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Voir la version complète : Le défi bonus de décembre 2007 : en pleine mer...


HiPs!
05/12/2007, 14h05
Bon, comme personne ne se décide à l'ouvrir, je m'y cocacolle, comme dirait Gainsbarre...

En pleine mer, avec une citation de Desproges, un ours en peluche et un positroneur nucléaire...

A livrer dans 3 semaines, le 25 donc.


Hosanna, hosanna et en route pour la joie!

Elijah Watch
05/12/2007, 18h26
Hosanna, hosanna et en route pour la joie!


Noir dès ? :nerd:

gorlab
06/12/2007, 18h38
Donc, de crainte de ne pouvoir avoir le temps d'écrire un texte dans les délais impartis, en voici un que j'avais écrit il y'a quelques temps de cela, je l'ai juste modifié pour qu'il puisse coller avec les contraintes retenues.
Bonne lecture ! :beu:
__________________________________________________ _______________


C’était par une fin d’après midi sur une mer démontée, mais pouvait on s’attendre à autre chose dans l’Océan Atlantique en cette période ? L’homme dans son canot de sauvetage ne se posa pas vraiment la question, il sifflotait, allongé dans sa frêle embarcation de fortune. Les yeux perdus avec mélancolie dans les nuages zèbres d’éclairs aveuglant. La tempête ne semblait n’avoir aucune emprise sur lui. Impeccablement peigné et rasé de près, on aurait pu le croire sorti d’une pub de lotion après rasage, la mâchoire carrée, le teint halé, les cheveux d’un blond cendré. Un sourire au dents d’un blanc polaire et des yeux bleus, mais d’un bleu froid et sans concession, on lisait dans ces yeux l’expression d’une rigidité exacerbé : « Non, n’insiste pas coco, quoi que tu dises, j’aurai le dernier mot ». C’est ce qu’on pouvait lire dans ces yeux de playboy bon marché.

Subitement il se redressa, les sens au aguets. Il écouta parler la tempête, la tête penchée sur le côté, et elle lui murmura qu’un bateau se dirigeait droit vers lui. Il se redresse avec lenteur, s’étira, et scruta l’horizon. Effectivement, une embarcation, un yacht à première vue venait d’apparaître et fendait les flots déchaînés. L’homme sorti un délicat mouchoir de soie de la poche de sa chemise et se tamponna légèrement les tempes, il se hissa sur la pointe des pieds avec précaution et agita avec nonchalance les bras. « A l’aide ! »
Le yacht hésita un instant et bifurqua dans sa direction. Il s’arrêta à quelques centimètres du canot de sauvetage. Une échelle de corde fut lancée à l’homme, il y monta et s’engagea à bord. Il y fut accueilli par un gentil petit couple, enfin cela dépendait des goûts…
Le Capitaine du bateau avait la cinquantaine bien marquée, les cheveux poivre et sel, et un perpétuel pli de mécontentement au coin de la bouche. Quand à la femme…euh jeune fille, c’était tout l’inverse, d’une vingtaine d’années environs, des cheveux mi longs d’un joli blond doré, et des yeux noisette en amandes. Ce fut cette dernière qui parla la première :
-Oh mon dieu ! Vous allez bien ?
Le rescapé afficha son sourire à 150$
-Oui ! Merci ! Grâce à vous !
Le Capitaine du yacht fut un chouia moins accueillant…
-Et on peut savoir ce que vous foutiez par ce temps au milieu des Bermudes ?!!
L’homme ne se départit pas de son sourire, mais il perdit un bon 50$ dans sa qualité.
-Et bien figurez vous que je me suis bêtement fait surprendre par cette satanée tempête. Mais je manque de la plus élémentaire des courtoisies ! Il tendit une main chaleureuse.
-John Lived, enchanté !
Le capitaine traîna un peu pour lui rendre sa poigné de main.
John demanda :
-Et comment se nomment mes sauveurs ?
-Paul McArthy. Lâcha le capitaine du bout des lèvres.
La Petite blonde fut plus exubérante. Elle sautillait presque sur place.
-Jenny !
-Bonjour jenny et encore merci à vous deux !
John se tourna vers Paul McArthy et le félicita
-Votre fille est charmante Paul ! Bravo !
Ce dernier le fusilla du regard.
-Jenny est ma compagne….
-Ah ? Oh…oui bien sur, bien sur…
Cela ne sembla pas arrêter ce cher John Lived…
Comme dirait l’un de ces maudits français « Ce n'est pas parce que l'homme a soif d'amour qu'il doit se jeter sur la première gourde ».
Jenny ne comprit pas.
Mais Paul commença à serrer et desserrer les poings, une lueur assassine au fond des yeux.
-Je ne dis pas ça pour vous deux bien sur. Vous faites un très joli couple.

C’est sur ces entre faits qu’une série de pleurnichements fut entendu sur le pont du bateau.
Jenny courue dans la cabine, elle en revint avec une petite fille à l’air boudeur, serrant furieusement un ours en peluche qui avait connu de meilleurs jours et dont les yeux semblaient dire «Sortez moi de la !! Ça fait trois ans que je la supporte ! j’vais me jeter sous un bus ! » Non, on ne pouvait pas lire autant de choses dans les yeux de l’ours, mais le sentiment de décrépitude de la peluche était révélateur d’abus de tous genres.
John avança un doigt et fit sa plus belle mine d’abruti.
-Gouzi.. ! gouzi.. ! gouzi.. ! Qu’elle est mignonne !
La fillette éclata en sanglots. Jenny la consola avec un gros « poutou »
-C’est sûrement la tempête qui la met dans cette état. S’excusa t-elle.
-Oui, ça doit être ça. Maugréa John. « Sale gosse » pensa t-il.
Il se retourna vers le capitaine
-Alors Paul ?! Vous faites quoi dans la vie sinon ?
Paul lui jeta un regard peu amené.
-Je suis dans le nucléaire.
-Non ? C’est vrai ?! Ca doit être dangereux ? !
-Pas pour moi.
-Et vous faites quoi dans le nucléaire ? Vous fabriquez des centrales ? C’est ça ? Insista John.
-Non, je fabrique et vend des positronneurs nucléaires.
-Qu’est ce que c’est ?
-Un appareil qui tue les cafards. Souffla Paul.
-Ca doit être de sacrés cafards ?!
-les pires qui soit. Grinça Paul.
-Et vous Jenny ? Que faites vous ?
La jeune blonde essayait toujours de consoler la petite.
-Je suis secrét…euh…assistante de direction. Bafouilla t-elle.
-Ah oui ! et ou cela ? S’enquit John.
-Chez McArthy & Co.
-Non ?!! Quel coiencidence !
John ne les laissa pas répondre. Il tourna sa tête vers ce pauvre Paul qui se décomposait tout doucement…
-Rassurez vous Paul, s’envoyer sa secrétaire n’est pas un gros péché en soit… ce n’est pas comme la fois ou vous avez violé et quasiment laissé pour morte cette jeune asiatique à Houston..hein ?
Le sang c’était pratiquement retiré du visage de Paul McArthy.
-M..Mais qu..qui êtes vous ?! Un flic ??
-Surment pas.
-Alors qu’est ce que vous voulez ??! On vous a sauvé la vie !!
-Et qui te sauvera de moi Paul ?
A ce moment une déferlante s’abattit sur le pont et expédia violemment Paul par-dessus bord.
John se précipita sur une des bouées de sauvetage attaché au bastingage. Paul de débattait désespérément au milieu des flots furieux. John lui cria de s’accrocher.
Il lui lança la bouée avec une extrême précision. Paul la reçut….entre les deux yeux. Il coula à pic.

John Lived se retourna vers une Jenny mortifié, la petite s’en était retournée dans la cabine.
Le sourire de John c’était transformé en un rictus féroce.
-Ah Jenny, Jenny…Nous savons tout les deux que vous n’êtes pas aussi stupide que vous voulez nous le laisser croire.
Une fugace lueur de malice dansa dans les yeux de Jenny.
-Vous auriez du y penser avant de Kidnapper cette enfant. Maintenant vous allez sauter gentiment ou je vous dévore…
Jenny regarda les flots déchaînés, la lueur de malice c’était transformé en panique.
-Allez Jenny « Plouf » !
Et un plouf fut effectivement entendu, elle rejoignit McArthy dans les sombres abysses des Bermudes.
John ne s’attarda pas sur le bateau, il retrouva son frêle canot de sauvetage. Il savait que la petite ne risquait rien, dans quatre heures, le bateau sera remorqué par les secours.
A nouveau il s’allongea dans sa petite embarcation de fortune et sifflota avec mélancolie.
Car le Triangle les Bermudes et aussi appelé Triangle du Diable et ce dernier adore y faire de fréquents séjour.

Thoor
06/12/2007, 18h45
YYEEESSS

tres bonne histoire

HiPs!
06/12/2007, 19h32
Bien cool mister Gorlab! Et par curiosité, t'as modifié quoi à ton histoire?

gorlab
06/12/2007, 19h36
Danke :merci:
le métier de ce pauver paulie, la citation de desproges (la c'était facile), mais j'ai aussi un peu modifié le style, à l'origine le texte était plus sombre, la y'a un pitit côté "dérision".

Hilarion
06/12/2007, 22h42
Bravo! J'aime bien le côté désinvolte. :clap:

Parti comme c'est, on ouvrira un 3° défi de décembre avant le 15!:D

Quelle production, mes aieux!

Ben Wawe
06/12/2007, 23h15
Hop, je ne suis pas très doué pour les récits joyeux mais j'ai eu une inspiration subite. Je ne sais pas ce que ça vaut, mais je pense avoir été au plus proche de la notion de "joie", et je crois avoir bien intégré les contraintes.



« If there's something strange in your neighborhood
Who you gonna call?
Ghostbusters!»

La chanson est à peine entamée que la dizaine de personnes sur la piste de danse commence déjà à exploser de joie et à pousser des cris qui se veulent artistiques. Ils chantent, ou du moins essayent. D’habitude, je me serais moqué de cette bande d’ados attardés qui se déhanchent comme si ils avaient vingt ans alors qu’ils en ont dix de plus et des kilos en trop. Généralement, je serais là, un verre de vodka à la main, lançant des vannes crasseuses et bêtement méchantes pour tenter de me faire bien voir de ma cour et croire que je suis meilleur que ces gens. En temps normal, je dirais que tout ça n’est que la représentation de la dégénérescence de notre société et que le monde court à sa perte à cause de l’infantilisation voulue par les gouvernements, qui en profitent pour nous manipuler et détruire la planète.
Oui, d’habitude, j’aurais été un gros con. Mais pas ce soir. Ce soir, c’est la fête et je me fiche de ce que je suis le reste du temps. Ce soir, je me sens bien.

Je souris en regardant mes anciens camarades se rappeler leur jeunesse et leurs délires alors que Ray Parker Jr se défonce sur scène. Pauvre vieux. Ce type n’a fait en gros qu’un seul tube dans sa vie, et il essaye de vivre dessus depuis. C’est dur, la vie d’artiste. Il doit se payer toute l’année des soirées de ce genre pour s’en sortir et payer ses dettes. Il est sûrement alcoolique ou pas loin, et doit payer une pension alimentaire à son ex femme. Un truc du genre.
Ce n’est pas étonnant, au fond. Beaucoup d’anciennes stars deviennent ainsi quand les gens décident qu’ils sont passés de mode. Ils sont comme des mouchoirs : on en a besoin un temps, on les affectionne sur le moment, mais dès qu’on n’en a plus besoin…on les jette. Et eux essayent de survivre. Pauvre vieux. J’en pleurerai presque si j’en avais quelque chose à faire.

Nan. Pas de ça ce soir. Pas de pensée déprimante. Pas de cynisme ou d’humour noir. Ce soir, je ne suis pas le glandeur qui traîne dans les soirées parisiennes avec sa cour, ce bobo imbécile qui ne vit que par ses phrases piquantes et qui fait croire à tout le monde qu’il est Grand parce qu’il a de la culture. Non. Ce soir, je suis simplement l’ado attardé qui survit au fond de moi et qui ne demande qu’à sortir. Je suis comme ceux qui font poindre un sourire sur le visage de Ray quand il voit que tout le monde aime ce qu’il chante, ce qui ne doit plus lui arriver aussi souvent.
Ce soir, je suis juste moi. Et ça fait du bien.

Je suis heureux…et ça fait des mois que ce n’est plus arrivé. Voir plus. Je pensais m’ennuyer comme un rat mort ici, mais ce n’est pas le cas. C’est une soirée d’anciens étudiants de la fac, promotion 97. La moitié ici s’est arrêtée au DEUG, je suis un des seuls à être allé plus loin. D’habitude, je fais bien sentir aux fantômes de mon passé combien je leur suis supérieur, combien j’ai une vie meilleure que la leur avec mes diplômes, mon superbe appartement…mais pas ce soir. Ce soir, je souris juste, je danse un peu, je plaisante et je bois. Du jus d’orange. Pour une fois.

La vie est belle, ici. Un ancien camarade a organisé cette soirée il y a quelques mois, et je ne suis là uniquement parce que mon projet d’aller dans l’appartement d’un ami pour boire et payer des putes pour se déhancher devant nous est tombé à l’eau…le pauvre vieux est à l’hôpital, une overdose. Pauvre mec. Je devrais lui envoyer quelque chose, demain. Peut-être de la farine, pour déconner. Ou pas.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas envie d’être méchant ou stupide, ce soir. Marre d’être égoïste. Marre d’être con. Marre d’être arrogant. Marre d’être un branleur. En regardant ces gens danser, je pourrais me dire combien ma vie est nulle, combien je suis passé à côté du bonheur. Ok, je gagne plein de fric, mais je ne suis pas heureux : je me drogue, je bois, je n’ai pas de vrais amis, mon boulot me bouffe tout mon temps et je pleure chaque soir parce que je veux mourir.
Eux…eux sont biens. Ils n’ont pas tout ce que j’ai, mais ils ont bien plus. Presque tous sont mariés et ont l’air heureux. D’accord, ça ne doit pas être facile tous les jours, mais au moins ils ne sont pas des loques comme moi. Ils sont des gens normaux. Ils sont des gens biens qui, même si ils font un peu attardés ce soir à danser sur une chanson vieille de vingt ans et à parler de dessins animés qu’aucun jeune actuel ne connaît, devraient normalement me rendre jaloux.

Mais ce n’est pas le cas. Je suis heureux, ici. Avec eux.

Il est deux heures du matin. Je ne suis pas bourré. Je ne suis pas drogué. Je ne suis pas entre les jambes d’une immigrée roumaine ou sud-américaine priant pour que je finisse vite. Je bois du jus d’orange en discutant avec des gens gros, pas très beaux, pas toujours intéressants mais gentils. Je rigole de choses bêtes, mais simples. Je parle de mes souvenirs, de la période universitaire, de mes délires, de nos conneries…de l’âge de l’innocence.

Je revois d’anciens amis, avec qui j’étais comme frère mais que j’ai abandonné depuis. Ils ne m’en tiennent pas rigueur, et parlent avec moi comme si rien n’avait changé. Je souris à une fille qui me répond alors que je l’ai fait pleurer jadis. Elle m’avait proposé de sortir un soir, et tout ce que j’avais trouvé à répondre, c’est que je n’avais aucun intérêt à lui parler vu qu’elle n’avait pas d’amies jolies, car « il n’y a qu’un seul cas où il est convenable d'aborder une femme laide : c'est pour lui demander si elle ne connaît pas l'adresse d'une jolie femme ». J’étais déjà con, à l’époque. Je n’ai fait qu’empirer, depuis.

En regardant tous ces gens, je pourrais déprimer en me demandant ce que dirait le gosse que j’ai été, celui dont le cœur vibrait devant Ghostbusters, avec son ours en peluche en rêvant d’aller aider Ray et les autres en tuant le monstre avec son positroneur nucléaire. J’étais un gamin quand j’ai vu ce film pour la première fois, et j’ai été de suite fan. Qu’est-ce qu’il dirait, ce petit garçon, en me voyant maintenant ? En voyant la loque qu’il est devenu ?
Il ne serait pas content. Il pleurerait. Et normalement, en me rendant compte de ça, en voyant ces gens heureux comme je ne le serais jamais, je devrais aussi faire ça. Je devrais aussi m’écraser et me dire que j’ai raté ma vie…ce qui est le cas, quand même. Mais je ne réagis pas comme ça. Au contraire, je me sens…bien.

Je me sens chez moi, ici. Je me sens entier. Enfin. Depuis tant d’années, je suis à la recherche de quelque chose. Une partie de moi me manque, et j’essaye de la retrouver dans l’alcool, le travail, la drogue, les fans, le cynisme…mais ça ne fonctionne jamais. Je n’ai jamais rien trouvé, à part le néant de mon existence et l’inutilité de mes actes. Et ce soir…ce soir, je comprends enfin ce qu’il me manque tant. Je sais ce que j’ai perdu et ce que je recherche depuis si longtemps.

L’âge de l’innocence.
Ce moment où j’étais un simple adolescent rêvant de changer le monde, de marquer l’Humanité de mon empreinte. C’est pour ça que j’ai voulu faire tant d’études…pour devenir quelqu’un, pour avoir de l’importance et faire quelque chose. Je voulais révolutionner la société, la rendre meilleure, en chasser les monstres. Je suis devenu un de ces parasites qui profitent du monde et des gens et qui se détruisent peu à peu. Je suis ce que je voulais détruire.

C’est triste, mais ce soir…ce soir, je sens que tout n’est peut-être pas perdu.

Je suis au milieu de ceux qui ont façonné l’adolescent que j’étais. Je suis au milieu de ceux que je ne voulais jamais perdre de vue, jadis. Je suis avec les personnes qui comptaient le plus pour moi, mais que j’ai éloignées. Et je me sens bien, tout simplement. Rire à des choses vaguement drôles, être gentil, faire des efforts, s’amuser tout simplement…ça me manquait. Ils me manquaient.

Ce sont mes amis. Mes frères, mes sœurs, mes amours. Je les ai perdus de vue pendant dix ans, et je suis devenu…autre chose. Mais c’est fini, je crois. Je me rends compte que tout ça, ce n’est pas moi. Être con, bête, méchant…nan, ce n’est pas moi. J’ai été ainsi car je voulais me fondre dans la masse. J’ai été comme ça car je n’ai pas osé aller dépasser mes limites et changer les choses, comme je voulais le faire. Et je sais pourquoi j’ai été ainsi : car ils n’étaient plus là. Car j’étais tout seul.

Oui, ce soir, je suis heureux. Je suis de nouveau moi. Je suis avec mes amis, au beau milieu de la mer, sans alcool et à m’amuser simplement. J’ai joué à l’adulte blasé pendant dix ans alors que je suis toujours un gosse, comme eux. Je me suis caché dans ce costume parce que j’étais seul et que j’avais peur. Mais c’est fini, maintenant.
Il est temps que je reprenne les commandes. Que je refasse des conneries. Que je sourisse. Et que je sois heureux. Comme ce soir. Comme quand je suis avec eux.

Ray finit sa chanson et est acclamé. Les larmes perlent à ses yeux. J’applaudis violemment dans mes mains. Il le mérite. C’est un vieux monsieur qui n’a pas souvent l’occasion d’être autant apprécié. Merci, Ray. Tu as marqué mon enfance par ta chanson, et j’espère que tu t’en sortiras. J’espère que je m’en sortirai, aussi. Mais je crois que oui.

Ce soir, je me rends compte de ce que je suis et de ce que je veux être…et ne plus être. Je veux être heureux, comme maintenant. Je veux rire, m’amuser et laisser sortir l’homme que je suis vraiment. Cette soirée devait être ennuyeuse. Elle est finalement révolutionnaire et extraordinaire. Elle me fait sourire et me fait changer. C’est quand même mieux que quelques heures passées avec de la drogue et des putes. Et surtout…c’est moins cher.

Ben Wawe
07/12/2007, 09h19
Oui, ce soir, je suis heureux. Je suis de nouveau moi. Je suis avec mes amis, au beau milieu de la mer, sans alcool et à m’amuser simplement.

Pour ceux qui doutent de la localisation maritime (et merci à eux d'avoir voté pour moi, d'ailleurs), elle est là même si je n'ai pas appuyé dessus. ;)

Brother Ray
07/12/2007, 10h07
Même si le sujet surprend un peu, faut bien reconnaître que c'est une fois de plus un coup gagnant.

:clap:

HiPs!
07/12/2007, 10h07
C'est bien et courageux d'aller à l'encontre de ce que l'on a l'habitude de faire. Si j'avais un reproche Ben, ce serait un certain délayage. Peut-être que tu y aurais gagné à "ramasser" un peu ton texte. Mais, ce n'est que mon avis.

Thoor
07/12/2007, 10h20
Excellent, juste un petit décalage peu être:

Le texte assez long d'introspection qui semble durer toute une soirée....... et qui ne dure que le temps de la chansson...

:clap:

wallyvega
07/12/2007, 10h22
Bien sympa tout ça, les gars. En un très court laps de temps, d'ailleurs. Je ne sais même pas si j'aurais le temps de participer. (Au fait Ben, tu n'aurais pas à me faire part de ton avis sur un texte...:roll:)

gorlab
07/12/2007, 16h30
Bien cool Benjy, mais ou est le Positronneur nucléaire ? nan...pas dans mon c...:beu: mais il y'a comme une sensation d'incertitude à la fin, genre je m'atendais à un truc plus "guignolesque" ;)

HiPs!
07/12/2007, 16h34
En regardant tous ces gens, je pourrais déprimer en me demandant ce que dirait le gosse que j’ai été, celui dont le cœur vibrait devant Ghostbusters, avec son ours en peluche en rêvant d’aller aider Ray et les autres en tuant le monstre avec son positroneur nucléaire.

:beu:

gorlab
07/12/2007, 17h39
:beu:

Autant pour moi...:ouf:
j'ai lu en diagonale..

Mycroft
07/12/2007, 20h16
Bon, comme personne ne se décide à l'ouvrir, je m'y cocacolle, comme dirait Gainsbarre...

En pleine mer, avec une citation de Desproges, un ours en peluche et un positroneur nucléaire...

A livrer dans 3 semaines, le 25 donc.


Hosanna, hosanna et en route pour la joie!

Avec des contraintes pareilles, y pas de risque que je m'y colle de sitôt.

Hilarion
07/12/2007, 21h48
Avec des contraintes pareilles, y pas de risque que je m'y colle de sitôt.

Dommage. Tu as un bon style...

"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".:D

En même temps, la difficulté rends l'exercice ludique, mais l'inspiration ne se commande pas. N'hésite pas à proposer quelque chose pour janvier, en tout cas.:merci:

Ben Wawe
07/12/2007, 22h37
Même si le sujet surprend un peu, faut bien reconnaître que c'est une fois de plus un coup gagnant.

:clap:

Merci beaucoup. :merci:

C'est bien et courageux d'aller à l'encontre de ce que l'on a l'habitude de faire. Si j'avais un reproche Ben, ce serait un certain délayage. Peut-être que tu y aurais gagné à "ramasser" un peu ton texte. Mais, ce n'est que mon avis.

Tu veux dire que j'aurais dû moins l'aérer ? Peut-être, oui. J'aime faire ça pour plus de lisibilité et de force sur certains passages, mais c'est vrai que ça peut être gênant et donner l'effet inverse, là.

Excellent, juste un petit décalage peu être:

Le texte assez long d'introspection qui semble durer toute une soirée....... et qui ne dure que le temps de la chansson...

:clap:

Ca rejoint un peu ce que dit HiPs!, je pense : si j'avais serré plus le récit, il y aurait peut-être eu moins l'impression d'une trop grande longueur. Après, je pourrais m'en sortir en disant que le chanteur faisait des rappels, mais c'est vrai que ça peut être un peu long. Mais bon, je crois que c'est déjà arrivé à tout le monde de beaucoup cogiter en peu de temps.
Mais tu n'as pas tort quand même. ;)

Bien sympa tout ça, les gars. En un très court laps de temps, d'ailleurs. Je ne sais même pas si j'aurais le temps de participer. (Au fait Ben, tu n'aurais pas à me faire part de ton avis sur un texte...:roll:)

Va voir tes MPs, il y a dû y avoir un souci de mail.

Autant pour moi...:ouf:
j'ai lu en diagonale..

C'est mal ! :non: :D

En tout cas, merci à tous de m'avoir lu, encore une fois.

HiPs!
08/12/2007, 15h48
Dommage. Tu as un bon style...

"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".:D

En même temps, la difficulté rends l'exercice ludique, mais l'inspiration ne se commande pas. N'hésite pas à proposer quelque chose pour janvier, en tout cas.:merci:

Ben oui, c'est dommage de se laisser submerger par des contraintes qui sont tout de même faciles à contourner. C'est plus des moteurs et des rails pour l'imagination que des freins je trouve.
Et sinon, ta citation de Corneille, Halnawulf, m' a fait me souvenir d'un prof de français qui la détournait en : "A vaincre sans baril, on triomphe sans boire", Le Cidre...

HiPs!
10/12/2007, 14h12
On n’en saura pas peluche

— À combien je le mets ?
— Quoi ?
— Le curseur, à combien je le mets ?
— Qu’est-ce que j’en sais moi ?
— Non, parce qu’il y a « Fantôme Niveau 1 », « Fantôme Niv. 2 » ainsi de suite jusqu’à 6. Puis, « Petit Vampire », « Grand Vampire », « Zombie mou», « Zombie véloce». Ensuit…
— Mais, je ne sais pas moi, mon vieux, l’interrompit un Miguel passablement sur les nerfs.
Il y avait de l’électricité dans l’air. La tension s’était installée dès l’instant où ils s’étaient rendus compte que plus rien d’humain n’habitait ces trois hectares de métal rouillé abandonnés offshore en pleine mer du Nord. À part eux deux. Forcés à la cohabitation et à l’entraide dans ce dédale de tuyères et de poutrelles. Agités par le tango vache du roulis et des vagues de quinze mètres. Par gros grains, on se sentait aussi insignifiant qu’une chaussette dans une lessiveuse bloquée sur lavage à froid/essorage.
— Je le mettrais bien entre « Goule des champs » et « Troll fiévreux »… reprit Kéo.
— Quoi ?
— Le curseur, je le coincerais bien entre ces deux positions, là.
— Qu’est-ce qui te fait croire que c’est ça?
— Je sais pas. Une intuition.
— Pour toi, un ours en peluche, ça se situe entre et une goule et un troll? Si ça se trouve, ce n’est pas si méchant que ça…
— Mon pauvre vieux ! (c’était maintenant au tour de Kéo d’être énervé) Mais dans quel monde tu vis ?! Tu sors jamais?! Il avait pris un ton condescendant qui lui tordait ses traits, déjà disgracieux. Les ours en peluche, c’est hypra dangereux. Une fois que ça a flairé ta piste, ça te lâche plus. C’est comme les clowns.
— Bon, oh ! ça va, pas la peine d’étaler ta science ! Règle le comme tu veux ton positroneur nucléaire…Je n’y connais rien de toute façon…
Miguel avait pris un air renfrogné qui, à la différence de son compagnon d’infortune, lui allait bien. Il n’en demeurait pas moins un grand névrotique, à surveiller comme le lait sur le feu. Son instabilité de caractère supportait mal d’être à la merci d’un tambour rotatif géant qui vous agitait dans tous les sens, vous maculant de ce pétrole poisseux et tenace qui suintait des moindres recoins de ce mécano pour dieu marin.
Kéo tenta d’apaiser la situation :
— Non mais si ça se trouve, il faut mettre le curseur plus bas, qu’est-ce que t’en penses si je le coinçais entre « Farfadet en rut» et « Grem…
— Chut ! lui enjoint Miguel. Tu n’as rien entendu ?
— À part la mer, tu veux dire ?
Miguel regarda franchement Kéo. Il hésitait. Il ne savait pas quoi répondre qui serait plus explicite qu’une tarte dans la gueule. Il choisit de se taire et se concentra sur ces chuintements inhabituels. Ils semblaient provenir de l’autre bout de la coursive, où les deux hommes s’étaient retranchés avec une cantine de vivres, une fontaine à eau et un vieux positroneur à piles, vert et or, de marque Meur & Beal.
— Quand même, hein ! je me demande quel est le malade mental qui a pu introduire un ours en peluche sur la Concordia?
— Le chef cuistot, il paraît, répondit Miguel. Ça m’étonnerait qu’à moitié, sa bouffe était infecte. Ou l’un des inspecteurs plate-forme de l’aile 3. L’usurier, tu vois de qui je veux parler?
Kéo n’eut pas le temps de critiquer ces rumeurs qu’il trouvait débiles qu’un crissement lugubre les glaçât sur place. Plus insupportable que celui des bielles d’une loco contraint à un freinage d’urgence ou que les hurlements d’une assemblée de nourrissons affamés, c’était le bruit de petites feutrines humides couinant sur un sol métallique : l’ours en peluche approchait.
Huiiik, huiiik, huiiik faisaient ses petites pattes. Kéo fut le premier à émerger de la terreur qui les avait saisi. Essayant tant bien que mal de récupérer son sang-froid, il plaça le curseur du positroneur sur « kami facétieux», sans préchauffage. Il tira une salve en direction du petit ours. Malheureusement Kéo aurait du mieux lire la notice d’emploi. Tel qu’il était calibré, l’arc énergétique partit tout droit avant de virer en diagonale et de repartir en zigzag arrière, selon une trajectoire…facétieuse. La décharge déchira un bout de mur à proximité d’eux, projetant un moellon qui vint briser en trois le positroneur nucléaire.
Ils étaient mal.
Recroquevillés dans un angle, ils regardaient le jouet approcher.
Quelques pas encore et ce dernier s’arrêta à leur hauteur. Il ouvrit sa poche kangourou zippée, conçue pour héberger un pyjama ou un doudou, et en sortit une craie de couleur rouge.
Il traça quelque chose sur le sol avant de repartir d’où il était venu. Huiik, huiik, huiik.
Lorsqu’il fut hors de portée, les deux hommes se redressèrent pour lire les quelques mots :
"Qu’on soit de gauche ou de droite, on est hémiplégique, disait Raymond Aron. Qui était de droite."
Miguel et Kéo se regardèrent et hochèrent la tête d’un air entendu. Après cinq jours de querelles incessantes, ils tombaient d’accord pour la toute première fois : ce message tracé par la peluche ne voulait strictement rien dire !
Ce moment de connivence les rassura beaucoup quant à leur capacité à pouvoir vivre un jour en bonne intelligence sur leur archipel ivre.


Thoor
10/12/2007, 14h19
Le retour de la peluche...... et il est pas contant


:clap:

Bravo HIPS!

Bonne histoire

wallyvega
10/12/2007, 20h23
"Meur et Beal" :D. J'allais l'utiliser sous une autre forme. Très sympa.

Ben Wawe
10/12/2007, 22h17
Ouais, très bon, très drôle et bien tourné. Bravo.

Hilarion
10/12/2007, 22h41
Drôle, décalé, bien écrit. J'adore! :woot:

grogramane
10/12/2007, 22h46
c'est nounours qui va etre content de lire ça: il saura ou est passée sa tronçonneuse :D

gorlab
11/12/2007, 08h31
Teddy Bear is bloody back ! :beu: mother f......! :ouf:
Bien excélent. :woot:
De toute manière les ours en peluche sont bien connus pour être très vicieux

Thoor
12/12/2007, 11h48
« Sale petit con prétentieux » pensa Jack, pour la quatre ou cinquième fois. Il tend une nouvelle fois le bras et une serveuse accourt. Jack se risque par un regard biais à mater les formes généreuses de la petite brune en tenue sexy. Plus va, plus il aime cette tenue. Elle s’inspire de celle des Playmates de Playboy mais en version ours polaire. Il commande son énième Chi-chi d’Hawahi tout en faisant semblant de s’intéresser à la discussion. A sa droite un homme bedonnant, entre deux ages et à la calvitie prononcée continue de lancer les citations de Desproge qu’il connaît. « …Le savoir vivre est la somme des interdits qui jalonnent la vie d'un être civilisé, c'est à dire coincé entre les règles du savoir-naître et du savoir-mourir…. ». Enfin, des truc dans le genres. Jack le regarde d’un œil mort à travers ses Rayban. Il souffle entre les dents un « C’est vrai ! » qui ne l’engage pas beaucoup. Le pont du yacht grince un peu lorsque Frédérique se risque sur le pont. L’imposante bonne femme lance un « Papa, ne t’ennuie pas trop avec ses histoires, mon chéri, » avant de replonger aussi sec dans la cabine climatisée. La chaleur et les cent trente kilos de matière grasse qui forme sa fiancé ne font vraiment pas bon ménage pense Jack. Russel, son futur beau père, continu comme si de rien n’était. « Ha oui, celle là elle est bien bonne : La culture, c’est comme l’amour. Il faut y aller par petits coups au début pour bien en jouir plus tard » Il éclate d’un rire gras en plongeant ses doigts dans son verre pour y attraper les malheureuses olives.


Jack a rencontré Frédérique il y a six mois, dans une de ces soirées mondaines de Cane. La pauvre fille n’était pas à son aise et engloutissait d’impressionnantes quantités d’amuse-gueule. L’œil averti du gigolo remarqua les bijoux dégoulinants de mauvais goût et de diamants. Il vit aussi la robe vulgaire mais sur mesures. Comme la soirée ne lui avait pas été profitable, il se décida à l’aborder. Une proie facile en somme. Le reste de la soirée le lui confirmera.
Depuis ils se fréquentent assidûment. Jack se félicite de son choix tout les jours, Elle est riche, peu cultivée et surtout ne veux pas coucher. Parfaite pour le prédateur qu’il est.
Mais cela c’est gâté depuis quelques jours. Pourquoi a-t-il accepté cette escapade en mer ? Il est désormais coincé entre Russel qui veux absolument partager avec lui sa passion de Pierre Desproge et Frédérique qui le presse de plus en plus pour qu’il fasse sa demande en mariage.
L’après midi s’étire. S’éternise même. Un autre Chi-chi d’Hawahi. Jack l’avale d’un trait, il s’étonne à peine d’un petit goût de rance qui envahit son palais. Etourdissement. Noir



La fraîcheur de la nuit réveille Jack. Il est couché sur une pierre froide et dure. Ses bras sont douloureux. Voulant les bouger il s’aperçoit qu’il est attaché. Tentative d’appels mais sa bouche pâteuse n’émet qu’un coassement ridicule. Les visages de Russel et Frédérique apparaissent au dessus de lui.
« Vous êtes réveillé. C’est bien. » La voix de l’homme lui parvient de très loin, comme déformée. « Voyez vous, mon cher jack, nous savons tout de vous ! Votre vie de parasite, votre goût du luxe, vos prétentions ridicules d’ascensions sociales ! Tout vous dis-je. »
Le gigolo, essaie désespérément de se détacher, de se sortir de se mauvais pas, mais rien n’y fait. Le gros homme continue « Mais, vous avez de la chance, Jack ! Beaucoup de chance ! Ma fille s’est entichée de vous. Vraiment. Et comme je souhaite son bonheur je vais faire en sorte que vous l’aimiez en retour. » A ces mots le gigolo reprend un peu espoir. Il imagine en un instant la situation : Russel lui fait peur. Il accepte de sortir avec Frédérique. Et à la moindre occasion il se fait la belle. Ce ne sera pas la première fois.
D’étranges vapeurs colorées, entoure l’autel. Une lune pleine se lève au dessus de la jungle. Le silence se fait. BOUM ! Un coup de tambour fait sursauté le sacrifié. BOUM ! Un autre coup, juste derrière lui, hors de son champ de vision. BOUM ! Cela se rapproche. BOUM, BOUM, BOUM ! Les coups s’enchaînent sans répits maintenant. BOUM, BOUM, BOUM, BOUM ! Son rythme cardiaque se calque sur l’infernal instrument. BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM ! Les encens lui piquent le nez et lui font tourner la tête. BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM ! Des chants s’élèvent, mélopées envoûtantes entonnées par ses ravisseurs. BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM, BOUM ! La lune indifférente poursuit son rajet, les cris inaudibles, les pleurs apaisants, les douleurs angoissantes s’entremêlent aux tam-tams. BOUM !
C’est fini

Le petit jour se lève sur le yacht. Sur le pont, sous le Tivoli, les deux hommes sont confortablement installés sur leur transat. Jack, ne bouge pratiquement pas. Son mal de tête ne le lâche pas, la soirée lui apparaît confuse et fragmentée.
Russel ne semble pas s’en émouvoir et parle, parle, parle « …. Et leur positroneurs nucléaires…… quels inventions ! Quelle imagination ces scénariste américains……. A dans ce temps là on savait faire de bon film, croyez-moi….. » Aujourd’hui il est obnubilé par les films des années quatre-vingt.

Jack regarde d’un œil norme la serveuse. Elle est encore vêtue de son petit costume sexy, mais il ne ressent rien. Il attend. Frédérique ne va pas tarder à sortir de sa chambre pour son premier petit déjeuner. bonne lecture:merci:

gorlab
12/12/2007, 12h07
Bueno amigo !:beu:
L'ambiance mytérieuse s'y trouve, un bon style narratif.;)

HiPs!
12/12/2007, 12h42
J'aime bien l'ambiance qui vire au vaudou dans la seconde partie. clapclap

Et deux remarques: en tant qu'IGC (Inspecteur Général des Contraintes) je me dois de te signaler qu'un ours polaire n'est pas un ours en peluche... ;)

Egalement souligner qu'un adorateur de Desproges n'a rien à voir avec ton Russel là. En effet, un adorateur du divin Pierre est forcément quelqu'un ayant des goûts exquis, une personne qui ne connait pas la vulgarité, au rire aussi mélodieux que le chant d'un passereau, et dont la sudation, au demeurant très faible, se parfume d'une délicieuse fragrance qui rend les femmes folles de son corps.

grogramane
12/12/2007, 12h57
un barde diabetique, quoi...

gorlab
12/12/2007, 14h04
J'aime bien l'ambiance qui vire au vaudou dans la seconde partie. clapclap

Et deux remarques: en tant qu'IGC (Inspecteur Général des Contraintes) je me dois de te signaler qu'un ours polaire n'est pas un ours en peluche... ;)

Egalement souligner qu'un adorateur de Desproges n'a rien à voir avec ton Russel là. En effet, un adorateur du divin Pierre est forcément quelqu'un ayant des goûts exquis, une personne qui ne connait pas la vulgarité, au rire aussi mélodieux que le chant d'un passereau, et dont la sudation, au demeurant très faible, se parfume d'une délicieuse fragrance qui rend les femmes folles de son corps.

......? :gne:

Brother Ray
14/12/2007, 18h27
Encore une fois bravo pour les auteurs. Dans des styles variés mais toujours avec une qualité sans faille, on ne peut que se réjouir.
:merci:

Thoor
17/12/2007, 11h15
:merci: a toi de prendre le temps de nous lire et de commenter

HiPs!
23/12/2007, 18h57
Bon, je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai fait un bonus de bonus. Je suis parti d'une idée, d'un ton et voilà.
Même si je sais qu'avec un thème "en pleine mer", j'aurais mieux fait de partir d'une idée avec un thon, mais on ne choisit pas toujours.


La réapparition

Laissez-moi encore quelques instants. Pas de raison de se bousculer. Je m’y suis fait à cette piaule. On ne m’oblige à rien. J’ai la paix. Besoin de faire le point sur ce que j’ai entendu tout à l’heure.
J’étais en pleine sieste et ma mère, celle dont il est surtout question ici, s’est alors mise à crier qu’il n’y avait pas de raison pour que je sois plus bête que mon frère. Ou alors ça ne sera pas de ma faute avait-elle ajoutée. Plus tard, elle a eu beau me cajoler de sa main douce, j’ai bien compris que nos rapports avaient changé. Et je le lui ai fait sentir. Je trouvais que j’endurais déjà beaucoup en ce moment. C’était vraiment pas la peine d’en rajouter.
Quand mon père est rentré ce soir, il avait une drôle de voix. Il avait passé un examen avec des rayons, tu passes derrière un truc juste beaucoup plus gros qu’un positroneur nucléaire. Là, le technicien te dit de pas bouger, pas respirer, on va jouer à 1,2,3 soleil, flash ! et voilà le positroneur a balancé une décharge d’ondes positives à travers toi, tu sors de là, t’as la photo de ton intérieur. Ce n’est pas si chouette que ça en a l’air. Je trouve ça dangereux d’arrêter de respirer. Respirer déjà, je me demande bien comment j’y arrive, alors c’est pas pour essayer des trucs nouveaux…
Ensuite, pendant le repas, mon père a fait de l’humour. De sa grosse voix, il a dit « Noël au scanner, Paques au cimetière, OhohOhohOhohOHOH. ». Ma mère s’est levée de table et est partie pleurer plus loin. L’émotion, je crois. Ma mère, elle aime beaucoup les blagues de mon père.
J’ai plein de raisons d’arrêter de bouder, mais, comment dire, c’est comme si j’avais tout un stock de jolies lumières en moi qui ne demandaient qu’à s’allumer mais que je n’avais pas d’interrupteur. Il me manque LA raison principale, première, ce que vous voulez, qui me fera arrêter de bouder. Jusqu’à présent, les arguments étaient faibles, à peine digne de mon intelligence. Je les passe sous silence, je sens le dénouement trop proche pour perdre mon temps dans cette énumération. Je vous en donne deux quand même parce que vous m’avez l’air sympa. La première : « C’est parce que tu ne m’aimes pas que tu ne veux pas sortir ?» avec sanglots violons tout. Le chantage affectif, merci, j’ai passé l’âge, j’aurais du lui dire. Pareil, avec le coup du gros nounours en peluche qui m’attend. Ils ont vraiment une sale manie de me prendre pour un demeuré dans cette famille, ça me referme dans ma coquille. Et puis alors la meilleure : « Ton frère réclame après toi.». Super. Un petit con de ce calibre, je suis aussi bien où je suis.
Je fais des drôles de rêves en ce moment. Ma peau me tire de tous les côtés, je passe mes doigts dessus dans un bruit désagréable qui crisse. Autour de moi, tout est tout sec, partout. La gorge me brûle si fort qu’elle me réveille. Généralement, je fais pipi tout de suite après. C’est pas les réveils que je préfère…Mais le pire, c’est qu…Ah ! attendez, chut, je sens que ça se précise, on y est. Oui. Des cris. Ca s'affole. Un boucan métallique qui vrombit et se rapproche.
Je m’en fous, ils m’auront pas aussi facilement. Je vais m’attacher solidement à mon cordon, on verra qui est le plus fort…

wallyvega
24/12/2007, 11h33
J'aime beaucoup l'idée, bravo! Simple et efficace.
Le mien est terminé depuis vendredi mais je n'ai pas eu le temps de le taper. La semaine prochaine peut-être...

Ben Wawe
24/12/2007, 13h15
Ah ouais, bien. Le coup de la respiration, je m'en rappelle, étant gosse, je savais pas comment on faisait, ça me stressait...on est cons quand on est gosse (remarque, ça a pas trop changé). Bravo, j'aime bien. ;)

HiPs!
24/12/2007, 17h45
Merci les aminches.
J'en profite pour un quizz que nous appellerons "le quizz de Noël": un point à celui qui trouve l'astuce du titre.

Hilarion
28/12/2007, 20h39
Bon, l'astuce, je n'ai pas trouvé... en revanche (si j'ose dire en ces lieux), j'ai enfin fini d'écrire un texte qui ne se finit pas en suicide!

Merci de votre clémence...

CLEMENT...

Loïc ramait furtivement, tentant d’éloigner le Zodiac du Black Pearl arraisonné par les autorités maritimes. Peu concerné par l’opération douanière d’envergure que ne manqueraient pas d’invalider 8 années de procédure judiciaire internationale, il préférait s’épargner la rigueur tatillonne des garde-côtes qui risquait de le maintenir plus que de raison dans une prison à la merci du choléra et de la dysenterie. Ses viscères étaient de toute façon déjà mis à rude épreuve par le mal de mer qui ne le quittait pas.

La fuite lui était pourtant familière. Une décennie plus tôt, il s’était rendu compte que « L'intelligence est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur ». Les avanies du quotidien et les aspirations du vulgaire lui semblaient alors une gangue pour l’intellectuel qu’il s’appliquait à mettre en scène pour mieux faire taire l’animal qui était en lui. La frayeur née de ce constat le poussa à s’exiler et il partit se ressourcer en Afrique en aidant des enfants à accéder à l’essentiel : compter, lire, écrire, et connaitre nos ancêtres les gaulois. Au-delà affleurait la conscience du malheur.

Lorsqu’il ne s’acharnait pas à réaliser son œuvre civilisatrice soigneusement expurgée, Loïc se rendait sur le port pour prendre livraison et trier les rogatons que l’Europe recyclait pour le prix d’une conscience apaisée. A l’approche de Noël, les jouets borgnes ou orphelins d’une partie de leurs roues et les vêtements chauds et élimés remplissaient les caisses des cargos. Pourtant peu physionomiste, Loïc avait reconnu Théodore sans l’ombre d’une hésitation malgré son poil défraichi, son museau écrasé et la mousse qui s’échappait de son bras droit. Sur l’étiquette jaunie, les initiales « LR » tracées il y avait 35 ans d’une main enfantine à coté de la mention « Made in China » valaient tous les tests ADN du monde. Entre ses mains, le nounours invoquait les spectres de l’enfance et de l’âge adulte qu’aucun positronneur nucléaire ne pourrait jamais chasser. Accrochée au ruban crasseux de Théodore, la breloque gravée du prénom de Clément né le 19/12/1997 ne faisait pourtant pas partie de sa panoplie habituelle.

Loïc ne s’attendait pas à être rappelé à la civilisation par un ours en peluche qu’il n’avait pas vu depuis une éternité… une éternité de 10 ans… une éternité depuis qu’il avait cessé de boire les paroles de cette gourde à laquelle la soif d’amour l’avait un temps attaché et qui lui parlait d’avenir. 19 mars 1997… toujours cette obsession pour la précision, la fuite du temps et les zèbres. Ce prénom d’enfant né 9 mois après qu’il ait lâchement abandonné Théodore aux mains d’une fille dans un appartement parisien l’avait fort troublé au long des heures passées à fond de cale.

Sa tête résonnait encore des échos du sac de riz éventré qui l’avait traîtreusement cueilli alors qu’il était perdu dans ses pensées. Il était encore inconscient bien après la fermeture des soutes du cargo. Quand il reprit connaissance dans l’obscurité de la cale désormais close, Loïc tâtonna suffisamment longtemps dans le noir pour renverser le couvercle mal scellé d’une caisse de Uzis. Les premières lueurs qu’il vit furent celles des diamants qui en tapissaient le fond. Le capitaine transportait de quoi équiper et payer les mains des mercenaires qui maintiendraient en place à vie quelques dirigeants démocratiques autoproclamés. Loïc craignait que ces transactions rendent le maître à bord peu enclin aux constats d’accident et que son débarquement se fasse de façon sommaire et précipitée à plusieurs dizaines de miles de la côte. Le halo d’un projecteur et les éclats d’un porte-voix autoritaire le rassurèrent suffisamment longtemps pour qu’il réussisse à se glisser hors de la cale dans la confusion générale et à mettre à l’eau un Zodiac de secours.

Il est des traumatismes crâniens qui vous rendent Républicain et d’autres qui vous font oublier la peur de la mort. Le parcours singulier de l’individu et l’héritage laissé au monde peut adoucir l’inéluctabilité de l’issue collective. Animé de cette conviction, Loïc ramait désormais comme un possédé, espérant bientôt rencontrer un rivage où il pourrait poursuivre sa quête au sec. Loin de la mer et pleine de défiance, la paternité l’attendait de pied ferme. Le guano qui vint nonchalamment s’écraser sur la proue du Zodiac lui apporta le réconfort de savoir que la terre où devait nécessairement se poser la mouette diarrhéique était à portée de rame.


:merci:

HiPs!
29/12/2007, 21h17
Très beau, des images fortes. Ca pourrait être un début de roman. Et animé d'un bel optimisme. La vie te va bien :clap:


EDit: oui et pour l'astuce du titre, bon, c'est un peu maitrecapellotracté. La réapparition, parce que mon texte se passe "en pleine mère", le "e" qui "réapparait", références tout ça je me la pète (même si en vrai je n'ai pas encore lu le roman de Perec...).

wallyvega
30/12/2007, 15h42
Au cours de multiples aventures qu’il m’a été donné de vivre aux côtés de mon ami Sherlock Holmes, peu m’ont amené à tant regretter le sol de cette bonne vieille Angleterre. Le sol au sens littéral du terme. Tout commença un matin de l’hiver 1897. J’avais passé la nuit dans notre appartement du 221B Baker Street, après que Holmes eût consenti, au vu de mon insistance, à me narrer l’une de ses enquêtes en cours. Je ne doutais pas qu’il en fût d’abord irrité mais l’admiration se lut rapidement sur mon visage, ce qui flatta assez son ego pour passer outre.
Ce récit nous obligea à veiller tard et j’eus les plus grandes difficultés à atteindre un niveau de conscience satisfaisant, ce matin-là. Alors que je pénétrai dans le salon, je compris que mon ami n’avait pas pris la peine de gagner son lit. Une forte odeur de tabac embaumait la pièce ; Holmes était enroulé dans sa robe de chambre, le dos calé contre le dossier du fauteuil et les extrémités de ses doigts jointes. J’avançai sur la pointe des pieds afin de sortir le plus discrètement possible. Ma main s’apprêtait à saisir la poignée de la porte lorsque :
« Bien dormi, Watson ? Question purement rhétorique. Vos ronflements m’en ont apporté la certitude. »
Je décollai du sol et émis un petit cri aigu, avant de me diriger pitoyablement vers le fauteuil libre, face à Holmes.
« Quand cesserez-vous de me faire de telles frayeurs ?
-Quand vous parviendrez à distinguer le sommeil de la réflexion. »
J’aperçus le Daily Telegraph du jour, posé sur la table basse qui nous séparait. Mon compagnon me fixait, sans me voir, noyé dans ses pensées. Je m’emparai du papier froissé, corné, tâché de gras et m’enfonçai dans mon fauteuil. En parcourant la première page, je survolai un article expliquant comment un scientifique italien avait fait disparaître un objet au moyen de ce qu’il appelait un « positronneur nucléaire ».
Ce miracle avait eu lieu sur un bateau effectuant la traversée Calais-Douvres et le journaliste s’extasiait devant un tel phénomène. Je devinai la réaction de Holmes à la lecture de cet article. Pour le taquiner, je demandai : « Que pensez-vous de ce Tipacci et de son étrange machine ?
-Tst-tss, me répondit-il, balayant l’air d’un revers de la main. Il y a bien plus important que cela.
-Et quoi donc, cher ami ? le défiai-je.
-Voyez-vous, Watson, dans quelques instants, une femme d’âge moyen va sonner à la porte. Mrs Hudson aura l’obligeance de l’inviter à entrer puis nous demandera si nous sommes disposés à la recevoir. Elle nous expliquera, avec un accent français, que son jeune enfant a égaré une peluche. Nous nous verrons confier la tâche de retrouver celle-ci en échange d’une forte somme.
-Il en va de soi, Holmes.
Il ne sembla pas noter l’ironie qui ponctua cette phrase. Mon rythme cardiaque s’accéléra légèrement, au moment où le carillon retentit. Aurait-il raison ? Je distinguai une voix féminine qui répondit à notre logeuse. Des pas presque inaudibles accompagnèrent leur ascension des escaliers. Ce qui suivit donna entièrement raison à mon colocataire, une fois de plus.
La jeune femme était merveilleusement belle, d’une blondeur angélique, un petit nez retroussé parsemé de tâches de rousseur. Une fillette d’à peine sept ans l’accompagnait, jouant avec un minuscule bouton noir. Elle observait Holmes avec attention, décelant certainement la singularité du personnage. Sa mère nous expliqua comment, lors de leur arrivée en Angleterre la veille, sa fille s’était aperçue que son ourson avait disparu. Il s’agissait de l’ultime présent de son grand-père, ce qui le dotait d’une valeur sentimentale inestimable. Si nous parvenions à lui restituer, nous deviendrions des hommes riches, nous promit-elle. D’expérience, je savais que mon ami n’avait que faire de l’argent ; il accepta néanmoins cette mission.
Dès que nos visiteuses s’en furent allées, je m’empressai de demander à mon compagnon quel était son secret.
« L’annonce page 12, dit-il en me désignant le journal que je tenais toujours entre mes mains. »
Je remarquai un cercle tracé autour de ces quelques lignes :

Simone Ramis, Fr, cherche ours en peluche marron, égaré lors
de la traversée Calais-Douvres, le 10 janvier. Forte récompense.
Me contacter à l’Hotel Fielding, Londres.

« Qu’en dites-vous, mon ami ? me questionna Holmes.
-J’en dis que votre déduction ne mérite pas le crédit que je lui accordais. Cependant, une question me taraude… En quoi cette disparition est-elle plus digne d’intérêt que le curieux appareil de ce Tipacci ?
-Mon bon Watson, ne vous ai-je donc rien enseigné ? Ces deux affaires sont intimement liées.
Devant l’étonnement qui se dessinait sur mon visage, il poursuivit, découragé :
-Il s’avère qu’une seule traversée Calais-Douvres a eu lieu dans la journée d’hier.
Il se leva d’un bond, s’habilla en un éclair, se coiffa de sa casquette à carreaux et me lança :
« Pressons, Watson ! Pressons ! La Manche nous attend. »

Sur le ponton en bois humide, le vieil homme exécutait nombre de courbettes afin de remercier Holmes du pécule qu’il lui avait offert en échange de sa barque. Il se retira prestement alors que mon ami m’invitait à prendre place à l’arrière de l’embarcation. Une fois installé face à moi, il convînt que j’étais le plus à même de ramer. De plus, ce ne pouvait m’être que bénéfique, disait-il.
« Vos tissus adipeux sont en quantité suffisante pour vous permettre de passer l’hiver, mon cher Watson. »
Le brouillard flottait à quelques centimètres au-dessus de l’eau, nous donnant l’impression de mesurer des kilomètres, les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages.
Certains coups de rames s’accompagnaient d’une pluie de perles glacées sur mon visage, me faisant frissonner immanquablement. Cela ne m’empêchait pas de suer sous mon maillot de corps, ma chemise, mon gilet, ma veste et mon pardessus. Cinq épaisseurs de vêtements transformées en véritable étuve par les efforts répétés qui m’étaient imposés. Car Holmes ne me laissait pas de répit.
« Du nerf, du nerf ! »
Son visage osseux était agité de légers tremblements saccadés, trahissant une excitation et une impatience grandissante. Il vérifierait bientôt son hypothèse ; hypothèse dont il ne m’avait toujours pas fait part.
Je ramais encore une heure avant qu’il ne daigne tenir compte de ma présence, en-dehors de ses indications quant au cap à suivre.
« Il arrive que mes manières envers vous soient rudes, n’est-ce pas, Watson ? »
Je restai sans voix. Que venait faire cette question à plusieurs lieues de la côte, sur une vieille barque, au milieu de brouillard ?... Dans la bouche de Holmes ?!
Je le fixai, lâchant les rames. L’embarcation suivait le courant, oscillant avec les vagues. Au bout de quelques instants, je pris conscience de ce silence qui nous entourait, reposant, surprenant. Je décidai, cependant, de le briser.
« Je n’ai pas l’esprit aussi vif que vous, j’en conviens. Mais, je dois avouer que… qu’il m’arrive de vous trouver assez… sévère.
-Hmm !... »
Ma réponse sembla le perturber. Je repris les rames et commençai une nouvelle série de moulinets.
Soudain, mon compagnon se dressa d’un bond, manquant de nous faire chavirer.
« Nous y sommes ! Essayez de garder cette position, mon ami, me dit-il tout en ôtant son pardessus.
-Que faites-vous ? Vous allez attraper froid, il y a bien trop d’humidité.
-Je m’en suis aperçu, Watson. Accordez-moi qu’il serait dommage d’endommager tout cela. Pensons à Mrs Hudson ! De plus, ce ne serait ni pratique, ni confortable. »
Il se sépara de ses chaussures, des ses chaussettes ainsi que de son gilet puis me chargea de veiller à ce qu’ils restent secs. Je compris alors ce qu’il projetait de faire.
« Vous êtes fou, Holmes ! Vous ne pouvez pas plonger dans cette eau, elle est glaciale !
-Les circonstances m’y obligent pourtant. »
PLOUF !
Seule l’enveloppe de tissu restait, vestige d’un ami que je n’avais pu sauver. Quelle folie ! Je tournai la tête vers l’immensité grise et ondulante qui s’était repue de Holmes, scrutant un mouvement, des bulles éclatant à la surface, tout ce à quoi je pourrais me raccrocher.
Rien.
Je fouillai ma poche de veste, en quête de la montre à gousset qui s’y trouvait ; je constatai que l’humidité ne l’avait pas affectée. Selon mon estimation, une minute s’était déjà écoulée. Une autre la suivit, puis une troisième. Personne ne pouvait tenir aussi longtemps sans respirer, dans une eau à cette température. Mon esprit fût assailli de pensées macabres, d’un Holmes au teint bleuâtre, les poumons semblables à une bouillotte glaciale… J’entendais ses cris d’agonie étouffés.
« Watson, Wat…-s…-n !... J’ai réussi. »
J’ai réussi ? Me tournant vers ce qui semblait être l’origine de la funeste voix, j’aperçus un long sillon que terminait un disque flottant. Certainement l’une de ses monstruosités aquatiques inconnues ! Je me saisis maladroitement des rames et amorçai un demi-tour.
« Watson ! WAT-S…-ON ! »
Comment connaissait-elle mon nom ? Et comment parvenait-elle à le prononcer ? Un humanoïde ?
« Watson, bougre d’imbécile ! C’est moi. Holmes ! »
Stoppant ma retraite désespérée vers la terre ferme, mes yeux se portèrent sur le visage de mon ami, ses cheveux plaqués sur le front, disparaissant régulièrement derrière une vaguelette. Décidemment, cet homme me surprendrait toujours. Il paraissait à peine essoufflé lorsque j’arrivai à sa hauteur, alors que les quelques mètres effectués à la rame avaient suffi à m’épuiser.
Je lui tendis la main afin qu’il me rejoigne à bord, tout en essayant de faire contrepoids ; la mer ne me paraissait plus si accueillante, désormais. Holmes enjamba la barque comme il pût et prit place face à moi, serrant avec force une boule poilue, marron clair.
« Comment avez-vous fait, Holmes ? C’est prodigieux ! Miraculeux même ! , m’écriai-je.
-Je l’ai, Watson. Je pensais bien qu’il avait trouvé un moyen de garder son butin en lieu sûr mais j’avoue qu’il m’étonne. »
Alors qu’il parlait, Sherlock Holmes tirait sur une fine corde. Je constatai que celle-ci était solidement attachée, par un nœud marin, à l’étrange objet que mon ami avait libéré de la Manche. Lorsque l’autre extrémité s’approcha de sa main, je compris que le disque que j’avais pris pour un appendice monstrueux était, en réalité, une bouée.
« Très ingénieux, n’est-il pas ? me lança joyeusement Holmes.
-Je dois avouer que je ne suis pas en mesure d’apprécier l’ingéniosité de la chose.
-Un rien vous trouble, mon ami. Il s’avère que l’inventif Mr Ducron a découvert le subterfuge de sa femme. Il a donc mis en place une machinerie impeccablement huilée qui s’est achevée par l’immersion de ceci.
Il me désigna la boule brune sur ses genoux et continua.
-Cependant, il ne pouvait laisser le trésor sombrer au fond de la Manche. Non pas un, mais deux objets ont ainsi disparu, dont cette bouée. Celle-ci, reliée à la peluche, permit de le garder à flot.
-Mr Ducron ? »
Holmes eût l’air déconcerté avant d’afficher un léger sourire.
« Mon bon Watson, je dois vous informer que notre charmante visiteuse n’est pas celle qu’elle prétendait être. En effet, nous avons reçu une cambrioleuse de haut vol dans notre humble demeure. Son vrai nom est Simone Ducron. Elle et son mari ont dérobé une parure inestimable à la très mondaine Mme de Jarnier, il y a quelques jours. Ils avaient prévu de gagner la Suisse immédiatement après, s’étant assurer une retraite aisée.
Mme Ducron redoutait, cependant, la brutalité de son époux, elle décida alors de chercher asile en Angleterre. Elle emmena leur fille par le premier bateau au départ de Calais. C’était sans compter sur la méfiance de l’époux qui découvrît la supercherie et se lança à leur poursuite. Il s’affubla d’une moustache et d’une barbe, de lunettes teintées et d’un large costume afin de modifier sa silhouette et s’embarqua, lui aussi, accompagné de ses hommes de main.
-Tipacci !
-Tout à fait, Watson ! Tipacci. Par prudence, Mme Ducron avait dissimulé les bijoux dans le premier contenant potentiel.
-L’ours en peluche de sa fille !
-Excellent ! Vraiment excellent ! Un élément imprévisible ruina, malgré tout, les plans de la fuyarde. En effet, afin de mettre la main sur son butin, son mari inventa le personnage du professeur Tipacci et construisit, à la hâte, une machine improbable baptisée « positronneur nucléaire ». Son projet était de détourner l’attention des passagers pour permettre à ses complices de visiter les cabines.
-Mais comment faisait-il disparaître ces objets ?
-Il ne faisait rien disparaître. La fumée diffusée par son engin devait permettre à l’un de ses compagnons de passer un objet quelconque par-dessus bord. La prestidigitation ne lui était certainement pas inconnue.
-Incroyable personnage que ce Ducron ! Qu’en est-il de l’élément impévisible ?
-J’y arrive, Watson. La jeune enfant fût attirée par l’agitation que provoquait ce spectacle improvisé. Elle s’approcha du fameux Tipacci et le reconnut immanquablement.
-Comment pouvez-vous en être si sûr ?
-N’avez-vous pas remarqué sa façon de nous dévisager lors de notre entretien avec sa mère. Cette enfant doit être très physionomiste. Mais continuons. Ayant reconnu son père, dans un élan d’amour filial, elle lui tendit sa peluche. Ducron du comprendre ce qu’elle contenait lorsqu’il sentit le poids étrangement élevé de l’ourson. Ne pouvant risquer d’entrer en Angleterre avec les bijoux volés, il fit mine de faire disparaître une bouée du navire et jeta la peluche à la mer, projetant de venir la chercher plus tard. Mme Ducron ne fût au courant de rien et conclut que sa fille avait égaré l’ourson sur le bateau. Ce qui la conduit chez nous.
-Brillant, Holmes ! »
Mon compagnon manipulait la peluche à laquelle il manquait un bouton, lui tenant lieu de globe oculaire, et semblait pensif.
Une question restait en suspens :
« Qu’allez-vous faire de la parure, Holmes ?
-La rendre à Mme Ramis, comme il en était convenu. C’est ce pourquoi elle m’a engagé, me semble-t-il »
Je décelai une certaine malice dans ses yeux.
« Marche arrière toute, Watson ! L’affaire de la jument d’Eton n’attend que nous. J’ai cru comprendre que la police avait passé la journée à ne pas trouver d’indice. »

Hilarion
30/12/2007, 22h41
:clap: Bravo! J'ai lu l'intégrale de Conan Doyle : on s'y croirait! :clap:

J'ai même le visage de Jérémy Brett en tête en lisant la description de Holmes!;)

grogramane
30/12/2007, 22h48
:copain:

Hilarion
30/12/2007, 22h51
:copain:
Dis Mam'zelle, un petit texte de derrière les fagots en réserve?;)

Ben Wawe
30/12/2007, 23h44
Ah ouaip, il y a du bon, là. Bravo à tous.

grogramane
31/12/2007, 03h36
Je navigue dans cette immensité à la recherche de quelques bribes de distraction.
Je ressens au cœur comme une sorte de malaise, comme un creux, une espèce de serpent vide qui se tortillerait dans ma poitrine.
«*Pour luter contre le mal de mer sucez une noix de muscade (sans l’avaler c’est toxique) Si vous n’avez pas de noix de muscade, allez y en bicyclette.*»
Mon mal au cœur est plutôt un mal de l’âme qu’un mal de mer, merci Mr Desprosges, mais votre médication n’aura pas d’effet sur moi. Et puis je n’aime pas le goût de la noix de muscade. Si j’avais vraiment le mal de mer ce remède de bonne femme ne ferait qu’accentuer la nausée. Quand à la bicyclette ce serait plutôt un pédalo qu’il me faudrait.

Je visite quelques îlots autrefois riants ou des amis venaient se rencontrer, s’affronter et s’amuser. Mais à présent ce ne sont plus que des îles désertes. La disparition de notre conteur, à qui appartenait cet archipel, a rompu le lien qui nous unissait. Il savait nous émouvoir, nous faire émerveiller et nous effrayer, tout cela à la fois en quelques phrases. Mais la vie est parfois cruelle et elle nous l’a enlevé. Je me sens comme une enfant qui aurait perdu son doudou, l’ours en peluche qui me racontait des histoires pour faire peur lors de mes nuits de gardes, est parti en emportant avec lui la fin de ses récits. Je ne saurais jamais de quelle manière Normal se dépatouille de sa «*malédiction*».

Tout à mon mal être, je me complais dans une introspection romantique de ma souffrance sans réellement choisir mon cap. Lorsque je remarque qu’ un drapeau noir flotte à l’horizon. Je m’aperçois alors que je croise non loin de l’île Zepi. Tout à coup un galion apparaît du néant et tente de m’aborder par tribord, son capitaine me défie en combat naval.
L’idiot*! ce n’est pas parce que la magie du grimoire d’Ondine l’a teleporté jusqu'à moi qu’elle le protégera de mes cannons doubles et de mes bombes explosives. Je ne suis peut être pas le capitaine du Black Beard Sons mais ça fait si longtemps que je navigue seule à son bord que j’en connais tous les secrets. il est armé des meilleurs canons que l'on puisse faire, il ne lui manquerait qu'un positroneur nucleaire pour etre parfait. Le capitaine et le reste de l’équipage ont quasiment démissionnés. Ça ne les amusait plus de risquer le bain avec les requins à chaque sortie en mer, de se faire défier à tour de sabre des qu’ils mettaient une botte dans la taverne et de devoir pêcher ou piller pour se nourrir.
Moi ça me va. J’ai le bateau et les butins pour moi toute seule.

«je souhaite un combat rapide» crie t’il à son équipage.
Souhait exhaussé.
En cinq minutes son sort est réglé.
Des ma première salve son mat est détruit. Presque immobilisé, le pauvre navire ne peut plus que subir mes tirs jusqu’à ce qu’il sombre. Accoudée à la barre je regarde les marins disparaître les uns après les autres, la magie du grimoire d’Ondine les aidant à rejoindre la terre ferme sains et saufs.
C’est dommage, j’avais ouvert une caisse de bouées à tête de canard pour les matelots.

Hilarion
31/12/2007, 09h38
:clap: Grog' défi express à votre service! :clap:

... et petit voyage dans les Sunderlands... ;)

Deroxat (Expert en Potins)
31/12/2007, 13h20
Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le Dauphin ne disait rien ; et l’Ours disait que sa mère le Raton Laveur disait que quand on est plus de quatre, on est une bande de cons. D’ailleurs c’est comme cela qu’il aimait à commencer toutes leurs conversations.

« Quand on est plus de quatre on est une bande de cons.»

Ce qui, avouons-le, n’est pas ce qu’il y a de plus simple pour engager un dialogue. D’où la réaction du Dauphin :
« … »

Souvent même, la conversation s’arrêtait là. Long moment de silence.

Mais ni l’Ours, ni le Dauphin n’auraient pour rien au monde, mis un terme au thé dominical qui les réunissait depuis… depuis quand d’ailleurs ? Depuis tout le temps on va dire. Et pourtant. En plus d’avoir une conversation limitée, le Dauphin avait obligé son ami à prendre le thé en pleine mer. Du thé sur une barque au large qui tangue à cause du roulis déchaîné de la mer, quoi de mieux pour renforcer l’amitié ? Beaucoup d’autres activités, certes. Mais que voulez-vous, il s’agissait là d’une idée en provenance d’un dauphin.

« A fortiori, moins de deux, c'est l'idéal. » poursuivit l’Ours qui essayait tant bien que mal de se servir en sucre dans le minuscule et délicat, mais ô combien cher, sucrier de la Chaise Longue que le Dauphin s’entêtait à présenter à son ami. Le Dauphin était comme ça, il était un peu buté. Il faut dire qu’il était de droite. Il avait bien remarqué que les grosses papattes de l’Ours ne rentraient pas dans le sucrier et qu’il avait un mal fou à tenir sa tasse par l’anse. Mais l’hôte n’était guère mieux loti avec ses nageoires. Cependant, chacun faisait comme si de rien n’était, ignorant avec une certaine superbe les difficultés que connaissait l’autre à se servir en thé. Après tout, « On n’est pas des sauvages ! » comme le disait si bien Popeck.

Après quarante minutes d’effort intense, l’Ours renonça à se servir de sa petite cuiller. A dire la vérité, la moitié du thé était de toute façon tombée dans l’eau. Il essaya tant bien que mal de remettre la conversation sur les rails en évoquant les caractéristiques du dernier positroneur nucléaire, mais il n’obtint du Dauphin qu’un nouveau silence. Alors comme d’habitude, chacun se mit à faire ce qu’il faisait le mieux : le Dauphin sauva un pauvre petit enfant naufragé qui passait par là et l’Ours le mangea. Les deux amis se quittèrent en bon terme, jurant de se retrouver le dimanche prochain. Même heure, même endroit. Comme ils n’avaient de toute façon ni montre, ni calendrier, cela pouvait de toute façon être tout aussi bien demain que dans six mois.

Y a pas à dire, un enfant, ça vous transforme une rencontre.

Hilarion
31/12/2007, 13h40
:clap:

Ca me rappelle un épisode de "la 4 ième dimension" dans lequel les personnages sont enfermés dans une maison inconnue et étouffent à cause de la chaleur. On fini par s'apercevoir que ce sont des poupées dans une maison posée prés du radiateur!

Deroxat (Expert en Potins)
31/12/2007, 13h52
hey, mais c'est pas des bobards, c'est un vrai ours et un vrai dauphin! ils font souvent des trucs comme ca. je l'ai vu sur la chaine pour les animaux!

Algernon Backwash
31/12/2007, 14h18
Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le Dauphin ne disait rien ; et l’Ours disait que sa mère le Raton Laveur disait que quand on est plus de quatre, on est une bande de cons. D’ailleurs c’est comme cela qu’il aimait à commencer toutes leurs conversations.

« Quand on est plus de quatre on est une bande de cons.»

Ce qui, avouons-le, n’est pas ce qu’il y a de plus simple pour engager un dialogue. D’où la réaction du Dauphin :
« … »

Souvent même, la conversation s’arrêtait là. Long moment de silence.

Mais ni l’Ours, ni le Dauphin n’auraient pour rien au monde, mis un terme au thé dominical qui les réunissait depuis… depuis quand d’ailleurs ? Depuis tout le temps on va dire. Et pourtant. En plus d’avoir une conversation limitée, le Dauphin avait obligé son ami à prendre le thé en pleine mer. Du thé sur une barque au large qui tangue à cause du roulis déchaîné de la mer, quoi de mieux pour renforcer l’amitié ? Beaucoup d’autres activités, certes. Mais que voulez-vous, il s’agissait là d’une idée en provenance d’un dauphin.

« A fortiori, moins de deux, c'est l'idéal. » poursuivit l’Ours qui essayait tant bien que mal de se servir en sucre dans le minuscule et délicat, mais ô combien cher, sucrier de la Chaise Longue que le Dauphin s’entêtait à présenter à son ami. Le Dauphin était comme ça, il était un peu buté. Il faut dire qu’il était de droite. Il avait bien remarqué que les grosses papattes de l’Ours ne rentraient pas dans le sucrier et qu’il avait un mal fou à tenir sa tasse par l’anse. Mais l’hôte n’était guère mieux loti avec ses nageoires. Cependant, chacun faisait comme si de rien n’était, ignorant avec une certaine superbe les difficultés que connaissait l’autre à se servir en thé. Après tout, « On n’est pas des sauvages ! » comme le disait si bien Popeck.

Après quarante minutes d’effort intense, l’Ours renonça à se servir de sa petite cuiller. A dire la vérité, la moitié du thé était de toute façon tombée dans l’eau. Il essaya tant bien que mal de remettre la conversation sur les rails en évoquant les caractéristiques du dernier positroneur nucléaire, mais il n’obtint du Dauphin qu’un nouveau silence. Alors comme d’habitude, chacun se mit à faire ce qu’il faisait le mieux : le Dauphin sauva un pauvre petit enfant naufragé qui passait par là et l’Ours le mangea. Les deux amis se quittèrent en bon terme, jurant de se retrouver le dimanche prochain. Même heure, même endroit. Comme ils n’avaient de toute façon ni montre, ni calendrier, cela pouvait de toute façon être tout aussi bien demain que dans six mois.

Y a pas à dire, un enfant, ça vous transforme une rencontre.

t'es un mec trop bien

grogramane
31/12/2007, 15h36
c'est certain
derox' a pété une durite :D

HiPs!
31/12/2007, 17h07
:clap: Ca pourrait être une légende finlandaise arrosée à l'absolut.

Thoor
07/01/2008, 14h35
A tous: je vous aime

:clap: des deux mains et des deux pieds aussi pour faire bonne mesure

que de bonnes histoires