PDA

Voir la version complète : Le défi de Janvier 08 : Interdiction de fumer


HiPs!
11/01/2008, 00h30
Je fais ça propre. J'annonce:

Thème : interdiction de fumer.
Deux contraintes en option : un personnage connu, une ambiance mystico magique.


Et je poste en dessous

HiPs!
11/01/2008, 00h37
L'ambiance mystico truc m'a donné envie d'essayer ça.
Certes, mon style alexandrin est simplet et boiteux mais... ça fait presque 2 des 7 nains :D


Nuit Grave

Sous les cyprès, il ramassa un peu de mousse
Acoquinée au pied des arbres centenaires.
Il vit de l’ail sauvage, en préleva une gousse,
Et quelques bourgeons d’if, glissés dans sa gibecière.
Contournant la forêt se profilait une clairière.
De-ci, de-là, il ramassa quelques essences
Fortes et poivrés qu’il lia en fagot serré.

Le sort de l’Equivalence ne fonctionnait plus.

Du matin jusqu’au soir, il avait essayé,
Priant des noms vulgaires crachés dans la lumière.
Un sort appris auprès du Mãjh, son grand-père,
De tous, le plus sage, le plus expérimenté.

Un moche patronyme et hop ! surgissait d’ailleurs
Une épée, un trébuchet, une fronde, un glaive,
Du poison, une pioche, une dent de borayev.
Ou parfois même, un positroneur à vapeur.

Cela dépendait des noms. Et puis des envies.

Celui d’un chef de clan était son favori.
Mauvais comme une teigne, dangereux comme un caillou.
Sarko, Sarko, Sarko !, criait-il, Sarkozy !
Nada, ketchi, plus rien ne se passait du tout.

Un peu de cette herbe grasse. Aussi de ce foin.
Cette feuille fera l’affaire. Ce lichen a du chien.
Il dépose par terre les fruits de sa cueillette,
Soigneusement les aligne, mmmhh, il gamberge.

Une fois de plus, il essaye : Sarko, Sarkozy !
Mais nul clope n’apparaît entre ses doigts jaunis.

Tant pis !

S’étalent devant lui des plantes, des champis
Et toute une collection de fibres de raphia.

Ce serait le diable si parmi toutes ces denrées,
Il ne se dégote pas un truc bon à fumer !


gorlab
11/01/2008, 08h14
Bien garçon, bel exploit, en alexandrin en plus. Le coup du positronneur à laissé des séquelles hein...?:beu:

Thoor
11/01/2008, 08h56
Impressionnant

Tu t'es mis en danger et cela fonctionne bien. Bel ouvrage

wallyvega
11/01/2008, 16h46
Chapeau, Monsieur!

wallyvega
12/01/2008, 17h28
A l'instar de DC et Marvel, je lance un teaser:

http://img160.imageshack.us/img160/6953/scan10072cv2.jpg

Thoor
16/01/2008, 11h10
Ma Bafouille:

La petite fumée

Le vieil homme-médecine regarde son élève. Aujourd’hui est un jour important pour lui. Il va cesser d’être un papoose pour enfin devenir un homme. Le Grand Corbeau est venu le visiter cette nuit pour lui annoncer qu’il était temps. Go Khla Yeh ne lui semble pas trop nerveux ni trop empressé, il serre juste un peu sa tenue d’hivers sur son corps un peu maigre. D’un signe de la tête, le sage indique au garçon de commencer. Aucune émotion ne transparaît sur le visage anguleux, encadré de cheveux long et noir. Il se tourne face au soleil levant et entonne le chant sacré consacré à la gloire de Manitou. Puis il se tournant vers le nord, il appelle les ancêtres afin qu’il veillent sur lui pendant cette journée. Enfin il fait face à l’ouest. Devant lui s’étale la grande plaine de chasse. Le soleil dans son dos effleure de ses tendres rayons les bisons si important pour la tribu. Bientôt, il pourra rejoindre les chasseurs qu’il devine à quelques jets de pierre de là.

Sur un ordre du sage, le jeune homme commence par planter quatre longues tiges dans le sol meuble. D’un mouvement souple et mille fois répétés, il en repique les extrémités libres afin de former un dôme d’environ un mètre de haut. Très concentré, il enchaîne les diverses opérations d’assemblage. La matinée tirant à sa fin, il commence à se dévêtir. Il utilise ses vêtements pour couvrir la hutte et la rendre la plus étanche possible. Le montage terminé, l’homme-médecine s’approche du papoose. Il lui tend une brassé de bois vert et un petit sachet de cuir. Son anguleux faciès toujours impénétrable, Go Khla Yeh accepte le présent. Il rampe dans la hutte. Il s’assoie le plus commodément possible. Le soleil pénètre par plusieurs ouvertures et éclaire doucement le jeune homme. L’installation du feu ne lui pose aucun problème, de même que de l’allumer. Aussitôt, une âcre fumée envahit l’espace. Il s’impose de ne pas tousser, au contraire, il inspire à plein poumon. Un temps plus tard, il attrape le sachet de cuir du vieux sachem. Il y trouve à l’intérieur une petite boulette verdâtre. Il la porte à sa bouche et entame de la mâcher consciencieusement. La fumée, sous l’action des feuilles de coca devient moins gênante. Elle virevolte amoureusement autour de lui. Son esprit devient légers, un ‘mouvement-immobile’ le propulse en dehors de son corps. La plaine s’étale à ses pieds. Au loin un petit point noir fait son apparition. Les yeux pénétrant de Go Khla Yeh se fixe sur l’intrus qui pénètre dans son univers. Le point grossit. Grossit ! Grossit ! L’indien voit l’arrivé d’un attelage d’homme blanc. Son premier mouvement est de les accueillir. Mais personne lui répond, ni même ne semble le voir. Les étrangers installent leurs camps. Le soleil monte et descend rapidement dans les cieux. Les visages pâles se sont multipliés, la plaine n’existe plus. Ils ont tout pollué, détruit, saccagé. Ils sont innombrables. Les hommes et les femmes courent dans tous les sens, ils utilisent des chariots sans chevaux, ne se parlent pas, semblent tristes. Le cœur remplit de dégoût et de réprobation, le garçon découvre ce monde noir et malsain à travers les volutes de fumée qui de suit. Même le ciel devient gris, oppressant. La pluie tombe abondamment. Elle brûle la peau et pique les yeux. Le jeune prétendant à la vie d’homme, cherche un abri et se dirige vers un lieu ou beaucoup de gens se sont réfugiés. Un homme en costume de couleur rouge vif se tiens devant la porte. Par les vitres, l’illuminé perçoit de bonnes odeurs de nourritures. Il s’avance, mais l’homme en rouge s’interpose. C’est un indien. Il regarde Go Khla Yeh et lui dit « Désolé, monsieur, mais cet établissement est non fumeur. »

Go Khla Yeh se réveille dans sa hutte, plein de fureur pour ces visages pâles aperçut dans la visions. Il connaît son destin. Il les pourchassera et les éliminera. Le monde le connaîtra sous le nom de Géronimo

Bonne lecture à tous

Ben Wawe
16/01/2008, 11h36
Je n'ai plus de points pour voter, mais vous deux les méritez amplement. Bravo, deux styles différents mais de très jolies choses à chaque fois. Bravo à vous deux.
Personnellement, je préfère celui de HiPs! car c'est une plus grande surprise et la poésie est quelque chose que je trouve terrible tant j'ai du mal avec les vers, je ne peux donc qu'applaudir l'exercice réussi. Mais Thoor, tu as fait quelque chose de très bon, avec une jolie ambiance et une fin qui se tient bien. C'est top.

Thoor
16/01/2008, 11h50
:merci:

gorlab
16/01/2008, 12h12
un nouveau genre donc, le texte shamanique.;)
L'ambiance est la, et c'est un plaisir de le lire..!

wallyvega
16/01/2008, 16h53
Très bien , en effet. Je sens, qu'encore une fois, nous aurons des textes très différents et originaux.

wallyvega
19/01/2008, 18h22
L’ennui, bel ennemi. Rude ennemi. Depuis plus de quinze ans qu’il était là, rien ne s’était passé. Aucun événement dont il se souvienne. Tout n’était que légèreté et blancheur immaculée. Son seul plaisir résidait dans la petite boîte en carton blanc, plaquée sur sa poitrine, dans la poche de sa chemise blanche, et contenant une réserve inépuisable de cigarettes blanches, produisant une fumée blanche. Celle-ci se confondait avec les nuages… Blancs, en effet.
Ici, le tabac n’était ni nocif, ni odorant. En réalité, fumer ne provoquait absolument rien. Il avait cependant besoin d’apaisement ; ce lieu outrageusement reposant l’irritait au plus haut point. C’était la raison pour laquelle ses lèvres pinçaient un mégot à longueur de journée. Le geste, devenu presque mime, lui apportait un réconfort non négligeable.
Les premiers mois, perturbé par l’inaction et la blancheur irréelle des lieux, il s’était promené dans l’ouate, en quête d’une tâche, d’une imperfection. En vain. L’idée lui vînt de provoquer une salissure, une déchirure, un affront au Tout-puissant. En vain. Un monde intangible l’encerclait et il était particulièrement difficile de s’y adapter.
Des multitudes de formes humaines, inexpressives et vaporeuses, erraient sans but. Ces personnes n’avaient aucune conversation, comme il avait pu l’observer. Mais, il comprit rapidement que ce n’était pas leur volonté que d’exister ainsi, prostrées dans le mutisme.
Là-bas, on ne parlait pas. Là-bas, on ne mangeait pas. Là-bas, on ne buvait pas. Là-bas, on ne dormait pas. Là-bas, on ne baisait pas. Là-bas, on ne vivait pas!
On attendait. Le problème était que l’on n’attendait rien.
« Voilà une bonne définition de la religion, aimait-il à penser. Tout ça pour rien. »
Tout en se remémorant les premiers instants de son séjour en ce royaume, où secondes et minutes, semaines et siècles, ne faisait qu’un, le captif entendit un bruit. Une sorte de grondement sourd qu’il parvînt à identifier comme une voix ; une voix qui rebondissait à l’intérieur de son crâne, sentencieuse et grave.
« Désormais, et pour le bien de tous, les cigarettes, cigares, pipes et autres objets s’y apparentant seront prohibés. Toute personne violant ma parole sera châtiée. »
Il se passait enfin quelque chose. Une blague. Sans humour, certes, mais une tentative ironique, voire sarcastique de dénoncer l’autorité qui régnait là-bas. De plus, il était possible de s’exprimer. Information capitale.
Il tenta de produire un son, en réponse à l’orateur solitaire, blagueur téméraire. Sa bouche se déforma, ses lèvres prirent un nombre inimaginable de positions différentes, sa langue s’agitait avec ardeur. Pas le moindre son. La frustration l’envahit. Que d’efforts inutiles !
Cherchant désespérément un moyen de produire quelques ondes sonores, il porta inconsciemment la main droite au niveau de son cœur, en quête d’une cigarette salutaire. A sa grande stupeur, le paquet n’en contenait plus qu’une seule. Après l’en avoir extraite, aucune autre ne prît sa place. C’était peut-être Lui qui avait parlé, finalement. Quel putain d’enfoiré ! Il porta la cigarette à ses lèvres, s’empara de son briquet blanc et terne, l’alluma. La réponse ne se fit pas attendre.
« Lucien ! Tu oses ose briser la règle prohibant le tabac en ce lieu ! De plus, tu n’as cessé de nuire à ton prochain depuis ton arrivée. De par les tentatives de dégradation ou les insultes. C’en est trop ! Tu connais la sentence. »
La voix de celui qu’il avait pris pour un piètre farceur avait, de nouveau, emplit son esprit.
-Ouais, j’la connais mais je n’l’espérais plus.
-Lucien Ginsburg dit Serge Gainsbourg, que le châtiment soit infligé et que ta volonté soit satisfaite !
-Dieu dit Notre Père qui êtes aux Cieux dit Roi des Pieux, fuck off et… adieu.
Les nuages s’écartèrent sous ses pieds avant qu’il ne bascule dans le vide. Son corps semblait, de nouveau, soumis aux lois de la pesanteur, ses vêtements retrouvaient, peu à peu, leur bleu délavé d’origine, ses doigts leurs extrémités jaunies alors que sa vitesse s’accroissait. Il fonçait vers la Terre, trouant les nuages. En guise de révérence, Serge lança le bras droit qu’il stoppa net de la main gauche :
« Et c’est moi le roi des pieux ! »
Un petit rire étouffé suivit. Ses derniers doutes étaient restés là-haut. Dieu n’était définitivement pas un fumeur de havanes.
Le sol lui fonçait dessus, menaçant de le pulvériser littéralement. Serge retrouvaient certaines sensations et imaginait les conséquences d’un potentiel impact. Un big-bang de chair, d’os et de sang. Une cervelle solaire, une constellation oculaire et des astres testiculaires répandant leur voie lactée.
Dans un demi étonnement, il pénétra la terre, ne laissant aucune trace derrière lui. En vérité, il avait toujours su où il finirait. Il en avait rêvé, si l’on puit dire car on ne rêve pas là-haut. Il n’aurait pu le situer exactement, cependant il se dirigeait vers l’une des destinations envisagées : le noyau terrestre. Manque d’originalité !
Pourquoi appelait-on ce lieu ainsi. Il n’y avait jamais réfléchi mais il pouvait, dorénavant, en conclure que le nom manquait de pertinence. C’était là-haut qu’on était Enfermé.
Plus il s’enfonçait en elle, plus la Terre semblait imprégné de l’aura de l’Ange déchu. L’excitation grandissait ; il allait bientôt le rencontrer. Toute sa vie durant, il avait été tiraillé entre l’ombre et la lumière. Le verre et l’encrier. La clope et le papier. Il s’était brûlé les ailes. Sa plume s’était enflammée avant de partir en fumée. Ses deux identités s’affrontaient, se haïssaient donnant naissance à un gars plutôt doué. S’il savait que, depuis son départ, on en avait fait un génie… Celui-là même qui, le poing levé, entonnait une Marseillaise dérangeante. Sa Marseillaise. Parti avec son pays d’origine, ce fils d’immigrés russes était devenu une icône française.
Selon Sartre, « l’enfer, c’est les autres ». Hé bien, il était impatient de partager une clope avec eux.

Ben Wawe
19/01/2008, 19h52
Joli texte, même si à un moment, il y a eu trop de répétitions qui nuisaient un peu ("là-bas..."), et que j'ai vu une ou deux fautes : pas vraiment dérangeant, mais vu que le reste du texte n'en a pas, ça se remarque plus vite. Je trouve aussi un peu dommage d'espacer autant : ça perd un peu de sa force et je n'en vois pas vraiment l'intérêt (c'est drôle, on me fait les mêmes critiques).
Sinon, c'est du bon et j'aime bien. Je n'ai pas connu le personnage, mais le portrait que tu en fais me semble juste et plus ou moins approprié. La phrase de fin me plaît vraiment. Du joli travail.

Hilarion
19/01/2008, 21h54
Srako, Géronimo, Gainsbourg! Quel panel!

Bravo à tous! :clap:

Au suivant? Moi, je galère grave sur mon texte!!!:'(

Ben Wawe
19/01/2008, 22h16
M'en parle pas. J'ai fait deux textes très différents, mais aucun ne me convient. Je sens que si je n'ai pas avancé avant demain, je les poste mais ils ne me plaisent vraiment pas. Je crois que je bloque un peu, pour le moment.

Ben Wawe
20/01/2008, 14h04
Comme je le disais, je n'ai plus des masses d'inspiration mais j'ai quand même pu produire deux textes aux styles différents : même si je les trouve franchement moyens, je les montre parce que je n'arrive pas à arriver à autre chose sur ce sujet en ce moment. J'essayerais sûrement dans quelques jours, à nouveau.

L'interdiction.

« Comment ça, non fumeur ? »

Je pose mes mains sur le comptoir, mes dents crispées par le début de colère qui monte en moi. L’Asiatique en face ne bouge pas et me sourit toujours d’une manière figée. Je ne l’aime pas.

« Oui, monsieur. Notre établissement est non fumeur depuis dix-neuf jours, maintenant.
- C’est quoi cette connerie ?
- Une loi.
- Quelle loi ?
- Celle qui est entrée en application le 1er janvier 2008, monsieur. »

Il se fiche de moi, ça se sent. Mais je ne peux rien faire. Un regard me suffit pour comprendre qu’il a raison, qu’il n’y a aucun cendrier dans tout le restaurant et que je n’ai donc pas le choix : je vais devoir m’empêcher d’en griller une durant tout le repas. Ca va être dur, mais au moins je sais que je ne suis pas ici uniquement parce que ce restaurant est non fumeur. Ce n’est donc pas un plan pour bien me faire souffrir…tous les établissements de ce type sont comme ça, maintenant. C’est déjà ça, ce n’est pas totalement un piège.

« Humf…et je fais comment si je veux fumer ?
- Vous pouvez sortir, monsieur.
- Il pleut dehors.
- J’espère que votre briquet s’allume rapidement, alors. »

Je me retiens de lui dire ce que je pense et j’acquiesce en silence. Ce type est plus fort que moi, et je ne peux rien contre lui. La seule possibilité qui me reste est de partir et de l’envoyer bouler, mais je ne peux pas. Je dois être ici, je dois m’installer à une table. Elle n’acceptera pas un autre lapin…et je ne veux pas lui infliger ça une fois de plus.

« D’accord. Menez-moi à ma table, alors.
- Très bien, monsieur. Suivez le son de la cloche.
- La cloche… ? »

DONG. DONG. DONG.
Je viens à peine de demander qu’elle se fait déjà entendre. Pourtant, l’Asiatique n’a pas bougé, les bras toujours croisés et le sourire figé. Ce type n’a rien fait, et pourtant une cloche se met à sonner, et je dois suivre le son pour trouver ma table. C’est bizarre, par ici.

Je lui jette un dernier regard avant d’entrer dans la salle de restauration. Je ne connais pas ce lieu. Je n’y suis jamais venu, c’est elle qui a choisi…et je commence à comprendre pourquoi. Le style étrange, sombre et mystérieux, c’est typiquement elle. Elle n’a pas changé, finalement. Espérons que sur certains points si, quand même.

J’arrive à ma table, mais ça n’a pas été simple. Cet endroit est…étonnant. Une sorte de brume étrange règne dans tout le restaurant, et les rares lumières proviennent de quelques lanternes disséminées au-dessus des tables. Je me demande comment les clients peuvent voir quelque chose, tant la lumière semble faible. L’obscurité est partout, et pourtant j’ai su marcher et trouver ma route extrêmement facilement, comme si j’avais pu entrapercevoir les formes avant que je ne les rencontre. Etrange.

Je m’assois, et ça devient encore plus bizarre. Une lanterne est accrochée au-dessus de la table, comme pour toutes les autres…mais j’y vois très bien. Les lumières que j’ai vues étaient très faibles, alors que là…là, ça semble parfait. La parfaite luminosité pour une table pour deux personnes. C’est dingue. Deux minutes avant, j’aurais juré que la lanterne était aussi forte que les autres et que je n’y verrais rien. Et pourtant, tout va bien.

Je sors mécaniquement mon paquet de ma poche, et je me rappelle que je n’ai pas le droit de fumer. Je ne viens plus assez en France pour savoir ce qu’il s’y passe, mais je me doutais que cette loi allait être passée. Ca n’était qu’une question de temps. Espérons que ça n’arrive pas aussi vite chez moi. La France était un des derniers pays d’Europe où on pouvait fumer en train de boire ou de manger, bien au chaud. Mais c’est fini. C’est elle qui doit être heureuse.

Elle a toujours détesté que je fume. C’est pour ça qu’elle est partie…c’est pour ça que je l’ai perdue.

Et voilà, je repars dans mes vieux souvenirs et je sens la boule revenir dans ma gorge. Je l’ai perdue, ouais. Parce que j’ai préféré continuer à fumer plutôt que d’avoir un enfant avec elle…en quelques sortes. Elle refusait de l’élever dans un environnement brumeux et rempli de fumée, et on s’est engueulés beaucoup sur ce sujet. Tous les jours, elle criait à cause de ça. Jusqu’au moment où elle m’a posé un ultimatum : elle ou les clopes. Par réflexe, j’ai sorti le paquet à ce moment-là, parce que j’avais besoin de quelque chose de rassurant pour calmer mon cœur qui devenait fou, j’avais besoin d’un geste routinier pour me rappeler que le monde ne devenait pas fou. Elle a pris ça pour une réponse, et elle est partie. Je ne l’ai jamais revue, jusqu’à aujourd’hui.

Je dois la revoir, on a rendez-vous. Dix ans ont passé, et je pensais en être guéri. J’y songeais même moins qu’avant. Mais à me rappeler ça, à me rappeler la rupture et surtout tout ce qui a précédé, les années d’amour…c’est revenu, avec la douleur d’avoir perdu les seuls moments où j’étais heureux. Je ne le suis plus depuis qu’elle est partie. Je l’aime toujours, même si ça me tue de me l’avouer.

Je l’ai perdue à cause de ma stupidité, et maintenant elle veut me revoir. Je l’aime, mais qu’est-ce que je peux faire pour qu’elle me pardonne ? Pour qu’elle accepte de revenir avec moi ? Dix ans ont passés, et c’est long. Elle a sûrement refait sa vie. Elle a sûrement un mari et des gosses. Mon dieu…faites qu’elle n’ait pas de gosses et de mari. S’il-vous-plaît…je ne le supporterais pas.

Je me suis mis à cloper parce que ça faisait bien et parce que j’étais fan de John Wayne, le plus grand acteur de tous les temps. Il fumait presque tout le temps, et il avait une classe folle avec ses clopes et ses cigares. J’étais fan de lui : je regardais tous ses films étant gosse, et j’étais captivé par mon père qui me racontait qu’il l’avait vu, quand il avait mon âge. Je l’enviais, je me grimais pour être comme le grand John dans ses films et dans ses grands rôles. Je voulais lui ressembler, je voulais faire grand. C’est con, je sais. Mais quand on a quinze ans, des boutons, du surpoids et peu d’amis, on essaye de s’intégrer comme on peut. Même en faisant les pires bêtises du monde. Même en tentant de trouver du réconfort en espérant devenir comme son idole d’enfance.
John me passerait un savon si il savait ce que je suis en train de penser. Il a certainement dû mourir en pensant toujours que la clope ne faisait rien aux gens. Pauvre type, finalement. Même si je suis un de ceux qui osent encore contester l’action néfaste des cigarettes quand je suis en public, je sais bien au fond ce qu’elles font. Seulement, je suis trop lâche pour me l’avouer.

Je meurs à petit feu à cause de ces saloperies, mais…je n’arrive pas à arrêter. Elle m’a quitté à cause de ça, parce que j’ai voulu suivre John Wayne dans ses délires, parce que je voulais ressembler à mon idole. C’est une raison stupide pour commencer à fumer. Mais y en a-t-il des bonnes ? Beaucoup ont essayé d’en trouver…mais jamais ils n’ont réussi.

Je ne sais pas ce que je fais ici. Si elle vient, il ne se passera rien. Je suis dans ce restaurant bizarre, avec des choses qui bougent sans quelqu’un pour les agiter, une lumière impossible, une ambiance oppressante et une brume qui empêche de voir à plus de deux mètres. Une étrange musique asiatique monte lentement derrière moi, et même en me retournant, je ne vois rien…comme si elle sortait de nulle part. Derrière moi, il n’y a qu’un mur : pas de poste de radio ou d’ordinateur. C’est impossible qu’il y ait de la musique qui vient de là, et pourtant, c’est le cas. C’est dingue.

Je tripote mon paquet dans tous les sens. Je suis une vraie boule de nerfs. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je dois partir ? Est-ce que je dois la laisser là ? Nan. Elle avait proposée qu’on se revoit pour une deuxième chance il y a dix ans, pour donner de s’expliquer, et je n’étais pas venu alors. Je ne peux pas lui faire le même coup…pas deux fois. Je ne me le pardonnerais pas.

Je…oh mon dieu. Elle arrive. Je la vois émerger de la brume comme si c’était une apparition divine. Elle…elle est merveilleuse. Elle n’a pas changée : toujours aussi belle, toujours aussi radieuse, toujours aussi éblouissante. Je l’aime. J’en suis fou. Comment ais-je fait pour la quitter ? Comment ais-je fait pour la laisser partir ?

Lentement, je me lève alors qu’elle s’approche de moi. J’ai la bouche entrouverte tant je suis sous le choc. Elle me fait un petit sourire…malgré tout ce qu’il s’est passé, elle me sourit ! C’est fou, j’ai peut-être encore ma chance…elle peut peut-être encore me revenir. Elle peut peut-être enfin comprendre que je ne voulais pas mes cigarettes au lieu d’elle mais que j’ai été trop lâche pour revenir sur ce que j’avais fait, pour lui dire que ça n’avait été qu’un réflexe stupide et que si j’avais pu parler à ce moment-là, je l’aurais suppliée de rester. Je n’ai pas su le lui dire à l’époque…je dois réussir maintenant. Je ne pourrais pas vivre si je ne le fais pas.

Elle s’approche, mais s’arrête immédiatement. Son sourire disparaît alors qu’elle pose son regard sur le paquet. Je sens son cœur se briser. Elle pense que je n’ai pas changé. Elle pense que je suis toujours le même et que je l’ai sorti pour fumer malgré l’interdiction. Je la regarde, avec sa face désormais blême et la déception qui peut s’y lire…et je sais quoi faire. Enfin.
Au diable la fierté. Au diable le côté « cool » de fumer. Au diable John Wayne ! Le paquet se brise sous mes doigts, et je lui lance le regard le plus déterminé et le plus fort de toute ma vie après avoir jeté les miettes sur la table.

Elle me sourit et pose sa main sur mon avant-bras. Nous nous asseyons. Rien n’est gagné, mais je sais quelles sont mes priorités maintenant. Je l’aime, et je sacrifierai tout pour elle. C’est la seule qui en vaille la peine.

-------------------------------------------------------

Le Congrès.

reprend la parole d’une voix plus calme et posée, mais il n’apprécie toujours pas ce qu’il se passe.

« Pourriez-vous m’expliquer pourquoi le fakir a pu passer et moi non ?
- Evidemment, monsieur. Le Congrès est non fumeur depuis la loi du 1er janvier 2008 en France, car nous nous trouvons dans ce pays cette année, et nous nous devons de respecter sa législation.
- Bien, bien…je comprends. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? Je ne fume pas et n’ai rien pour cela sur moi : je vous l’ai prouvé en faisant mes poches.
- Monsieur, quand vous êtes arrivés, vous êtes sorti de nulle part, n’est-ce pas ?
- Tout à fait.
- Vous vous êtes téléporté, oserais-je dire. Non ?
- Exact.
- Et vous êtes apparu dans un nuage de fumée.
- Oui.
- Voilà pourquoi vous ne pouvez pas rentrer. »

L’étranger sent la colère exploser au fond de lui.

« Ainsi, c’est parce qu’un de mes sorts nécessite de la fumée que je ne puis participer au Congrès ?
- Tout à fait.
- Mais c’est uniquement pour la téléportation ! Rien d’autre ! Le reste ne fait jamais apparaître de la fumée !
- Je veux bien vous croire, monsieur. Néanmoins, la législation est stricte et nous préférons nous en tenir à un degré de tolérance zéro au cas où.
- Humf…appelez-moi votre supérieur, je veux lui parler. Ou plutôt non : appelez-moi le directeur du Congrès. »

Le vieil homme sourit. Il va pouvoir entrer et faire châtier l’imbécile en face de lui.

« C’est impossible, monsieur.
- Ah oui ? Vous avez peur de perdre votre place, c’est ça ? Il fallait y penser avant. Il va falloir assumer, maintenant.
- Ce n’est pas à cause de cela, monsieur.
- Pourquoi, alors ? Vous y mettez vraiment de la mauvaise volonté !
- Non, monsieur. C’est impossible parce que le directeur du Congrès, c’est moi, monsieur. »

Le magicien fulmine intérieurement et soupire lourdement. Il en a plus qu’assez.

« Très bien, alors écoutez : je suis Mandrake, magicien d’ordre international et j’ai fait plus de merveilles que tous ces gens réunis derrière vous. Je puis vous transformer en souris ou changer votre meuble en hirondelles, si cela me chante. Alors laissez-moi passer avant que je ne me mette définitivement en colère !
- Vraiment en colère ?
- Oui !
- Vous pourriez même devenir rouge de rage ?
- Oui !
- Comme dans les dessins animés ?
- Oui ! Ne me poussez pas à bout !
- Hum, ce serait dommage…il se pourrait que vous fumiez de rage, comme dans les dessins animés. Nous irions encore contre la loi, si cela arrivait.
- Grr !!! »

Mandrake n’en peut plus. Il tape aussi violemment que son grand âge le lui permet sur le meuble et ses yeux s’injectent de sang.

« J’en ai assez ! Je veux entrer !
- Monsieur, je crains de devoir vous demander de partir.
- Mais je suis Mandrake ! Le plus grand magicien de tous ! Le meilleur !
- Oui mais vous faites de la fumée avec vos sorts, et nous ne pouvons vous accepter en ce cas.
- Mais seulement pour la téléportation !
- Je n’ai que votre parole pour cela, monsieur.
- Fichue règle !
- C’est une loi, monsieur.
- Fichue loi !
- C’est une loi de ce pays.
- Fichu pays ! Je serais mieux en Xanadu ! Vous entendrez parler de mes nouvelles ! Je vous enverrais Lothar, moi ! Ah ! »

Et le vieil homme claque des doigts, et disparaît dans un nuage de fumée, ivre de rage. Le majordome et directeur du Congrès raye son nom de la liste et sourit grandement en voyant arriver deux autres magiciens : l’un lévitant avec sa longue cape rouge, sa chemise bleue et son pantalon noir, et l’autre marchant avec son casque d’or, sa cape de la même couleur et son costume mêlant le doré et le bleu. Eux, au moins, n’usent pas de fumée et ne sont pas des vieux gâteux dépassés, has been. Eux sont la nouvelle vague, des professionnels qui savent se tenir.


Voilà, bonne lecture quand même.

wallyvega
20/01/2008, 17h19
Deux bons textes. J'ai une préférence pour le deuxième. Je trouve que le côté parodique fonctionne mieux, le rythme est plus soutenu.

HiPs!
20/01/2008, 23h36
Pareil, je préfère largement le second. A vrai dire, je suis carrément passé à côté du premier.
Mais deux pour le prix d'un, ça reste la classe!

Ben Wawe
21/01/2008, 13h16
Ouais, je préfère aussi le deuxième, mais ayant écrit quand même le premier, je me suis dis que ça valait peut-être le coup de le publier aussi. Je trouve le second tout simplement plus drôle et un peu plus attirant. Merci en tout cas de m'avoir lu.

gorlab
21/01/2008, 14h01
Bon ben voila, on est tous d'accord, on preffere tous le 2eme texte..:beu:

Brother Ray
21/01/2008, 17h24
Je ne vais pas vous surprendre en vous disant que le second est aussi mon préféré.

Bravo et merci Ben.

;)

Hilarion
21/01/2008, 18h00
Bravo pour tes 2 textes, Ben.

J'aime bien le style littéraire du 1 (en plus synthétique, peut être) et l'idée du 2 et excellente... et pas si loin de la mienne!;)

grogramane
21/01/2008, 18h07
2 textes!
et dire qu'il nous annonçait qu'il n'avait pas trop le temps 8(

je n'ai pour l'instant aucune inspiration:'(

Ben Wawe
21/01/2008, 18h14
Merci à tous, j'avoue que j'aime aussi l'idée du deuxième texte. Et Grogramane, j'étais en vacances pendant une semaine, j'ai eu un peu de temps...d'ailleurs, j'ai une autre chose bientôt prête, le temps que je relise et que j'affine tout. :D

Thoor
22/01/2008, 11h22
@ Wallyvega: Bon texte, avec une idée originale

@ Ben: le 1er texte fonctionnerai mieux, je pense, si on en savait un peu plus sur le personnage. Il est amoureux ça c'est acquis, mais qui est-il, que fait il, et surtout c'est quoi ce retos étrange.....
le 2eme: fonctionne parfaitement, domage pour le Grand Mandrake :D

gorlab
29/01/2008, 23h07
Bon, ca y'est, enfin terminé, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire...
Mais j'espère qu'il vous plaira..:beu:
__________________________________________________ _____________


Sur une étroite barque que faisait avancer un solide gaillard au teint halé à coups de rames vigoureux, se tenait debout un homme préoccupé. Les épaules voûtées, enfoncées dans un épais manteau, il frissonnait dans l’air humide et déclinant de cette fin de journée hivernale. Le ciel s’étalait ; sinistre et vide, à l’exception d’un sombre voile de brume qui s’était formé à la surface des eaux froides du lac. Et émergeant tel un tumulus au milieu de l’étendue liquide emprisonné dans ce linceul gris et mouvant, une île. La végétation de l’île ne foisonnait pas, quelques maigres arbustes et une poignée de cyprès parsemaient chaotiquement un sol à l’herbe jauni. Sur un ponton de bois attendait un majordome à l’air guindé. Le rameur manoeuvra pour se rapprocher le plus du ponton. Le majordome aida l’homme à monter.
-Monsieur a fait bon voyage ?
L’homme lui lança un regard morne, mais se força à afficher un sourire de circonstance.
-Oui, oui, distrayant.
Sur la colline la plus haute de l’île avait été bâti un manoir, enfin, quelque chose s’y rapprochant, tellement la façade était détérioré. Un chemin dénué de tout pavés y montait péniblement. Les deux hommes y arrivèrent au bout d’un quart d’heure. L’homme de la barque sorti presque par réflexe un étui à cigarettes en argent. Le majordome ouvrit de grands yeux.
-Hum…monsieur, je dois vous avertir, mais Lord Carnavonne interdit de fumer dans cette demeure.
L’homme le regarda stupidement, mais se reprit vite.
-Tiens… !? quel curieuse idée, pourquoi cela je vous prie ?
-Je..je n’en sais pas plus monsieur…
Bon gré, mal gré l’homme rangea à regret son étui.
Le majordome ouvrit les larges doubles portes de la demeure et précéda son hôte. Il le débarrassa de son manteau.
-Un moment monsieur, je vais vous annoncer à nos invités.
Le majordome se précipita à l’entrée d’un large salon et l’annonça :
-Monsieur Oscar Wilde.

Ce dernier pénétra donc dans la cage aux lions. Le menton légèrement relevé, avec un flegme frisant l’insolence il fonça bille en tête sur le maître des lieux : Lord Carnavonne.
Oscar avait entendu bon nombre d’histoires sur son hôte richissime. Un vieil excentrique aux goûts prononcés pour l’ésotérisme, qui était très en vogue actuellement dans les classes huppées de la bonne société londonienne. Il se disait dans certains clubs privés et très élitistes que Canavonne aurait acquis lors de ces périlleux voyages de jeunesse, de puissantes reliques occultes très recherché, tel que le Kriss de Kali ou la Lance de Longinus. Oscar se méfiait de telles rumeurs, qui étaient souvent exagérés, du moins la plupart du temps. Mais ce qui l’intriguait pour le moment, c’était sa présence au sein de cette singulière assemblée. Son hôte, un homme d’une soixantaine d’années, au large visage rubicond et à la démarche chaloupée le reçut chaleureusement.
-Monsieur Wilde ! quel plaisir de vous voir enfin, je dois vous avouer sincèrement que j’avais un doute sur votre présence.
-Alons, alons Lord Carnavonne, les nouvelles expériences sont autant de terres vierges à ma créativité. Mais pourquoi me convier à une séance de spiritismes ? je veux dire pourquoi moi spécialement ?
Carnavonne plissa ces petits yeux noirs et choisit ces mots avec soin.
-Je voulais qu’un esprit comme le votre participe et soit témoin des événements de cette soirée. Un esprit qui n’est pas facilement impressionnable.
Oscar fronça les sourcils, intrigués, et sorti encore une fois, toujours mécaniquement son étui à cigarettes.
Carnavonne lui jeta un regard glacial.
-Mon majordome ne vous a pas prévenu ? il est interdit de fumer dans cette maison !
Oscar était stupéfait d’une telle réaction virulente. Et il le fit savoir.
-Et pourquoi cela ? ne me dites pas que vous croyez ces sottises sur les soi-disant méfais du tabac ? Je vous assure que celui-ci et de la meilleure qualité, il vient directement d’une de nos colonies des Indes.
-Cela n’a rien avoir avec la qualité de votre tabac monsieur Wilde. Mais j’ai appris que les effluves de tabac perturbaient les manifestations occultes.
La mine abattue, Oscar rangea une nouvelle fois son étui argenté. Carnavonne retrouva le sourire presque immédiatement.
-Venez mon cher, je vais vous présenter au reste de nos invités.

Le premier des deux autres invités était le fils d’un ami de Carnavonne. Dorian Blackmoor. Jamais Oscar Wilde n’avait vu jeune homme aussi rayonnant. Des cheveux de la couleur du miel et le plus désarmant des sourires. Le cœur d’Oscar fit un bond. Dorian accueilli l’écrivain avec bonne humeur.
-J’ai lu certains de vos écrits, monsieur Wilde !
-Oh, vraiment ? et qu’en avez-vous pensé ?
-Certains sont osés par les temps qui courent, mais dans le fond, c’est une analyse des mœurs de nos contemporains des plus justes et acerbes.
« Vraiment, ce jeune homme était des plus charmant, et de plus, il avait très bon goût » songea Oscar.
Ce fut loin d’être le cas du deuxième convive. Lord Carnavonne présenta la duchesse Ivlanova, une proche du Tzar. C’était une femme sec et raide, un plis amer déformait une bouche qui avait du être sensuel et pleines de promesses en des temps plus clément. Mais pour le moment elle fit mine d’ignorer Oscar. Ce dernier lui rendit obligeamment la pareil.
Carnavonne semblait prendre beaucoup de plaisir à observer tout ce beau monde.
-Très bien, nous sommes tous la, commençons de suite.
Il se dirigea vers une table ronde ou quatre sièges étaient fidèlement espacés les uns des autres. Au centre de la table se tenait un coffret de bois sombre. Lord Carnavonne s’en saisit avec un mélange de crainte et de déférence à la fois. Il en ouvrit le couvercle. Reposant sur un délicat coussin de velours mauve, un crane noirci aux orbites vides semblait dévisager cette assemblée des plus disparates avec curiosité. Carnavonne plaça le crane au centre de la table.
Oscar demanda dans un souffle rauque.
-Mais à qui diable appartient ce crane ?
Le vieux Lord l’entendit.
-Je vous présente Raspoutine ! ou de moins ce qu’il en reste.. Le moine fou qui eut une emprise quasi magnétique sur la Tsarine Alexandra, et qui dit on possédait une grande force spirituelle. Sa mort fut des plus sinistres, mais par chance j’ai pu acquérir ces restes il y’a quelques mois !
« Oui, quel chance ! » pensa ironiquement Oscar.
On voyait danser des lueurs de folies dans les prunelles de Carnavonne.
-Quand nous contacterons Raspoutine d’outre tombe, la duchesse Ivlanova traduira ces propos.

Tout le monde s’installa autour de la table. Le majordome baissa la lumière des lampes à huile. La salle baignait maintenant dans un crépuscule ambré.
Les quatre personnes se prirent les mains, formant un cercle. Lord Carnavonne donna instruction de faire le vide dans les esprits, de se laisser flotter. Ainsi fut fait.
Un silence pesant s’installa pendant de longues minutes, et brusquement un raclement de gorge rompit la douce harmonie de ce silence. Le Lord fusilla du regard l’écrivain.
-Je vous assure que ce n’est pas moi, se défendit l’intéressé.
Dorian opposa un déni aussi énergique. Quand à la duchesse, elle ne prit même la peine de se justifier. Mais tous les regards se tournèrent sur la chose au centre de la table. Une série de caquètement semblable à des osselets que l’on jette au sol ébranla la salle. Peu après, des paroles, vraisemblablement russe, suivirent. A en juger par le ton employé, cela était très certainement des jurons. La duchesse blêmit. On entendit la vieille aristocrate pour la première fois de la soirée.
-Raspoutine dit qu’il n’est pas content d’avoir été réveillé.
Carnavonne trépignait littéralement sur son siège.
-Demandez lui ce que sera ma destinée !!
La duchesse traduisit fidèlement les propos de Carnavonne. Le crane répondit sur un ton monotone et termina par ce qui ressemblait à un ricanement.
-Raspoutine dit que la mort arrivera sur les terres des Rois d’Egypte.
Le vieux Lord était soudainement devenu de la pâleur des ossements.
-Et moi ? demanda avec désinvolture Oscar. Quel est ma destinée ? mmmmm.. ?
La duchesse traduisit. L’esprit du moine fou ne répondit que par quelques mots, mais finit par un gloussement.
Oscar se tourna vers la duchesse, un sourcil interrogateur levé.
-Les mots de Raspoutine étaient : débauche, mélancolie.
L’écrivain ne fit pas mine d’être surpris.
Dorian semblait impressionné, mais Oscar l’incita à questionner le crane.
-Et bien mon ami ! qu’attendez vous ?
-N..non, je n’ose pas. Ma vie ne dépendra pas des prédictions d’un vieux crane brûlé.
Ce fut au tour de la duchesse de poser sa question. L’esprit lui répondit longuement.
La vieille duchesse resta un moment interdite mais se reprit vite.
Oscar essaya de questionner cette dernière. Il ne reçut que pour seule réponse un long regard froid et dédaigneux.
La soirée se termina donc ainsi….
Laissant un Lord Carnavonne blème et craintif. Une vieille duchesse énigmatique et un écrivain songeur mais heureux de pouvoir enfin sortir s’en griller une ! Lui et Dorian s’étaient promis de se revoir. D’ailleurs Oscar tenait l’histoire de son prochain livre, le héros en serait Dorian, évidemment.

Thoor
30/01/2008, 07h44
Bien vu

Quelques répétitions au débuts, mais rien de méchant

Bonne histoires, bonne ambiance, mériterai une suite tiens..........

doop
30/01/2008, 14h09
Moi je suis en train de galérer comme un dingue sur cette ************* d'histoire à la ******************** qui me casse les ************* de sa ***************de********* à la **************
Bref, je la posterai demain certainement ou ce soir !

Thoor
30/01/2008, 14h13
Doop dit :le persévérant

Courage, on est tous avec toi

HiPs!
30/01/2008, 14h39
@ Gorlab: l'atmosphère que tu mets en place est vraiment plaisante, le décor est bien posé. A mon goût, manque juste d'une ptiote chute.

Hilarion
30/01/2008, 15h19
Trés bonne ambiance avec des personnages bien caractérisés. La chute est juste un peu "frustrante"... on attend la suite!;)

doop
30/01/2008, 15h43
C'est vrai que la chute donne à penser qu'il y aurait une suite , mais sinon :clap::clap::clap:

doop
30/01/2008, 17h06
Bon, voilà, j'en suis pas trés fier, mais j'ai eu beauocup de problèmes car en fait je n'avais qu'une seule idée, celle de la fin. Ca a doc été assez difficile de placer le contexte pour introduire ce twist de fin, vous comprendrez en le lisant. Cela aurait pu bien mieux se résumer en fait par un dessin tout seul, mais bon, ne m'en voulez pas trop, j'ai essayé.
C'est intitulé

LE DOCTEUR

Le pouvoir d'un dieu dépend uniquement du nombre de ses fidèles… Plus ce nombre augmente, plus le dieu est puissant et inversement.

Bref…

J'étais un dieu autrefois, un dieu puissant, craint et adulé par des milliards d'êtres sur quasiment tous les plans de la réalité…
Personne n'osait me défier, j'étais heureux et maître de mon existence, tel le phénix, je répandais la crainte, l'ombre et la lumière sur mes adorateurs..

Jusqu'à l'apparition de ce maudit docteur…

Tout a commencé il y a une trentaine de vos années, ce qui pour un être immortel comme moi ne représente qu'un clignement de paupière ; mon culte prospérait et je disposais de tout ce que je pouvais désirer.
Mais les dieux, même les plus sages, sont parfois soumis à la tentation, et je n'ai pas échappé à la règle. Fort du nombre croissant de mes adorateurs, j'ai un peu pris la grosse tête et ai voulu défier la personnification même de la réalité ! Cette dernière a donc dépêché un vulgaire humain pour me combattre ; et je n'ai pas pris la menace au sérieux… Ce fut ma première rencontre et donc ma première défaite face à ce méprisable individu.

L'issue fatale de ce combat entraîna ma première disparition. Je dis bien disparition, car un dieu ne peut pas mourir tant qu'il reste encore quelqu'un qui croit en lui, il met juste un tout petit peu plus de temps pour réapparaître… Je dois aussi admettre que l'aide et les soins prodigués par ma sœur m'ont été très profitables lors de cette sombre période.

Le pire, c'est qu'à chaque fois j'ai essayé de me venger du Docteur, j'ai échoué… (Je ne vous parle même pas de la fois où Mère Nature m'a mis à genoux, ce souvenir est trop humiliant…).

Au fil du temps , le nombre de mes fidèles est devenu inversement proportionnel au nombre de défaites infligées par ce magicien de pacotille, qui, bien évidemment, sont devenues plus écrasantes à mesure que je perdais en puissance… D'ailleurs est-ce bien un magicien ou un être possédant une technologie avancée ? Est ce vraiment un humain ? J'en doute fort .

Et puis, un jour, en une fraction de seconde, me voilà exilé sur Terre, l'endroit même qui a engendré le plus redoutable de mes ennemis… Le docteur, par le biais de je ne sais quel tour avait trouvé le moyen de m'enchaîner pour toujours à cette planète tant exécrée. Le pire dans tout cela : sa malédiction était ainsi faite que je doive absolument respecter toutes les lois terriennes, même les plus absurdes et , cerise sur le gâteau, que je devais conserver mon apparence trans-dimensionnelle originelle !

Autant vous dire que mon physique ne passe pas vraiment inaperçu dans votre monde, je me vis donc obligé de me cacher derrière un grand chapeau ainsi que quelques bandages pour masquer ce qui vous paraîtrait être au mieux une importante difformité physique, au pire, une aberration de la nature…

Les voies du destin sont certes impénétrables mais souvent contournables ; le premier réflexe a donc été d'aller chercher conseil auprès d'autres divinités déchues et condamnées à l'exil, les amis, les partenaires que l'on a connu lorsqu'on était tout puissant et qu'on a regardé avec amusement tomber dans l'oubli… Certaines avaient atterri sur Terre, et je m'empressai d'aller à leur rencontre en quête d'une solution qui me ferait regagner mon omnipotence.

On croit bien évidemment qu'on va retrouver de vieilles connaissances, peut-être même organiser une ou deux virées qui réveillerait nos souvenirs communs de gloire et de plénitude, mais on déchante très vite lorsqu'on s'aperçoit que nombre d'entre eux n'ont même plus la capacité de vivre dignement…
( Vous pensiez vraiment que MICHAEL JACKSON avait eu un gros problème de chirurgie ? Il a juste été remplacé après le succès de son album THRILLER par GROGRA, le démon à face de bouc , autre victime du docteur qui s'est vu obligé de vivre dans la déchéance et de crier sa haine à la face du monde ; comme il a pu l'écrire dans son premier album : BAD ! et par la suite DANGEROUS. Je ne parle même pas du démon ELVISSSSS disparu mais qui possède toujours des adorateurs ! )

Au bout de quelques mois, il était clair que la situation devenait insupportable…
Je compris que le seul moyen pour regagner mon plan astral était de s'attirer les bonnes grâces du docteur, j'allai donc essayer de faire le bien autour de moi pour lui prouver que je ne méritais pas son châtiment.

Après m'être lié d'amitié avec deux ou tris mendiants, dans les bas fonds de la ville, qui m'avaient initié à la seule bonne chose de cette dimension : l'alcool je réfléchissais à la meilleure manière de " faire le bien " et d'aider les autres. Cette notion m 'était inconnue, j'étais un dieu auparavant et c'était à moi de décider ce qui était le bien et le mal. Il fallait que je m'adapte.
Et quelle ne fut pas ma joie, alors que j'errais une nuit sur le plus grand pont de la ville, de voir un jeune homme perché sur la rambarde, prêt à sauter.
Voilà une occasion de faire le bien, pensais-je , je vais sauver ce pauvre innocent. Je me précipitai donc à mon tour sur la rambarde, en essayant de le calmer et de discuter avec lui.
Il me raconta sa vie insipide pendant des heures, m'exposant son malheur relatif et son désespoir médiocre. Mon premier réflexe aurait été de le jeter moi même à l'eau, mais peu importe, il fallait que je le sauve.
Au bout de ce qui me parut une éternité, j'arrivai enfin à ce qu'il me tende la main.
Les voies du destin sont peut être facilement contournables, mais elles sont parfois de vraies plaies…. En effet, c'est à ce moment qu'une forte brise se mit à souffler, faisant envoler mon chapeau et dévoilant au malheureux mon véritable visage. Sous le coup de la terreur, ce dernier recula et fit une chute mortelle au fond de l'océan !

J'avais échoué, une fois de plus !

Désespéré, je me dirigeai vers le bar le plus proche, afin de noyer mon chagrin dans une quinzaine de verres !
Malheureusement, j'avais oublié que mon chapeau s'était envolé, et dés mon entrée dans le bar, le patron me sauta dessus :
" Non mais ça va pas ! Vous z'avez pas vu qu'il est interdit d'allumer une cigarette dans cet établissement ! Allez dégagez de là tout de suite avant qu'on me colle une amende ! mais c'est pas possible, ça, vous avez jamais lu les journaux, vous connaissez pas la loi où quoi ? "
Il me montra un panneau sur la porte d'entrée où une cigarette allumée avec un signe STOP !


Obligé de suivre toutes les lois humaines, je quittai donc le bar, mon désespoir atteignant son maximum ! Je ne pourrai même pas noyer mon chagrin dans l'alcool !

Fumasse, je retournai voir mes amis, qui m'accueillirent sans aucune difficulté, certains me proposant même de partager leur bouteille !
Me voilà donc contrait de passer ma vie avec la lie de la société terrestre, je regardai mon visage dans une flaque d'eau par terre, celui là même qui m'avait mis en contradiction avec la loi de ce pays.

Bon, les lois sont faites pour être changées et un jour ou l'autre , je trouverai le moyen de redevenir l'être suprême que j'ai été.
Je suis certain que dans un siècle ou deux les hommes se mettront à adorer….


LE TERRIBLE DORMAMMU!
http://i220.photobucket.com/albums/dd154/kikidoop/dorma.jpg

Thoor
30/01/2008, 17h29
Excellente histoire

Rythmée, sur une bonne idée, avec une bonne causse trappe ( j'ai longtemps pense au Docteur de The Authority )

:clap: donc

gorlab
30/01/2008, 18h26
Donc, merci à tous de m'avoir lu, quand à une suite éventuelle de l'histoire, ca va pas être possible monsieur...je m'explique, la suite est en fait les destins des individus, qui sont déja connus pour les 2 principaux perso., Wilde & Carnavonne. Les autre ne sont que des seconds fusils.

Doop, j'aine bien le côté desespéré de D... et l'entendre parler de M. Jackson, ca vallait le détour...:beu::woot:

HiPs!
30/01/2008, 19h32
Bon, et sinon pour l'identité de ton toubib doop, j'hésite un peu entre Docteur Justice et Schwarzenberg... :beu:

gorlab
30/01/2008, 19h38
Emergency ! It's the Dr. Beat..!!! emergency !:woot:

Ben Wawe
30/01/2008, 21h52
Bravo à tous les deux ! Gorlab, la chute n'est pas géniale, c'est vrai, mais j'aime l'atmosphère qui se dégage de ton récit. Doop, c'est vraiment bien fait et fendard, je ne me doutais pas vraiment de l'identité du Docteur : étant en plein trip Dr Who, j'ai un peu pensé à lui mais la surprise est bien belle et bien amenée !

doop
31/01/2008, 10h32
En fait, les explications du début pouvaient laisser penser àDORMAMMU, car la personnaification de la réalité c'est en fait ETERNITE (combat dans strange tales), sa soeur, c'est bien évidemment UMAR et en plus, DORMAMMU s'est bien pris une rouste totle par la mère nature sur des scéanrios de STEVE ENGLEHART dans la série DOCTOR STRANGE avec COLAN aux dessin (autour du numéro 10 , un truc comme ça). mais aprés j'ai voulu brouiller les pistes.
Le pire truc, c'est que j'avais l'idée de DORMAMMU qui se faisait jeter d'un bar, c'est tout. Aprés, pour emmener le gars là dedans, c'a été galère.....
Pour ce cela ne soit pas trop facile pour LE DOCTEUR, j'ai aussi décidé de brouiller les pistes, pensant orienter les gens vers le DOCTOR WHO, j'avais même pas pensé à celui de AUTHORITY.

Je voulais d'abord lui faire recruter des fidèles dans le bar, mais ça marchait pas trés bien. Puis aprés, je voulais le faire consommer de l'alcool qui lui aurait donné un coup de chaud et fait cramer son chapeau, mais pareil, je ne suis pas arrivé au bout.
En tout cas, ç'a a été un bon remue méninges pour arriver à faire cette nouvelle. le pire, c'est qu'on aurait juste pu le transcrire en un dessin !
Il fallait juste en arriver là, mais ç'a a pas été simple.

Thoor
31/01/2008, 10h36
le pire, c'est qu'on aurait juste pu le transcrire en un dessin !


Un défi des bafouilleurs envers les dessinneux?:siffle:

Hilarion
31/01/2008, 19h55
Mais qu'allais-je faire dans cette galère?

Le défi de ce mois a été plein de souffrance et j'en termine in-extrémis! :pfff:

Voici donc un texte assez court et qui ne me convainc qu'à moitié.... mais je ne ferai pas mieux d'ici minuit! Merci de votre indulgence!;)
__________________________________________________ ________________


La taverne résonnait du fracas des pintes entrechoquées qui célébraient la victoire. La loi entrée en vigueur plusieurs semaines auparavant venait de voir appréhendé son dernier opposant. Une traque savamment orchestrée avait finalement mis au ban de la société le héros d’autrefois désormais exhibé aux portes qui lui étaient interdites.

Semblant venu de contrées lointaines et exotiques inconnues de la plupart, il avait été l’allié des soldats durant les dernières batailles, compagnons des nuits de terreur quand le jour à venir pouvait être le dernier. Sa seule présence galvanisait les troupes, chassait la fatigue et dissolvait la peur de la mort. Sous son influence, la bravoure et l’audace des guerriers étaient sans pareil au point de susciter l’envie des ennemis les plus acharnés, à leur tour terrorisés dès que montaient aux cieux la moindre fumée s’échappant des campements. Les contrées libérées l’avait accueilli avec enthousiasme, séduit par la désinvolte assurance qui se dégageait de sa fréquentation. Les érudits en avaient fait leur muse et nulle nuit n’étaient assez longues pour que les vers et préceptes qu’il leur inspirait succombent aux assauts du sommeil. L’argent s’amassait et les rangs des fidèles ne cessaient de se gonfler de fanatiques prêt à tout pour garder ses faveurs. On s’était arraché les miettes de son aura, et côtoyer ce symbole de la réussite se monnayait suffisamment cher pour faire la fortune de son entourage… et susciter les jalousies.

Son pouvoir devint un écran de fumée derrière lequel se cachaient les lâchetés et la dépendance. Nulle victoire ne devenait possible sans lui et le besoin systématique d’en appeler à ses services fit au fil des mois du libérateur un esclavagiste malgré lui. Les volutes autrefois admirées sentirent soudain le souffre. Ses anciens amis l’accusaient des pires maux. On lui reprochait les morts volontaires aussi bien que les virilités en berne, les fertilités compromises comme les gouvernements à bout de souffle. Le culte de la liberté individuelle exigeait un sacrifice sur l’autel du « Mens sana in corpore sano ». Ce symbole de la liberté que les femmes s’étaient accaparé avec gourmandise pour marquer leur émancipation se vit bientôt isolé, banni et finalement couvert de chaînes : il préféra s’écraser dans le sable plutôt que d’abandonner aux grossiers appétits de soudards assermentés les cheveux et la peau de Kate contre lesquels il aimait à se lover.

Mieux valait régner sur le siècle qu’assurer un millénaire de paix. Fort de cette conviction, les sorciers avaient pris l’ascendant sur les magiciens au sein du Grand Conseil. Plus rapide, plus facile, plus séduisant était le chemin de la magie noire. Qu’importait qu’y soit dévorée leur âme. Il convenait cependant de s’assurer de la mise à l’écart des icônes du peuple. Les magiciens avait été privés de leurs vagabondages à travers les brumes du plan astral et toute source de fumée magique prohibée au sein des royaumes. Les sorciers se réservèrent le privilège exclusif des errances mystiques par combustion de plantes et des rites cabalistiques embrumés, condamnant les magiciens à une longue et insipide vie de mortels communs, les shamans au pilori, et les Bamfs aux explosives mines de charbons.

La terreur des Broods tremblait de rage. Lockheed enfonça un peu plus ses griffes dans le bois de l’infamant perchoir auquel il était attaché, trophée humilié et bâillonné. Fulminant contre ses ingrats geôliers, il s’agitait maintenant furieusement tel un forcené, la gorge brûlée par sa flamme prisonnière. Soudain, ses ailes se trouvèrent libérées ! L’espoir de retrouver Kitty et leur dimension d’origine revivait !

grogramane
31/01/2008, 21h05
j'ai bien une idée
elle sera livrée plus tard, quand "on" me laissera la developper tranquillement
question au buzzukis papamaman : comment on fait pour se concentrer quand on a un miniouvrier de 2 ans qui veut scier tout ce qu'il trouve sur son passage avec sa scie en plastique et kat'pattes mobile qui vous poursuit partout pour vous arracher vos tongs et les mettre à la bouche...http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Zen/levitation.gif

Hilarion
31/01/2008, 21h09
j'ai bien une idée
elle sera livrée plus tard, quand "on" me laissera la developper tranquillement
question au buzzukis papamaman : comment on fait pour se concentrer quand on a un miniouvrier de 2 ans qui veut scier tout ce qu'il trouve sur son passage avec sa scie en plastique et kat'pattes mobile qui vous poursuit partout pour vous arracher vos tongs et les mettre à la bouche...http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Zen/levitation.gif

On met des menottes en fonte au kat'pattes pour que le mini-ouvrier essaye de les scier pendant 2 ou 3 heures? C'est important que les enfants jouent ensemble!:pfff:

Quand je pense que j'en veut un... il pourra même mettre ma Doc Martens gauche dans sa bouche, tiens.... ;)

Thoor
01/02/2008, 09h17
@halnawulf

Nul besoin d'indulgence pour ton texte. Il me conviens parfaitement. Un poil court peu être.

Deroxat (Expert en Potins)
01/02/2008, 13h05
j'ai triché sur la date limite, mais j'espère qu'on ne m'en voudra pas. et désolé pour la longueur.

Momo

Qui a envie d’être vieux ? Personne ! Johnny Hallyday, ex idole des jeunes vend désormais, à la télé, des lunettes pour vieux qui voient pas bien. Pathétique. Qui a envie d’être Johnny Depp, père de famille gaga qui fait des films pour mômes sous acide ? Plus personne. Etre vieux, c’est perdre toute force créatrice et tout pouvoir de séduction à mesure que l’on rentre dans le rang et que le portefeuille gonfle. C’est laid. Ils ont même réussi à rendre has been le prénom le plus cool des sixties, c’est dire.

Mais qui veut rester enfant toute sa vie ? Y en a un qui a essayé, il a eu des problèmes judiciaires longs comme le bras et tout le monde se fout de sa gueule maintenant. Michael Jackson est devenu un concept de blague à lui tout seul auquel les scénaristes de sitcom font appel quand ils n’ont plus aucune idée. Etre enfant c’est nul. On est obligé de rester dans le rang et de faire tout ce qu’on nous dit. Pire que tout, les autres nous prennent tous pour des débiles. Etre petit c’est trop naze. Et surtout quand on n’a pas de copain. Mais de toute façon, jouer à chat c’est très surfait. Moi ce que je veux, c’est juste prendre 10 ans de plus. A 19 ans, on fait ce qu’on veut. On peut faire tout et à peu près n’importe quoi. La force de la jeunesse est imparable, renverse le monde sur son passage et ne s’excuse même pas derrière car elle a la classe interplanétaire. Sid Vicious l’a bien compris, il est mort une fois qu’il a arrêté d’être jeune.

Voilà à peu près ce que pensait Momo chaque jour... Contrairement aux apparences, Momo est une fille. Et même qu’elle est dotée d’un QI de 140, le même score que celui de Sharon Stone. C’est d’ailleurs bien le seul point commun qu’il y a entre l’actrice et la fillette. Monique sait qu’elle ne sera jamais un premier prix de beauté, qu’elle n’attire pas le regard, et il faut bien avouer que ça l’attriste un peu. Physiquement pas vraiment fille, mais pas non plus complètement garçon, les gens ont fini par préférer lui donner un surnom un peu unisexe qui lui colle à la peau comme un mauvais jean slim. Donc Momo et pas Monique. On dit souvent que les enfants sont cruels entre eux. C’est vrai. Mais quand elle lit dans le regard des adultes les pensées qui surgissent lorsqu’ils la contemplent, elle sait que toute sa vie durant, elle ne sera jamais entourée que d’enfants.

Mais la solitude finit par peser un peu. Déjà trop vieille dans sa tête pour jouer à la dînette avec les enfants, pas encore conne au point de parler politique avec les adultes, et pas assez cool pour être invitée dans les ré-soi, Momo est coincée. Oh, elle a bien tenté de se faire des potes avec des techniques-un-peu-usées-mais-qui-ont-fait-leurs-preuves, comme de se mettre à fumer, mais il faut dire que ça ne s’est pas tout à fait passé comme elle l’avait imaginé. Avec une cigarette, on a l’air 30% plus cool. C’est Bogart qui a trop la classe dans « Le Grand Sommeil », c’est Gainsbourg qui allume sa garo avec un billet de 500 balles, c’est Slash qui joue un solo comme qui rigole. La clope c’est social, tout le monde sait ça. Bon, c’est aussi trois morts. Sauf Slash. En fait si, c’est 3 morts en comptant celle de la cool-attitude. Déjà qu’on regarde comme des pestiférés les gens qui continuent à fumer, mais on refuse toujours d’en vendre aux enfants, même quand ils portent une moustache naturelle comme Momo. Saleté d’interdiction de vente de tabac pour les mineurs. Pour Momo, fumer est interdit.

Alors tous les soirs, elle se met à prier. Elle invoque Dieu, mais pas n’importe lequel. Elle invoque SON dieu. Momo prie John Lack, le fondateur de MTV, la seule chaîne qui peut rendre cool n’importe quel concept ringard. Dans ce culte à mystère dont elle est la seule initiée, Momo se livre à un rituel particulier : allumer une bougie noir la nuit tombée, mettre la télé à fond et regarder à genoux et les bras en croix 3h durant des types en train de se faire mal pour rigoler, attendant que quelque chose se passe. C’est douloureux, mais c’est pour son bien. Elle sait qu’elle sera un jour récompensée de tant d’abnégation. Ca ne peut pas foirer, elle n’aurait quand même pas fait tout cela pour rien ?...

Et même si elle s’en fiche complètement, avoir dix ans est un cap particulier à passer. Ce jour là, après avoir essayé de prendre une cuite au cidre, Momo s’effondre sur son lit. Il faut dire que le gâteau de tant Huguette avec ses 4 couches de beurre frais est un peu lourd à digérer. Ses yeux se ferment… il n’y aura pas de rituel pour ce soir. Cette simple pensée suffit à lui faire instantanément rouvrir les yeux. Tant bien que mal, elle se traîne jusqu’à sa télévision. Ce soir, pas de Jackass, c’est Made. Le rituel fonctionne quand même. La voix-off commence le show :

« Qui a envie d’être vieux ? Plus personne.
Mais qui veut rester enfant toute sa vie ? Etre enfant c’est nul.
Moi ce que je veux, c’est juste prendre 10 ans de plus.
Voilà à peu près ce que pense Momo chaque jour. »

Il y a un problème. Comment la télévision peut connaître ses pensées les plus secrètes ? Tous ces trucs qu’elle n’a même jamais racontés durant les séances quotidiennes de psy que ses parents paient à prix d’or. Et surtout, pourquoi la télé s’adresse à elle en ce moment ?

« Momo, si la vie est un calvaire, voilà de quoi la rendre plus belle »… C’est par ces mots que son dieu donne à la fillette le téléphone portable magique. Dès qu’elle le tient dans sa main, une source d’énergie incontrôlable se met à parcourir son être. Ses cheveux poussent, blondissent, elle prend dix centimètres de partout. Momo se transforme. Mieux que ça, Momo grandit.

« Tu es une chanteuse pop à la renommée internationale. Les gens du monde entier t’adulent. Les filles veulent te ressembler et les garçons coucher avec toi. Tu t’appelles désormais Britney. Grâce à ton influence sur le monde, tu peux maintenant agir pour le bien de l’humanité. Quelle va être ta première résolution ? »

Momo reste interdite. Ce n’est pas tous les jours qu’on grandit d’un coup, mais elle se ressaisit très vite :

« Je vais d’abord m’en griller une. »

Deroxat (Expert en Potins)
01/02/2008, 13h07
oui effectivement j'ai expédié la fin, pourquoi?

Monsieur Mehdi (expert en connerie)
01/02/2008, 13h09
Parce qu'on a reçu la facture de Chronopost, là!

Thoor
01/02/2008, 14h23
Je le savais que Britney s'était de vent, de la fumée même.....

Bonne histoire, bien gérée, je ne trouve pas qu'elle soit trop longue

Deroxat (Expert en Potins)
01/02/2008, 16h52
ah bon? ah ben pourtant c'est l'impression finale que j'ai eu, mais tant mieux si tu ne l'as pas ressentie alors.

gorlab
01/02/2008, 18h19
j'ai bien une idée
elle sera livrée plus tard, quand "on" me laissera la developper tranquillement
question au buzzukis papamaman : comment on fait pour se concentrer quand on a un miniouvrier de 2 ans qui veut scier tout ce qu'il trouve sur son passage avec sa scie en plastique et kat'pattes mobile qui vous poursuit partout pour vous arracher vos tongs et les mettre à la bouche...http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Zen/levitation.gif

Vend le sur E.bay ? :bye:

gorlab
01/02/2008, 18h25
Halnawulf: La description de monde d'Heroic Fantasy est épique, il était normal que L........ d'excalibur y figure, et Megan alors ?

Deroxat: Je n'ai pas trouvé que le texte était si long que ça, mais bien construit..;)

Hilarion
01/02/2008, 23h13
Halnawulf: La description de monde d'Heroic Fantasy est épique, il était normal que L........ d'excalibur y figure, et Megan alors ?

C'est dingue... j'ai pensé "fumée", "dragon", Lockheed, Kitty, autre dimension pour la magie... et j'ai zappé tout le run d'Exalibur par Claremont et Davis où le groupe visite de nombreuses dimensions!:pfff:

Du coup, avec Megan, Captain Britain, Rachel and co, j'aurai de quoi étoffer l'histoire! Merci Gorlab!

Je vais me pencher sur la question en attendant le thème de Février!;)

Pour ceux qui ignorent les origines de Loockheed, ce petit dragon est en fait extra-terrestre et vivait sur la planète des Broods, des E.T genre Aliens qui avaient pondus des oeufs dans les corps des X-men. Ces terribles et impitoyables créatures s'apprêtaient à capturer Kitty... quand ils s'enfuirent d'un nid plein d'ossements de Broods, terrorisés par... Loockheed qui s'empressa de ronronner dans les bras de Kitty!

Quand la planète des Broods fut détruite, le vaisseau des X-men regagna la terre avec un passager clandestin que Kitty fut enchantée de retrouver!

Pour les Bamfs, je vous renvoie aux contes de fées que Kitty racontait à la petite Illyana...