS, IREDEEMABLE ANT MAN et SPIDER MAN LOVES MARY JANE, JUBILEE mais encore une fois, seuls les lecteurs de comics s’y sont intéressés et la plupart de ces récits n’ont pas franchi la douzaine d’épisodes.
DC, pour sa part, à depuis longtemps tenté d’attirer ce lectorat par le biais de sa ligne VERTIGO, en demandant à des auteurs célèbres de livrer des récits format MANGA en NOIR et BLANC, je pense notamment à DEATH de JILL THOMPSON, qui a récidivé ensuite avec THE BOYS DETECTIVE ou plus récemment, MY FAITH IN FRANKIE par le trio CAREY/LIEW/HEMPEL et que l’on va retrouver (ce n’est donc pas un hasard) aux commandes de la première publication MINX.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M15.jpghttp://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M13.jpg
Afin de créer le maximum de BUZZ ; DC choisit les grands moyens : une toute nouvelle ligne , petit format , chaque volume en noir et blanc, mais vendue à grand renfort de publicité comme renfermant des histoires adaptées à un lectorat féminin. Pas de super-héros, et donc pas de continuité, les histoires étant totalement indépendantes de l’univers DC, ce qui n’était pas le cas chez MARVEL, par exemple.
LA ligne MINX est née et DC tente de jouer la sécurité en confiant RE-GIFTERS, le premier titre de la collection, à un scénariste reconnu , MIKE CAREY (tout auréolé de son succès sur certains titres VERTIGO et de sa reprise de la série X-MEN avec CHRIS BACHALO) et en basant la publicité sur son nom. Autre avantage, il est déjà habitué au format ( cf MY FAITH IN FRANKIE )
Avec ce titre, il livre une comédie adolescente, débordant de bons sentiments, avec une héroïne tombe amoureuse d’un garçon absolument pas intéressé et un brin manipulateur et profiteur. Comme elle pratique comme ce dernier l’HAPKIDO (un sport de combat se rapprochant du JUDO), elle va essayer de gagner un tournoi pour l’épater mais se trouve confrontée à toute une série de péripéties avec ses parents, ses amis, ses frères….
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M8.jpg
Ce volume est « GIRLY » à souhait, avec des dessins de SONNY LIEW (encrés par MARK HEMPEL) très mignons et ne lorgnant pas franchement du côté du manga si ce n’est les origines Coréennes de la protagoniste principale.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M6.jpg
RE-GIFTERS est une grande réussite, avec des dialogues percutants et une histoire très bien conçue, dans un format adapté . (Chaque livre MINX tourne autour de 150 pages, ce qui permet de pouvoir développer son histoire sans être trop long). Cela reste à ce jour l’un des meilleurs à mon goût, très proche de ce qu’on peut lire dans un SPIDER MAN LOVES MARY JANE, mais en plus piquant et surtout en beaucoup plus réfléchi. C’est l’album censé lancer la ligne et donner le ton.
C’est donc pour cela que e deuxième volume, confié aux auteurs indépendants ANDI WATSON et JOSH HOWARD (mort@17) reprend à peu prés les mêmes bases que RE-GIFTERS, à l’exception prés que son héroïne est cette fois ci une LONDONIENNE pur jus : propulsée dans la campagne Anglaise! L’histoire en quelques mots :CHARLOTTE BROOK a falsifié sa carte d’identité afin d’ entrer dans un night club et ses parents, pour la punir, décident de lui faire passer ses vacances chez ses grands parents, qui tiennent un golf pour vieux au fin fond de l’Angleterre.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M9.jpg
Dépaysement total pour la jeune fille (pseudo GOTH assumée) qui se retrouve à marcher dans la forêt et à faire des visites guidées dans la boue avec de grandes chaussures à talons compensés ; bien évidemment, impossible de se mêler à al population locale ; les jeunes du villages étant trop « rustiques » à son goût.
Ce qui commence comme une comédie de mœurs générationnelle (très bien réussie) va ensuite débouler sur un meurtre mystérieux pour finir en aventure fantastique avec démons, que ne renierait pas un JOSS WHEDON dans BUFFY. En dépit d’une dernière partie un peu décevante et trop rapidement expédiée ; la confrontation entre les deux mondes vaut son pesant d’or, les dialogues et les situations étant particulièrement drôles et bien amenés.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M5.jpg
Le dessin, même s’il lorgne parfois vers un style plus « indé », reste simple et cartoony, avec les grands yeux de l ‘ héroïne et certaines postures des personnages.
Cette influence va disparaître complètement dans les volumes suivants.
Dans la troisième publication : THE PLAIN JANES, c’est la romancière pour ados CECIL CASTELLUCCI , accompagnée du dessinateur JIM RUGG qui prennent les commandes pour le titre le plus « arty » et indépendant de la collection.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M10.jpg
Du dessin qui fait penser à du CHARLES BURNS, un scénario construit autour de la notion d’art, et c’est une nouvelle direction qui est imposée à la ligne. Au ton très New Yorkais, c’est un joli récit qui nous est raconté ici, avec une adolescente obligée de déménager en banlieue et de quitter sa ville suite à un drame personnel ! (Pas de SPOILERS, il faudra lire l’histoire).
Complètement différent, ce volume est plus profond, plus intimiste et beaucoup plus sombre que les autres. C’est d’ailleurs très étonnant de constater que le marketing fait autour de cette BD ne parle absolument pas du drame en question, mettant plus en avant le côté jeunes filles rebelles qui vont essayer de faire découvrir l’art aux gens du quartier , qui n’est pourtant qu’une conséquence de la tragédie originale et finalement un moyen de se sortir de la dépression.
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DC n’a pas pris de risques non plus avec GOOD AS LILY, confiée à l’auteur indépendant multi-récompensé DEREK KIRK KIM (trois prix différents pour sa première œuvre : SAME DIFFERENCE AND OTHER STORIES , à savoir l’EISNER, le HARVEY et l’IGNATZ) et au cartoonist JESSE HAMM. En effet, la jeune adolescente Coréenne GRACE KWON va voir apparaître le jour de son 18ème anniversaire on ne sait pas pourquoi , trois versions d’elle même à trois âges différents (la petite fille, la jeune femme et la grand mère) qui ont toutes des problèmes à régler dans le passé et le futur et qui vont par la même occasion permettre à l’adolescente de réfléchir sur sa vie en général et un événement sombre et marquant de son existence en particulier.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M11.jpg
En dépit d’un humour plus présent que dans le précédent volume (et qui pourrait faire penser à RE-GIFTERS ) ; l’histoire est en fait beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît , (son titre ,GOOD AS LILY le laisse d’ailleurs présager car à priori on ne recense aucune LILY dans la première moitié de l’œuvre et l’on se doute bien au fil de la lecture que cela risque d’être une des clés de l’histoire). Très jolie étude sur les difficultés de grandir et de s ‘assumer pleinement tout au long de sa vie, c’est certainement l’un des volumes les plus touchants et les plus réfléchis, et une fois de plus, on constate que ce n’est pas ce thème que DC a mis en avant dans ses previews. Cela aurait mérité d’aller encore un peu plus loin : on sent que le scénariste s’est un peu retenu, le principe de la collection n’étant pas, à priori d’offrir des récits glauques aux lecteurs.
Le dessin, très cartoony, est détaillé et regorge de petits détails.
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Même construction encore dans CONFESSIONS OF A BLABBERMOUTH, de MIKE et LOUISE CAREY au scénario et AARON ALEXOVICH aux dessins, où l’intrigue elle aussi est moins légère que prévu. On pourra néanmoins ajouter que l’auteur n’a pas été jusqu’au bout de son idée. Le thème général abordé est pourtant différent de celui de GOOD AS LILY. , mais le problème des conflits inter-générationnels reste toujours une constante. L’histoire : la famille mono parentale de TASHA, une experte bloggeuse menace prend un très vilain tour lorsque sa mère ramène à la maison l’écrivain JED HAZELL, la voilà obligée de faire de la fille de ce dernier une amie en plus. Heureusement, INTERNET est une arme redoutable !
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Encore une fois , c’est une excellente publication, dont le scénario est mis en valeur par le style très distinct et très détaillé de AARON ALEXOVICH. Tous les problèmes induits par la relation parent-enfant nous sont livrés ici au travers de la jeune héroïne TASHA et de son blog. Comme d’habitude, la jaquette est trompeuse, ce n’est en aucun cas l’histoire d’une jeune fille qui a des soucis et qui écrit un blog, c’est beaucoup plus profond que ça et INTERNET n’intervient quasiment jamais dans l’histoire ; DC essaye véritablement de réduire l’influence un peu plus sérieuse des histoires proposées, craignant d’eefrayer les lecteurs. Aidée par sa fille de 15 ans, CAREY utilise à fond la mécanique de la ligne afin de détourner le plus possible l’histoire, qui peut à un moment virer vers l’horreur absolue, mais il n’osera pas lui non plus aller jusqu’au bout !.
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Le dernier numéro en date, KIMMIE66 avec le même AARON ALEXOVICH au scénario et aux dessins est quant à lui un véritable OVNI ! Il nous narre les aventures d’une jeune fille du 23ème siècle et du fantôme de sa meilleure amie décédée qui hante la réalité digitale et les mondes virtuels qui ont remplacé INTERNET.
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Très différent de ce qu’on a pu voir jusqu’alors (même si les principes de base ne changent pas) ; KIMMIE66 parle des problèmes rencontrés par la jeune fille qui vont forcément lui permettre de franchir le cap de l’adolescence. Loin d’être une histoire à l’eau de rose, on flirte complètement avec la dépression ado , le livre commençant par un suicide ! C’est certainement l’œuvre la plus personnelle et la plus démarquée de la ligne, de par son style graphique et les idées contenues.
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/M2.jpg
En dépit de ce que le marketing réducteur de DC veut bien laisser paraître avec ses previews et ses jaquettes la ligne MINX renvoie à une gamme très étendue, beaucoup plus sensible et profonde que de simples bluettes adolescentes.
A mille lieues des SHOJO (MANGA pour filles), cette ligne dont la rédactrice en chef est KAREN BERGER , signalons le, se démarque donc par son côté indépendant pas véritablement assumé par le staff éditorial de DC (alors qu’un seul coup d’œil aux dessins suffit à s’en rendre compte) qui a peur d’effrayer le public pas vraiment habitué à ce genre de récits.
La bonne nouvelle, c’est qu’au delà d’intrigues à l’eau de rose « mangaïsées » pour plaire à un plus grand nombre (et finalement à personne ), cette ligne offre parfois de véritables petits bijoux de profondeur et de sensibilité. On est vraiment très loin du cliché et je ne saurais vous conseiller de jeter un coup d’œil à ces revues qui donnent en tout cas beaucoup plus que ce qu’elles promettent, fait assez rare pour être signalé.
Argument de poids : le prix est loin d’être prohibitif lui aussi.
Reste à espérer que le lectorat suivra, et qu’on pourra avoir de nouvelles histoires au sein de cette nouvelle ligne, huit nouveaux volumes étant prévus pour 2008 , avec des scénaristes comme ALISA KWITNEY, ANDI WATSON et même BRIAN WOOD (DMZ)
On attend donc avec impatience les volumes suivants, qui je l’espère seront aussi réussis.